[Belsavis] Sur les traces de Thracia

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Pour une planète de glace, il ne faisait pas frisquet sous les dômes de Belsavis. La chaleur communiquée depuis les entrailles de la planète et la protection acquise contre les conditions climatiques avaient permis grâce à l’ingéniosité d’un manipulateur de la Force de coloniser cette planète. Aujourd’hui, la Phénix allait essayer de mettre un pied sur cette planète pour contribuer à son développement dans le plus grand respect de ce qui avait déjà été entrepris.

Acheter un terrain pour cultiver et faire construire des ateliers de tissage et des exploitations pour le vin et le café était un projet dans la veine des recherches de financements que la Phénix visait. Le luxe était un bon marché pour attirer les « donations » de riches clients et le corellien avait un plan : faire travailler des tisseuses socorriennes réputées pour leur savoir-faire avec le produit de la vigne-soie apporterait une touche d’exotisme au raffinement de la matière dont les bourgeoises et nobles du Noyau raffoleraient.

Pour l’heure les négociations iraient dans ce sens, ils envisageraient même de faire construire un nouveau dôme plus tard où développer leurs affaires et les services proposés par la Phénix pour la planète mais cela se ferait sur un peu plus long terme. Tout ceci était leur carte de visite pour leur venue sur la planète mais il renfermait un objectif caché laissé entrouvert par le vieux maître de Iala.

Thracia Cho Leem, il avait déjà entendu parler mais il avait simplement fallu le temps que cela remonte dans ses souvenirs. Les Jedis qui avaient quitté l’Ordre, et bien souvent trahi par la suite, étaient surnommés les Égarés. Pour une obscure raison, Thracia Cho Leem n’était pas considérée comme telle et avait souvent été mise hors de cause malgré des transgressions au code. Sans doute était-elle protégée en haut lieu dans le Conseil… Elle avait donc quitté l’Ordre Jedi pour se consacrer à la Force. Peut-être que s’ils avaient la chance de la rencontrer, elle serait la plus apte à les écouter et les comprendre.

Iala pourrait bénéficier de bons conseils en ayant quelques enseignements de la part d’une des meilleures guérisseuses qu’ait connu l’Ordre Jedi. Les Jedis avaient été assez présents en ces lieux depuis le début de la colonisation, retrouver des traces de leur passage et des infos sur eux était peut-être encore possible. Entre deux de discuter innocemment sur la vie locale et le commerce, il pourrait peut-être en tirer quelque chose sur eux et surtout sur Thracia. Il attendait le représentant désigné pour les rencontrer dans la colonie pour entamer les discussions.

Belsavis était une des plus belles planètes glaciales, bien plus belle que Hoth, grâçe à ses vallons encaissés rendant l’air bien plus doux au pied des montagnes. C’est ainsi qu’était née la vie, et que la vie avait développé l’agriculture, l’exportation, et tout ce qui permettait à ses habitants de vivre correctement.

Les Jedi avaient toujours été bien vus sur cette planète qui leur avait, à de multiples occasions, servi de refuge. Ainsi, lorsque Nico et Iala s’étaient posés sur Belsavis, à Plawal, ils n’avaient pas été inquiétés le moins du monde. Leur vaisseau avait été guidé vers un quai le plus simplement du monde, et leur fouille avait été la même que celle des autres visiteurs, à la seule différence qu’ils n’avaient pas eu à exposer leurs sabres lasers à la vue d’autres touristes.

Installés sous un des dômes de Belsavis, ils attendaient le représentant qui allait sans doute leur apprendre plus de choses qu’il ne pensait dire. L’homme entra sous le dôme, et reconnut immédiatement à qui il avait affaire, leur style vestimentaire étant tellement différent de celui des habitants de la planète. Les Mlukis avaient été remplacés dans les hautes sphères par des humains, et celui-ci n’en dérogeait pas.

- M. Aries et Mlle Iedastré je présume ?

Il leur tendit une main franche et en somme toute honnête. Son humeur joviale était communicative, et son sourire éclairait le dôme de ses dents blanches.

- M. Onan Patoi, je travaille pour le plus grand propriétaire de la planète, il m’a envoyé à votre rencontre car il est hélas trop vieux pour se déplacer. Et dieu sait que les Mluki vieillissent mal !

Il éclata d’un rire franc, avant de se reporter sur eux.

- Asseyons nous donc quelques instants, que puis je faire pour vous ?

Nico avait compris la leçon sur Bespin. Il ne devait plus se mêler des négociations de la Phénix sous peine de se prendre un savon pour cause de sabotage. Il n’avait pas envie d’une nouvelle dispute qui l’obligerait à trouver une autre couchette ce soir qui plus était. Il se contenta d’observer leur interlocuteur pour voir ses réactions aux diverses explications de Iala. Il rajouta quelques bribes détendues histoire d’illustrer les explications techniques de sa femme.

- En fait notre fondation veut élever le niveau de vie général dans la Bordure Extérieure mais pour ça il faut un paquet de crédits. Résultat on doit le chercher où il se trouve cet argent, soit en vendant des matières premières rares comme nous le faisons avec le Tibanna, soit en proposant des biens de luxe. Parce que faut pas croire mais les riches du Noyau, leur générosité a des limites, mais quand vous leur proposez du luxe exotique, ça ouvre tout de suite son portefeuille quand on sait s’y prendre !

L’idée là c’est de mettre un réseau de tisseuses réputées de la Bordure Extérieure, de leur donner une matière première de luxe pour confectionner les vêtements. Après on vend ça dans le Noyau et madame ici présente à de bons contacts sur Impératrice Teta, le paradis de la mode dans le Noyau. Pareil pour les vins et cafés de luxe, la vente pourrait de faire facilement via nos réseaux.

On investit dans des installations agricoles de vigne-soie et vigne-café chez vous, on transforme la production sur place pour créer ou au moins garder l’emploi ici, on vend à bon prix dans le Noyau et on réinvestit ici. Le réinvestissement se fera en discussion avec vous : centre de soins, écoles, magasins de marchandises ordinairement difficiles d’accès pour vous, moyens énergétiques propres qui serviront à alimenter voir agrandir vos dômes…

Il y a de quoi faire !

