[Polmanar] Jedis à bord, pour qui la mort ?

A bord de son DSV, le commandant Köll regardait le semblant de bataille qui se déroulait sous ses yeux. Les forces rebelles étaient dérisoires, il n’avait vu qu’un pauvre cargo et un chasseur essayer de quitter la planète. On l’avait appelé en renfort mais il se retrouvait planté là avec le reste de sa flotte à se tourner les pouces alors qu’il venait d’apprendre l’attaque rebelle sur Ione. Il avait perdu les deux éléments principaux de sa flotte sans pouvoir combattre et il se retrouvait à accueillir les blessés d’un combat terrestre totalement disproportionné. Il fulminait et faisait les cent pas sur son pont de commandement alors qu’un nouvel arrivage de blessés se pointait.

Une sécurité renforcée avait été prévue pour ce convoi puisqu’il transportait des prisonniers à interroger. Ils nécessitaient quelques soins préliminaires rapides pour les moins amochés avant de passer à table. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il n’aurait pas pris cette peine puisqu’il y avait de fortes chances qu’on les laisse dans un état pire que celui où ils arrivaient en les faisant parler. Köll avait donc du temps à tuer et le spectacle était presque terminé en bas. Il ne l’avait pas passionné du tout et pour cause, il n’avait rien vu de ce qui s’était passé au sol. Il se retira dans son bureau en demandant à ce qu’on convoque les hommes revenus avec les prisonniers pour débriefing.

Débarquant à peine de la navette, Gwindor Morelion et Cyniosis Jugo étaient ainsi demandés ainsi qu’une demi-douzaine de scout troopers pour présenter leur rapport à leur commandant. Dans les hangars l’activité était assez réduite puisque la totalité des intercepteurs et des bombers disponibles avaient décollé pour faire des passages sur la planète ou tenir l’orbite. La majorité des troupes à bord avaient débarqué au sol aussi. Ne restaient que les techniciens, l’équipage et une centaine de stormtroopers patrouillant dans le vaisseau. S’évader du destroyer serait un défi des plus compliqué mais le général et son ancien padawan avaient un peu de temps pour penser à un plan.

Tant qu’ils n’étaient pas démasqués, ils pourraient avoir un minimum de liberté. Le premier écueil qui s’annonçait était le rapport à fournir à Köll. Bien entendu ils pouvaient essayer de fuir dès maintenant mais les chances qu’ils puissent prendre la fuite aussi facilement étaient des plus minces. Qu’allaient faire les jedis ?

La prise d’otage ne s’était pas très bien passée pour le général Morelion. S’il avait eu l’effet de surprise pour se saisir du commandant Köll, ce dernier lui avait réservé lui aussi une réaction imprévue. Il s’était débattu et avait assené un violent coup de tête arrière au jedi qui avait manqué de se faire casser le nez. Cette résistance du gradé impérial avait ouvert un créneau pour son second qui avait eu le temps de loger un tir placé dans le flanc du rebelle. Le héros de l’Alliance pouvait sentir la chaleur le traverser sous son armure légère qui n’avait pas arrêté le tir.

Ce n’était pas une blessure grave puisqu’elle n’avait touché aucun organe vital. Toutefois c’était l’adrénaline et l’imminence de la blessure qui faisaient qu’elle était facilement supportable. Plus le temps passerait et plus il serait dans une situation fâcheuse si le statu quo s’installait. La prise de cou avait suffit à maîtriser Köll qui se débattait, en manque d’oxygène sous la pression du jedi, il s’évanouit. Le gradé servait maintenant de bouclier humain docile au général qui voyait les soldats impériaux hésitants.

Ils ne voulaient pas risquer de blesser leur officier supérieur s’ils ouvraient le feu quoi qu’il ait dit auparavant. Son plan avait été appliqué, les hangars avaient été scellés et les capsules de sauvetage, évacuées. Le jedi n’avait pas de porte de sortie devant lui. Ils l’avaient coincé sur le pont de commandement du vaisseau, seul contre tous. Il avait un complice bien entendu mais il était activement recherché. Le jedi qu’ils avaient déjà coincé avait été blessé au sol puis encore maintenant.

