[Kattada] : Heureux évènement

Le cargo corellien Hwk-290 « l'Anaxsi » se posa docilement dans sa place privée située dans une des ailes adjacentes du palais de Mia, heureux hasard, le nom du vaisseau était de bon ton pour cette réunion inattendue dont Tyber n'avait, à l'heure actuelle, pas idée. Il fût le premier à quitter le vaisseau arborant un look impeccable et des habits raffinés récemment achetés au marché noir, il n'avait pas spécialement envie de savoir d'où cela provenait et qui avait été volé ou tué pour qu'il l'ait mais, chose étonnante, Tyber était satisfait et c'est avec une bonhomie tout à fait hallucinante qu'il se dirigea paisiblement vers le palais où sa petite amie plus ou moins officielle était en train de donner la vie, laborieusement.
Mais, étonnamment, il n'était pas seul car si toutes les autres fois n'avait été que des visites à connotations plus ou moins tendres, affectives et (surtout) sexuelles, il n'avait jamais embarqué son fidèle lieutenant avec lui. Mais là, pour des raisons obscures il s'était sentit obligé de l'emmener avec lui, non pas qu'Urai se sentait spécialement concernés par la venue d'un nouveau petit bout qui serait l'héritier de Zann, non, loin de là, mais Tyber ressentait le besoin profond de l'inviter à cet événement inattendu et fort compliqué à admettre au début.

Sur Kattada il faisait beau, comme toujours, pas un jour ne se passait sans que le temps ne soit merveilleux et c'était là un avantage pour une planète de ce genre, de surcroît ça donnait l'impression à Tyber que chaque jour passé ici était un instant volé au paradis. Alors qu'Urai surveillait les environs tout en restant légèrement en arrière de Tyber, il entrèrent dans le palais, là, un serviteur les intercepta mais reconnut aussitôt l'homme à la balafre qu'il conduisit à la salle d'attente. Le chemin prit pour l'atteindre était un vrai cauchemar pour Urai et tout les bons gardes du corps, un palais ouvert avec de potentielles menaces à presque chaque klick, garder son sang-froid pour le talortai était une vraie épreuve et il lançait un regard assassin, presque rageur, à chaque personne croisée qui en retour détournait les yeux pour ne pas croiser les yeux de l'extraterrestre.

Enfin ils arrivèrent et ce fût une véritable surprise pour Tyber de trouver là sa mère et...l'autre.
L'espace d'un instant où il posa sa main sur le coin de la porte, il envisagea de repartir aussitôt, afin de laisser une chance à son père de s'en sortir vivant, car, en effet, Tyber Zann avait son Coupé Spécial à la ceinture, arme dont il ne se séparait jamais, il réfléchissait à toute vitesse, le tuer n'était pas une si mauvaise chose en soi, certes il aurait quelques démêlées avec sa mère suite à l'assassinat, éventuellement payer les quelques témoins oculaires qui aurait vu ou s'était débarassés du cadavre mais rien de bien méchant...
Au final le plus emmerdant serait de nettoyer les traces de sang sur le tapis et les tentures, ce serait pas de la tarte et il serait probablement plus simple d'en changer directement, ajouté à ça l'avantage du marché noir, Tyber pourrait trouver des choses bien plus belles que ce qui était déjà présent là.
Non, vraiment, ce serait bien de descendre son père là, au pire sa mère ne lui parlerait plus mais chercherait bien plus tard à le contacter pour ne pas finir sa vie seule, etc... C'est alors tout naturellement que sa main se glissa jusqu'à son flingue et...

Mais je vous vois venir, il va probablement refaire le même fantasme que quand Mia lui a annoncé qu'il était Papa, oui, probablement. Mais bon, il a bien le droit de rêver ce pauvre Tyber, d'imaginer qu'il répand la cervelle de son papa sur les tentures kattadiennes en hurlant :


« CREVE ! »



Non mais c'est vrai quoi, il a le droit d'avoir envie de le voir mourir, ce père qui l'a envoyé à Carida en punition du premier trafic que le jeune homme d'alors avait monté, franchement, la punition démesurée méritait équivalence ! Après tout :
« Il n'y d'excès que dans l'excès. »
Non ? Enfin bon, prendre ses rêves pour des réalités c'était bien jusqu'à un certain point, s'il devait tuer son père, autant le faire autre part qu'ici, Mia pourrait gueuler. A ce propos il se promit de lui parler afin d'être sur qu'ils aient bien les mêmes canons en matière de notion de « discrétion ». Juste pour être sur.

Il referma la porte en ressortant, inspira puis expira un grand coup, puis revint, tout souriant, non sans au passage subir un regard inquisiteur de la part d'Urai. Il salut sobrement les parents de Mia, sa mère se précipita sur lui et il l'embrassa quand à l'autre... Il l'ignora, il contacta une des infirmières qui passait par là puis lui demanda s'il pouvait rejoindre Mia à l'heure actuelle, après quoi une pensée le traversa, ajoutant un sourire devant la drôlerie de celle-ci : son père lui avait imposé Carida et récemment il avait explosé l'Académie de cette planète de merde.

La vie est bien faite.

