Les troupes avaient progressé dans la plaine en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, et tandis que les soldats les plus chanceux échappaient au balayage rebelle, les autres étaient perforés de toutes parts et s'effondraient sur le sable, foudroyés par la puissance vengeresse des ennemis de l'Empire. Puis la distance s'était réduite, et les blindés avaient fini par enjamber les tranchées rebelles, qui, d'ailleurs, s'apparentaient désormais plus à de véritables trous d'obus qu'à des lignes de défense. Les TB-TT avaient évincé toutes les tourelles, et, finalement, les premières lignes de fantassins avaient achevé la dernière résistance. Lorsque le peloton Gamma II parvint à son tour au coeur des combats, il n'y avait plus aucune trace des "défenseurs". En effet, la seule forme de résistance était désormais constituée par les "planqués", qui, dissimulés dans leur bunker, tiraillaient sans relâche les Impériaux depuis leurs quelques meurtrières. Il était simplement suicidaire de rester sous le feu ennemi, et leur cachette les protégeait intégralement du feu impérial. Les tirs fusaient sur les quelques milliers de soldats encore debout, et c'est avec amertume que le Lieutenant-Colonel Lüst ordonna le retrait par le biais des comlinks :
A toutes les unités, revenez dans les tranchées. Blindés légers, faites taire ces salopards, tirez dans les trous et les fenêtres ! Aux 61ème et 68ème Bataillons, plaquez-vous contre les parois de la falaise : c'est vous qui allez pénétrer dans ce foutu nid d'guêpes ! Les TB-TT vont se charger de l'entrée.
Six des huit Bataillons revinrent à l'abri dans ce qui restait des tranchées ennemies, et environ 4000 soldats s'agglutinèrent tant bien que mal dans les trous de poussière et d'éclats, effleurés par les rafales tirées depuis la falaise. Les 61ème et 68ème Bataillons coururent vers l'avant-poste. Les rangs subissaient l'hécatombe, percés et désintégrés par les salves des tourelles anti-personnelles, et en réalité, trop peu de soldats parvinrent à l'abri des tirs, et se postèrent directement sous les façades de pierres millénaires du bunker rebelle. Les TB-TT générèrent le soulagement, quand, de leur formidable puissance, ils ne firent de l'énorme porte blindée qu'un mauvais souvenir. Les premiers pelotons impériaux pénétrèrent dans les entrailles de la base, comme de l'eau de mer aspirée dans les profondeurs sournoises d'un typhon.
"Allez, on entre et on bousille tous les cancrelats !" hurla Ban à l'adresse de ses hommes, qui s'apprêtaient à se déverser à leur tour dans le bunker. Précédé par des centaines d'autres Stormtroopers, le Lieutenant passa en sautant le seuil de l'immense porte éventrée, suivi de près par son Sergent et ses quarante hommes. Il fut frôlé par une énorme salve, qui fit éclater le rang de son peloton, et roula sur le sol de l'immense salle où les Impériaux s'agglutinaient. En ouvrant des yeux désemparés sur la scène, il poussa un juron et arma son E-11 : il venait de pénétrer dans une caverne, creusée dans des temps immémoriaux et à même la roche. Étonnamment, celle-ci offrait une teinte presque rouge, qui contrastait énormément avec la pierre grise et morne que les Impériaux avaient pu observer sur tout leur trajet. Une perspective moins plaisante percutait les malheureux soldats, comme une vérité qui frappe : une centaine de Rebelles s'était regroupés dans les hauteurs de la salle, embusqués sur deux étages faits de passerelles métalliques. Les tirs pleuvaient littéralement sur les Stormtroopers, qui devaient encaisser un tir vertical et émanant de tous les côtés à la fois. Et, plus dangereux que tous ces fantassins regroupés, un vieux char d'assaut au blindage rouillé tirait à vue sur les soldats blancs, flottant au-dessus du sol de ce qui semblait être un atelier de mécanique, construit au fond de la salle. Tandis qu'il tirait sans relâche sur les Rebelles juchés en hauteur, Ban pesta en voyant qu'il n'y avait aucun moyen d'accéder directement aux passerelles : les Rebelles n'avaient pas construit d'escaliers. Plus les soldats tombaient et plus Ban perdait courage. D'un côté, les Stormtroopers s'accumulaient dans la cuvette et subissaient in extremis les tirs des ennemis embusqués, et de l'autre, un front de plus en plus réduit faisait face au blindé, autour duquel quelques Fantassins Rebelles faisaient front contre les malheureux Stormtroopers. Ban relâcha son attention quelques instants, et crut soudain reconnaître son Sergent-Major, qui accroupi derrière lui, tirait en hurlant sur tout ce qui bougeait.
"Kappa, Kappa c'est vous ? s'enquit le Lieutenant, en essayant de couvrir le bruit de la bataille.