Nico débordait d’enthousiasme, cette planète lui plaisait bien du peu qu’il en avait vu. Il était homme à ruminer son passé bien chargé mais depuis l’arrivée de Iala dans sa vie et la reprise de la Phénix, il se servait de ses yeux pour voir l’avenir. Et il semblait radieux ici. Il se tut pour le reste de la conversation craignant déjà d’en avoir trop fait en promenant quelques instants ses grosses bottes à la table des négociations. La subtilité c’était plus le rayon de Iala après tout. Les informations sur les Jedis qu’ils espéraient obtenir, voir pouvoir en rencontrer ici, étaient délicates à demander. Il fit confiance à sa moitié usant de son tact féminin et de ses compétences de diplomate.

Le représentant souriait continuellement. Décidément, l’enthousiasme semblait être partagé, et il écoutait avec attention les propositions de Iala. Il se tut durant tout le long de son discours, et acceuilli avec joie la tunique aux couleurs plus que plaisantes. Il en tâta le tissu, cherchant à en savourer chaque texture, chaque fil tissé, assemblé aux autres. La matière première semblait plutôt grossière, mais le tissage était plutôt exceptionnel. Effectivement, si les tisseuses faisaient de même avec les fils de vigne-soie, les tissus obtenus vaudraient leur pesant d’or…

Elle posa par la suite une question déguisée qu’il ne comprit pas au premier abord, mais à la deuxième écoute, il comprit mieux. Elle parlait des Jedi qui avait migré au fil des années. Il n’en connaissait pas personnellement, mais il en avait déjà entendu parlé.

- Je vois que ces tissus sont forts attirants. J’imagine en effet aisément le résultat que nous pourrions obtenir en fournissant les tisseuses de Socorro avec nos stocks de fils de vigne-soie. Cependant, je me dois de vous annoncer que c’est bien avec moi que vous allez devoir traiter, à moins que vous y voyez un inconvénient ?

Je vous informe d’ores et déjà que nous ne fournissons que rarement nos fils à un pris sous-évalué. C’est une denrée précieuse, que nous travaillons longtemps pour lui donner la meilleure qualité possible, ne vous attendez pas à l’acquérir pour une bouchée de pain. Sans vouloir vous offenser évidemment. J’écouterai vos arguments avec le plus grand soin, afin de prendre la décision la plus avantageuse pour vous comme pour moi. Ce qui me semble tout à fait normal, vous en conviendrez.

Un nouveau sourire ultra-bright, et le voilà qui reprend son souffle.

- Concernant votre seconde question, je dois avouer que je suis assez étonné de voir une question de santé se faufiler dans une négociation commerciale, et je ne vois pas vraiment ce qui peut vous interesser dans ce domaine là. Cependant, il me semble bien qu’en effet, il y a d’étranges soigneurs, qui pratiquent une médecine… Différente de celle de nos médecins dite « conventionnel ». De là à vous annoncer de but en blanc qu’ils font partie de ce mouvement de Jedi, je ne me permettrait pas de m’avancer. Ceci dit, peut etre qu’en allant les rencontrer vous en apprendrez plus ?

Visiblement cet homme ne pourrait pas leur apprendre grand-chose de plus sur ces soigneurs aux méthodes originales. Nico devrait aller à leur rencontre de par lui-même pour voir de quoi il retournait. Il remercia chaleureusement l’homme pour son accueil et les renseignements. Il pourrait discuter avec son patron des modalités financières plus tard. Iala était intéressée par la structure sociale et désirait s’en entretenir encore un peu. Lui avait focalisé son attention sur la piste des Jedis qui s’ouvrait peut-être à lui.

- J’apprécie votre confiance et votre ouverture d’esprit à notre égard alors que nous sommes de parfaits inconnus. Je suis impatient de pouvoir rencontrer des gens susceptibles d’améliorer les connaissances de nos chercheurs grâce à leur savoir. Si quelqu’un pouvait me conduire ou m’indiquer le chemin jusqu’à eux, je vous en serai encore très reconnaissant. Pouvoir les voir à l’œuvre et avoir l’opportunité de discuter avec leurs doyens ou doyennes serait un contact des plus intéressants pour nous.

J’aimerai prendre rendez-vous avec ce groupe pour les rencontrer au plus vite si possible.

Nico espérait qu’il y ait quelques Jedis qui se soient fondus dans ce groupe, plus particulièrement la dénommée Leem. Il était plus probable qu’elle ait survécu seule ici et ait commencé à transmettre une partie de son savoir à des sensibles à la Force plutôt qu’il s’agisse d’un groupe rescapé de l’Ordre Jedi à proprement parler. Depuis l’avènement de l’Empire, leur traque avait été menée sans répit par les chiens du pouvoir Sith qui s’évertuaient à éliminer toute trace des autres Ordres de la Force que le leur.

Nico était en attente d’une entrevue et d’une occasion d’observer les spécialités locales. Il était prêt à se rendre à l’endroit où se réunissaient les guérisseurs que ce soit dès maintenant ou après l’exposé sur la société belsavienne.

Pour le moment ils n’avaient pas eu la confirmation d’une piste sérieuse. Du moins il faudrait la vérifier en allant voir ce fameux groupe de guérisseurs. Pendant que Iala s’occupait de négocier l’implication de la Phénix ici à l’avenir, Nico eut une idée pour voir s’il pouvait accrocher la piste de Leem par la suite. Contactant Pent à bord de leur vaisseau, il lui demanda de récupérer l’image holographique de l’ancienne Jedi, soit directement dans leurs dossiers personnels, soit à partir des fichiers des personnes recherchées de l’Empire où elle devait se trouver au pire. L’idée était d’en faire un portrait signalétique avec diverses projections vieillies depuis sa dernière fiche signalétique pour pouvoir le montrer aux gens sur place.

