Syuila traversa le grand corridor d'un pas pressé et absorbé. Elle feuilletait une dernière fois le dossier précédant la réunion qu'on lui avait envoyé et ne démordait pas de sa conclusion : Prestage était fou et les Inquisiteurs étaient loin de comprendre un seul traitre mot de la politique galactique. Il se croyait chez eux partout et ne respectaient plus grands chose. Un de ces jours ils allaient décidé de lancer une mission pour assassiner Arthorius Fel, le consul Jedi de la Galaxie, et ils se retrouveraient avec une guerre civile globale sur le dos, que naturellement, les grands moffs et leurs hommes devraient payer en allant se faire tuer contre des Mon Cals alliés à des dizaines de Rebelles bien préparés. Et pour une fois, elle devait le reconnaitre, ils auraient de bonne raisons de se soulever ...
Elle qui s'acharnait à maintenir la paix et la tranquillité du Sur-Secteur Zéro alors que cette zone de la galaxie comptait probablement le plus de vassal hostiles à l'Empire à l'année lumière au carré (sans compter les puissants Hapiens), n'allait pas maintenir bien longtemps la stabilité impériale dans la région et surtout, les bonnes relations qu'elle avait put construire avec Alderaan avec l'aide de Scilla si on continuait à lui envoyer des péquins d'en haut pour lui demander d'approuver des opérations d'espionnage suicide basés sur des "preuves" qu'elle ne connaissait même pas.
Au fond, Bail Organa s'opposait peut-être à l'Empire au Sénat, mais c'était encore son droit légitime. Et c'est justement pour le recaser dans ses droits légitimes, éviter une crise galactique, et surtout lui créer progressivement une image d'ingérence politique et diplomatique que Syuila avait suggéré à l'Impératrice d'adresser à Alderaan un statut de vassal. Et jusque là, ça avait très bien marché : Organa ne pipait plus un mot sur la politique intérieur de l'Empire depuis qu'il avait son "indépendance". Du coup, le problème était extérieur, Organa ne constituait plus qu'un minuscule contre-pouvoir étranger à la puissance impériale et il était possible de solidariser les populations impériales face à son discours, lorsqu'il s'amusait à devenir ingérent ... Bon sauf que des fois, Organa s'amusait à reconnaitre des Rebellions (comme celles de Krant), comme des états légitimes, et considérait du coup leurs appels à l'aide comme de la non-ingérence. Il faudrait que Syuila lui remette les pendules à l'heure un de ces quatre. Un petit communiqué bien senti lui ferra sans doute comprendre qu'il ne faut pas trop jouer dans les plates-bandes Impériales ...
Et voila qu'elle reçoit un gros dossier qui vient lui dire que "Bail Organa est suspecté d'être proche des Rébellions". A vrai dire, Syuila savait qu'il soutenait au moins un mouvement Rebelle opposé à l'Empire. Mais elle n'en avait pas les preuves. Et du soutien d'Organa au soutien d'Alderaan, il y avait un sacré pas ... Bon, d'accords, le Vice-Roi s'était aussi allié avec Mon Calamari en signant récemment des accords de commerce avec la planète, et dans les prochains temps, une action médiatique forte serrait à envisager contre Kane Cave afin de faire sauter le blocus de Mon Calamari (il faudrait d'ailleurs qu'elle le contacte, afin qu'il le transforme tout de suite en embargo pour ne pas salir la réputation impériale. Une petite visite auprès de quelques vassaux bien fidèles suffirait probablement à faire suivre l'embargo par ceux-ci et placerait Alderaan, Chandrila et Mon Calamari dans une situation quelque peu ... embarrassante, vis-à-vis du reste de la galaxie.
Mais là, on parlait d'une grosse enquête ! D'une grosse affaire qui pourrait détruire la réputation de l'Empire si elle était découverte. Envoyer un espion sur Alderaan pour approcher les Rebellions, revenait à hurler aux Alderaaniens "Vous êtes des traitres !" ... Et généralement, un traitre découvert trahis tout de suite. D'autant qu'on ne savait même pas quel était l'étendue du réseau de relation Organa. Mais Syuila savait déjà que Farffin, Mon Calamari, Alderaan, Corrélia, Chandrila et Vélusia étaient de bons copains. A cela il faudrait rajouter les Bothans et les Sullustéens et l'Empire se trouvait face aux deux plus puissantes compagnies navales de la galaxie après le CNK, à des flottes et à des planètes quasiment imprenables, sans compter tout les mécontents qui viendraient immédiatement jeter leurs pierres ... Les troupes impériales serraient vite débordées ...
Non, décidément, Syuila avait du mal à y croire. Était-ce Afsheen qui avait dit de l'Empire que la guerre était sa raison d'être ? Il avait probablement raison ... mais il n'entendait surement pas une guerre galactique globale, et surtout difficile ! Syuila s'imaginait la Rébellion comme une pieuvres aux innombrables tentacules. Et depuis peu, un cerveau semblait contrôler ces tentacules : ils étaient plus intelligents, mieux organisés, agissaient de manière beaucoup plus cohérente ... Ils faisaient peur !
Enfin, elle s'arrêta devant Prestage. Le conseiller lui semblait pitoyable, petit, et ridicule dans ses parures absurdes. Elle ne regardait même pas l'inquisiteur impérial à coté de lui. Prestage était un moins que rien. L'inquisiteur était encore en dessous à ses yeux. Ses yeux froids plongèrent intensément dans ceux du conseiller. Elle glaçait le sang. Et l'aura de colère qui l'entourait, se matérialisant dans la force, ajoutait encore au sentiment de mal-être qu'elle imposait. Naturellement, Syuila n'avait pas le niveau des meilleurs Siths de l'impératrice comme Vador ou d'autres encore. Mais elle s'était entrainée à imposer d'avantage d'autorité encore par ce biais. Ainsi, son regard pénétrant suffirait-il probablement à faire comprendre à Prestage qu'elle n'aimait pas beaucoup ses manières, et son aura ajouterait encore au mal-être qu'il ressentirait.
- Bonjour, dit-elle simplement. Et sa voix était comme un glaçon, sans chaleur, sans haine, sans aucun sentiment visible. Elle n'avait rien d'une furie. Simplement une colère froide qui faisait presser le pas à tout ceux qui croisaient le petit groupe.