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La formation d'une Luxienne

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descriptionLa formation d'une Luxienne EmptyLa formation d'une Luxienne

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-------------- Peu après le décollage de l’Aigle de Sang, Iala découvrit sa cabine avec surprise : Nico avait pris la peine de placer là divers objets familiers à la jeune fille. Elle fut très émue par cette délicate attention qu’elle n’aurait pas attendue d’un homme à l’apparence si froide et austère.

Le E-9 était beaucoup plus spacieux que les navettes auxquelles elle était habituée.
-------------- « Il est vrai qu’il permet des voyages très longs pensa t-elle » … ignorant combien de temps durerait le leur, ni même quelle était leur destination.

En cherchant la cabine de son mentor, Iala découvrit avec étonnement une petite salle assez confortable pourvue d’un autochef ainsi que d'une table de jeu holographique. Un homme d’équipage lui indiqua finalement où était la cabine qu’elle cherchait.

Le début de l’apprentissage, mise au point


Assise bien droite sur la couchette de son maître, Nico Ariès se tenait debout face à elle, adossé à la paroi de sa cabine. Iala lui résumait ce qu’elle connaissait de la Force.


-------------- « Comme je vous l’ai montré à votre demande, je maîtrise assez bien la télékinésie. J’utilise parfois ce que vous appelez la persuasion de force mais de façon discrète car je crains que mon interlocuteur s’interroge par la suite sur les raisons de son comportement. J’ignore jusqu’où je peux aller et comment. »
Nico Ariès restait impassible, alors Iala continua en abordant le sujet délicat :
-------------- « J’ai une empathie naturelle que je ne contrôle pas. Elle est innée et permanente. J’ai appris à vivre avec et je ne me soucie habituellement de ce que je perçois, ni plus ni moins que de rumeurs lointaines ou de brouhahas plus intenses dans une foule. Je ressens les sentiments confus qu’éprouvent les personnes que je croise. A tout cela je tente de ne pas porter attention… cependant je n’ai jamais pu développer de vraies relations amicales car ce don me perturbe lors de relations plus intimes. »

Iala hésita à continuer… mais elle devait être franche.
-------------- « J’avoue utiliser parfaitement consciemment cette capacité, lorsque je le juge utile, dans mon travail de diplomate ».

-------------- « Bien sûr, lorsque c’est nécessaire je peux me retrancher derrière une barrière mentale – comme l’appelle Mère – mais je dois me concentrer et cela m’épuise rapidement. Dans ce cas, je ne peux plus utiliser la Force ni méditer ni même réfléchir convenablement. En réalité j’utilise la Force pour maintenir ce bouclier entre mon esprit et celui des autres. Vous comprendrez que votre demande de ne plus « écouter » est vraiment un problème pour moi. »

Iala baissa les yeux. Elle aurait tant voulu se soumettre entièrement à son maître et déjà elle redoutait de le contrarier en ayant l’air de refuser d’obéir.
« Si il pouvait savoir les efforts que j’ai faits et les céphalées épuisantes que cela m’a coûtées ! » Pensa t-elle. Mais elle ne voulait pas se plaindre.

Iala se tassa légèrement sur la couchette en attendant le verdict de son mentor qui était resté imperturbable.


[center]

descriptionLa formation d'une Luxienne EmptyRe: La formation d'une Luxienne

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Nico avait patiemment écouté sa nouvelle et première élève. Bien qu’elle fût encore assez jeune et plutôt inexpérimentée, elle se montrait assez lucide sur sa situation. Elle avait cherché à parfaire ses affinités avec la Force de par ses propres moyens même si sa mère l’avait aidée. Elle était courageuse et n’avait jamais hésité à continuer dans cette voie malgré tout ce à quoi elle avait du renoncer pour s’y consacrer. A cet instant il aurait aimé la conforter sur ses choix en lui disant qu’elle ne serait plus jamais seule en ayant trouvé ses amis luxiens mais ce n’était sans doute pas ce qu’elle attendait de lui à ce moment. L’important pour cette jeune femme était qu’elle avait besoin d’un précepteur et guide dans l’apprentissage de la Force. Il s’apprêta donc à lui prodiguer sa première leçon.

- La télékinésie est une capacité que tu pourras développer par toi-même tout en me demandant des conseils au besoin. Cela ne nécessite pas de matériel spécifique pour le moment et tu pourras t’exercer sur tous les objets qui te passeront sous la main. La persuasion ne peut quant à elle pas être développée idéalement dans ces conditions, il te faudra des sujets de tests aussi pour progresser…

J’aimerais essayer de t’aider un peu maintenant pour appréhender autrement ton don d’empathie si tu le veux bien. Je n’avais pas conscience de la situation dans laquelle ma directive t’avait plongée alors laisse-moi tenter de te la rendre un peu plus confortable en te faisant voir les choses d’un autre point de vue. Tu permets ?


C’était plus une question rhétorique pour le coup mais cela permettait de tester si son élève avait au moins le minimum de réceptivité voulue. Le Luxien s’approcha de son apprentie pour finalement s’asseoir juste en face de la Tétienne sur le siège qu’il venait d’avancer au plus près du bord de la couchette. Il lui expliqua le but de l’exercice avant de commencer afin qu’elle comprenne bien de quoi il retournait et puisse y participer en toute sérénité.

- Je vais établir un lien émotionnel entre nos esprits afin que chacun de nous puisse communiquer par la pensée avec l’autre. Etant donné que nous nous connaissons depuis peu de temps, un léger contact physique est la meilleure façon d’être sûr de la solidité de la passerelle mentale qui nous reliera. N’ais pas peur, je ne te ferai pas de mal, mes doigts effleureront simplement ton visage le temps de l’exercice mais c’est uniquement parce que notre lien de maître à apprentie n’a pas encore eu le temps de se développer assez pour avoir assez de force à distance au vu du peu de temps passé ensemble encore.

Il voulait s’assurer que Iala était réceptive à l’exercice à venir. Ils avaient eu très peu de temps pour s’apprivoiser et ils se connaissaient à peine en fait. Elle adoptait plutôt une position défensive de par sa posture physique et il lui demandait de lui accorder une grande confiance durant le déroulement de la manœuvre. Ce qu’il voulait tenter maintenant était peut-être un peu prématuré mais cela pourrait considérablement aider la jeune femme dans son utilisation de l’Empathie de Force qui la bridait considérablement et la faisait même souffrir en quelque sorte. Il avait encore quelques scrupules à avoir entraîné une jeune diplomate prometteuse vers les eaux troubles où il passait son temps depuis des années. Toutefois elle avait fait son choix, celui de le suivre quoiqu’il advienne, et pour cela il irait jusqu’au bout de ses capacités et de sa compréhension de la Force pour essayer de les dépasser, pour lui comme pour elle. Un jour viendrait où ce serait elle qui transmettrait son savoir à son tour…

- Je vais maintenant commencer à établir le lien qui nous permettra de nous entraîner ensemble. Je veux que tu sois la plus calme et détendue possible. Si tu te fermes complètement à ma présence, mon pouvoir de suggestion mentale sera inefficace et tu ne pourras pas exercer le tien. Respire lentement et régulièrement, fais le vide dans ton esprit et laisse ma voix te guider. C’est parti…
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]


Sur ces ultimes conseils, il tendit la main vers son apprentie en léger décalage sur son flanc droit. Doigts écartés, il couvrait maintenant le côté droit de la tête de la jeune femme, son pouce reposant sur sa pommette. Quelques secondes plus tard, leurs yeux s’éclaircirent signe que la Force les envahissait et circulait entre eux. La séance d’exercice à la suggestion mentale et à l’utilisation de l’empathie commençait. Nico entama la plongée vers leur communication mentale en prenant sa voix la plus neutre et posée possible:




- Tu commences par le début de la visualisation, ton monde intérieur, là où tu te réfugies pour t’isoler des autres. C’est une pièce remplie de souvenirs, d’objets familiers que tu apprécies, d’odeurs agréables… Tu te sens parfaitement en sécurité ici, tes parents sont sûrement présents dans un coin de la pièce mais tu ne dois pas les déranger, ils veillent sur toi tout simplement. Je veux que tu gardes cette image profondément dans ton esprit car c’est à ça que doit ressembler ton monde une fois tes barrières mentales dressées comme à l’instant.

C’est là l’essence de ton pouvoir, tout ce que ton esprit peut concevoir par la pensée peut être modélisé de la sorte ce qui te permettra de le suggérer aux autres esprits quand tu maîtriseras ce processus et que tu seras assez affûtée. Une fois que tu auras créé ton espace personnel selon tes envies, je voudrais que tu remarques une chose que tu as construite mais que tu ne voyais pas encore. Les murs que tu dresses sont solides et rien ne peut les traverser c’est certain mais tu as ménagé des ouvertures que tu as laissées fermées dedans, des portes et des fenêtres vers l’extérieur. Quand tu auras pris conscience de l’étendue de ton monde intérieur et de la possibilité pour toi de t’ouvrir partiellement au reste du monde par les lucarnes que tu dessines dans ses murs, on aura franchi la première étape sur la maîtrise de tes dons.


Nico marqua une pause dans l’exercice afin de ne pas trop solliciter son apprentie et de recueillir ses éventuelles questions ou réactions sur cette nouvelle approche qu’il lui proposait. Il n’avait jamais vraiment confronté sa propre expérience avec celle d’une autre manipulatrice de la Force dans ce genre d’activités. Il improvisait plus ou moins au niveau des méthodes d’enseignement en fonction des réactions de son élève mais elle avait toujours volontairement exprimé honnêtement ses impressions ce qui l’aidait fortement depuis le début. Le Luxien formula explicitement ce qu’il attendait de sa disciple pour la suite de son apprentissage de ses pouvoirs :

- Tu es douée et tu as des connaissances vastes sur le monde qui t’entoure au travers de toutes tes lectures. Tu as créé une représentation solide du monde de tes pensées, du moins tu as ton îlot de sauvegarde. Je t’ai montré comment en sortir mais il te reste le plus dur à faire maintenant : donner vie au monde au dehors. Ta créativité couplée à ton savoir doit pouvoir faire de toi une grande architecte mentale. Ce que tu crées par la pensée pourra prendre vie dans la conscience de l’autre mais tu devras affiner tes compétences pour déjouer les subconscients lors de la suggestion.

Lorsque tu te sentiras prête, la prochaine étape sera de créer un monde où tu m’inviteras. Nous nous y promènerons ce qui t’obligera à être attentive au moindre détail et à travailler dessus parce que ce monde sera peuplé par mes soins et ses habitants seront le reflet de mon subconscient. Si tu n’es pas assez vigilante et précise dans ta manipulation, alors ils réagiront en te dévisageant ce qui sera le signe d’un rejet de ma part de ta suggestion mentale qui détruira ton monde à terme. Si cela arrive, tu auras échoué alors je te laisse prendre le temps qu’il te faudra avant de te lancer.


Le chemin de la maîtrise de la Force était long et parsemé d’embûches. Iala découvrirait de nouvelles choses chaque jour et deviendrait de plus en plus réceptive à la Force. Aujourd’hui était un premier pas en ce sens pour la Tétienne et Nico tentait de percer sa réaction pour juger si il avait placé la barre trop haut pour le début ou pire si il avait complètement perturbé la jeune fille avec sa façon de travailler ces pouvoirs.

descriptionLa formation d'une Luxienne EmptyAbolition d’une prison intérieure

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Abolition d’une prison intérieure


Nico l’avait prévenue, mais lorsque sa main effleura son visage, un frisson la parcourut brièvement. Puis elle ouvrit son esprit comme on déchire un voile, sans aucune retenue acceptant par avance toutes les intrusions de Nico dans son esprit conscient et au-delà.