- Un peu qu'c'est moi Lieutenant ! lâcha Kappa, complètemet essoufflé et désemparé.
Faut qu'on s'taille Lieutenant, ou on va y rester, z'auriez pas une idée ?- Je sais Kappa, on pourra pas t'nir bien longtemps... Allez, on va s'farcir ce char.- Quoi ?- Vous avez entendu. On va passer par les ateliers, c'est l'seul moyen. Il haussa tout à coup le ton, pour se faire entendre de tous.
Allez, tous avec moi, on passe par l'atelier, on fait péter l'char et on s'propage !"Il poussa un cri de guerre et fit un grand geste pour indiquer la direction de ce nouvel objectif. Tous les soldats reprirent ce cri, et, guidés par une fougue nouvelle, firent face au char et déversèrent leur remarquable puissance sur le blindé et les Rebs qui l'entouraient. Ban s'allia au groupe, et tira de sa ceinture son plus redoutable atout : LE détonateur thermique. Il bouscula les soldats, et parvint bientôt à la masse compacte des premiers rangs de Stormtroopers. Il faillit réfréner son geste en observant plus attentivement le tank, frappé par l'apparence du blindé, qui ne ressemblait en rien aux véhicules de l'Alliance : c'était un
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], il en était désormais certain. Ce véhicule faisait partie des vestiges du passé, d'une époque glorieuse où, tout jeune encore, il regardait avec admiration ces véhicules de la Guerre des Clones parader sur Holo News. Voir ce véhicule encore maculé d'un passé aussi glorieux, et tombé soudain entre les mains de ces vermines de Rebelles, le mit dans une colère à la fois irraisonnée et illimitée. Il fallait détruire cet objet, il le fallait pour le bien de tous, il devait mettre un terme à l'existence de cet objet qui était désormais rouillé et obsolète, témoin d'une époque où l'héroïsme et l'humanité étaient encore des notions pourvues de sens !
Il appuya sur le bouton. Une lumière rouge s'alluma sur la coque sphérique du petit détonateur. Le tank était pour lui, il en était sûr. C'était à lui qu'incombait le devoir de le faire voler en éclats. Il mugit avec rage et botta le derrière des deux Stormtroopers qui se tenaient devant lui et qui l'empêchaient de passer. Les yeux crispés par un fanatisme soudain et une soif de violence sans limite, il marcha sur ses deux frères d'armes et, prenant appui sur leurs armures blanches et rigides, bondit dans les airs, tout en brandissant dans sa main droite l'arme meurtrière qui menaçait d'exploser à tout moment. La scène lui sembla se passer au ralenti, pendant que quelques souvenirs rétrospectifs défilaient devant ses yeux de soldat enragé. Un tir frôlant sa tête le ramena à la réalité : il avait sauté assez haut, il fallait en tirer parti. Il jeta le projectile de toutes ses forces. Le détonateur tourna dans les airs, se frayant un chemin parfaitement rectiligne entre les rafales multicolores qui fusaient depuis les deux camps. Ban regardait la petite bombe avec les yeux exorbités, et poussa un cri de victoire en regardant le détonateur atteindre sa cible, enfin, non pas exactement, en fait. La sphère métallique percuta de plein fouet le visage nu d'un Rebelle, faisant voler son nez en éclat et le rejetant en arrière, assommé par le choc. Ban perdit de vue le détonateur, et, à peine venait-il de retomber sur le sol qu'une explosion puissante repoussa les premiers rangs impériaux.
