[Raxus Prime] Une perturbation dans la Force [Terminé]

Des monceaux de déchets flottants à leur gré, mus par la gravité d'un astre qui semble briller d'une lueur maladive. Un éclair de lumière, puis, un vaisseau léger apparait, perdant peu à peu de la vitesse et se stabilisant à portée raisonnable de cette décharge spatiale qu'est désormais Raxus Prime. Autour de cette planète mutilée, c'était un véritable cimetière spatial qui gravitait. On pouvait y voir les restes des vaisseaux qui avaient été détruits durant un affrontement passé, plusieurs croiseurs de taille colosalles trônant encore, dans leur mort, fierement autour de Raxus. D'autres n'avaient pas eu cette chance et avaient été purement et simplement émiétés, entraînant derrière eux poutres et plaques d'acier, formant une véritable nuée de débris tournoyant. Pour aller sur Raxus Prime, il fallait tout d'abord traverser ce mur d'acier mouvant, et encourir le risque de venir ajouter son vaisseau à l'édifice.

Le petit navire de classe DeepWater marqua une pause à la vue de ce sinistre spectacle, puis, son bouclier déflecteur se mettant soudain à reluire d'une nouvelle force, il s'élança au travers de ce champ de ruines spatiale, zigzagant entre restes de chasseurs et débris en tout genre, évitant les plus, percuté par les plus petits, qui se retrouvaient soit déviés soit détruits par le bouclier du petit vaisseau. Après quelques instants et quelques stressantes minutes de pilotage, le vaisseau se trouvant proche de l'asmosphère de Raxus, et amorça son entrée, perçant la stratosphère. Le sol de l'aste n'avait rien à envier à son espace ; ses reliefs devaient désormais plus aux montagnes de déchets que la Galaxie entière semblait se délester sans vergogne ici, ne décevant que par endroit le véritable sol de Raxus. On pouvait y voir, le vaisseau se rapprochant, tels d'énormes montagnes, des stations de retraitement de déchets, fumantes et grondantes, ainsi que, à plus petite échelle et par endroits, les immenses véhicules de récupération Jawa.

Le DeepWater finit par se poser, non loin d'un étrange bâtiment disposant de plusieurs longues et fines tours, semblant s'élancer jusqu'au ciel. Se faisant, il souleva un épais nuage, mêlant poussière et particules métalliques. Un vieil homme en sortit, tout encapé qu'il était, balayé par le vent pollué de cette inospitalière planète. Il sembla essayer de se protéger le visage de sa capuche et, lentement, leva la tête pour porter son regard sur l'étrange installation qui s'élevait devant lui. Elle lui sembla étrangement familière, tant et si bien que son coeur se serra un instant. Il soupira, puis, d'un peu fort peu assuré, se décida à y entrer, d'une démarche lente, le dos courbé, regardant tout autour de lui, inquiet.

Le vieil homme avait quitté les bouges de la Bordure qu'il fréquentait depuis bientot six années suite à quelques rumeurs. On faisait état de choses étranges sur Raxus. Le vieil homme voulait en avoir le coeur net.

Voyant les Jawas qui s'approchaient de son vaiseau, l'oeil avide, le vieil homme fit demi-tour et s'approcha d'eux d'un pas plus assuré. Arrivé à leur niveau, sans attitude menaçante, il fixa celui qui lui semblait être le chef, et, d'une voix forte et assurée, couplé d'un rapide mais discret geste de la main droite lui parla.

Le vieux Jedi avait usé de la persuasion par la Force pour ainsi s'assurer qu'à son retour, son vaisseau serait toujours un seul morceau, et non plus qu'une simple carcasse tout juste bonne à être jetée. Les Jawas s'approchèrent de lui, puis du DeepWater. Il espérait que tout allait bien se passer. Sur l'instant, il se demanda ce qu'il faisait ici, que tout cela n'avait aucun sens, qu'il n'avait, au final, plus qu'à perdre qu'à gagner. Il chassa ces idées noires de sa tête. Il devait être sûr, il lui fallait savoir. Posant une nouvelle fois les yeux sur l'édifice, il s'y dirigea, d'un pas plus vif et plus résolu qu'auparavant.