En attendant que l’opération soit réalisée et que la négociation soit avancée, Nico profita de faire un petit tour des environs. Le dôme de protection donnait une couleur un peu moins naturelle au ciel mais cette protection nécessaire restait une vraie merveille de technologie. Alors que la planète était recouverte de neige et de glace, le climat sous ces dômes était fort clément, grâce à la formidable ressource calorifique fournie pour son sol. Le Luxien traversait maintenant un parc botanique, il prit le temps de s’asseoir sur un banc près d’une petite mare. Il observa quelques minutes le jeu d’une salamandre qui dénichait son repas sous le chant des grenouilles.

Il était temps pour lui de passer par le vaisseau pour récupérer le travail de Pent et de rejoindre Iala ensuite. Au passage devant l’étal d’un fleuriste, il pensa à acheter une de ces fleurs importées d’Ithor histoire de bien commencer les présentations avec Leem si ils la trouvaient. Il ne put s’empêcher de prendre une magnifique orchidée en supplément pour sa femme. Elle la trouverait sur son bureau en rentrant au vaisseau, il ne pouvait se permettre de lui offrir pour le moment, pas plus qu’il ne pouvait se promener avec elle à son bras ou main dans la main. Il ne pourrait pas céder à l’aspect bucolique du lieu sans griller cette couverture de Jedi qu’on leur avait attribuée en arrivant alors ils verraient plus tard pour le romantisme.

Après avoir déposé la fleur et récupéré la tablette holographique de Pent, il retrouva Iala et leur guide.

- Bien je suis prêt à rencontrer ces fameux guérisseurs, nous pouvons prendre la route. Tiens au fait, nous recherchons cette spécialiste, est-ce qu’elle vous dit quelque chose ?

Nico venait de montrer l’hologramme de Thracia Cho Leem à leur interlocuteur alors qu’ils étaient en chemin pour le camp. On ne savait jamais, des fois que…

[HJ] Edit du 31/08: Je prolonge pour faire avancer un peu l’histoire, on va essayer de passer en mode simple supervision de MJ vu la pénurie…[/HJ]

L’homme regarda a deux fois l’hologramme puisque Nico lui confia qu’elle pouvait avoir un peu changé en vieillissant mais il n’obtint pas plus de résultats. Visiblement Leem était inconnue au bataillon ou du moins elle ne voulait pas que l’on sache qu’elle était là dans le cas contraire. L’inverse aurait été étonnant sachant que tous les manipulateurs de la Force étaient traqués depuis près de vingt ans maintenant. Elle pourrait tout aussi bien être morte mais de mort naturelle c’était peu probable et si l’Empire avait mis la main dessus depuis le temps, il ne l’aurait pas caché au vu de l’importance médiatique qu’il avait donné aux conspirateurs Jedis.

Peut-être en apprendraient-ils plus à ce campement de guérisseurs, du moins ils l’espéraient en tout cas. Ce dernier n’était pas situé très loin, les dômes n’étant généralement pas si important que cela en superficie vu les coûts énergétiques que cela nécessitait. Le trajet pouvait donc se faire à pied sur un petit kilomètre en périphérie de la ville. Les guérisseurs s’étaient installés dans leur campement à l’écart de l’agitation, prodiguant leurs soins à un rythme des plus artisanal par choix. C’est cette façon de vivre qui les rendait si intéressants à rencontrer pour vérifier leur vraie nature.

Le campement n’était pas aussi miteux qu’on aurait pu le croire. Un groupe hétéroclite composé d’une centaine d’humains, Ithoriens, Grans, Twi’leks et quelques Gungans s’affairait dans cette petite communauté visiblement pleine de vie. Des enfants jouaient avec un ballon pendant que d’autres chassaient papillons et lézards. Le guide leur indiqua la tente du chef au centre du campement. Il leur avait arrangé un rendez-vous et l’humaine qui se présenta à leur rencontre semblait les attendre puisque le thé venait d’être servi. Elle se présenta un grand sourire aux lèvres :

- Bonjour et bienvenue dans mon humble demeure. Je suis Rena Albrem, chef de ce campement. On m’a informé que vous souhaitiez me rencontrer. Je ne sais pas en quoi je peux vous être utile mais prenez place, je vous prie. Un peu de thé ? C’est une production locale.

La responsable du groupe de guérisseurs attendait une réaction de la part de ses « invités ». Assez grande, arborant une longue chevelure rousse sous un bandana, dans la quarantaine, vêtue comme un homme et avec des mains légèrement calleuses quand ils lui serrèrent lors des salutations, il ne s’agissait pas de Leem en tout cas…

La guérisseuse écouta patiemment la présentation et les demandes de la Tétienne. Elle semblait intéressée par certains aspects de la fondation mais un peu perplexe tout de même. Elle s’en expliqua brièvement après avoir attendu que Iala en ait fini.

- Voyez-vous, d’un point de vue personnel je trouve votre initiative très bien pensée. Les planètes en marge du Noyau ont trop longtemps été délaissées et essayer de combler un peu ce déficit est un beau projet. Peut-être un peu utopique au fond mais j’aime beaucoup l’idée.

Elle sourit sincèrement pour joindre le geste à la parole. Elle avait attendu de voir le contenu du discours de la jeune femme pour se faire une idée plus précise sur ses intentions. Elle n’avait pas dissipé les doutes sur une éventuelle imposture mais au moins elle avait clairement levé le voile sur sa visiteuse. Elle n’était pas qu’un atout charme, qu’une belle personne pour vendre un produit ou une cause. La petite brune en face d’elle semblait elle-même bien convaincue par ce qu’elle disait.

L’homme qui l’accompagnait, son « associé », n’était pas du genre bavard. Si elle était l’atout charme, la voix d’un organisme à priori humanitaire, lui n’avait rien de l’ambassadeur idéal. C’était peut-être l’atout muscle ou la caution masculine pour les groupes misogynes… Il n’avait pas l’air spécialement intéressant ou intéressé. Contrairement à cette Iala, il ne montrait pas de réel signe d’« intelligence supérieure », si ce n’était un front légèrement dégarni de penseur comme le prétendait la croyance commune.