Le Lieutenant tomba à deux mètres en arrière, aveuglé et ébranlé par la déflagration. Il venait à peine de réaliser ce qui s'était passé lorsque des cris de victoire s'élevèrent de part et d'autre du flot de Stormtroopers. Il se releva péniblement, et une voix familière émana de son dos :
"Joli tir Lieutenant, mais on peut pas traîner ici. Les "cancrelats" qui sont restés perchés en haut tirent de plus belle, et ils visent sacrément bien les enfoirés. Allez, on trace dedans et on tire à vue, chef !"Ban remercia mille fois le destin de lui avoir fait croiser le chemin de Kappa, qui était le seul Stormtrooper de toute la 501ème avec lequel il avait vraiment pu tisser un lien fort. C'était son camarade, et tous deux veillaient mutuellement l'un sur l'autre. Les deux hommes en blanc se joignirent aux autres et traversèrent l'atelier ravagé, passant entre les corps carbonisés et les fragments de TX-130... Les Stormtroopers passèrent ensuite un sas et se faufilèrent par dizaines dans des couloirs creusés dans la même pierre rouge. Une première escouade rebelle fit obstruction, postée derrière des caisses et sur une mitrailleuse E-Web. Quelques Stormtroopers tombèrent sous les rayons, mais les innombrables tirs impériaux eurent raison des opposants, qui s'écroulèrent avant d'être piétinés par les bottes blanches de leurs bourreaux. Vingt mètres plus loin, le couloir débouchait sur une petite salle éclairée par des lanternes archaïques. Il y avait une porte sur le mur de gauche et le chemin se poursuivait sur la droite par un couloir aménagé comme l'intérieur d'un vaisseau spatial. Une vingtaine de Stormtroopers se détachèrent du groupe et pénétrèrent dans la salle tandis que le gros des Fantassins s'aventurait dans le corridor aux murs de métal blanc et immaculé. Long d'une vingtaine de mètres, le couloir comprenait de part et d'autre des sas hermétiques et verrouillés : il s'agissait probablement des portes des chambrées rebelles, ils se trouvaient en réalité dans la section des dortoirs. Tandis qu'on demandait des renforts pour procéder au déverrouillage des sas et que l'on se postait devant, de peur d'en voir sortir des dizaines de Rebelles, les Stromtroopers de tête parcoururent le coulir et prirent un soudain embranchement sur la gauche. Une douzaine de Rebs postés au détour du corridor massacrèrent les premiers Impériaux, avant d'être débordés et avalés par cet afflux soudain. Ban se rua à toute vitesse sur un ennemi, de race humaine et d'une quarantaine d'années environ, et lui fracassa la mâchoire d'un revers de crosse. L'homme s'affala par terre, et déjà, une dizaine de rafales perforèrent ses vêtements, brûlant ses protections et ses tissus vivants. Les combats étaient d'une rare barbarie, et c'était avec une rapidité fulgurante que les Rebelles étaient massacrés, les Impériaux reprenaient alors leur course effrénée à travers l'avant-poste et abattaient toute résistance à tour de bras. La ligne droite du couloir fut vite sillonnée, et enfin, les Stormtroopers (dont on pouvait facilement estimer le nombre à 250) gravirent un escalier ancestral susceptible de mener à la salle où les deux Bataillons avaient essuyé un revers meurtrier. Comme ils s'y attendaient, ils parvinrent aux passerelles métalliques qui surplombaient la gigantesque entrée du bunker. Mais tous furent surpris de constater qu'il n'y avait aucune trace des Rebelles à cet étage-là. Alors qu'ils s'accordaient un court répit, jetant un oeil en contrebas et observant l'afflux de renforts impériaux (lesquels pénétraient dans le bunker par la porte du niveau inférieur), des rafales rebelles fusèrent et vinrent rebondir sur les rambardes métalliques de leur passerelle.
"Haaaa ! Ils sont au-dessus !" gémit un soldat, touché de plein fouet par les tirs ennemis. Tous levèrent leurs armes et mitraillèrent l'escouade rebelle qui s'était regroupée sur la dernière passerelle, celle de l'étage supérieur. Mais les Rebs avaient le don de se mettre à couvert derrière la rambarde et les quelques caisses disposées sur leur poste de tir, et, plus les Impériaux tiraient, plus les Rebelles se regroupaient sur leur poste imprenable. Une voix s'éleva alors derrière Ban :
"Vas-y Jacey, c'est l'moment !"Un soldat à la carrure impressionnante bouscula sans retenue Ban et Kappa, et tandis qu'il tirait sur la structure qui soutenait la passerelle, montrant aux Rebelles la formidable puissance de son blaster T-21, un autre Trooper s'accroupit à ses côtés et mit son lance-roquettes en joue. Un projectile fusa, et explosa avec une puissance inouïe sur les fragiles poutrelles qui soutenaient le belvédère des Rebelles. Il y eut un affreux silence, et dans un long grincement, la passerelle pencha lentement. Dans un cri traduisant la panique, toute la structure métallique glissa sur la roche de la caverne, avant de basculer définitivement dans le vide, emportant avec elle une trentaine de soldats rebelles, un amas de bidons et de caisses, et probablement un souci en moins. A entendre le fracas de la chute, Ban jugea préférable de ne pas regarder en bas... Déjà, les Stormtroopers se dirigeaient vers un escalier en colimaçon creusé dans la roche, et grimpaient pour accéder à l'étage supérieur.
Ban et Kappa, suivis par les rares survivants du peloton Gamma II, parvinrent avec les autres rescapés des 61ème et 68ème Bataillons dans une salle de taille moyenne, au centre de laquelle trônaient des complexes de repérage géographique, comprenant des projecteurs holographiques et des systèmes de communication par dizaines. Contre une des parois de la caverne s'élevait une machine informatique frappée du logo de l'Alliance. L'éclat bleuté de ses systèmes internes voulait tout dire :
"Lieutenant, on dirait une base de données, remarqua Kappa.
- Et oui Sergent... Voilà pourquoi nous nous sommes donné autant de mal..."