Un jour comme les autres se levait sur les bâtiments élevés du spatioport, les grues de déchargement telles des flèches de cathédrales rendant hommage à la religion mercantile. Alliage de béton passé à la chaux et d'acier rendu brillant par un entretien régulier, l'édifice fut rendu à l'état d'oeuvre d'art quelques secondes, alors que Mayleen cessa d'avancer pour observer les mille feux du matin coiffer le gâteau juteux qui se prélassait devant elle.
Car c'est là qu'elle allait, juste à côté des quais de déchargement. Une maison réputée pour attirer les joueurs les plus fortunés du coin, ainsi que des professionnels d'autres horizons.
Le bâtiment, accolé à l'imposant entrepôt, ne se distinguait en rien des autres commerces si ce n'était son enseigne annonçant tout simplement "Primo - Premier arrivé, Premier servi". Le clignotement rouge et violet attirait l'oeil. On reconnaissait immédiatement les jeunes premiers qui restaient un instant interloqués, se demandant quelle démarche adopter avant de s'avancer vers l'entrée. Sempiternellement, ils étaient refoulés. Mayleen le savait, et avança les mains dans les poches sans se départir de son air blasé. Le nez pointé au sol, elle dépassa les gorilles qui gardaient l'entrée, son air de garçon manqué n'attirant pas plus leur attention, d'autant que cela faisait la troisième fois cette semaine qu'elle s'y invitait. Ses cheveux blonds coupés courts, son manque de poitrine et ses vieux vêtements, amples et défraîchis, ne laissaient de fait pas deviner son sexe avant qu'un examen plus approfondi ne soit appliqué.
Alors que la porte se refermait en grinçant dans son dos, Mayleen continua d'avancer à pas mesurés sur l'épais tapis, laissant ses yeux s'habituer à la chiche luminosité. De droite et de gauche des paris surexcités étaient lancés pour impressionner l'audience. Audience généralement composée des filles de quelque puissant venues s'encanailler ou repérer un bon parti depuis le bar.
Ils n'intéressaient pas Mayleen, car c'étaient des petits joueurs, bravaches rien de plus.
L'intérêt reposait au contraire vers le fond, moins éclairé, d'où aucun cri ne montait, et où seuls les regards crissaient sur les visages. Pas de remue-ménage incessant, de rire, d'expression de victoire aux yeux brillants. Ici on s'asseyait l'air de rien, et on se quittait sur une simple poignée de main avec à peine un regard.
Ici cela devenait intéressant. Une chaleur intérieure irradia du ventre de la jeune fille, alors que l'excitation montait petit à petit. Le goût du risque, ainsi que l'idée qu'à chaque tour qui se jouait ici elle se rapprochait un peu plus du prix d'un ticket à destination d'elle ne savait où...
Un homme à la mine sombre, au regard pincé et à la mine renfrognée typiques de celui qui vient de se faire plumer, quitta justement une table, n'emportant que son manteau coûteux. Le croisant sans un regard, Mayleen s'empara de la place vacante sans marquer de temps d'hésitation, coupant court à toute remarque sur le fait qu'elle ne se trouvait pas à sa place ici. Relevant alors la tête, elle étudia les visages, ôtant enfin ses mains de ses poches et croisant les jambes en un geste d'attente, ses lèvres se fendant en un sourire mi-amusé mi-requin.
La partie pouvait commencer.
Car c'est là qu'elle allait, juste à côté des quais de déchargement. Une maison réputée pour attirer les joueurs les plus fortunés du coin, ainsi que des professionnels d'autres horizons.
Le bâtiment, accolé à l'imposant entrepôt, ne se distinguait en rien des autres commerces si ce n'était son enseigne annonçant tout simplement "Primo - Premier arrivé, Premier servi". Le clignotement rouge et violet attirait l'oeil. On reconnaissait immédiatement les jeunes premiers qui restaient un instant interloqués, se demandant quelle démarche adopter avant de s'avancer vers l'entrée. Sempiternellement, ils étaient refoulés. Mayleen le savait, et avança les mains dans les poches sans se départir de son air blasé. Le nez pointé au sol, elle dépassa les gorilles qui gardaient l'entrée, son air de garçon manqué n'attirant pas plus leur attention, d'autant que cela faisait la troisième fois cette semaine qu'elle s'y invitait. Ses cheveux blonds coupés courts, son manque de poitrine et ses vieux vêtements, amples et défraîchis, ne laissaient de fait pas deviner son sexe avant qu'un examen plus approfondi ne soit appliqué.
Alors que la porte se refermait en grinçant dans son dos, Mayleen continua d'avancer à pas mesurés sur l'épais tapis, laissant ses yeux s'habituer à la chiche luminosité. De droite et de gauche des paris surexcités étaient lancés pour impressionner l'audience. Audience généralement composée des filles de quelque puissant venues s'encanailler ou repérer un bon parti depuis le bar.
Ils n'intéressaient pas Mayleen, car c'étaient des petits joueurs, bravaches rien de plus.
L'intérêt reposait au contraire vers le fond, moins éclairé, d'où aucun cri ne montait, et où seuls les regards crissaient sur les visages. Pas de remue-ménage incessant, de rire, d'expression de victoire aux yeux brillants. Ici on s'asseyait l'air de rien, et on se quittait sur une simple poignée de main avec à peine un regard.
Ici cela devenait intéressant. Une chaleur intérieure irradia du ventre de la jeune fille, alors que l'excitation montait petit à petit. Le goût du risque, ainsi que l'idée qu'à chaque tour qui se jouait ici elle se rapprochait un peu plus du prix d'un ticket à destination d'elle ne savait où...
Un homme à la mine sombre, au regard pincé et à la mine renfrognée typiques de celui qui vient de se faire plumer, quitta justement une table, n'emportant que son manteau coûteux. Le croisant sans un regard, Mayleen s'empara de la place vacante sans marquer de temps d'hésitation, coupant court à toute remarque sur le fait qu'elle ne se trouvait pas à sa place ici. Relevant alors la tête, elle étudia les visages, ôtant enfin ses mains de ses poches et croisant les jambes en un geste d'attente, ses lèvres se fendant en un sourire mi-amusé mi-requin.
La partie pouvait commencer.