Elle reprit :

- Je suis née sur Alderaan moi-même, j’y ai grandi et fait mes études en médecine avant de m’intéresser à la botanique. J’ai eu la chance de voyager après cela en participant aux nombreuses missions humanitaires que les Organa avaient l’habitude de financer. Puis je suis arrivée ici par le hasard des rencontres. Nous sommes pour beaucoup d’anciens chercheurs du Noyau : médecins, biologistes, botanistes, entomologistes… La faune et la flore de Belsavis sont riches grâce aux apports de nombreuses planètes et à son environnement particulier qui permet l’adaptation de nombreuses espèces aux conditions de vie locales.

Elle évoquait son passé sans réelle nostalgie, le présent comptait plus pour elle que tous ces vieux souvenirs. Elle porta son regard sur les enfants qui jouaient près de sa tente, un peu trop bruyants au goût des adultes qui assistaient à la discussion. Toutefois, Rena fit signe que ce n’était pas la peine d’aller les chasser plus loin, toujours avec un sourire aimable.

- Nous sommes une petite communauté qui gagne assez sa vie pour se maintenir et offrir un avenir à ces jeunes. L’industrie du textile et de la vigne-café fait plutôt bien vivre les colonies, ça leur donnera du travail. Ici nous nous organisons de manière bien plus artisanale dans notre domaine. Nous préparons de nombreux remèdes naturels à base de plantes que nous produisons juste à côté. Vous verrez qu’il nous est impossible de penser cette activité de manière intensive par respect pour l’environnement et à cause de la délicatesse des plantes nécessaires à nos préparations. Je ne vois donc pas comment je pourrais vous aider malheureusement…

Malgré tout, nous serions très honorés de vous faire visiter nos serres et autres petits jardins si cela vous intéresse.

Elle regarda une nouvelle fois l’hologramme de la femme que Iala lui avait présentée. La Luxienne pouvait noter que la rousse jouait le jeu pour lui donner une réponse mais c’est une question qui sortit au bout du compte.

- Vous lui voulez quoi exactement à cette femme ? Il y a peu de gens assez importants individuellement sur Belsavis pour que des gens assez riches se déplacent jusqu’ici pour la trouver…

Malgré la bonne parole prêchée par Iala, elle ne pouvait pas prétendre obtenir des informations avec aussi peu de garanties. Il y avait sans doutes quelques personnes qui avaient eu quelques ennuis avec les autorités dans les parages. Les idéalistes qu’il pouvait y avoir dans un groupe de guérisseurs et de bonnes volontés comme celui-ci, étaient rarement appréciées quand elles disaient leurs vérités tout haut concernant les inégalités de ce régime comme du précédent…

[HJ : Lancer de dé pour la persuasion : très difficile vu la personne visée, lancé d’un dé 10, réussite sur 1 uniquement. Résultat : 1… Même quand je pense que tu vas foirer à coup sûr les 10% de la chance tu les as.]

La botaniste était troublée par la question de la Tétienne, elle lui avait déjà posé auparavant pourtant. Rena fixait à nouveau l’hologramme le regard un peu perdu. Elle avait eu un doute la première fois mais elle s’était bien gardée de le signaler. De plus en ces lieux on ne donnait pas d’informations sur un tiers sans une très bonne raison ou une réelle garantie. Bizarrement elle sentait tout à coup une envie de faire confiance à Iala, de lui dire ce qu’elle n’avait pas voulu lui confier tout à l’heure.

- Je… je crois la reconnaître oui…enfin je n’en suis pas sûr…ça pourrait être elle…

La persuasion semblait fonctionner contre toute attente. Nico avait flairé la tentative de Iala avant même qu’elle n’utilise ce pouvoir. Il était certain qu’elle n’arriverait pas à ses fins par cette méthode, comme si elle pouvait espérer influer sur un esprit aussi complexe que celui d’un chercheur émérite. Pourtant elle réussissait contre toute attente, déjouant les statistiques et les normes en la matière. La Luxienne manipulait les émotions de la scientifique avec une réussite insolente et elle allait parvenir à ses fins.

Nico qui discutait avec un des hommes du campement se retrouva interrompu tant il était subjugué par la manipulation aussi délicate et subtile de la Force par Iala. Il resta muet quelques secondes qui parurent des heures à son interlocuteur avant que son esprit ne se remette à combattre cette attirance exacerbée qui l’avait absorbé. Sa relation fusionnelle avec sa femme n’en était que plus avivée dans le lien de Force qui les unissait quand elle était aussi imprégnée dans le courant ambiant.

Miss Albrem commençait à se confier à Iala.

- Cette femme… il me semble la reconnaître. Parfois une femme âgée vient nous rendre visite pour échanger quelques provisions contre ses services. Elle est très douée comme guérisseuse. J’envie son savoir et après toutes ces années à perfectionner nos préparations, c’est comme si nous n’arriverons jamais à atteindre son niveau en terme de soins.

La botaniste commença à montrer des signes de résistance.

- Je ne sais pas si c’est vraiment elle mais ça se pourrait bien… Je ne connais ni son nom, ni le lieu où elle vit. Elle vient juste sans prévenir de temps à autres quand elle a besoin de provisions, c’est tout ce que je peux vous dire. C’est une femme très gentille mais peu bavarde. Elle ne reste jamais plus de quelques heures par mois au milieu de la communauté. Ce n’est pas comme si elle ne supportait pas de vivre avec nous mais elle tient à rester à l’écart volontairement pour une raison inconnue.

L’effet de la persuasion commençait à sérieusement s’altérer et la rousse reprenait peu à peu tous ses esprits avec l’affaiblissement de l’influence de la Tétienne. Elle reprenait le cours normal de la conversation.

- Je pense que nous pouvons partir sur ce genre de base de relation si ça vous intéresse. Nous ne sommes jamais contre des bras supplémentaires ici et vos moyens nous aideraient sûrement. Si nous pouvons tirer profit l’une de l’autre, ça m’irait très bien ! Allons boire ce thé pour en discuter en détails alors !