-------------- - « Tu commences par le début de la visualisation, ton monde intérieur, là où tu te réfugies pour t’isoler des autres «

-------------- - « Je ne vois qu’obscurité, maître mais c’est différent. Il n’y a pas que mon esprit désincarné : je suis… entière. N’ayez crainte, mes parents sont là au fond de mon cœur, ils m’accompagnent toujours. »

Elle entendait les conseils de Nico mais n’avait aucune notion de leur chronologie. Tout se mélangeait un peu comme si un écho mystificateur voulait l’égarer.

-------------- - « Quand tu auras pris conscience de l’étendue de ton monde intérieur et de la possibilité pour toi de t’ouvrir partiellement au reste du monde par les lucarnes que tu dessines dans ses murs, on aura franchi la première étape sur la maîtrise de tes dons. »

Elle avança à tâtons et sentit les parois sous ses doigts : tièdes, d’une texture quasi organique, elles semblaient… vivantes. Iala éprouva une impression indéfinissable et, instinctivement, elle caressa lentement le mur comme pour l’apprivoiser.

Curieusement Iala se sentait en sécurité : la prison glaciale avait fait place à un refuge mais il restait totalement obscur. La voix rassurante de Nico se faisait plus claire et l’esprit de Iala s’imprégnait du sens de ses paroles.

-------------- - « Quand tu auras pris conscience de l’étendue de ton monde intérieur et de la possibilité pour toi de t’ouvrir partiellement au reste du monde par les lucarnes que tu dessines dans ses murs, on aura franchi la première étape sur la maîtrise de tes dons. »

Iala dessina une fenêtre. Aussitôt une lumière dorée éclaira la pièce. Une autre fenêtre et une porte maintenant… Elle tenta de visualiser sa bibliothèque et sa table de travail mais les meubles restaient flous et leur forme s’effaçait rapidement.

La voix de Nico l’invitait à meubler son espace et rien de ce qu’elle plaçait ne durait plus de quelques secondes… mais avait elle encore la notion du temps réel ?
Elle ne se visualisait pas mais elle circulait sans contrainte dans cet espace surprenant où elle ne dirigeait rien.

-------------- - « Il doit y avoir quelque chose d’essentiel pour maintenir la stabilité mais quoi ? » Soudain Nico se dessina dans la lumière dorée. Iala ignorait si elle avait créé une illusion ou si il s’agissait d’une représentation volontaire de Nico.

-------------- - « ai-je fait une erreur Maître ? » s’inquiéta t-elle.

Nico resta impassible. Elle alluma la bougie qu’il lui avait offerte et l’odeur du jasmin se répandit dans l’espace qui eut l’air de se dilater. Iala sut que la bougie brûlerait éternellement en ce lieu.

-------------- - « Il faut que je le retienne, que je fasse de ce lieu un espace d’accueil».

Elle invita un orgue électronique et commença à interpréter une douce mélodie. Le clavier continuait à jouer alors que Iala l’avait abandonné.

A partir de ce moment tous les objets qu’elle sollicita trouvèrent leur place dans l’espace qui se dilatait lentement… le bureau, les livres, un lit, des fauteuils pour recevoir des invités, quelques objets d’art et de commodité. Le lieu respirait le confort mais le goût de Iala y imposait une certaine sobriété. Elle fit le tour du domaine qu’elle venait d’inventer et sut qu’il était en harmonie avec sa personnalité profonde. Elle présenta une coupe de fruits à Nico…

-------------- - Lorsque tu te sentiras prête, la prochaine étape sera de créer un monde où tu m’inviteras.

La voix résonna dans la tête de Iala. Le temps se distendait et elle ignorait si elle avait devancé la demande de son maître ou si elle avait été trompée par une illusion temporelle.

-------------- - « J’ai eu tort de vous appeler si tôt mais je ne pouvais rien sans vous. » s’excusa t-elle à tout hasard, un peu désorientée mais le cœur empli de joie.

-------------- Pour la première fois Iala ne se sentait pas enfermée dans son monde intérieur. Elle se sentait… différente et heureuse malgré toutes les questions qui affluaient dans son esprit. Son nouveau monde intérieur, le monde réel et celui de la méditation où elle devenait pur esprit… comment tout cela pouvait-il cohabiter ? Comment, à l’abri de ce monde intérieur, pourrait elle communiquer avec le monde réel dans lequel son corps continuait à évoluer ? Les yeux perdus dans les yeux de Nico, Iala avait trouvé son maître mais aussi un ami, un guide… une larme roula sur sa joue.

La bougie brûlait en diffusant ses flagrances et Iala se sentait étrangement libre.

descriptionLa formation d'une Luxienne EmptyRe: La formation d'une Luxienne

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Nico avait maintenant sous les yeux un échantillon de ce que l’esprit de sa disciple pouvait créer. Alors qu’il explorait un peu l’environnement virtuel, coupe de fruit à la main, il put faire ses premières observations du niveau de la réalisation. L’ensemble était certes sobre mais harmonieux, visuellement le détail des apparences était déjà irréprochable ce qui prouvait bien le talent d’observation de la jeune femme. Elle avait choisi un intérieur classique pour ses débuts dans son monde donc elle avait compris d’elle-même que ce qui lui était le plus familier était le plus facile à représenter.

Le Luxien était assez impressionné par son niveau de départ, non pas par sa maîtrise de la Force à proprement parler mais par la constance de sa logique et l’étendue de ses connaissances. Il avait vu des novices créer des espaces virtuels tellement excentriques qu’ils devaient avoir du mal à se convaincre eux-mêmes de la possible réalité de ce qu’ils faisaient oubliant des principes élémentaires comme la gravité. Il n’y avait pas de cascade qui s’écoule vers le haut ni de monde qui se déforme à cause d’une réalisation trop fantaisiste de son créateur dans le monde de Iala. C’était d’un calme apaisant propice à la méditation, son éducation précédente avait vraiment été utile pour débuter idéalement son apprentissage avec lui.

Au-delà du simple visuel, la jeune Tétienne avait donné une consistance mentale à l’environnement preuve de son application lors de la création. C’était bien réalisé pour une première, si on lui expliquait les choses elle apprenait vite. Il prit place dans un fauteuil qui le retint parfaitement, l’esprit de Iala soutenant parfaitement la sollicitation d’un esprit extérieur sur son monde. Il n’avait rien dit depuis son arrivée et Iala semblait émue de ce qui venait de lui arriver, de ce qu’elle venait de réaliser pour la première fois… Elle entrait dans un nouveau monde, son monde. Il lui sourit tout simplement tout en cherchant à la rassurer sur ses capacités :

- Je n’ai pourtant rien fait de tout ça. Toi seule a ouvert et modelé cet espace par la puissance de ton imagination et l’étendue de tes connaissances. Je n’ai fait que te donner une direction et tu as fait le reste… Ceci est donc ton monde, tu pourras y venir pour travailler ton lien avec la Force en ce qui concerne tes capacités de suggestion mentale ou même tout simplement pour méditer.

Il passa sa main sur l’accoudoir du fauteuil et il en sentit la texture du tissu et du bois sous ses doigts, du moins c’était la sensation qui parcourait son esprit. Il ne restait plus qu’un seul test pour cette session d’entraînement, il resserra sa main gauche pour aller saisir un fruit dans la coupe. Il en retira une pomme qu’il porta à sa bouche puis la croqua. Elle avait un goût sucré d’après les critères qui lui parvenaient. Il y avait tout dans cette création, c’était vraiment du bon boulot…

- Ce sera tout pour aujourd’hui, tu as beaucoup travaillé déjà pour une première séance. Tu as de bonnes bases, ta mère t’a bien préparée et je lui en suis reconnaissant parce qu’elle me facilite grandement ta formation personnelle. Je te laisse une semaine pour préparer l’exercice suivant tout en peaufinant ta pratique : la prochaine fois je veux que nous allions prendre un verre dans une cantina du Secteur Bleu de Coronet par la force de ton imagination et ta capacité de suggestion. Je ne pense pas que tu connaisses cet endroit contrairement à ce que tu as reproduit de familier ici je suppose alors je te laisse le temps de te documenter. On passe au niveau au dessus maintenant alors si tu as des questions, je serai encore là pour te guider. Sur ce, je te laisse profiter un peu de ton espace personnel réservé pour que tu t’y familiarises totalement et le finalise selon tes désirs. Je n’ai pas d’autres conseils pour le moment que d’appliquer ce que tu as déjà fait tout en retranscrivant bien toutes les facettes des objets au travers des cinq sens.

Il se dirigea à nouveau vers « l’entrée » du monde par laquelle il était arrivé et commença à traverser l’encadrement lumineux. Nico n’était pas quelqu’un de très chaleureux ou démonstratif, Iala était encore une jeune femme inexpérimentée qui aurait besoin de son soutien entier mais il faudrait du temps pour qu’ils puissent être vraiment en phase sur les attentes qu’ils avaient l’un de l’autre sans doute. Il avait promis à ses parents de la considérer comme de sa propre famille et dans les faits il était déjà attaché à la petite diplomate. Réciproquement il ne s’attendait pas à avoir une si grande influence que ce qu’il paraissait actuellement auprès de la Tétienne. Il disparut dans le halo lumineux mais il dispensa un dernier message personnel de l’instant à sa disciple dans le même temps. Juste quelques mots, les seuls qui lui venaient pour ne pas qu’elle se sente rejetée ou abandonnée par son départ rapide :

- Je suis fier de toi.

descriptionLa formation d'une Luxienne EmptyUne cantina du Secteur Bleu de Coronet

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---------------- Coronet, capitale de Corellia… Iala ne la connaissait que par les nombreux documents qu’elle avait consultés. Elle se faisait une idée assez précise de cette capitale moderne et bouillonnante ainsi que de ses activités et de ses habitants. Mais le « secteur bleu », ça ne lui disait rien du tout. Elle chercha donc dans ses BdD.

---------------- Stupéfaite, elle constata qu’il s’agissait d’un endroit peu recommandable… et c’était un terme faible pour décrire un lieu également nommé «Secteur Sauvage»!
Iala ne fréquentait les cantinas qu’à l’occasion de ses déplacements sur les planètes de Koros et elle était toujours accompagnée par des personnes qui inspiraient le respect… de quelque manière que ce soit ! En réalité, elle ne se sentait pas vraiment à l’aise dans ces endroits.

---------------- Iala fronça les sourcils « quelle idée mon maître a-t-il derrière la tête en me demandant de nous projeter virtuellement en un tel lieu ? ». Cet exercice lui semblait vraiment difficile. Elle imagina de placer des gardes de la CorSec faisant une descente dans « sa » cantina et vidant les lieux des personnages suspects… mais c’était clairement une misérable échappatoire. Elle y renonça donc.

---------------- Sans l’aide de Nico Ariès, elle plongea sans difficulté dans son monde intérieur.

Elle traversa sans s’y attarder son lieu de prédilection : sa chambre-bureau. Elle inventa une nouvelle porte qu’elle franchit sans hésitation… après tout elle était chez elle !