Voyant que les Jawas prenaient leur mission extrêmement au sérieux, un faible sourire se dessina sur son visage, contrastant la grande tristesse avec laquelle il les regardaient. S'il avait su parler leur langue, il aurait tenté de négocier avec eux, mais... Mais il n'en avait plus - ou pas - envie. La Force suffirait ici et, bien qu'il eut manipulé son esprit, il le fit avec délicatesse. Quittant du regard ces petits extraterrestres inoffensifs, il se décida à reprendre son chemin. Il avançait assez lentement, d'un pas désormais mesuré, emmitouflés dans sa longue cape. Il fit un bref appel à la Force. Il sentait quelque chose, mais quoi ? Il ne savait le dire, et cela le dérangeait. Il ne reconnaissait pas la marque caractéristique de Maître Yoda, ou de Maître Windu ou Kenobi. Et pourtant ? Les rumeurs allaient dans le sens d'un Temple Jedi rebâti. N'y étaient-ils donc pas ? Cela paraissait étrange, et troublant. Par précaution, il cacha sa présence dans la Force, du mieux qu'il put. Il y avait quelques années qu'il n'avait plus usé de la Force. Ou du moins, de façon sporadique. Mais il n'avait pas oublié cette sensation qu'elle procurait, et cela de nouveau lui fit se rappeler le sort de ses anciens frères.

Une petite vie se développait ici, semblait-il, dans cette décharge planétaire. La vie se redéveloppait ici, aussi. Il trouva un instant la situation ironique. Il cherchait des Jedi dans une décharge. A cette époque ou, tout hors-la-loi qu'ils étaient, ils n'étaient plus que choses désuettes et appartenant à un temps révolu. Il passa devant ce qui lui sembla être des récupérateurs au premier abord, puis, voyant leur équipement, il se ravisa et conclut à des mercenaires. Ils devaient convoyer quelque chose de valeur pour être aussi équipé. Il se trouvait dans une sorte de rue de fortune, où des échoppes s'étaient formés d'un côté et de l'autre. On semblait y vendre de tout et n'importe quoi. Tout ce qui se trouvait dans les décharges. Kota leva un oeil vers le ciel et chercha le bâtiment Jedi du regard, pour vérifier qu'il était bien dans la bonne direction.

Ceci fait, il se permit de regarder plus avant une échoppe, et il lui sembla reconnaître quelqu'un. Mais qui ? Ces dernières années avaient été riches en nouvelles connaissances, l'alcool y aidant beaucoup malgré son désir d'être seul, et durant sa vie, il avait cottoyé bon nombre de gens. Ce regard qui avait attiré son oeil l'intrigua un instant, puis il passa outre. Retournant à ses pensées, il continua d'avancer vers le Temple. Qui qu'elle était, il n'en avait désormais plus rien à faire.

Quelque chose vint prévenir le vieux Jedi. Quelque chose le mettant en garde contre un danger. Ce quelque chose qu'il avait, il y a déjà six ans, juré de ne plus utiliser, et qu'il avait, depuis son arrivée ici, utilisé déjà deux fois. Il sentit plusieurs personnes se glissant derrière lui, et remarqua les trois rodiens qui lui barraient soudainement la route. Il s'arrêta et regarda rapidement derrière lui. Ils étaient cinq. Huit au total, ça commençait à faire beaucoup pour quelqu'un de rouillé comme lui. Il sentait son pistolet blaster à la ceinture, et se jura qu'il n'aurait à s'en servir qu'en cas d'extrême nécessité. Kota passa sur l'attitude du rodien et sur les injures dont il était la cible, comprennant cette fois-ci la langue extraterrestre. Il décida de jouer la carte du vieillard.

- Veuillez m'excuser, je ne savais pas que cette rue lui appartenait... Tenez, donnez-lui cela comme droit de passage.

Dit-il d'une voix chevrotante, assurément feinte, et en saisissant quelque chose à sa ceinture. Il s'approcha du rodien et lui posa dans la main. Le fixant dans les yeux, il usa une nouvelle fois de la Force, et lui dit dans le creux de l'oeille.

