Eh bien, j'aurais bien ceci, c'est un travail réalisé pour le cours de français (une rédac quoi), elle ne fait que 650 mots mais la prof m'a mis 18/20 et m'a dit que c'était excellent, je me permets donc :
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Cela faisait plus de vingt ans qu'il creusait. Qu'il pratiquait le métier. Pilleur de tombes. Celui qui vole les morts. Oh, cela ne l'inquiétait plus de savoir qu'il violait des sépultures, qu'il y avait des cadavres dans les tombes. Il en avait l'habitude, depuis le temps qu'il exerçait cette activité.
Comment en était-il arrivé là ? Il ne savait pas, il ne savait plus. L'alcool peut-être, et le jeu aussi. Le chômage, la crise économique... Il y avait beaucoup de raisons possibles. Peut-être s'agissait-il de toutes ces raisons. En tout cas, il était là, en plein été, en Dordogne, à creuser avec sa pelle rouillée, à ouvrir les tombes avec son burin, alors qu'il avait cinquante-quatre ans. Cela, il s'en souvenait. Cinquante-quatre ans qu'il souffrait, ici, sur cette cruelle planète. Il ne s'était jamais suicidé, il n'en avait jamais eu le courage.
Alors, en attendant que la mort fasse son affaire, il creusait, et revendait ses trouvailles aux puces ou aux brocantes et dépensait une grande partie de son argent dans la boisson. Il habitait dans une misérable petite caravane délabrée, et il y faisait soit trop chaud, soit trop froid.
A ce moment, il creusait une tombe toute récente. La récolte serait sûrement fructueuse, il le savait à la vue de l'énorme dalle de marbre rouge. En effet, depuis qu'il était dans le business, il avait appris à reconnaître le niveau de richesse des morts ou de leur famille à la nature des tombes. Certains jouissaient d'un caveau monumental, en marbre avec petit jardinet autour, tandis que d'autre se contentaient d'une croix en bois. Il se demandait à quoi tout cela servait. De toute façon, lorsqu'on mourait, quelle importance d'être dans du marbre ou de la terre ?
Avec son pied de biche, il commença à soulever la dalle.
« Où suis-je ? Ah, c'est vrai, en croisière en Méditerranée. Il fait froid, pour un été au large de la Sicile. L'air marin, sans doute. »
La porte de sa chambre s'entrouvrit, laissant passer un rai de lumière qui l'aveugla momentanément. Le service de chambre, sans doute. Ces vacances étaient vraiment reposantes ! Il les méritait vraiment, il n'en avait pas pris depuis au moins deux ans, son travail au sein d'une grande entreprise l'empêchant de s'éloigner de son lieu de travail. Il gagnait beaucoup d'argent, mais n'avait pas assez de temps pour le dépenser. De plus, il ne faisait pas non plus d'exercice, et il fumait depuis qu'il avait dix-sept ans. Son compte en banque était en meilleur état que ses poumons, et c'était d'ailleurs son médecin qui lui avait prescrit ce repos.
Il ne prit pas la peine de se lever de son lit, il comptait bien faire la grasse matinée :
« Garçon ? Apportez-moi trois tartines beurrées et du Earl Grey, je vous prie. »
Il entendit la porte de sa chambre se refermer brusquement, et se rendormit paisiblement.
« Un pilleur de tombes qui meurt dans un cimetière. Quelle ironie. »
L'adjudant-chef à la gendarmerie de Valeuil, Christian Henri, jeta sa cigarette à la poubelle la plus proche. A quelques mètres, le maire de la petite bourgade répondait aux questions d'un journaliste local. Il se dirigea vers le médecin légiste qui examinait le corps du défunt.
« Avez-vous déterminé la cause du décès, docteur ?
-Il semblerait que ce soit un infarctus du myocarde. Une crise cardiaque. Mais le plus étonnant, c'est son visage. Regardez, il ne dénote pas une souffrance, comme souvent dans ces cas-là, mais plutôt une terrible peur. Etrange, vous ne croyez pas ?
-Effectivement, on croirait qu'il a vu la mort.
-Pas étonnant, dans un cimetière ! »
L'adjudant rit à la blague de son collègue. Il ramassa le pied de biche, encore coincé sous la dalle de marbre. En même temps, il lut l'inscription funéraire sur la tombe :
« Ci-gît Jean-Pierre Arnault, décédé à bord du bateau de croisière La Grande Bleue. »
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C'est très suggestif, n'ayez pas peur de relire le texte plusieurs fois pour comprendre.