---------------- Elle dessina l’intérieur d’une cantina douteuse à souhait : porte basse, pas de fenêtre, des lumières artificielles blafardes éclairant pauvrement une grande salle. Les murs lépreux gardaient le souvenir lointain d’un blanchiment à la chaux. Des tables disparates, malpropres, s’éparpillaient autour d’un bar crasseux dont la peinture écaillée attestait les longues années de service. Les sièges étaient en harmonie avec le reste : bancals et hétéroclites.
Une fumée acre, issue des divers pipes, cigares et narguilés, opacifiait l’air en se mélangeant à l’odeur aigre de transpirations mêlées. Iala fit le tour de sa projection mentale en observant les détails : sol en terre battue où s’était oublié quelque ivrogne, et dont un coup de balai négligeant n’avait pas éliminé toute trace, craquelures sur les murs, vieilles affiches graveleuses, ardoise affichant le prix des consommations, tableau de « petites annonces » manuscrites dans des langues variées, émaillées de fautes et au contenu parfois inquiétant.

Cet endroit la dégoûtait profondément mais elle se l’était approprié et se sentait capable de le reproduire à la demande. Il restait à le peupler. Ecoeurée par sa propre création Iala préféra faire une pause.

---------------- Le lendemain, vêtue d’une longue cape grise sur une combinaison de voyageuse, le capuchon rabattu cachant à demi son visage, elle s’introduisit à nouveau dans « sa » cantina et finit par y introduire des personnages. Pas de pures inventions - qui seraient trop volatiles - mais des êtres qu’elle avait croisés et qui lui semblaient convenir en ce lieu : certains n’étaient que des souvenirs anonymes, d’autres qu’elle connaissait avaient des noms. Certains buvaient solitaires, d’autres jouaient en faisant grand tapage, d’autres chuchotaient avec des airs de comploteurs. Le barman adipeux surveillait les clients et dosait ses mauvais alcools avec générosité. Elle les observa bien puis elle fit sortir deux clients lambda. Elle «nettoya» soigneusement la table ainsi libérée pour accueillir son maître…

---------------- Iala partit annoncer à Nico Ariès qu’elle était prête à l’emmener à la «Buccaneer’s Cantina”. Elle lui demanda de l’aider, s'il le voulait bien, en maintenant le contact physique qu’il avait déjà utilisé.

Ils plongèrent ensemble dans le monde inquiétant qu'elle avait imaginé…

descriptionLa formation d'une Luxienne EmptyRe: La formation d'une Luxienne

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L’endroit était intéressant à première vue, Nico ne s’imaginait pas une réalisation aussi pittoresque de la part de son élève mais c’était plutôt une bonne surprise. Certes c’était vraiment une cantina en piteux état qu’il trouvait là mais il y en avait quelques unes comme ça encore dans les plus bas fonds de Coronet. Iala avait bien travaillé et s’était sûrement donné du mal pour réaliser cette construction mentale en si peu de temps et par ses propres moyens uniquement. Manifestement elle était douée pour tous ces jeux d’esprits, elle marchait déjà dans les traces de son maître en dépit de son niveau de maîtrise encore assez relatif.

Ils entrèrent dans ce… bouge, c’était le premier mot qui venait à l’esprit du corellien. L’intérieur était bien défraîchi avec ses murs sales et son mobilier n’était pas de première jeunesse non plus. La crasse s’était installée dans tous les coins et les relents de beuverie à la piquette imprégnaient l’espace. Il se retourna vers sa protégée pour lui adresser un léger sourire de satisfaction sur le visage. Non seulement elle s’était employée soigneusement sur son exercice mais en plus Nico était sûr que cela avait du lui coûter de le faire mais elle n’avait pas flanché en cours. Dans le brouhaha ambiant, ils s’installèrent à la table que la jeune femme avait préparée pour eux.

- Je suis assez impressionné je dois dire, surtout par ta rapidité d’apprentissage et la constance de tes efforts. Un lieu aussi repoussant doit certainement te donner envie de partir le plus vite possible et pourtant tu l’as créé de par toi-même et tu y évolues. La réalisation est encore une fois soignée et cette fois-ci en partant de très peu d’éléments connus. Mieux encore tu ne t’es autorisée aucun passe-droit sur les éléments à apporter même si ça entrait totalement dans tout ce que tu détestes. Ce lieu n’a rien de sécurisant pour toi et pourtant tu arrives à t’y projeter, tu gagnes en confiance en toi et c’est une très bonne chose.

Bien entendu, cet exercice n’avait pas pour but de couvrir Iala de compliments pour une réalisation qu’un jeune jedi pourrait faire aussi facilement. Elle progressait mais n’avait pas encore le niveau que l’on observait chez un padawan accompli sur le plan de la maîtrise de la Force et elle n’avait encore aucune expérience du combat ce qu’il faudrait pallier au plus vite par la suite. Elle avait atteint le deuxième niveau d’apprentissage de la suggestion mentale selon les critères du chevalier luxien, il en dénombrait quatre selon sa méthode. L’occasion de la tester sur la prochaine épreuve était trop tentante à ce moment. Autour d’eux, le petit monde de Iala continuait de tourner dans sa frénésie des quartiers chauds.

- Tu contrôles parfaitement tes créations, la phase suivante est de voir si tu peux réagir aux défenses potentielles d’un autre esprit. Je sais qu’il est un peu tôt pour essayer de te pousser à exploiter le plus vite possible ton potentiel sur ce type de pouvoir mais si je ne pensais pas que tu peux y arriver, je ne te le demanderai pas. Je vais faire intervenir des créations de mon esprit dans ce monde que tu as créé, quand on passera à la dernière étape c’est exactement ce à quoi tu seras confrontée mais dans un monde que tu ne contrôles pas toi-même. Pour le moment ce seront seulement des incursions étrangères que tu devras gérer tout en maintenant ce monde que tu as créé.

Cela faisait encore pas mal de choses à assimiler mais c’était en se confrontant à la pratique que Iala progresserait le plus rapidement. La théorie, elle en avait emmagasiné des bibliothèques entières depuis son plus jeune âge ce qui pouvait l’amener à trop réfléchir et dans des moments où elle ne devrait pas cela pourrait causer sa perte. Elle devait apprendre à se laisser guider par la Force et utiliser ses capacités en ce sens, si elle continuait à persévérer sur cette voie, elle maîtriserait rapidement ses pouvoirs mentaux.

Nico se leva de sa place et se dirigea vers le comptoir pour aller leur chercher des boissons. Le tenancier grassouillet commença à sortir les verres après quelques mots de sa part. De son côté, Iala était restée seule dans leur box. Elle avait choisi de porter les vêtements qu’elle avait revêtu avant de monter à bord de l’Aigle de Sang. Le Consul en déduisait qu’elle s’était préparée à l’avance à affronter une épreuve agitée puisqu’il avait identifié ces derniers comme étant sa tenue d’aventurière en quelque sorte. Il était temps d’éprouver son assurance et sa détermination. Alors que leurs regards se croisèrent, la Tétienne entendit la voix de son maître mais ils ne se parlaient pas. Il y avait un lien télépathique entre eux deux qui s’était créé en même temps que leurs liens affectifs et qui leur permettait ce nouveau mode de communication certes encore assez limité. C’était juste quelques mots :

* Tu es prête ? Ça commence.*

Un cri surpassa le tapage permanent ambiant accompagné de bruits de chaises qui tombent et de verres qui se brisent. Une altercation débutait, chose peu rare dans ce genre d’endroit surtout quand ça se propageait depuis une table de jeu bien évidemment.

- J’suis sûr que t’as triché sale rat, tu peux pas nous blouser deux fois de suite avec des combines à deux crédits.

- Ouais, un jawa pas doué serait un meilleur escroc que toi, fils de bantha. Rends nous notre pognon et avec les intérêts.

Deux rodiens s’étaient levés brusquement et avaient renversé les consommations et les cartes qu’ils venaient d’abattre sur leur table. Le troisième larron qui jouait avec eux avait apparemment abusé de leur crédulité mais ça n’avait pas marché longtemps. Dans la minute qui suivait le pauvre petit être volait au travers de la pièce avant de se ramasser sur une table en coin renversant les verres sur les clients assis. Deux escorts twi’leks s’échappèrent en courant voyant la violence arriver jusqu’à elles. Elles accompagnaient manifestement quelqu’un de peu recommandable, une ombre massive se montra à la lumière.

C’était un homme, un humain à la carrure imposante et au visage balafré. Une fois debout Iala put évaluer sa taille autour de deux mètres de haut avec des mains aussi grandes que les pieds de la jeune Tétienne. Ce dernier fit signe à deux brutes trandoshanes de s’occuper des gêneurs qui avaient lancé cette bagarre pendant qu’il lorgnait d’un œil mauvais sur le pauvre squib qui gémissait pour se relever. Il n’en eut pas vraiment le temps, écrasé par la paluche énorme du géant. Saisi par une patte, il repartit dans une nouvelle envolée pour s’écraser sur une nouvelle table au milieu de la cantina. Ses partenaires de jeu n’étaient pas au mieux face aux sbires dépêchés contre eux non plus. Des petites frappes éméchées et de vrais méchants commençaient à être impliquées dans tout cela et l’environnement devenait franchement hostile.

Iala avait de quoi ne plus savoir où donner de la tête, son maître avait lancé une vraie bombe dans son monde. Alors qu’elle pouvait être à tout moment submergée par tout ce qui l’entourait, elle sentit comme une main sur son épaule, de celle qui vous porte vers l’avant dans la difficulté pour vous soutenir. Consciente de ce qui se passait aussi dans la réalité, elle savait que son maître venait de poser sa main gauche sur la sienne pour lui signifier qu’il était présent à ses côtés. Toutefois elle avait conscience que si elle venait à faire appel à lui pour qu’il stabilise son monde, ce serait un échec. Nico lui faisait confiance, elle devait au moins essayer de surmonter ça de par elle-même.

La diplomate fut sortie de son moment de réflexion par un choc devant elle. Le squib venait de s’écraser sur sa table cette fois-ci, crachant son sang, les membres contusionnés et avec des plaies sur tout le corps. Les yeux hagards et humides, il cherchait du regard quelqu’un pour l’aider, il voulait crier au secours mais les sons ne sortaient pas de sa gorge après les prises d’étranglement qu’il venait de subir. Son regard s’arrêta sur Iala implorant pour sa vie. Une masse venait d’arriver à la table de la jeune luxienne, une main s’abattit rapidement sur la desserte voisine puis enfonça dans la bouche du pauvre animal un quignon de pain. De l’autre un large couteau venait de se planter dans la table manquant de peu d’embrocher le squib qui néanmoins venait de se faire entailler le flan. Une voix grave et emplie de vice résonna :

- Mes accompagnatrices ont été effrayées par tout ce remue-ménage. Que dirais-tu de prendre un verre en ma compagnie ma jolie.

Un sourire malfaisant sur le visage, il repoussa Iala au fond de la banquette et commença à l’oppresser de son imposante présence. Il saisit quelques crédits ensanglantés qui venaient de tomber de la poche du squib avant d’ajouter :

- C’est mon ami qui paye.

La luxienne était mal embarquée mais c’était son monde après tout, elle était la maîtresse des lieux alors elle pouvait y imposer sa loi. Encore fallait-il qu’elle s’en souvienne encore en surmontant la peur qui pouvait s’éveiller en elle…

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-------------- Écrasée entre le mur et le sinistre personnage Iala resta muette. La respiration coupée, elle entendait son cœur battre à tout rompre. « Écrasée », oui c’était bien ça, elle était écrasée physiquement et psychologiquement.
La situation échappait totalement à son contrôle et elle était comme tétanisée. Son visage n’exprimait rien, même pas la peur. Elle restait figée, tout simplement.