Cette fois-ci ils avaient une piste plus concrète. Encore qu’elle n’était pas garantie à 100% et que la persuasion avait fini par se dissiper donc il serait bien compliqué d’obtenir de nouveaux renseignements sur une nouvelle tentative. Enfin après tout Iala avait déjà réalisé un petit miracle, pourquoi pas deux dans la même journée…

La botaniste était horrifiée de la mutilation volontaire que s’infligeait la Luxienne sous ses yeux. Etait-elle donc folle ? Puis le trouble laissa place à la stupéfaction alors que l’alderaanienne cherchait son kit de premier secours pour stopper l’hémorragie. La plaie était maintenant refermée alors que le sang coulait de son bras quelques minutes auparavant. Rena Albrem dévisageait maintenant Iala avec une certaine appréhension quant à ce qui venait de se passer et à l’avenir.

- Alors vous êtes comme elle, c’est ça ? J’aurai du m’en douter… Vous n’auriez pas autant insisté sinon. J’ai déjà vu cette magie à l’œuvre avec la vieille femme, elle a sauvé un enfant qui avait été attaqué par un insecte kretch il y a plusieurs mois grâce à ses dons. Pour cela je lui avais permis de venir se ravitailler chez nous de temps en temps pour qu’elle puisse survivre dans les cavernes mais il semblerait qu’elle ait des amis maintenant pour l’aider.

L’inquiétude se lisait vraiment sur le visage de la quadragénaire qui avait changé d’attitude. La démonstration de Iala n’avait pas eu tous les effets escomptés apparemment. Elle avait des effets secondaires surtout.

- Je vous prie de bien vouloir quitter les lieux s’il vous plaît. Je suis vraiment désolée mais il est préférable que vous ne reveniez jamais nous rendre visite finalement. Je n’ai rien contre vous, ne le prenez pas à titre personnel. Toutefois j’ai des gens ici sous ma responsabilité et je ne peux pas me permettre que le camp soit rasé par des troupes impériales qui arrêteraient tout le monde ou pire pour avoir traité avec des ennemis de l’Empire. Nous ne voulons pas d’ennuis. Dites à votre amie que sa présence n’est plus souhaitée par la même occasion. Adieu.

La femme appela sur le champ deux hommes pour raccompagner Nico et Iala jusqu’aux abords du campement. Elle ne les suivit pas jusque là, peut-être par honte de ce qu’elle venait de faire alors que son peuple était un fervent défenseur des Jedis… En tout cas elle ne voulut pas assister à sa décision même si elle savait au fond d’elle-même qu’elle avait fait le choix de la sécurité des siens. Nico resta silencieux tout en marchant aux côtés de Iala. Il était partagé entre le fait de lui dire qu’il l’avait prévenue et celui de la réconforter. Le premier n’avait rien de constructif, le second ne convenait pas dans leurs fonctions officielles. Dans tous les cas, ils n’étaient plus les bienvenus au campement.

Une fois seuls à quelques dizaines de mètres alors qu’ils regardaient une dernière fois le campement avant de quitter la zone, Nico se hasarda à quelques mots :

- Tu as fait un choix et il a été payant tout de même. Une amie de perdue, dix de retrouvées ! On sait au moins que Leem est dans le coin, c’est déjà un point très positif non ?

Nico savait très bien que Iala verrait quand même le déroulement de cette situation comme un échec. Il savait aussi qu’en grande professionnelle elle resterait concentrée sur la mission qu’elle s’était fixée : retrouver Leem. Le Luxien ne se rappelait pas avoir vu Iala extérioriser vraiment ses sentiments négatifs et pourtant la Tétienne aurait sûrement aimé aller plus loin dans son échange amical avec la botaniste et ce groupe. Elle devait forcément être déçue et il n’y pouvait rien. Elle s’épancherait peut-être un jour sur tous ces petits ratés mais pas encore maintenant. En attendant il ne se tenait jamais loin pour le jour où elle se déciderait à pleurer. A ce moment-là, elle pourrait le faire dans ses bras.

Finalement Iala n’était pas déçue que les relations avec le groupe de guérisseurs se soient altérées au point de ne plus être les bienvenus chez eux. Elle relativisait les choses très facilement cette fois, Nico croyait qu’elle avait pris à cœur le projet qui commençait à se dessiner sur les premiers échanges qu’ils avaient eus. Il en avait oublié le véritable but qu’ils s’étaient fixés en arrivant ici, trouver Leem. Quand Iala avait un objectif précis, peu importait ce qui pouvait se passer autour, elle ne le perdait jamais de vue. C’était aussi un de ses points forts, comparé à Nico qui se dispersait un peu trop parfois. De retour à leur vaisseau ils purent discuter plus tranquillement de la suite des opérations.

- Je sais que tu as fait au mieux et selon ton intuition. Tu avais sans doute raison de prendre des risques même si je n’aurai pas agi de la même manière. Tu aurais pu nous conduire à Leem sans soucis grâce à l’aide de cette Albrem qui sait. De toute façon nous ne pouvons pas revenir en arrière alors allons de l’avant. On commence par chercher de quel côté ?

Iala exposa son plan à Nico, plutôt simple pour commencer mais ils manquaient d’infos sur la colonie il fallait bien le reconnaître. Les archives seraient sûrement le meilleur endroit pour en obtenir. Ils se mirent en route au plus vite pour le bâtiment administratif qui ne devrait pas être très loin du centre. Depuis leur arrivée ce matin vers 8h, ils avaient déjà fait du chemin et les deux soleils étaient déjà hauts dans le ciel. Rien ne semblait avoir changé dans le comportement des gens de la ville à leur égard, visiblement Rena avait gardé le secret de Iala pour elle. Il était 13h15 quand ils franchirent les portes coulissantes de l’entrée du centre documentaire.

A l’accueil, un homme neurasthénique écouta leur requête en maugréant sur les habilitations avant de se raviser suite à l’utilisation de la Force par Iala pour le persuader du bien fondé de la demande. Il les conduits aux sections demandées rapidement leur enjoignant de chercher par eux-mêmes parce qu’il n’avait pas le temps de les aider. Son collègue ne revenant de pause déjeuner que d’ici 45 minutes, il devait garder l’accueil. Avec l’aide de Iala qui stimulait la mémoire du vieil homme, Nico put se rendre compte que tous les souvenirs récents qui avaient attrait à la présence Jedi sur Belsavis avaient été effacés. Ce n’était pas faute de ne vouloir parler ou de ne rien savoir, ils n’avaient tout simplement plus les informations à portée de divulgation !