- Et cela suffira. Maintenant, tu vas ranger le cadeau et partir sans dommage, tes hommes et toi. Tu refléchiras aussi à ton avenir.

Il espérait avoir été le plus discret possible pour ne pas eveiller le soupçon des autres loubards. Il ne voulait pas avoir à utiliser la force. SOn coup de bluff allait-il fonctionner ? Il n'avait donné que quelques pièces au rodien ; la Force ferait-elle le reste ?

Tout s'était passé si vite, un rodien s'était avancé, avait tiré sur son ancien leader, et tout son plan tombait à l'eau. Quand il braqua Kota, celui-ci allait user de la Force. Le fait qu'un autre prit sa défense donna un peu de répis au vieil homme. Il comprit qu'il devait de toute façon en terminer vite avec eux, leur désir premier étant de le tuer et de le dépouiller. La situation sembla finalement se détendre un peu, et Rahm reprit.

- Je ne suis qu'un vieil homme qui espère trouver quelques anciennes connaissances. Je n'ai pas d'argent et rien sur ma tête. Pourriez-vous baisser votre arme, l'ami ? Je ne suis pas dangereux.

Il leur pointa doucement le bâtiment Jedi, pour que le rodien ne se sente pas menacé, et dit d'une faible voix.

- Vous connaissez quelque chose sur cet édifice ?

Il avait plusieurs fois eu affaire avec des caïds au cours de sa vie, et plus particulièrement durant ces six dernières années. Il avait à chaque fois répondu selon la situation, qu'il s'agisse par la diplomatie ou la voie des armes. Cette-fois ci, Rahm pensa qu'il pouvait user de la simple parole, malgré la violence affichée de ces hors-la-loi. Il n'était pas là pour se mêler de leurs affaires et leur ferait savoir. Et s'ils ne quittaient pas l'idée de le dépouiller, il essayerait alors de se sortir de se mauvais pas par la fuite. En effet, il repensa que l'utilisation de la Force, même faible, pourrait lui coûter en cas de présence ennemie. Il ignorait tout de cet endroit, et la prudence, comme il le voyait maintenant, était de mise par chaque action.

Ce rodien avait la langue bien pendue, et Kota y vit un moyen de rebondir dessus et de se débarasser d'eux. Il fixa son interlocuteur, tout en gardant un oeil sur celui qui le menaçait de son arme, et lui glissa à l'oreille.

- Puis-je faire une confidence, l'ami ? Je suis moi-même un Jedi.

Laissant la son interlocuteur, il éleva un peu la voix pour se faire entendre des autres membres du gang.

- Voila ce que je vous proposes. Vous me laissez sortir de votre territoire, et en échange, je vous permet de fouiller durant un temps la décharge autour de l'Abysse. Qu'en dites-vous ? Cela parait honnete, ma vie contre du bon argent. Et pense au prestige, que diront les autres quand ils apprendront que les Roosh ont pillé la décharge fantôme, à part qu'il s'agit là des plus grands ?

Le vieil homme laissa le temps à cette idée nouvellement plantée de germer, sans pour autant oublier la possibilité de passer à l'action. S'ils refusaient, il serait bien obligé d'utiliser la fuite, voire la Force pour s'en sortir ; il n'allait pas rester ici, dans une ruelle d'un monde poubelle, sur le point de se faire abattre par un gangster de bas étage.

Le vieil homme reprit au tac au tac, arborant un air fier et sûr de lui, qui contrastait jusqu'ici avec l'attitude qu'il avait affiché.

- La parole d'un Jedi ne vous suffit-elle pas ? Ne savez-vous pas que nous ne pouvons pas mentir ? Et qu'avez-vous à perdre ? Si vous me tuez, vous empocherez peut être une prime si l'Empire se décide à vous payer, ce qui, mes amis, n'est pas chose certaine. A côté, je vous propose de piller la décharge en assurant votre sécurité. Y voyez-vous une quelconque ruse ou malice ?

Il sourit un instant et inclina légèrement la tête.

- Toutefois, j'aimerai que vous arrêtiez de me menacer avec votre arme, sans quoi je serais obligé d'avoir à me défendre, et dans ce cas, vous perdriez sur tous les tableaux.