Ce fut le gémissement du Squib qui sortit Iala de sa prostration. Cela n’avait duré que quelques secondes… Son premier réflexe fut de chercher Nico du regard, mais elle se retint à temps : ce n’était pas lui qui devait la sortir de cette situation puisqu’il l’y avait conduite.

-------------- Les rouages psychiques de Iala se remirent en route.

-------------- Elle se tourna vers l’homme en lui souriant légèrement. Son esprit enregistra la violence de sa pensée et la perversité de ses intentions. Elle fut à nouveau déconcertée : comment son empathie pouvait elle percevoir une pensée qui n’était que virtuelle ? Elle repoussa le questionnement à plus tard.

-------------- « Virtuel » voilà bien le maître mot de la situation. Mais ce monde virtuel, celui de Nico et le sien, se trouvaient libérés et se confrontaient. Il fallait l’affronter dans ce sens : continuer à contrôler la situation comme elle le ferait dans la réalité tout en maîtrisant la partie du monde virtuel qui lui appartenait encore.

-------------- - « Je m’appelle Iala » dit elle doucement en envoyant des ondes d’apaisement dont elle ne savait nullement si elles atteignaient leur objectif. « C’est la première fois que je vous rencontre, n’est ce pas ? Vous n’êtes pas un habitué du Bucaneer’s Cantina.».

Iala affirmait ce qu’elle disait en modelant le monde à l’image de sa parole : ce qu’elle disait devenait réalité.

-------------- - « Je comprends votre agacement. Vous avez dû payer ces escorts twi’leks d’avance et elles n’auraient pas dû vous fausser compagnie. Vous devriez envoyer vos hommes de main à leur recherche. Vous ne craignez rien ici, ils peuvent s’absenter un peu. » Elle accompagna ses dires d’ondes de persuasion, avant de continuer :
-------------- - « Hugo, notre barman va s’occuper du blessé ; cela n’attire pas la clientèle si il y a trop… d’accidents. »

Iala héla le barman qui répondit à la sollicitation avec la plus parfaite normalité.

-------------- - « Hugo, voulez vous bien apporter quelques soins à ce pauvre Squib avant qu’il ne reprenne son chemin. »

Iala s’imposait en maîtresse des lieux, doucement mais sûrement. Et les lieux se conformaient à sa sollicitation.

-------------- - « Voyez vous mon… « protecteur » - elle souligna ce mot de manière à susciter un peu d’inquiétude dans l’esprit de son interlocuteur, tout en y suggérant l’image d’un ponte de la pègre entouré d’inquiétants gardes du corps – apprécie peu que l’un de ses bars attire l’attention de la CorSec . »

Iala fit un geste à destination des clients qui les regardaient - certains semblant prêts à intervenir pour la protéger - signifiant que tout rentrait dans l’ordre. Miraculeusement les antagonistes disparurent et les clients reprirent leurs activités.

Iala fit un signe à Hugo qui avait repris sa place derrière le comptoir.
-------------- - « C’est moi qui offre un verre à ce monsieur. Elle cligna de l’œil à Hugo avant d’ajouter en fausse sourdine. « Hematt n’est pas obligé de l’apprendre ! »

Iala leva son verre et chuchota à l’oreille du triste individu :

-------------- - « Vos hommes ont dû retrouver vos twi’leks, il serait plus prudent pour votre sécurité que vous quittiez notre établissement ». Elle sonda l’homme dans l’esprit duquel apparaissait clairement la crainte.

L'homme sortit précipitamment.

************************************

-------------- Iala resta sur sa banquette, souriant un peu narquoisement, ce qui n’était pas son habitude, assez fière de sa petite supercherie. Elle décida d’attendre Nico sans le solliciter et ne le chercha pas des yeux, ce dont elle mourait d’envie cependant.

Puis elle se focalisa sur les questions qu’engendrait cette expérience. Elle se demandait comment cette plongée dans le conscient d’une personne virtuelle était possible, et d’abord, était ce possible ou était-ce une illusion créée par son maître ?

Cet exercice était censé lui enseigner la maîtrise de la Force par l'esprit et, au final, Iala se posait davantage de questions maintenant. A quel moment Nico avait-il « lâché » son personnage ? Elle était certaine que c’était le cas, il aurait pu la contrer sans difficulté si il l’avait souhaité. Elle conclut que les dés étaient pipés, soigneusement pipés. Il allait falloir que son maître la guide pour qu'elle trouve son chemin dans ce labyrinthe d'où surgissaient toujours de nouveaux chemins possibles.

Iala abandonna sa petite bravade et son regard parcourut la salle à la recherche de Nico.

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Nico s’amusait du choix de résolution du conflit effectué par sa protégée. Elle avait plus de chances de réussite d’éviter la confrontation en choisissant une méthode détournée, le genre de choix pour lequel elle avait opté à bon escient. Ce qui était plutôt drôle c’était le scénario qu’elle s’était imaginé, endosser le rôle d’une jeune femme proche d’un seigneur du crime. Certes elle se fondait plus facilement dans la masse avec sa tenue de voyage mais elle n’avait peut-être pas encore la crédibilité pour endosser ce genre de personnalité de façade. Cela n’aurait sûrement pas été assez convaincant pour leurrer un vrai dur mais elle avait eu le cran de tenter ce coup et ça il ne pouvait pas lui retirer.

Le Luxien quitta son tabouret au comptoir pour rejoindre son apprentie à sa table, deux boissons à la main. Il s’assit face à elle et déposa une pinte et un grande tasse devant Iala. Inexpressif, il entreprit le bilan de l’expérience qui venait de se passer afin aussi de recueillir les impressions de la jeune femme qui n’avait pas eu beaucoup d’occasions de parler de tout ce qu’elle assimilait depuis quelques semaines :

- Je constate que tu as autant l’air contente de ton petit tour que surprise par son résultat. C’était osé, téméraire même. Il y a une différence entre savoir et pouvoir faire les choses et j’aimerai que tu ne l’oublies jamais. L’esprit d’une personne peut ressembler à tout et n’importe quoi dans sa représentation virtuelle, il est unique comme chaque être vivant mais même si un esprit est manipulable, il y a certaines limites à ce qu’il peut accepter et il ne faut jamais que tu les rencontres quand tu utilises tes pouvoirs.

Il baissa sur la table ses yeux qu’il tenait toujours droit dans ceux de la diplomate quand il lui parlait. Il poussa les deux consommations vers Iala avant de continuer :

- Tu peux jouer la taulière du crime, la petite orpheline éplorée, la princesse d’une planète lambda, une grande scientifique, une romancière à succès, une actrice d’holofilms… tout ce que tu veux mais il faut que tu sois crédible avant tout. Regarde ces deux verres, quand je te regardais faire ton petit numéro de caïd en brassant du vent tout à l’heure, lequel des deux tu crois qu’il t’aurait payé quel verre ce colosse ? La pinte de bière ou le chocolat chaud ?

Il était dur avec elle mais c’était réaliste comme approche si elle voulait survivre dans un premier temps puis s’épanouir dans la mer de requins dans laquelle elle avait plongé tête la première. Le temps qu’ils avaient était assez relatif, il ne pourrait prendre six mois pour ne se consacrer exclusivement qu’à la formation de Iala, il avait des responsabilités et sa place était sur le terrain.

- Bon, je t’annonce que cette épreuve est un succès puisqu’elle ne consistait qu’en l’ultime test de ta capacité à contrôler tes créations. Tu as eu à composer avec des attaques extérieures et tu t’en es bien tirée sur la forme, le reste viendra avec l’expérience aussi. Toutefois je dois te prévenir qu’à ce niveau tu ne franchiras pas la dernière marche qui t’attend et ton pouvoir sera complètement inutile en situation réelle tant que tu ne l’auras pas atteinte.

La première personne à persuader quand tu suggères quelque chose, c’est toi ! Si tu n’es toi-même pas convaincue par ton jeu et instruite des subtilités qu’il implique alors dis-toi que tu vas droit dans le mur. La différence une fois dans le vrai monde c’est que les conséquences de ce petit jeu dans lequel tu t’es amusée peuvent aller jusqu’à te coûter non seulement ta vie mais aussi celle de tes compagnons et de tes proches.


Nico venait d’appliquer encore une pression supplémentaire sur les épaules de Iala en terme d’attentes. Il était plus qu’exigeant pour une novice à ce stade et elle pourrait le détester pour ce comportement quelque peu injuste mais il faisait ça pour son bien selon ses critères. La pensée qu’il devrait annoncer à ses parents sa disparition à la première mission venue pouvait être son pire cauchemar de maître et il ne laisserait jamais une telle situation se réaliser. Néanmoins, il ne pourrait peut-être pas être partout donc elle devrait pouvoir employer quelques moyens pour survivre et gagner du temps dans ce but en attendant que le corellien puisse la secourir le cas échéant.

- Prochaine et dernière étape dans une semaine, ton but sera simple : essayer de me suggérer en me donnant l’impression que l’idée vient de moi de réaliser une chose que toi tu souhaites. Si tu réussis cette dernière épreuve, tu auras toutes les armes théoriques pour utiliser la persuasion de Force et tu n’auras plus qu’à les utiliser en situation réelle pour parfaire ta maîtrise au fil du temps.

Les règles du jeu seront les suivantes : je suis un haut fonctionnaire impérial en poste sur Yag’Dhul, qui n’est pas disposé à faire ce que tu as envie et tu dois m’inciter à le faire sans que je m’en aperçoive au possible. Le personnage que tu interprètes et ton but sont à ton libre choix. Que tu t’inventes une Maison Iédastré de la planète Caladan ou une histoire de sombre personnage de l’underground m’importe peu, tout comme le but que tu te seras fixé avec ce rôle. Moi je peux tout t’obtenir avec ma fonction simulée et je ne jugerai que les moyens que tu auras employés sur leur crédibilité plus que leur inventivité de base.


Comme à son habitude maintenant, Nico quitterait la projection mentale de Iala dès la fin de cette discussion sauf si elle avait des questions à lui poser maintenant. De même il ne la laisserait pas sur une totale impression de manque de reconnaissance de ses efforts en concluant son intervention par son verdict d’aujourd’hui :

- Tu es encore inapte au terrain pour utiliser tes pouvoirs en situation dangereuse mais tu progresses alors persévère, maintiens tes efforts et tu en verras très bientôt les fruits.

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-------------- Iala resta silencieuse quelques instants. C’était sa méthode lors de tous ses entretiens, le temps de mémoriser les points qui ouvraient débat, de les catégoriser en fonction d’un ordre logique de réponse mais aussi de priorité.

Pendant que son esprit effectuait cet exercice auquel elle était parfaitement rompue, un autre niveau de conscience observait les réactions de Nico qui semblait attendre patiemment. Elle commença par le plus léger, qui n’ouvrirait pas débat, à priori.