Durant la demi-heure qui suivit, ils purent éplucher rapidement quelques cartes et divers documents avant de faire un premier point.

- Pas étonnant que notre gentil archiviste n’ait pas de souvenir personnel datant de l’installation de Plett ici, cela fait près de 90 ans qu’il avait fondé cette colonie. Par contre sur ce qu’il a pu connaître par lui-même par la suite, à défaut d’en avoir le contenu, j’ai pu trouver des traces d’altération mémorielle déjà pratiquée. On s’est attachés à faire disparaître les traces derrière apparemment.

Le corellien compulsa et fit défiler rapidement plusieurs archives sur l’écran devant eux pour passer à la suite de leurs recherches. Ces textes et photographies avaient été rapidement trouvées en remontant directement aux premiers ajouts de la base de données.

- En ce qui concerne les documents, on peut retracer un historique rapide des aménagements ici. Il y a 88 ans, Plett s’installe ici pour fonder une colonie minimale, surtout pour se faire un pied à terre personnel sans doute. La colonisation républicaine a surtout commencé il y a 20 ans, juste avant sa chute. Là on a fait venir des plantes et animaux d’un peu partout, surtout Ithor pour aménager le terrain. Ce n’est vraiment qu’à partir de ce moment qu’on a bâti en préfabriqué. Avant on utilisait principalement de vastes réseaux de galeries creusées à même les falaises qui délimitent la vallée. Il y a un certain nombre de plans disponibles.

Il y avait tout de même un certain nombre de problèmes qui se greffaient à toutes ces découvertes assez basiques. Aucune information concernant la propriété de Plett n’avait pu encore être trouvée. On pouvait supposer qu’il s’était sans doute installé sur la face nord qui avait été la première habitée de la vallée à cette époque mais cela constituait plusieurs dizaines de kilomètres de falaise. Ils disposaient des cartes des premières galeries mais sans doute que la demeure de Plett elle-même n’avait pas été dessinée…

Il restait encore tout un tas d’archives d’époque sur tout ce qui concernait la colonie : état-civil, données météorologiques, registre de l’astroport, registre du commerce, registre des finances publiques, documents administratifs de police et justice et bien encore d’autres choses. Il faudrait pas mal de temps pour consulter tout ça et le deuxième documentaliste revenait dans un petit quart d’heure, peut-être leur demanderait-il des comptes à son tour et les surveillerait-il de près. Dernier détail et pas des moindres, la copie des documents n’était pas accessible au public et Nico était bien incapable de contourner ce problème avec ses faibles capacités dans le domaine informatique.

Le “Jungle Lust” était la cantina incontournable de Belsavis. Iala et Nico avaient pu y trouver une table en dépit de l’heure tardive. Après avoir bien baroudé depuis le petit matin, ils avaient un petit creux à caler. Dans un coin de la salle, les derniers habitués à rester en début d’après-midi jouaient tranquillement au pazzak. Nico regardait la carte et pas mal de plats inconnus au menu…

Iala se hasarda à commander plusieurs plats sans trop savoir de quoi il retournait. Le Luxien n’était pas du tout partisan de faire les choses au hasard et les découvertes culinaires ne l’inspiraient que quand il pouvait voir de quoi il retournait avant de manger. Qui pouvait savoir si derrière certains plats en sauce ne se cachaient pas des restes de rongeurs trouvés dans les poubelles… Il valait mieux rester en territoire connu et Nico préféra ne rien dire sur ce qu’était une grenouille pour ne pas écoeurer sa femme qui se régalait visiblement.

Elle faisait l’apologie de la puissance des Jedis qui avaient effacé leurs traces derrière eux, ce qui valu quelques acquiescements sous formes de bruitages de la part du corellien. C’était comme si elle se raccrochait aux branches en vantant sa capacité à influencer un archiviste…

- On passera au MuniCenter cet après-midi pour les autorisations, et voir si on peut rencontrer après ce fameux contact par la même occasion. Autant faire ça dans les règles et puis ça ne sera pas du temps perdu je pense…

Nico avala en quelques bouchées la part de gâteau qu’on venait de lui apporter accompagnée d’un café lui aussi très bon. Le plat de résistance l’avait un peu laissé sur sa faim alors il recommanda une deuxième tournée de dessert et café à la grande surprise de Iala qui pensait demander l’addition à l’approche du serveur. Une fois le rab demandé et le garçon reparti, le Luxien s’expliqua rapidement avant de passer à la suite.

- Je sais que ce n’est pas très diététique mais je fais rarement d’écarts. Tu me le dirais si je te faisais honte n’est-ce pas ? Avec tout le chemin qu’on va faire encore je pense que j’aurai vite fait de brûler ces calories. Dans le cas contraire, tu pourras m’aider à garder la ligne en faisant du sport avec moi. Notre cabine a le seul équipement nécessaire pour ça…

Le deuxième service arriva et une nouvelle assiette fut apportée devant le Consul. Il commença à manger sa pâtisserie et à la deuxième cuillère en proposa un morceau à la Tétienne qui refusa poliment. Etait-ce pour faire attention à sa ligne ou parce que partager la nourriture était un peu trop connoté pour leur image, il ne savait pas trop comment l’interpréter mais c’était un détail. Leur conversation ne put réellement reprendre que lorsque Nico réussit à se débarrasser en achetant toutes ses fleurs à une marchande ambulante qui venait les proposer longuement à leur table. Iala se retrouvait encore avec sur les bras deux douzaines de fleurs de diverses espèces toutes quasi inconnues. Au moins ils pouvaient continuer à parler tranquillement.