Kota fixait le gros rodien planté devant lui. Il savait que s'il le faisait cèder, il emportait la partie. Mais encore fallait-il le faire céder, et la diplomatie ne semblait pas l'intéresser, lui qui était si prompt à la violence. Une menace d'un Jedi lui ouvrirait peut-être les yeux ; après tout, malgré la traque des Jedi, il était de connaissance commune qu'ils étaient de redoutables adversaires.

Le vieil inclina avec humilité la tête tout en remerciant les Rodiens d'avoir accepté le marché. il se voyait enlevé un poids, et pouvait reprendre sa route vers ce qu'il savait être désormais l'Abysse. En effet, l'ancien Jedi ne comptait absolument pas tenir sa parole. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il s'agissait de voyous, et non d'honnetes gens, et, de toute façon, il ne se considérait plus comme un Jedi. Les Jedi n'existaient plus, ils n'étaient que vestiges d'un temps révolu. Que valait le Code, maintenant, sans l'Ordre ? Que valait les préceptes de paix, dans une Galaxie en guerre ? Que valait la vaillance des Jedi, une fois un tir de blaster dans le dos, comme fut le triste sort d'un nombre incalculable de ses frères ? Kota n'y croyait plus. Sans se faire prier plus avant, Kota s'engagea dans la décharge, regardant s'il était suivi. Etrangement, il ne lui semblait pas. Peut être attendaient-ils qu'il sécurise l'endroit avant de venir s'y risquer. Tant pis pour eux, il n'y serait bientôt plus.

Il s'enfonça entre les déchets sans plus attendre et d'un pas décidé, regardant autour de lui, aux aguets. Les Rooshs l'avait mis en garde contre un danger important en cet endroit et, même s'ils n'étaient que de petits caïds sans autre prétention que celle de paraître fort, ils savaient toutefois reconnaître les lieux dangereux, sinon, il ne seraient plus là pour en témoigner. C'était donc prévenu qu'il avançait, n'osant trop se sert de la Force pour baliser le terrain, toujours dans ce doute d'être remarqué par des êtes non désirés. Soudain, il se figea. Son corps, machinalement se crispa, le corps prêt à bondir de côté, la main revenu instinctivement sur la crosse du pistolet blaster qui se trouvait à sa ceinture. Il entendit des cris, des tirs, des gémissements. Devant lui, des hommes apparurent, courant à en perdre haleine. Certains furent percutés par des laser et s'effondrèrent, les autres continuèrent leur folle calacade sans demander leur reste. Le vieux soldat fit un pas de côté, vif, dirigé par cet instinct de survie qui l'avait maintenu en vie depuis son plus jeune âge. Un laser fusa et vint se loger dans un débris métalliques derrière lui. Il jeta un rapide coup d'oeil sur la zone de l'impact. Il n'y avait que des lasers de forage pour pénétrer l'acier aussi facilement.

Alors qu'il allait à son tour s'éloigner, quelque chose lui agrippa la jambe. D'un bond, et se retourna, analysa, agit. Sans qu'il n'y pense réellement, le vieil homme avait sortit son pistolet blaster et tiré dans la tête de cette parodie de droïde pour le faire lâcher prise. Il fut sur l'instant surprit par ses propres réflexes, qu'il croyait avoir oublié en sept ans de débauche. Un nouveau bruit. L'ancien Jedi se retourna alors, aussi vif que précédement et, canalysant une vague de Force, il la projeta vers la source de ces cliquetis. Cette réutilisation violente de la Force lui fit l'effet d'un torrent. C'était comme si de nouveau, de l'eau dévalait à toute allure dans le lit d'un fleuve depuis longtemps asseché. Il ne contrôla pas sur le moment sa vague de Force, ne sachant même pas si elle serait assez violente pour perturber ses adversaires. Il avait agit par instant, et s'apprétait désormais à tirer sur ces deux nouveaux adversaires, sa main droite solidement crispée autour de la crosse de son pistolet blaster.
Ce faisant, il avait toutefois brisé ce voile qu'il essayait de rejeter par dessus lui pour ne pas être ressenti à travers la Force.