-------------- – « Vous devez me trouver lente, maître, mais je ne souhaite éluder aucune des remarques que vous m’avez faites. »

-------------- – « Vous évoquez la crédibilité de mon personnage virtuel. Croyez bien que je me suis mise en situation, Maître. Je précise, pour votre information, que les femmes de la Haute société tétienne reçoivent une éducation sexuelle soignée. La mienne reste toute théorique mais j’imagine assez bien qu’un ponte de la criminalité puisse trouver exotique et très excitant d’avoir une maîtresse qui me ressemble. Mais vous avez raison : elle n’aurait rien à faire seule dans ce lieu sinistre, si ce n’est vouloir se dévoyer. »

-------------- – « Revenons à ma prochaine épreuve. Elle implique de m’éclairer sur la question essentielle que je me pose. Lorsque nous pratiquons ces exercices, je suis confrontée à des personnages virtuels. Je « manipule » donc des entités que vous dirigez et non des personnes réelles avec leur passé, leurs vérités, leurs blocages, leur cénesthésie. Toutes choses qui seront des freins lorsque je serais en situation réelle. Je sais de quoi je parle : j’ai manipulé plus ou moins volontairement, ni vraiment consciemment bien des esprits depuis… longtemps. Ma mère et mon précepteur m’ont aidé à me frayer un chemin pour rester fidèle à une étique et canaliser la Force. Mais ils n’étaient pas toujours à mes côtés pour vérifier si j’utilisais convenablement les clés qui m’étaient données... et je me suis souvent conduite de façon instinctive, je l’avoue. »

-------------- – « Alors cette prochaine épreuve est encore un leurre, comme précédemment. Vous manipulerez un personnage virtuel que vous me demandez de manipuler à mon tour. Vous êtes largement plus fort que je ne le suis, donc, si vous le souhaitez, je n’aboutirais jamais. Si j’ai bien compris, je ne « remporterais » l’épreuve que lorsque vous « lâcherez » votre création. Quelle valeur a ce test ? Comment comparer la résistance réelle d’une personne par rapport à une projection mentale ? »

-------------- Iala s’en voulait d’avoir l’air de mettre en doute les épreuves qu’elle passait. Mais ne pas soulever la question lui semblait encore plus dommageable. Elle se força à regarder Nico Ariès droit dans les yeux, redoutant qu’il la juge arrogante et suspicieuse. Elle voulait s’assurer, au contraire, que Nico ne la préservait pas, en facilitant ses épreuves. Mais le comprendrait-il ainsi ?


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-------------- Iala hésita un peu avant de saisir la chope de bière. Elle la but délicatement en souriant un peu timidement. " ça ce n'est pas une épreuve, plutôt une récompense" pensa t-elle en regardant Nico, face au chocolat qui refroidissait doucement.

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Nico souriait franchement devant la réaction de sa protégée, il essayait de garder son sérieux mais c’était difficile même pour lui. Il tendit une serviette en papier à la jeune femme qui venait de boire une gorgée de bière tout en essayant de ne pas avoir l’air trop moqueur mais de temps en temps c’était une bonne chose de rire des choses futiles aussi.

- J’ai toujours voulu devenir le maître d’un petit moustachu et je dois avouer que ça renforce bien le caractère exotique de votre charme mademoiselle. Peut-être qu’un baron du Soleil Noir pourrait s’enticher d’une femme à barbe en y repensant de plus près…

Un reliquat de mousse du breuvage ambré s’était invité sous le nez de Iala, ce qui n’avait pas échappé au Luxien et il en avait tout de suite tiré profit pour s'en amuser. Cela faisait aussi partie de l’entraînement que de sympathiser et développer une certaine complicité avec son partenaire au vu de leurs affinités respectives avec la Force. L’importance de leurs liens renforcerait certains de leurs pouvoirs alors c’était une donnée à ne pas négliger. Il reprit son sérieux pour répondre concrètement aux questions de la Tétienne.

- Sans continuer dans la plaisanterie, je n’ai rien à reprocher au rôle que tu t’étais choisi, tu es plus que crédible en maîtresse d’un seigneur du crime en matière d’apparence physique comme l’attestent les nombreux regards que tu suscites de la part des hommes qui te croisent. Du moins j’espère que c’est pour toi sinon je vais me sentir suspect ou terriblement mal à l’aise… C’est dans les manières de ton personnage que se trouvaient les failles, pas dans ton art des relations homme/femme ou ta beauté naturelle.

Un seigneur du crime aime les jeunes et splendides demoiselles dans ton genre, c’est un fait et j’en conviens. Néanmoins ils n’apprécient pas trop d’intelligence et de capacité de manipulation apparente de la part de leurs courtisanes car ce serait signe qu’elles peuvent profiter d’eux. Pour être plus crédible, soit tu aurais du jouer l’idiote naïve qui doit refuser l’invitation tout en étant désolé mais déjà prise par un gros poisson, soit garder ton attitude supérieure mais dans ce cas faire appel à un tiers genre gros bras armé pour signifier au gêneur qu’il était de trop et que tu étais chasse gardée.

A partir du moment où tu choisis de développer le contact, tu dois être la moins imposante possible dans ce genre d’interprétation. Au risque de te choquer, un parrain du crime organisé choisit sa maîtresse pour être un faire-valoir dans les soirées où il se montre et/ou pour assouvir ses désirs charnels. Là tu jouais plus comme si tu étais carrément son bras droit et dans ce cas il faut avoir un peu plus que quelques mots pour intimider une grosse brute.


C’était la première fois que Nico venait à discuter vraiment du côté obscur de la société avec Iala. Il l’avait prise sous son aile dans le cadre de l’Ordre Luxien, pas vraiment pour les intérêts de la Guilde à l’origine. Elle se retrouvait quelque peu plongée dans cet univers malgré elle sans doute et il s’en voulait un peu au fond si une telle expérience venait à corrompre un esprit si prometteur. Il n’avait jamais recueilli les impressions de la jeune femme à ce sujet et se demandait comment elle abordait cette nouvelle vie hors-la-loi mentalement. Il se promit qu’il consacrerait du temps plus tard pour une telle discussion mais pas sur le temps d’entraînement…

- En ce qui concerne ton entraînement, dis-toi que nous faisons évoluer tes pouvoirs avec le plus d’attention possible pour le moment. Les personnages que tu as créé ou rencontré depuis le début de ton apprentissage de la maîtrise de ces pouvoirs sont des produits de toutes les défenses mentales que tu penses ne pas avoir affaire. Ces projections sont les réticences de l’esprit visé que tu dois contourner ou retourner pour arriver à tes fins. Tu as appris à manipuler tes propres créations pour pouvoir adapter tes suggestions à chaque cas, tu as commencé à devoir réagir à des éléments extérieurs et là tu arrives à la dernière étape qui est la vraie forme et tout l’intérêt du pouvoir.

La réalisation du pouvoir se conclue en quelques secondes en temps réel même si tu as l’impression que ton approche suggestive au travers des défenses mentales du sujet dure de longues minutes. D’extérieur je ne verrais que la réussite ou l’échec sans pouvoir t’aiguiller sur tes erreurs le cas échéant, c’est pour ça que je dois être le sujet de tes premières expériences d’utilisation de tes pouvoirs de suggestion. J’ai bien plus d’expérience dans ce domaine que la plupart des manipulateurs de la Force que tu pourrais rencontrer et j’espère pour toi que tu n’en auras pas d’hostiles en face alors j’ai une assez bonne échelle de niveau de ce que tu es capable de réaliser quand tu le testes sur ma personne même si tu n’y arrives pas au final concrètement.

Aujourd’hui je t’ai un peu facilité la tâche mais ce n’était pas exactement le but de l’exercice du jour que de te juger sur ces critères finaux. Tu aurais échoué sinon et je t’en ai expliqué les raisons. On apprend souvent plus de ses erreurs que de ses succès et ça c’est une leçon que tu auras apprise aussi aujourd’hui j’en suis sûr.


La discussion avait été constructive, du moins le Luxien l’espérait. Regardant avec désintérêt le chocolat tiède qui était resté devant lui, il profita du passage d’une serveuse pour échanger la tasse avec une choppe de bière sur son plateau. Il ne pouvait décemment pas trinquer avec son apprentie avec une boisson qu’il appréciait aussi peu… Puis il avala une gorgée de la pinte avant d’ajouter en parcourant la pièce du regard:

- Finalement elle n’est pas si mal cette cantina, pas un lieu de méditation mais tu pourras y relâcher la pression ma foi !

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HRP : désolée pour la longueur excessive de ce post. Il se compose de trois parties dont les deux premières n'appellent pas de réponse : ceci explique que je les poste simultanément. Mes excuses auprès des éventuels lecteurs

Suggestion mentale II (fin)


-------------- On pouvait penser que Iala était totalement dépourvue du sens de l’humour. La rigueur qu’elle s’imposait depuis toujours était probablement à l’origine de cette carence. Là, la lèvre auréolée de mousse de bière, le regard gentiment moqueur de Nico posé sur elle, Iala se surpris à éprouver un sentiment confus, mélange d’amusement et d’autodérision, sensation inhabituelle que l’alcool devait favoriser.

Iala sourit à son maître.

Paradoxalement, les critiques de Nico l’avaient rassurée. Il étudiait ses capacités avec acuité, lui montrait les limites et les dangers de ce qu’elle pensait maîtriser correctement et lui indiquait les chemins à emprunter. Sa compréhension mêlée d’intransigeance répondait aux attentes de Iala.

Elle avait réalisé que Nico Ariès était très exactement le maître qu’il lui fallait : leurs pouvoirs de Force étaient proches, leurs caractères et leurs valeurs morales compatibles. Nico avait pu se rendre disponible lorsque Karaffa avait contacté l’Ordre Luxien à la recherche d’un nouveau maître pour sa fille : ces circonstances étrangement providentielles et hautement improbables auraient-elles été engendrées par le destin ou par la Force ? Iala remis la question à plus tard.

Elle ne savait comment exprimer sa reconnaissance. Elle fit un geste pour toucher la main de Nico mais s’interrompit pour ne pas offenser son maître par ce geste trop familier.

Elle se contenta de sourire, de nouveau, et d’abaisser toutes ses barrières mentales pour que Nico Ariès puisse sentir son infinie gratitude.
Abandonnant ainsi son monde virtuel, il s’effaça immédiatement, et Maître et élève se retrouvèrent dans la cour intérieure de la demeure où Nico semblait avoir ses habitudes.

Socorro – L’entraînement.

-------------- Nico et Iala étaient face à face, assis en tailleurs sur le sol sablonneux d’une petite cour intérieure, entourée par les murs bas d’une demeure de plain-pied. C’était cet endroit que Nico choisissait le plus souvent pour la faire travailler. A l’abri des regards, protégés par une tonnelle sur laquelle courrait une plante étrange dont on pouvait se demander comment elle résistait aux températures élevées et à la sécheresse apparente. Ce lieu silencieux et discret convenait à leurs exercices et à la méditation.
Les tempêtes de sable et de cendre donnaient à cette maison située à l’extrême périphérie de Vakiyya, comme à l’ensemble du paysage de Socorro, une couleur invariablement ocre gris.

Dire que Iala se plaisait sur ce monde torride et poussiéreux aurait été exagéré, mais elle était avec son maître et le reste importait peu.

- « Permettez que je me retire pour méditer ce que vous venez de m’enseigner et me préparer à l’exercice que vous me demandez. Je sais que vous me souhaitez plus réactive, je vais donc m’appliquer à ne pas vous décevoir ».

Iala regagna sa chambre cellule avec soulagement : la température y était légèrement plus fraîche et la poussière avait dû battre en retraite - provisoirement - devant un nettoyage intensif. Elle repris sa position de méditation dans des conditions qui lui semblaient plus propices.

-------------- Iala passa une semaine éprouvante. Les exercices physiques imposés par son maître étaient rendus difficiles par une chaleur accablante à laquelle elle n’était pas accoutumée.