- Prendre des images des plans et documents… ça peut se faire oui, espérons qu’elles ne soient pas trop floues quand même parce que je me vois moyennement aller visiter des grottes sans fin pour m’y perdre. Rejoindre la Force ne fait pas partie de mes plans à court terme même si le faire à tes côtés serait la plus douce des façons.

En ce qui concerne la recherche de témoins dans d’autres villes pourquoi pas… On filera sur Bot-Un après avoir fini nos recherches demain si tu veux. Pour les Kretch je ne sais pas trop ce qu’il peut y avoir pour les repousser, ça m’a l’air plutôt agressif comme bestiole !

Sur ces bonnes paroles, Nico régla l’addition pendant que Iala embarquait ses bouquets de fleurs en essayant de voir à travers les longues tiges devant son visage. Une fois remontés dans le speeder, ils rejoignirent rapidement le bâtiment administratif civil de la ville. Il avait fallu plusieurs petits pourboires pour arriver jusqu’au bureau du chef de la ville qui bien évidemment n’était pas là… Il s’agissait d’un certain Nubblyk le Slyte, gérant d’un magasin d’import/export sur Pandowirtin Lane, une rue un peu plus loin. Il était absent jusqu’au lendemain matin, un rendez-vous pour l’approvisionnement ou une affaire obscure du genre. L’individu semblait tenir une réputation assez louche en tout cas mais qui ne faisait pas d’extras ici…

Ils pourraient voir tout en même temps pour le coup, autorisations, fournitures, négociations pour la Phénix… Tout passait par ce Slyte ici. En attendant ils pouvaient faire le tour des falaises comme prévu. Cela prendrait pas mal de temps et la nuit tombait de plus en plus tôt à la saison mais ils avaient le temps de faire un bon tour vu qu’ils avaient trois heures encore devant eux. Des kilomètres de galeries étaient à l’intérieur de ces immenses murs de pierre qui s’élevaient jusqu’en haut du dôme, trouver un indice particulier relevait de la chance surtout que Leem n’était peut-être pas la seule habitante encore dans le coin… Rien de concret ne fut trouvé et il était temps de rentrer.

Le lendemain matin, après un petit-déjeuner copieux, Iala et Nico s’embarquaient donc vers le magasin du chef de la ville. Celui-ci les accueillit devant l’entrée de sa boutique.

- Bienvenue dans l’antre de Nubblyk, ici on trouve de tout ce qu’on peut rêver d’avoir ! Et si j’ai pas, je peux m’arranger pour vous trouver ça dans des temps canons ! Il reluqua Iala de bas en haut et lui fit un clin d’oeil. Un peu comme vous ma petite dame…

Nico prit une grande inspiration à la remarque, ça commençait bien !

Nubblyk semblait apprécier les flatteries même s’il savait bien qu’elles étaient de bonne guerre. Il se demandait bien ce que voulaient ces deux oiseaux là pour le couvrir de fleurs comme ça. C’était un peu trop louche pour être honnête, tout le monde savait qu’il n’était pas un saint. L’annonce des compliments à son propos qui soit disant étaient légion dans la bouche de ses administrés le faisait quelque peu sourire. La brunette savait brosser les gens dans le sens du poil mais ça ne marcherait pas aussi facilement avec lui !

La suite lui révélait ce qu’il pensait bien découvrir derrière cette approche mielleuse. Les visiteurs venaient pour se faire de l’argent dans le coin, ça l’aurait étonné tiens… Quelque part ça ne lui déplaisait pas trop, tant qu’il pourrait en profiter aussi.

- Je vois ma petite dame, vous semblez avoir de la suite dans les idées et vous avez frappé à la bonne porte. Actuellement il y a trois compagnies déjà qui développent notre colonie depuis près de vingt ans. La Corporation Brathflen a même construit un centre médical ici si vous n’en avez pas connaissance. Vous n’êtes pas des pionniers ici, la concurrence sera rude. Ces compagnies ont très bonne réputation ici comme ailleurs. Ils sont très proches de leurs clients et patients, attentifs aux doléances etc.

Son sourire s’élargit au plus grand possible assorti d’un regard malicieux. Il allait compléter ses propos très certainement et Iala devinait déjà quelle précision il allait y ajouter de la manière la plus détournée possible.

- Bon après même si ça semble bien compliqué, il y a toujours moyen d’entrer dans la danse. Il suffit d’avoir quelques appuis, des gens bien placés pour favoriser vos projets… dans le but de rendre service à la communauté bien entendu ! Je m’occupe moi-même de diverses petites associations caritatives d’ailleurs, pour une personne dans le besoin. Si jamais vous avez des dons à faire, je pourrais donner une bonne image de vous auprès de la collectivité en échange… Enfin nous aurons le temps de discuter de toutes ces modalités quand vous aurez trouvé des terres à votre convenance au cadastre ! J’appellerai aussitôt après votre départ pour arranger ça, pas de soucis. C’est moi qui m’occupe de tout ici, je ne sais pas ce qu’ils feraient sans moi pour tout vous dire !

Il écouta la demande suivante, plus originale. Il en était même un peu surpris et cela semblait amuser la jeune femme en plus. Ces insectes n’étaient présents que dans les anciennes cavernes et ne représentaient pas un danger réel pour la population. Même les enfants inconscients n’allaient pas s’aventurer dans le coin et il n’y avait rien à exploiter dans ces galeries. Mais bon les riches ont des lubies parfois que leur argent leur permet et celle-là il n’allait pas se faire prier pour la leur faire payer.

- Hum j’ai bien deux combinaisons spéciales pour explorer ces galeries mais ce n’est pas la matière dans laquelle elles sont faites qui vous protégera. Ces saletés ont des pointes acérées qui déchirent à peu près n’importe quoi dès qu’elles vous touchent, sans compter leurs mandibules ! Là elles sont imprégnées d’un produit spécial qui repoussera les Kretch pendant une certaine période, 6 heures en moyenne, 12 pour les plus chanceux. Ce sont mes deux dernières et c’est très difficile de s’en procurer vous savez hum…

Il essayait de jauger le prix qu’il pouvait en demander en fonction de l’intérêt des acheteurs. C’était toute la difficulté de réussir à vendre au meilleur prix possible sans que le client ne menace de rompre son attention sur l’hameçon. Il allait utiliser une technique qui avait toujours fait ses preuves, demander un prix assez important pour qu’en négociant il puisse en tirer une belle plus-value tout de même.