Alors que le père de Zann lui avait lancé des mots, celui-ci s'était stoppé net, arguer que Tyber n'avait sut terminer quoi que ce soit était fallacieux, fallacieux et dangereux. Il se retourna vers son père, un rictus entre le dédain et la cruauté sur ses lèvres :


« Continue à m'aiguiller et je te promet que je terminerais mon complexe d'Oedipe, vieux salopard. »



Il mima le geste d'un blaster en train de tirer sur son paternel, puis il se détourna de ce détestable personnage pour s'occuper de Mia qui avait bien plus besoin de lui à ce moment. Alors que Mia prenait le petit dans ses bras, Tyber admirait ce cadeau avec des yeux verts d'un froid glacial, plus que l'amour, c'était la fierté d'avoir un héritier pour sa dynastie criminel qui gonflait son cœur de joie et déjà des tas de plans se mettaient en place dans sa tête, rouages immenses entraînant des conséquences inimaginables qui amèneraient ce petit à gagner la place de maître de la galaxie quand Tyber ne serait plus. Mais cela ne dura que quelques secondes et un voile passa sur le visage, celui du père heureux qu'il se devait d'être. Mia avait probablement décelé l'homme puissant qui avait précédé ce père modèle, prévoir sa propre réaction aurait été une belle foutaise, le problème qui empoisonnait les veines de Mia comme celles de Tyber était l'amour, probablement plus fort du côté de la belle blonde, du moins à cet instant précis. Il arrivera des jours où Tyber prouvera cet amour, où ses yeux froids admireraient avec cruauté les assassins de son bonheur.

Mais là n'est pas le problème, pas encore. Restait à déterminer la suite, un enfant changeait beaucoup de choses dans leurs vies, et ils faudrait protéger sa femme comme son fils.

Sa femme ? Voilà une bien étrange réflexion, ils n'étaient pas mariés après tout mais le voulait-il, lui, se marier ? La question n'avait pas été spécialement envisagé jusqu'alors et Tyber n'avait jamais pris le temps d'y réfléchir. Étrange. Il regardait Mia avec un drôle d'air, qu'elle ne comprit pas sur le moment. Oui, peut-être était-ce une occas' de se ranger, devenir un type bien, élever son gosse dans le secret avec sa femme, dans ce luxueux palais, changer, devenir un type bien, ne plus être obligé de tuer, ne plus être obligé d'être fort, la fin de la violence, la fin des complots, la fin de la domination, de la drogue, du racket, des putes, des assassinats, la fin de Carida, de cette vengeance contre Thrawn, des tensions avec son père...

Devenir un type bien.

Et risquer de tout bousiller. Se marier c'était l'attacher à elle, lui faire prendre d'autres risques, plus importants encore que ce qu'elle prenait déjà en le fréquentant, Tyber aimait Mia, pas comme le meilleur des gars devrait mais comme un criminel et un vaurien dans son genre le pouvait, il se devait de la protéger parce qu'il ne pouvait pas abandonner tout ce qu'il avait mit tant de temps à bâtir. Il n'y aurait pas de mariage, car Tyber ne voulait pas la condamner.

Les jours passèrent et progressivement la jeune femme put recommencer à sortir pour se promener avec le criminel.

Pas de cérémonie. Pas de mariage, donc. Mais il pouvait lui offrir autre chose. C'était pendant un chaud après-midi comme seul Kattada savait en offrir, elle était assise sur un banc, observant la lente mélopée d'un ruisseau, ses yeux bleus étincelaient alors qu'elle fixait le liquide clair, les yeux de prédateur du criminel se posèrent sur elle, il coinça sa main dans celle de la jeune femme, glissant ainsi un coffret avec une bague. Une alliance richement sertie de plusieurs pierres précieuses, le signe qu'à jamais elle serait attachée à lui. Pas un mot, rien. Juste cette alliance.

Lui n'en portait pas, mais elle put déceler sur son doigt un tatouage, un cercle faisant le tour de celui-ci. A jamais il porterait la marque, lui aussi. Tout ceci sous les yeux de Urai, témoin silencieux de cet acte. Urai qui avait accueillit ce bébé avec un stoïcisme incroyable, ne portant aucun jugement ni même de conseils.

La fréquence des visites après le départ de Zann varierait, selon ses affaires et les moyens qu'il avait de s'en détacher. Mais il passerait au moins une fois par mois, ce qui était peu mais le mieux qu'il pouvait garantir. Il allouerait 500 000 cr' des caisses du Consortium qui seraient versés chaque mois sur le compte de Mia pour élever le bambin. Il fit renforcer la sécurité autour du petit, plaçant pas moins de cinq de ses meilleurs Corrupteurs pour veiller sur lui et Mia et il n'oublia pas de rappeller à Mia qu'à la moindre menace elle devait le contacter. Pour le moment le plus important pour elle et le petit était de se reposer. Puis il repartit, ne disant pas même au revoir à ses parents, mais promettant une mort horrible, une toute dernière fois, à son père. Si jamais l'idée lui venait de livrer Mia ou son fils à l'Empire, Tyber jurait de le tuer de ses mains et de donner son cadavre à manger au rancor, les pauvres bêtes.

-Désolé, mon maître est malheureusement en interdit bancaire actuellement. Puis-je régler en liquide? Mon maître tient beaucoup à ce vaisseau, je suis prêt à vous donner cinq-cent crédits de plus si vous y accordez une attention toute particulière. Je ne veux pas voir une seule éraflure et vous recevrez votre bonus lors de mon départ, cela vous convient t'il?

-Bonjour messieurs. Nouveau service de protection spécial du palais. Voilà qui explique notre présence et incidemment la raison de notre armement. Quant à nos autorisations, les voici.