Parallèlement, Nico la formait intensivement à la manipulation et au tir au blaster, ce qui ne la passionnait que très modérément. Et, cerise sur le gâteau, l’utilisation de la douche se limitait à dix litres d’eau quotidiennement ! Tout bien considéré, sa préparation à la suggestion mentale ultime devenait son travail le plus agréable de la journée…


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A l'issue de sa préparation, Iala débuta son exercice en présence de son maître...

Suggestion mentale III


-------------- Iala fut introduite chez Hemak Boiler par une secrétaire à l’aspect banal. Le vaste bureau s’ornait d’holo-tableaux de paysages marins. Sur l’un d’eux, un Hemak Boiler, jeune et svelte, exhibait fièrement sa pêche : un animal aquatique de bonne taille.

Le haut fonctionnaire à la cinquantaine chauve, largement bedonnant, reçut Iala avec un protocole minimaliste. La visite de la représentante du Consortium Minier était prévue sur son agenda, mais, visiblement, il jugeait cette incursion importune et n’entendait y consacrer que le minimum de temps et d’efforts.

A l’invite, Iala s’assit face à l’homme. Elle le sonda superficiellement pour évaluer son état psychologique. Le corps ressemblait à l’esprit : blasé, suffisant et insatisfait.

D’une voix douce et modulée Iala prononça les préambules d’usage. Elle fixait le quinquagénaire, droit dans les yeux, avec une apparente franchise. Simultanément, tout en douceur, elle lui suggérait des images de paysages marins, des bruits lointains de sac et de ressac, des odeurs subtilement iodées…. Elle n’imposait rien, elle sollicitait simplement son subconscient, le laissant puiser dans ses propres souvenirs grâce à cette légère sollicitation.

L’homme se détendait visiblement mais il ne fallait pas permettre à son esprit de s’évader, juste l’apaiser un peu pour le rendre plus réceptif.

Avant d’aborder le sujet de sa visite Iala se concentra très brièvement et projeta le concept qu’elle avait soigneusement élaboré et qui devait s’implanter dans l’esprit de l’homme comme une réalité évidente. « De bonnes relations avec le Consortium Minier sont ESSENTIELLES à l’Empire pour des raisons d’approvisionnement commercial. SATISFAIRE son envoyée me vaudra la considération de mes supérieurs ».

Iala avait choisi cette approche car elle imaginait qu’un haut fonctionnaire en poste à Yag’Dhul ne pouvait qu’aspirer à de plus hautes fonctions dans un environnement plus clément que cette planète terriblement hostile. Lui donner l’occasion de se distinguer auprès de ses supérieurs ne pouvait qu’être conforme à ses espoirs.

Iala avait le regard plongé dans celui de Hemak Boiler. Le flux de Force accompagnant la persuasion qu’elle avait projetée semblait avoir atteint son objectif.

D’une voix aux modulations hypnogènes elle demanda :
- « Pourriez vous me communiquer les coordonnées de la planète qui approvisionne les usines de Yag’Dhul en sergynium ? »

- « Cette information est confidentielle ». refusa t-il automatiquement

Iala maintenait fermement le lien entre sa pensée et celle de l’homme. Ayant assuré son emprise mentale, elle ajouta une nouvelle incitation qu’Hemak devait considérer comme étant le fruit de sa propre réflexion.

- « l’Empire et le Consortium Minier entretiennent d’excellentes relations… si ce n’est pas moi qui donne l’information, elle sera transmise de toutes façons. Autant satisfaire cette envoyée et m’assurer ses louanges auprès de ma hiérarchie».

Iala maintenait la pression psychique avec constance et fluidité. L’homme tapota sur son ordinateur et lui transmis les coordonnées et le nom de la planète avant de refermer l’application.

Le ton de Iala garda ses intonations hypnotiques :

- « Je vous suis infiniment reconnaissante… Maintenant vous allez oublier cette conversation… elle n’a jamais eu lieu. ». Elle brisa la pression qu’elle avait maintenue dans l’esprit du haut fonctionnaire et poursuivit d’un ton normal :
- « Je suis désolée que vous ne soyez pas intéressé par ma proposition de carbonite et je regrette de vous avoir fait perdre votre temps. » Elle prit congé avec naturel.

Au moment où elle franchissait le seuil du bureau, la jeune femme surprit la pensée de Hemak Boiler, vaguement conscient que quelque chose venait de lui échapper : « Il faut que je mange plus légèrement avant mes rendez-vous, j’ai une tendance à m’assoupir ! ».

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L’exercice s’était plutôt bien déroulé. Iala avait su appuyer sur des points-clés pour parvenir à ses fins et obtenir ce qu’elle voulait. Certes elle était confortée dans un rôle naturel pour elle mais son niveau de maîtrise de la persuasion de Force était très convenable maintenant. Il lui faudrait plus de pratique et toujours autant de rigueur pour continuer à progresser et augmenter les effets de ce pouvoir quand elle l’utiliserait mais elle était sur la bonne voie. Alors qu’ils sortaient de la méditation appliquée durant laquelle ils s’étaient employés à l’exercice, il n’eut que peu de choses à lui dire :

- Beau travail, je pense que tu es prête pour utiliser ce pouvoir sur le terrain sans trop de risques. Tu as bien développé ton pouvoir de suggestion et d’empathie ces derniers mois, je suis fier de toi mais ne te repose pas trop sur tes capacités dans tous les sens du terme. Si un jour tu te satisfais de tes connaissances alors tu trouveras un nouveau but bien plus sombre pour remplacer ce qui fait de toi une luxienne et tu ne seras plus que l’ombre de toi-même. De même, trop compter sur ses pouvoirs peut amener à sa propre perte alors utilise les à bon escient. Relativise tes victoires, apprend de tes défaites et tu resteras sur le bon et long chemin.

Prends un peu de repos, tu l’as bien mérité.


Socorro, J+1, peu avant 5h00.

C’est dans l’effort et le dépassement de soi que grandit la force d’un individu.

L’aube pointait à peine sur la petite maison blanche de Vakiyya qu’occupaient Iala et son maître quand on tambourina à la porte de la chambre de la jeune femme. Elle reconnut tout de suite la voix qui l’interpella :

- Prends des vêtements appropriés pour sortir en dehors de ces murs et rejoins-moi dans vingt minutes à la porte nord de la ville. On part en promenade…

Décidément le repos avait été de courte durée, les journées ne comptaient que vingt heures sur cette planète alors il fallait profiter de chaque instant de répit avant que le Soleil ne tape trop fort au milieu de la journée. Nico discutait tranquillement avec les gardes de la porte nord en attendant sa protégée, la vie ici était tellement particulière mais même les conditions climatiques extrêmes ne venaient pas à bout de la solidarité et du respect du peuple du désert anthracite. Il avait revêtu un chapeau à larges bords assorti d’un bandana noir autour du cou par-dessus ses vêtements habituels encore qu’il s’était débarrassé de ses éléments d’armure encombrants. Voyant Iala arriver, il prit son sac sur l’épaule avant de lui expliquer rapidement la situation :

- Il va bientôt faire complètement jour et nous avons une mission importante à remplir dans les collines avoisinantes alors autant ne pas traîner pendant que la chaleur est la plus supportable. Je me suis proposé pour apporter les présents d’amitiés traditionnels aux clans les plus proches, la vie ici est dure et les marques de respect régulières sont très importantes pour la cohésion du peuple. Etant donné que tu es une brillante diplomate j’ai pensé que tu apprécierais de venir avec moi pour ce genre de rencontre donc je te confie le sac des présents, prends-en bien soin surtout. En route.

Un des gardes fut surpris à entendre l’annonce imminente du départ :

- Vous n’attendez pas le speeder ? Vous n’allez quand même pas partir comme ça, faire cette tournée vous prendrait…

Nico se retourna et lui sourit en finissant sa phrase:

- …trois jours je sais, mais on a du temps à tuer alors je vais faire une patrouille plus poussée et ça permettra à mon élève de visiter le coin…

Iala put tout juste entendre les gardes la plaindre à voix basse alors que Nico s’était déjà lancé sur le chemin et commençait à s’éloigner à grands pas de la ville.

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Les premières heures furent longues et fastidieuses à cause de la chaleur ambiante mais aussi de la sacoche d’environ dix kilos que Nico avait gentiment imposé à la Tétienne. Par chance le chemin était assez plat et pas trop abîmé jusqu’ici, ce qui avait permis de garder un rythme assez régulier tout en marquant quelques pauses pour faire reposer les organismes fortement sollicités. Les provisions en eau étaient larges mais diminuaient à vue d’œil tout de même sous ce soleil de plomb.

L’heure du déjeuner approchait, le soleil était presque à son zénith, il était 10h à peu près. Nico repéra l’endroit qu’il avait prévu pour manger, une petite grotte à flanc de mesa idéale pour trouver l’ombre permettant de se reposer et de se restaurer dans les meilleures conditions. Seulement l’accès n’était pas si évident et même si ils avaient tenu le rythme prévu, Iala ne pourrait peut-être pas le suivre encore longtemps. Arrivé au pied du canyon d’environ 500 mètres de dénivelé, Nico reprit le sac de Iala pour éviter qu’il ne lui arrive rien de fâcheux plus que pour l’aider à première vue.

- La grotte où nous allons nous poser deux heures se situe à environ 300 mètres au dessus de nos têtes, nous n’avons plus qu’à grimper en passant par les larges corniches que tu vois sur les flancs. Suis le chemin balisé par les flèches rouges dans la roche et tu n’auras pas de problèmes. Ne traîne pas trop, à 12h nous repartirons alors si tu comptes manger et te reposer un peu…

Le luxien sauta d’un bond sur une corniche située à près de dix mètres au dessus du sol avant de voir le désarroi dans le regard de sa protégée.

- Je vois… tu ne sais pas utiliser la Force pour sauter c’est ça ? C’est tellement simple que tu vas y arriver très vite. La Force sert d’amplificateur pour tes capacités physiques quand tu l’utilises de cette manière, un peu aussi comme quand j’utilise la vitesse de Force par exemple…

Tu as des capacités physiques vraiment faibles ceci étant mais si tu utilises ta maîtrise de la Force tu devrais être capable de faire de petits bonds d’un mètre à peu près à ton niveau je pense. Tu devrais réussir à parcourir le chemin en une petite heure environ, c’est assez long mais on ne peut pas trop en demander avec une musculature aussi peu développée alors va à ton rythme surtout.

Je pars t’attendre devant, je crois que Madame Holson a fait un super ragoût et qu’elle nous en a fait cadeau dans mon sac, ce serait bête de ne pas pouvoir en profiter tu ne crois pas ?


Il était exigeant et dur depuis le début de la journée, il lui avait fait porter une lourde charge pendant cette randonnée sous un soleil de plomb et maintenant il osait se moquer d’elle et la menacer de la priver de repas et de repos si elle ne suivait pas le rythme… Ses motivations ne restèrent pas longtemps inconnues au-delà d’une potentielle méchanceté gratuite :

- Nous sommes en guerre et l’Ordre Luxien est une armée aussi. Montre-moi que tu es capable de servir l’Ordre avec tout ce que tu as et tu pourras espérer devenir mon égal et même plus, petit soldat de la Force. Courage !

Puis il reprit son ascension personnelle, laissant seule derrière Iala avec sa gourde d’eau et le minimum de matériel d’escalade qu’elle avait prévu elle-même pour ce genre de situation. Elle devrait faire sans aide cette fois même si son maître n’était jamais très loin pour prévenir d’un danger trop grand pour elle mais il ne restait pas à ses côtés pour la soutenir. Cette épreuve était bien plus difficile que tous les exercices qu’ils avaient déjà fait, la douleur et la fatigue étaient bien réelles maintenant !