- Disons 15 000 crédits par combinaisons et je vous offre deux lampes frontales assorties avec parce que vous m’êtes sympathiques. 1000 crédits par cage pour compléter le tout, elles sont garanties comme les combinaisons si vous pouvez m’apporter la preuve d’une défaillance technique du produit. Je suis toujours attentif aux problèmes de ce genre pour satisfaire le client et je n’ai encore jamais eu de retours !

En même temps pour avoir des retours encore fallait-il qu’il y ait des acheteurs capables de survivre à une meute de ces scorpions enragés pour venir porter réclamation en cas de défaillance… Le matériel demandé restait tout de même disponible si Iala le désirait et elle avait maintenant accès légalement aux archives bien qu’elle savait qu’il faudrait en passer par de bons pots-de-vin à cet individu pour arriver à leurs fins ici.

Le Slyte semblait déçu de ne pas avoir réussi à caser ses combinaisons. Il devrait faire avec la vente de deux pauvres pièges mais il n’avait pas dit son dernier mot :

- Je vous conseille de vous tenir à l’écart de ces sales bêtes. Ils risqueraient d’abîmer votre joli minois ce qui serait fort dommage. Vos pièges sont disponibles quand vous le souhaiterez mais je serais vous, je prendrais les tenues au cas où. Comme vous m’êtes bien sympathique, j’vous la fais à 10% de moins, c’est une affaire !

L’achat des caisses se faisait accompagné d’un petit supplément gratuit qui ne lui déplaisait pas. Il n’avait pas perdu sa journée. Le petit cadeau qui allait bien par-dessus. Bon d’accord il n’était pas à son goût mais il arriverait bien à tirer quelque chose de ce machin en tissu qui avait l’air de bonne facture. Et maintenant voilà qu’ils parlaient d’installer pas mal de leurs affaires dans le coin sans pour autant chercher à faire de la concurrence mais rester dans leur coin… C’était louche, enfin trop gros pour être vrai qu’ils soient si désintéressés mais Nubblyk lui était intéressé par leurs idées pour se faire des crédits surtout s’il pouvait se faire arroser au passage régulièrement pour ses services.

- Allez voir ce cadastre, trouvez des terrains intéressants pour vos activités et nous rediscuterons de votre implantation après. De nouvelles relations commerciales sont toujours bénéfiques pour les deux parties en général. Il serait dommage de se braquer tout de suite pour des broutilles. Il y a bien du travail pour tous ici.

Pour la première fois, ce fut Nico qui réagit pour prendre congé. Il se taisait la plupart du temps maintenant lors de ce genre d’échanges. Le souvenir de Bespin l’avait un peu refroidi concernant l’appréciation litigieuse de Iala sur ses prises de paroles. Il n’appréciait pas ce type particulièrement sans doute par jalousie. Alors qu’il pourrait être fier d’avoir une femme sur laquelle les hommes se retournent, il n’acceptait pourtant pas qu’on la courtise même platoniquement. Iala lui avait fait remarqué, il l’avait mal pris, presque comme une moquerie. Sans doute l’aimait-il trop, il devrait se montrer moins possessif et entreprenant pour ne pas devenir un poids…

Il ne put toutefois pas s’empêcher de couper court à la discussion maintenant, ils avaient ce qu’ils voulaient pour le moment et ce truand à la patte blanchie profitait déjà de leurs largesses.

- Merci de faciliter nos démarches, nous reviendrons très rapidement vers vous pour finaliser nos engagements auprès de votre communauté. A bientôt.

Ils repartirent pour le bâtiment des archives qu’ils avaient visité la veille. Le vieillard un peu dans la lune les attendait à l’accueil mais aussi un jeune Ithorien. Cette fois-ci ils n’eurent aucun besoin de jouer de leurs talents ou de se presser pour leurs recherches par la suite. Le patron de la ville avait rempli sa part du contrat en leur ouvrant les portes pour qu’ils puissent consulter librement ces documents. Vu la masse de documents que voulait consulter Iala, ils en avaient pour quelques heures mais la perspective d’obtenir des informations qui pouvaient les aider à arriver au bout de la piste suivie les motivait. Après avoir compulsé toutes les données, ils pouvaient faire le point :

- J’ai consulté l’Etat-civil, les déclarations à la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture, le registre des finances publiques relevant taxes et impôts, le cadastre et le listing de personnalités ayant transité par l’astroport. Il n’y a aucune mention du nom de Leem sur aucun d’entre eux. La seule chose qu’il me reste c’est la liste des marchandises ayant été recensées lors de leur passage à l’astroport mais je doute qu’on retrouve son nom quelque part dedans puisqu’elle se fournissait chez les guérisseurs… Tu as une idée de ce qu’on pourrait chercher à part son nom là-dedans ?

Nico regardait Iala pensive qui cherchait une idée pour la suite, ils n’avançaient pas vraiment à pas de géant depuis hier mais ils ne laissaient rien au hasard au moins. Cela prenait du temps mais au moins ils ne négligeaient aucune piste. Le risque par contre était que Leem se rende compte qu’elle était définitivement exclue ici et parte pour d’autres cieux sans laisser de traces. Ils ne devaient pas trop traîner en route pour le coup.

- J’ai traité ta deuxième demande, on a recensé au bas mot plusieurs centaines d’habitants qui sont partis de Plawal jusqu’une autre vallée, majoritairement Bot-Un. Il y aura peut-être quelqu’un sur place pour nous donner de nouveaux indices si ton intuition est la bonne…

Nico était prêt à suivre Iala quoiqu’elle décide de toute façon. Il avait toute confiance en sa capacité à trouver la personne qui lui ressemblait sans doute le plus à part sa mère peut-être. L’intuition féminine était au moins aussi mystérieux que bien des pans de la Force après tout. Comment pouvait-il rivaliser avec ça sur cette affaire ?