Il saignait, d’ici un bon quart d’heure il en ressentirait les effets. Sa vue commencerait à se troubler et le poids mort du commandant Köll serait de plus en plus lourd à porter. La situation se compliquait sérieusement mais tout n’était pas encore perdu non plus. De toute façon le général Morelion n’était pas homme à se rendre à l’ennemi. S’il sentait sa dernière heure arriver, il ne manquerait pas de gratifier ce DSV d’un baroud d’honneur à sa hauteur. Il n’y avait pas de peur…

De son côté Cyniosis avait mis du temps pour arriver jusqu’à la passerelle depuis le hangar. Il n’avait pu rejoindre à temps son ancien maître pour l’aider dans sa prise d’otage. La diversion avait fait son effet tout de même et il était un peu plus libre autour de la passerelle. Les portes de sécurité s’étaient abaissées pour condamner la passerelle mais il pouvait voir à travers le transparacier que Gwindor était en mauvaise posture avec son otage. Le jeune chevalier jedi avait pu remarquer la fine trace de sang que laissait son général derrière lui. Qu’allait faire tout ce beau monde qui se regardait ?

Les préceptes du code jedi qui auraient du servir de soupape de sécurité venaient de sauter les uns après les autres laissant court à une fureur destructrice. Pris d’un désir de revanche et de vengeance, le Jedi cédait aux émotions, à la passion, enfreignant ainsi deux des mantras capitaux. Seule l’arrivée de son ancien apprenti sortit le général Morelion de sa transe sanguinaire pour le ramener à la réalité. Son sang battait fort à ses tempes, son regard se posa sur ses mains et son sabre couverts de sang. Ce n’était pas le sien…

Avec l’adrénaline, la douleur avait disparu un temps. Du moins c’était la sienne qui avait été mise en sourdine mais pas celle des autres. Le pont de commandement était jonché de cadavres et de personnels de bord agonisants ou gravement blessés. En cédant aux émotions appelant à la violence, Gwindor avait perdu le contrôle de lui-même pendant un petit moment. Cela n’avait pas été fatal pour lui mais il avait été jusqu’à massacrer des gens désarmés pour satisfaire ses pulsions obscures et meurtrières. Un maître jedi lui aurait diagnostiqué une chute vers le côté obscur, en prendrait-il conscience ?

Le général Morelion pouvait se vanter de combats plus héroïques que ce massacre sans nom. Il pourrait s’acheter sa conscience en se disant qu’ils l’avaient bien mérité tous ces impériaux qui avaient cautionné ou perpétré des atrocités. Mais était-ce là une pensée bien jedi que de prôner la loi du talion, la vengeance et la violence comme réponses aux pions d’un régime totalitaire ? Il avait fallu une bonne dizaine de minutes à Cyniosis pour trouver le médipack et découper la porte au sabre-laser. A son arrivée sur le pont, seul son maître était encore debout mais chancelant.

Gwindor se tenait le côté alors qu’il se saisissait du médipack pour se soigner. Lui seul savait ce qui s’était vraiment passé en ces lieux mais son ancien apprenti pouvait facilement le deviner. La cinquantaine de personnes qu’il avait tué ou presque ne laissait de place à beaucoup de scénarios possibles, il le savait bien. Pour l’heure, la priorité était de se soigner et de trouver un plan pour filer de là. Il l’avait bien vu ce chacal qui avait communiqué la situation sur le pont de commandement même s’il n’était plus vraiment lui-même au moment de le transpercer de son sabre…

Le Destroyer filait vers l’hyperlimite à l’étonnement des autres vaisseaux présents. Les communications pour savoir de quoi il retournait n’avaient pas aboutit. Malheureusement, aucun élément de la chasse n’était à disposition pour envoyer un escadron de reconnaissance. Dans le doute on ne tira pas en attendant de savoir de quoi il retournait.

A l’intérieur, deux camps s’opposaient. Le général Morelion, qui avait fait place nette sur la passerelle de commandement, avait enclenché les réacteurs pour pouvoir passer en hyperespace dès que possible. En conséquence, les techniciens impériaux avaient répondu aux ordres en lançant la procédure d’arrêt d’urgence du réacteur. Toutefois cela prenait du temps car il y avait un protocole bien établi à respecter sous crainte de voir les systèmes vitaux lâcher faute d’énergie ou pire encore, voir le réacteur exploser. Les techniciens ne prendraient pas le risque d’y passer pour deux foutus rebelles à bord. Les militaires n’avaient qu’à les capturer bon sang !