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-------------- Lorsque Nico lui enjoignit de se préparer pour une promenade, sans en préciser davantage, Iala comprit immédiatement qu’ils allaient devoir affronter la chaleur et la poussière omniprésentes sur cette terrible planète.
Par souci de simplicité, elle avait réduit sa garde robe au strict nécessaire mais elle s’était procuré une combinaison, d’un tissu léger, adapté au climat de la planète Elle décida de s’en vêtir et emporta la longue bande de tissu, identique à celles que les autochtones avaient coutume de porter pour se protéger du vent et de la poussière.

Il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre son maître à la porte nord. Dès que Nico refusa le speeder après lui avoir confié le sac, elle envisagea la suite ! Elle enroula le tissu autour de sa tête en ne laissant qu’une fente pour les yeux et endossa le sac. Elle déglutit en entendant que la « promenade » allait durer trois jours. La confiance de Iala en Nico était sans limite : « s’il me le demande, c’est que je peux le faire… je ne le décevrais pas ».


Socorro - "terre brûlée" - Découverte

-------------- Iala suivait le rythme imposé par Nico en faisant abstraction de tout ce qui n’était pas « avancer, respirer, avancer… ». Le sac lui semblait de plus en plus lourd et les sangles lui sciaient les épaules. Elle se concentra en utilisant la Force pour « oublier » la douleur et y parvint partiellement. La transpiration inondait son visage et lui piquait les yeux. Son corps entier n’était plus qu’une loque mouillée. « avancer, respirer, avancer… ».

La Force - mais était-ce Elle ou simplement sa volonté concentrée - avait envahi son corps. Son cœur, sa respiration, ses mouvements, tout fonctionnait en cadence. Iala se rendait bien compte qu’à chaque battement de cœur, à chaque pas, elle brûlait de son énergie et que ce ne serait pas éternel, mais elle tiendrait, il le fallait.


Le maître précédait l’élève et ne semblait pas particulièrement affecté par la température qui ne cessait de monter malgré les nuages de cendre que promenaient des vents capricieux, et qui obscurcissaient parfois totalement le ciel rougeâtre. Heureusement, la présence de nombreuses cendres volcaniques dans les couches supérieures de l'atmosphère, les protégeait des rayonnements directs.

Ils progressaient au milieu d’un paysage désolé : falaises érodées, plateaux désertiques, collines calcinées. Leur parcours sinuait dans des vallées étroites, creusées par d’anciennes rivières ou par des coulées de laves. Des volcans bas émettaient des panaches de fumées ou de cendres, et le sol de sable noir, jonché de scories, témoignaient de l’activité volcanique omniprésente sur Socorro.

Alors que Iala ne regardait guère que le sol, Nico admirait l’environnement sauvage. Les marcheurs n’échangeaient pas un mot, pas une pensée, et ce silence convenait à l’élève qui se concentrait sur sa progression.

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Saut de Force- Iala réapprend ses bases !


-------------- Nico fit une nouvelle halte et Iala leva le nez pour découvrir une haute falaise.

L’élève grimaça lorsque le maître lui enjoignit d’utiliser les sauts de Force pour réduire la durée du trajet sur le chemin balisé. Iala avait pratiqué ça dans ses jeunes années, plus comme un exercice de style que comme une compétence utile. Familière des applications mentales de la Force, elle avait délaissé le saut de Force depuis… depuis… elle ne savait même plus !

Elle se concentra et projeta mentalement son image à quelques mètres d’elle. Elle ne bougea pas. Nico n’avait même pas dû se rendre compte de son échec absolu. A la troisième tentative elle conclut que la méthode ne convenait pas.

Elle laissa la Force envahir son corps plus longuement, abstraire sa fatigue, sa douleur. Elle se focalisa sur le point d’arrivée à 2 mètres environ. Elle donna une impulsion sèche, atterrit brutalement à l’endroit désiré et tomba au sol en s’écorchant les mains et se tordant une cheville, malgré ses bonnes chaussures de marche. Nico était loin devant maintenant, et Iala espéra, sans vraiment s’illusionner, qu’il n’avait rien vu.

Elle enchaîna les sauts, améliorant progressivement sa rapidité de concentration, la puissance des impulsions, la maîtrise des arrivées, la longueur des sauts… elle en oubliait presque la chaleur, les brûlures provoquées par les sangles du sac, les contusions des « arrivées » mal contrôlées. N’ayant pas le moindre outil d’escalade, elle utilisa le saut de Force, mais, parfois, dût en venir à la varappe à mains nues.


-------------- Iala avait renoncé à nettoyer ses plaies pour économiser l’eau. Combinaison déchirée, genoux et mains écorchés, des contusions douloureuses disséminées sur tout le corps, elle finit par rejoindre Nico. Elle devait présenter un spectacle lamentable mais elle s’en moquait : elle avait réussi cette partie de l’épreuve, sans panache soit, mais réussi quand même.

Pause déjeuner - Intoxication alimentaire au menu ?

-------------- Nico n’avait pas attendu pour commencer à manger. Il semblait se délecter du ragoût de Madame Holson. Iala regarda avec méfiance la part qu’il lui avait préparée : une intoxication alimentaire était tout à fait possible en raison des conditions de conservation de la viande à l’intérieur du sac . « Il ne manquerait plus que ça ! J’ai déjà l’air d’une loque, mais me transformer en loque atteinte de vomissements et de diarrhées serait la déchéance absolue… autant mourir de faim que d’intoxication ET de honte. Par politesse, elle avala deux bouchées à contrecœur, grignota une sorte de biscuit épais et bourratif, avala goulûment l’eau de sa gourde.
Le maître proposa à son élève de prendre un peu de repos à l’abri de la grotte. Iala refusa : elle craignait trop de ne pas pouvoir repartir. « Je préfèrerais continuer pendant que je suis chaude… » Elle bafouilla « …enfin que mes muscles et mes articulations sont chauds » . Elle attendait la réponse de Nico puis ajouta « Le temps gagné sur cette pause nous permettra une nuit plus réparatrice. D'ailleurs, ce soir, j’aurais beaucoup de questions à vous poser, Maître… si vous le voulez bien. »

HRP :
Spoiler :

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L’ascension avait été plus rapide que prévue finalement, dans les temps annoncés mais il n’y croyait pas vraiment. Couverte d’écorchures et de contusions diverses, Iala avançait la tête haute pour la pause déjeuner dans cette petite grotte rustique mais présentant l’avantage très sérieux d’être à l’abri des intempéries de l’extérieur. Assis en tailleur, mains jointes par leurs extrémités, Nico avait patiemment attendu sa protégée en se laissant porter par le courant de Force ambiant.

Le repas était servi à même le sol sur une simple couverture, ils mangèrent en silence. La Tétienne avait peu touché à sa ration et s’était repliée sur des aliments longue conservation délaissant en grande partie le ragoût de bœuf offert à leur départ. Peur de prendre du poids avec un plat aussi riche en calories ? Peur d’une mauvaise surprise avec les aliments contenus et sur leur résistance à la chaleur ? Blocage à la simple idée de manger un plat cuisiné avec les doigts du à une éducation impeccable ? Le luxien ne savait pas trop encore comment l’interpréter. Ils se connaissaient depuis quelques temps déjà, ils s’étaient rapprochés mais ils apprenaient toujours à se connaître quelque part.

Nico ne fit aucune réflexion à ce sujet, se contentant de déguster sobrement son repas pour lequel son apprentie partageait peu d’affection. Elle ne savait assurément pas ce qu’elle ratait, madame Holson était un fin cordon bleu au milieu de ces terres brûlées. Une fois repu, le corellien se leva en direction de l’entrée de la grotte. Il restait une bonne heure pour se reposer avant de reprendre le chemin, il pensait en profiter pour faire une rapide reconnaissance des abords pendant que la jeune diplomate reprendrait des forces pour finir la route. Peine perdue puisqu’elle ne démordait pas au sujet du fait de reprendre la marche, arguant de son élan qui se retrouverait brisé en cas d’arrêt prolongé.

Plus on apprend à se connaître, moins on se sent vulnérable. Nul doute que Iala commençait à se découvrir une force intérieure insoupçonnée d’elle-même au-delà de sa fierté et de sa force de caractère qu’elle arborait déjà en partant de Teta. Si il lui avait dit en lui proposant de le suivre il y a quelques mois déjà qu’elle traverserait avec succès de telles épreuves et bien pire encore à l’avenir, bien peu auraient parié sur elle et pourtant elle était toujours là prête à se dépasser encore et toujours. Nico prit donc ses affaires avant de reprendre la tête de l’expédition.

- Bien, tu connais tes limites mieux que quiconque je suppose et je dois t’avouer que tu as déjà dépassé mes attentes. Nous avons encore deux bonnes heures de trajet à parcourir avant notre étape finale du jour. Nous devons monter sur le haut du plateau puis redescendre vers les badlands de Daoba qui couvrent une grande majorité de cette planète. Les amis que nous allons visiter aujourd’hui vivent aux abords de cette région, je te parlerai d’eux en chemin pour te faire ton éducation à leur sujet. En route !

Le reste de l’ascension fut beaucoup plus court vu qu’ils avaient déjà escaladé les deux tiers du canyon précédemment, une bonne demi-heure leur suffit à atteindre le sommet plat du promontoire naturel. Le plateau à cet endroit n’était pas très étendu mais donnait une large vue sur le paysage ruiniforme et raviné qui les attendait encore. Un léger vent chaud du sud balayait les terres arides sous leurs pieds faisant voler les particules minérales noires et ocres du sol d’une contrée tellement peu propice à une quelconque agriculture. Arrivés au bord de la grande mesa, Nico fit signe de s’arrêter, désignant du doigt des formes qui se détachaient quelques centaines de mètres en contrebas.

- Tu dois être née sous une bonne étoile, deux coups de chances en un, en plus de ce qu’ils augurent, j’aurai du t’amener au casino aujourd’hui.

Iala ne devait sûrement rien comprendre de ce qui se passait même en l’observant au plus près avec des binoculaires, quelques hommes au loin menaient un troupeau d’animaux assez bizarres et inconnus de la jeune femme. Ils semblaient vouloir faire fuir un humanoïde de grande taille pour qu’il s’éloigne de leur cheptel de pachydermes et d’équidés. La suite était déjà courue d’avance, le pauvre chasseur isolé visiblement armé d’une lance archaïque avait cherché à tuer un des animaux des bergers itinérants. Mal lui en avait pris car il avait été accueilli par des tirs de semonce sortis des blasters des propriétaires du bétail. Toutefois Iala put remarquer qu’ils ne lui tiraient pas dessus volontairement, semblait-il par respect pour ce prédateur semi intelligent qui repartit en poussant des cris sauvages résonnant au travers de la vallée.

Nico sortit une sorte de torche de son sac pour envoyer quelques signaux lumineux en leur direction et il eut une réponse de la même manière de la part du groupe éloigné.

- Tu viens de voir un monnok attaquer un troupeau de druyzas et de mutrioks. Chez les contrebandiers, on dit que si tu aperçois un monnok au début d’un voyage, c’est le signe qu’il sera riche de récompenses, c’était le premier coup de chances dont je te parlais. Le second, c’est qu’une fois que nous aurons rejoint ces bergers, tu n’auras plus besoin de marcher jusqu’au village puisqu’ils t’offriront de finir le trajet sur un des herbivores qu’ils montent. Je vais devoir accélérer mon cours sur les usages de la tribu nomade des I'bhaanl que nous allons bientôt rencontrer.

