Un bruit de porte qui s’ouvre sans ménagement me tire hors des bras des sirènes éthérées où j’avais sombré la veille après avoir annoncé mon départ. Dans mon souvenir récent, les visages de marbre des membres de ma famille ne laissaient rien paraître de leurs émotions intérieures, cela ne leur faisait ni chaud, ni froid mais j’étais sûr du contraire !

J’avais appris à détecter le moindre des inflexions faciales me permettant de détecter l’humeur intérieure de mon interlocuteur et là, j’y avais vu de la surprise, de la déception et de la fierté en même temps, ce qui m’avait en partie rassuré, nous bûmes quelques verres d’alcool national pour fêter ça puis après une brève discussion, chacun gagna sa chambre.

Six heures du matin avaient à peine sonné que mon père fit irruption dans ma chambre,
un blaster à la main ? Quoi ? et il me vise en plus ! Je propulse les couvertures formant un écran dérisoire s’il fait feu mais qui néanmoins l’empêche de m’ajuster durant une à deux secondes, je prends le premier objet sous la main…mon réveil et l’envoie de toutes mes forces vers lui mais il l’esquive…et tire !

Son tir manque de précision mais au vu de la courte distance (moins de 5m), la décharge me touche à l’épaule et ça fait un mal de chien, le coup me plaque au mur, j’ai le torse endolori et le bras droit aussi mou que le corps d’un nouveau-né. Mon cerveau réagit plus vite et pousse mes membres à agir malgré la douleur, y injectant l’adrénaline necessaire, j’ai le reflexe de saisir un livre de mon bras valide et le lance vers sa tête, je fais une pirouette vers l’avant et vise son estomac, ça lui apprendra à gâcher ma dernière matinée à la maison !

Il esquive mon projectile mais ne peut rien pour contrer ma charge desespérée ! Et nous valdinguons tous les deux dans l’escalier, emportés par notre élan respectif.
Oh la vache, je déguste !
Je m’accroche à son corps pour m’en faire un matelas protecteur, lui aussi essaie de faire pareil, le blaster valdingue, la chute a duré moins de cinq secondes faisant un bruit d’enfer, réveillant la maisonnée, mêlant les cris de la fratrie et de ma mère face à ce pugilat.

Nous tombons tous les deux et sommes k.o pendant presque une minute…La vigueur de la jeunesse prévalant, je reprends conscience un peu plus vite que mon aîné et cette fois-ci, j’en profite pour lui exercer une pression (pas trop forte) sur sa gorge.

- Alors, ça veut dire quoi ce réveil brutal ?

Il déglutit avec difficulté et me répondis :

- Méfie-toi de tout, ne fais confiance à personne, c’est ce que je voulais te dire ! Dans certains cas, les mots ne suffisent pas !

En effet, mon épaule était encore engourdie, mes bleus allaient ressortir dans les prochaines 48h, un vrai puzzle coloré ambulant. Je relachaîs la pression et aidait mon père à se relever. Je sentis alors quelque chose de piquant, dur et froid, entre deux côtes.

- Ne relâche jamais ton attention fils, sinon, tu es un homme mort !

Je sentis à ce moment là que son geste offensif n’était qu’une saine mise en garde et qu’il tenait à moi, à ce que je revienne vivant de cette odyssée. Il me serra dans ses bras et me tint ainsi un temps indéfini, je sentis que les autres membres se joignirent à nous, commuant cet instant en un moment de communion, chose rare et précieuse dans un monde où les valeurs les plus respectées sont la force et l’autorité.


- Remettons de l’ordre dans tout ça, je remplacerais ce que j’ai mis en pièce dans ta chambre, me dit mon père en me donnant une vigoureuse tape dans le dos. Cela nous prit en tout et pour tout une vingtaine de minutes puis nous prîmes le petit déjeuner, c’était la première fois que je voyais mes parents exprimer leur attachement, mes frères et sœurs m’entourèrent de leur présence.