Le temps que l’énorme machine s’arrête et compte tenu de l’inertie, la poussée initiale prolongée suffit amplement à quitter l’attraction planétaire de Polmanar. Le vaisseau ne pouvait plus naviguer en subliminique et il restait à peine de quoi faire un saut en hyperespace dans les circuits. Plus le temps passerait, plus les pertes seraient importantes au point d’immobiliser complètement le vaisseau. Pour passer en hyperespace au plus vite il ne fallait pas tergiverser surtout que les autres flottes impériales ne le feraient sûrement pas.

Les Jedis n’avaient pas accès aux armes puisqu’elles étaient gérées par les quelques centaines d’artilleurs du bord. Le dernier recours pour être sûr de quitter les lieux était la dernière coordonnée calculée pour revenir dans un espace sûr et connu. En enclenchant l’hyperespace, Gwindor put identifier les coordonnées d’une planète, Ione. La flotte de Köll en était venue, son destroyer y retournait… En attendant c’était plusieurs dizaines de stormtroopers qui arrivaient dans la direction des deux rebelles comme l’attestaient les bruits de bottes dans les coursives. Avec une porte ouverte au sabre laser, ils n’avaient pas vraiment une passerelle sécurisée pour les protéger ne serait-ce que temporairement…

Le temps d’arriver sur Ione et le Destroyer serait à court d’énergie pour la plupart des systèmes opérationnels. Il fallait penser à voir plus loin que ce bond si les rebelles voulaient s’en sortir… Les impériaux eux ne demandaient qu’à les manger tous crus !

Le discours du général Morelion ne donnait pas forcément les résultats escomptés mais il faisait jaser en tout cas. Dans les rangs des engagés impériaux, tous les avis étaient représentés. Certains avaient peur de cet ennemi implacable qui avait revendiqué plusieurs coups d'éclats récemment. D'autres se disaient honorés s'ils devaient mourir pour servir la gloire de l'Empire contre les rebelles qui le rongeaient. Les plus pragmatiques et ambitieux pensaient à la récompense en terme de promotion et de crédits qu'ils obtiendraient à capturer ou tuer l'ennemi public numéro 1 de l'Empire. Il était tout seul ou presque après tout !

Cyniosis avait profité de l'effet de surprise pour tomber sur l'avant-garde des troopers dépêchés au détour d'un croisement. Avec l'avantage du corps à corps il avait pu en tuer trois et en blesser cinq suite à une vague de force mais il ne pouvait pas en faire bien plus. Devant le nombre, le repli était la seule solution et pendant que les impériaux ramassaient leurs blessés et écoutaient le message de Gwindor, il retourna au centre de commandement du vaisseau. Quelques minutes auparavant il avait découpé une entrée dans l'épaisse porte qui permettait de verrouiller le compartiment. Dommage, elle aurait pu retenir leurs assaillants si elle avait été en état. La porte ayant été coupée au milieu sur le sens de la largeur, il pourrait toutefois se mettre à couvert juste derrière ce qui ferait un poste de tir convenable tant qu'on ne lui opposait pas de l'armement lourd pour le déloger.

Les ordres furent suivis et les renforts du premier groupe furent envoyés sans attendre. A 80 contre 1, Cyniosis n'avait vraiment pas d'autre choix que d'essayer de gagner du temps pour ne pas tomber en quelques secondes s'il fonçait dans le tas. Les équipes impériales se mirent au travail mais lâcher des balises alors qu'on était en hyperespace était juste impossible pour le moment. Il fallait donc s'arrêter avant alors on misa sur l'arrêt d'urgence de l'hyperpropulsion. Il fallu un bon moment pour que la chose se réalise mais le vaisseau rentra finalement en espace conventionnel. Seuls les systèmes de survie et les communications internes étaient disponibles, tout le reste ne serait réutilisable qu'après une remise en route du réacteur que les techniciens estimaient à 15 minutes environ.

A la lueur des lumières blafardes du niveau d'énergie minimum, les occupants du DSV ne savaient pas trop où ils avaient pu tomber. Ils n'avaient plus qu'à espérer être dans un coin pas trop hostile sinon il ne faudrait pas donner cher de leur peau en cas d'ennui naturel ou humain... Sans bouclier, sans propulsion, sans hyperpropulsion, sans armement, ils étaient à la merci de tout ce qui pourrait se pointer de méchant. Qu'allaient faire les jedis quand 80 troopers venaient frapper à leur porte dans les secondes à venir ?

HJ: Destination aléatoire sur la route Polmanar-Ione, 1b8 tombé sur 5 donc Indellian... Mais vous ne pouvez pas le savoir en l'état pour le moment !