Une fois le petit déj’ avalé, j’en profitais car je ne savais pas quand je mangerais de la sorte. Mon père attira mon attention,
il faut que je t’emmène voir un ami avant que tu partes, il pourrait te faciliter les choses mais je ne préfère pas en dire plus…Là, tout était dit, je ne pus plus rien lui arracher, il me fallait attendre…

Après une demi-heure, douchés, habillés de neuf, nous sortîmes. Pendant le temps du trajet, j’eus le temps d’observer mon père, ses traits ne laissaient rien paraître, à part peut être la satisfaction intérieure de me faire tourner en bantha.

Une demi-heure se passa, nous nous éloignâmes du centre ville, nous dirigeant vers la zone portuaire
mais qu’est-ce qu’on faisait là ? pensais-je. Mon interrogation s’acheva quand nous nous arrêtames près d’un dock où un cargo flambant neuf s’y trouvait.

Mon père m’invita à sortir, je le suivais, observant l’environnement mais rien d’anormal ne me frappait, les droïdes de maintenance allaient et venaient, secondant fidèlement les équipiers Iotréens et les quelques rares immigrés présents sur notre sol. Mon père me tendit une liasse de papiers,
voilà fils ! tu peux prendre place à bord ! Tout est réglé !

- Comment ça tout est réglé ? Tu as acheté un vaisseau ? Tu veux que je le pilote ?
- Non fils, je veux que tu prennes ton envol et pour cela, je te donne les moyens de le faire…

Je ne sus quoi dire, je relisais les papiers d’immatriculation et y vis mes coordonnées et surtout « propriétaire du [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], n° de série 1300-421-5000, nom :……………….. »

Je regardais mon père et inclinais la tête en guise de respect, je mis un genou à terre, hommage ultime à mon aîné ou humiliation suprême face à un ennemi.


- Relève-toi fils, il est temps que tu prennes ton destin en main, sache que tu n’as été qu’une source de fierté pour nous ! Tu n’as jamais rien demandé durant ta prime jeunesse, tu as travaillé dur et il est juste que tu reçoives le salaire de ta persévérance. Maintenant pars et reviens-nous la tête haute !

Je le regardais partir, une légère brise secoua la liasse que je tenais dans les mains. Quand il disparut, je me dirigeais vers le …mon vaisseau ! Il avait fière allure et j’espérais toujours le maintenir aussi beau et neuf que je le voyais, j’entrais dans la carlingue, la porte s’ouvrit automatiquement à mon approche.

Une voix féminine m’apostropha :
- Bienvenue à bord, Monsieur.

Je compris qu’il s’agissait d’une I.A et l’apostrophais de suite : - Appelle-moi Kayle stp et je te baptise…Arcadia

- Donnée enregistrée…Pour une identification correcte…Kayle veuillez mettre votre main sur ce scanner svp, j’enregistrerais vos données biologiques et peut préparer le vaisseau rapidement en cas d’urgence, vous disposez aussi d’un bracelet montre standard dissimulant un emetteur de commande pour vous permettant de me contacter si vous êtes hors de portée de voix, portée maximale : 500m

Un panneau de contrôle s'ouvrit faisant apparaître un bracelet-montre anonyme, produit par centaine de millions mais dont la fréquence était réglée sur la voix de kayle. Il le mit à son poignet et le serra machinalement. Impeccable !

Une fois la procédure enclenchée, je contactais la tour de contrôle : - Tour de contrôle, ici YT2000, « lame étincelante » prêt au décollage ! Plan de vol : Iotran > Bespin, motif achat de carburant.

- Ici tour de contrôle , bien reçu « Lame étincelante », plan de vol enregistré, vous pouvez y aller, vecteur de sortie au 6-0, piste 7.

- Roger, tour de contrôle ! A une prochaine !

Kayle fit rapidement sa check-list, assisté par Arcadia, tout était ok, le YT2000 répondait merveilleusement bien, bientôt sa planète natale ne fut plus qu’un souvenir, il prit une vitesse économique.

Disposant encore d’une quinzaine de minutes pour faire le tour du propriétaire sur son écran de contrôle, Kyle regardait la capacité de la soute, la puissance de ses écrans, sa vitesse maxi et son…absence de défense(s). Cela l’ennuya un peu, il programma donc une route sûre et fréquentée pour éviter les rencontres désagréables.

Arrivé aux limites de l’espace Iotréen, il enclencha l’hyperdrive., les étoiles filèrent engouffrant le transport neuf au milieu de l’espace hostile.

Direction Bespin.