En y repensant, il convint que Iala ne devait pas spécialement apprécier l’idée de chevaucher un pachyderme de deux mètres cinquante de haut mais ce serait une expérience pour elle. En moins de trois quarts d’heure ils seraient auprès de leurs guides providentiels, le Consul reprit donc ses explications en même temps qu’ils poursuivaient leur marche.

- Nos hôtes de ce soir sont des nomades vivant dans ces terres difficiles principalement de l’élevage d’animaux comme ceux que tu as pu voir. Ce sont sûrement parmi les meilleurs pisteurs de la Galaxie et ils aiment les voyages alors ils auront beaucoup d’histoires à raconter lors du repas. Je pense que ça t’intéressera mais si les histoires de chèvres et de camélidés t’ennuient au bout d’un certain temps, ne les vexe pas en leur faisant remarquer.

En parlant de repas, il serait de bon ton que tu ne rechignes pas devant leur nourriture. Ils préparent des plats à base de viande de leur cheptel principalement alors fait un effort de ce côté-là. Si certaines viandes ne passent vraiment pas ils élèvent aussi des moutons donc tu pourras te rabattre sur celle-ci qui est plus commune disons. Evite tout de même de forcer sur l’Alcool Raava, il te montrait vite à la tête, refuse poliment au possible les verres supplémentaires.

Ces gens sont courageux et généreux, ils basent leur mode de vie sur la famille et la solidarité pour faire front contre les conditions de vie difficiles. Surtout ne cause de tort ou ne froisse jamais un membre du clan sinon c’est tout le clan qui sera concerné par ton offense. Ils ne possèdent pas grand-chose mais leur hospitalité est telle qu’ils pourraient t’offrir leurs biens les plus précieux si ils t’apprécient énormément. Refuser un présent serait très mal vu mais l’échange est primordial tout de même alors pense toujours que ton interlocuteur attend une juste rétribution de ce que tu acceptes de lui. Tout n’est pas forcément acceptable surtout si ça t’engage trop personnellement.

Je crois avoir fait le tour des principales remarques que j’avais à te faire… Ah oui dernière chose tout de même, leurs bâtiments solides sont faits à partir de la bouse des pachydermes additionnée au sable. L’odeur n’est pas un problème mais je préfère te prévenir de la nature des choses pour éviter les accidents.


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Sur ces mots, ils venaient de rejoindre leurs accompagnateurs imprévus, après quelques mots échangés en vieux corellien, des montures leur étaient proposées pour la suite du voyage. Les équidés étant une espèce trop petite et frêle, seuls les pachydermes étaient des montures viables pour le coup… Sur le chemin du village, Nico eut tout le temps de glisser quelques informations supplémentaires qu’il jugeait utile au vu de la précédente discussion avec leurs accompagnateurs. Au gré du pas lourd mais assuré de leurs moyen de transport, il fit une dernière mise au point avant leur arrivée imminente.




- Il semblerait que nous tombions au moment de la fête de fin de cycle de transhumance avant le déplacement du village après-demain. Nous allons sûrement rester un peu plus longtemps que prévu et il y aura des festivités ce soir jusque très tard demain matin. Nous serons sûrement quelque peu séparés à notre arrivée pour les préparatifs, les hommes et les femmes ont des occupations quelque peu bien définies et bien différentes. Les hommes discutent élevage, chasse, prix du bétail etc. autour d’un petit alcool, alors que les femmes sont plus cuisine, culture et surtout tissage.

Voilà ce que je peux te proposer pour échapper aux interminables discussions tricot qui passionnent la gent féminine de la tribu et qui fait aussi leur renommée. Tu restes avec elles le temps d’essayer quelques tenues traditionnelles pour la soirée, regarder leur travail et les complimenter un peu. Tu nous joues la diplomate en dépit de tes éventuels élans féministes s’il te plaît, les femmes de cette tribu sont très heureuses de leur condition alors évitons l’incident culturel. Puis tu pourras t’éclipser discrètement ou sous un prétexte bien sous tout rapport et tu pourras me rejoindre. J’aurai eu le temps de vanter tes compétences de négociatrice commerciale et autres qui te feront plus facilement accepter dans le cercle masculin.

L’échange de présents se fera A toi de voir ce que tu préfères mais pas de vagues surtout.


Un comité d’accueil attendait devant le village, prévenu de l’arrivée d’invités de marque par les éclaireurs postés peu avant l'Oasis de Gerha. Le chef du clan attendait patiemment avec sa famille au devant de l’entrée en signe de respect pour les visiteurs. Le village était assez étendu mais peu construit, une dizaine de bâtiments « en dur » constituaient son centre, la périphérie n’étant qu’un vaste campement de tentes et autres habitations démontables. Les femmes étaient déjà à l’ouvrage pour décorer les allées et les alentours de la bourgade itinérante en vue de la fête de départ.

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Un humain à la peau noire, à peu près la cinquantaine et arborant une barbe s’approcha de Nico quand il descendit du pachyderme qu’il montait. Vêtu d’un costume traditionnel socorrien qui avait inspiré les contrebandiers de la planète pour leur style vestimentaire, il présenta ses salutations très solennellement.

- Que la paix soit sur toi maître Aries.

- Que la Force soit avec toi mon ami. Je t’ai déjà dit mille fois de m’appeler Nico par ailleurs.

- Alors appelle-moi Azeem et fais-moi l’honneur de partager mon repas ce soir.

Ils rirent tous deux de bon cœur en se donnant l’accolade avant de continuer la discussion d’arrivée. Le chef du clan jeta alors un regard vers Iala puis reprit :

- Je vois que tu as pris femme toi aussi, je comprends que tu ais refusé la main de ma fille puisque tu nous avais caché que tu avais une petite fiancée. Tu aurais pourtant eu ta place dans ma famille tu sais, mais je te présente toutes mes félicitations. Si elle tient le foyer aussi brillamment que sa beauté nous illumine, tu dois être le plus heureux des… .

Le luxien coupa court à toute digression plus large encore et fausse de la part du seigneur des lieux.

- …maître. Miss Iédastré est mon apprentie sur le chemin tortueux que la Force trace devant nous. Nous n’avons pas de lien autre que celui-ci mais il est déjà amplement fort à mes yeux. C’est une bonne élève, une tête bien pleine et une personne de confiance, une vraie perle pour moi au-delà des remarques que tu as faites toi-même. Nous sommes venus honorer notre amitié envers ton clan par quelques présents comme à chaque cycle par ailleurs.

Azeem lança un regard intrigué vers Iala avant de poursuivre :

- Soit, soit. Nous pourrons la présenter à mon dernier fils alors, c’est un bon parti pour elle, tu ne pourrais espérer mieux sur Socorro. Je vais demander à ma femme et ses sœurs de l’accueillir parmi elles déjà. Je suis sûr qu’elles s’entendront à merveille ! Alors prendre un verre et discuter un peu entre nous tu veux…

- Très bien Azeem, assure-toi qu’on lui porte autant de respect qu’à moi-même, c’est tout ce que je demande pour Iala. Les femmes sont les égales des hommes là d’où elle vient et elle est même plus importante que bien des hommes dans sa communauté. Elle décidera elle-même de ce qu’elle convient de faire.

Nico lança un regard sûr vers la jeune Tétienne pour la convaincre que tout allait bien et qu’ils suivaient leur plan comme prévu. La soirée commençait déjà avec tous ces préparatifs !

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Fin de la « promenade » dans le désert de Socorro


-------------- Iala écouta avec attention les recommandations et les explications de son maître et sourit lorsqu’il aborda le sujet de la nourriture. Iala était curieuse de découvrir ce monde tribal dont elle avait entendu parler à son arrivée sur Socorro et qui semblait si étrange.

-------------- Juchée sur le mastodonte Iala observa la monte des nomades et tenta de les imiter avec un succès discutable. Elle était ravie que la « promenade » du maître se termine sur le dos de cette bête paisible à la musculature puissante… et se félicita d’avoir mangé léger, en raison du roulis et du tangage. Elle se serait bien laissée aller à somnoler mais elle se refusa à adopter une attitude manquant de dignité.

-------------- Le groupe passa à plusieurs reprises entre des falaises escarpées composées de roche poreuse volcanique. La condensation due aux chocs thermiques entre ses vallées profondes et fraîches et l’air ambiant, relativement humide, favorisait le développement de mousses de toutes sortes. Elle eut même la surprise de découvrir que ces falaises abritaient des grottes encore plus riches en lichen et même parfois des petits lacs formés par des résurgences de nappes phréatiques profondes ou par l’accumulation de condensation sur une couche géologique imperméable.

«Décidément, c’est un jour faste… Tu découvres en une journée ce que j’ai mis une année à connaître. Les mutrioks sont précieux pour les nomades. Ils les guident vers ces points d'eau autour desquels poussent les buissons de Zsajhira. Mais, chose essentielle, ils détectent infailliblement les champs de gaz Trauger qui peuvent tuer un homme en quelques secondes. Cette planète est pleine de dangers, ne t’y aventure pas seule… pas encore ».
Imitant les nomades et leurs animaux, Iala goûta les baies des buissons de Zsajhira, qu’elle trouva acres mais merveilleusement désaltérantes.

-------------- Elle l’issue de cette pause, elle remonta sur le Druyza. Elle n’avait nul besoin de diriger l’animal qui suivait le troupeau sans la moindre velléité d’indépendance.
-------------- Alors, elle invita la Force à se répandre en elle, et médita longuement. Son esprit s’éleva et survola Socorro. Chaque découverte, chaque information, si minime soit-elle, devenait l’élément d’un tout, sorte de pièce d’un gigantesque puzzle à multiples dimensions. Elle examinait chaque pièce avec attention, la gravait dans sa mémoire avec les informations qu’elle sous-tendait et engendrait. Iala emboîtait les éléments pour former un monde cohérent et compréhensible. De vastes zones restaient sombres mais Iala entreprenait déjà une communion mentale avec cette « terre brûlée » pour tenter de bien l’appréhender, pour l’apprivoiser et peut-être même pour l’aimer… ou la détester.

Lorsque la troupe arriva en vue du village. Iala sortit de sa longue méditation avec une impression de régénération.


Les nomades de Socorro – Offrandes



-------------- Nico fit encore quelques recommandations à Iala.
« Oui maître » disait Iala qui pensait :
« Décidément, il me prend pour une enfant ».
Mais son léger agacement était largement mêlé de tendresse et de gratitude.

-------------- La formation de diplomate de Iala l’incitait à s’adapter aux mœurs de ses interlocuteurs. Tout naturellement Iala avait adopté une posture respectueuse devant le chef du clan : elle connaissait de réputation les mœurs tribales de Socorro et attendait en silence que Nico et le Chef Azeem aient échangés les préambules d’usage et les présentations.

-------------- Iala s’exprimait en vieux corellien mais sa maîtrise imparfaite de la langue ne lui permettait pas toutes les subtilités qu’elle aurait souhaitées.
« Je suis infiniment honorée, Chef Azeem du Clan 'Bhaanl. Recevez toute ma gratitude pour votre accueil remarquable. Je suis votre obligée. »
Elle s’inclina légèrement devant le chef. La formule en soi n’était qu’une formule, mais Iala ne prononçait que rarement des propos qui ne soient conforme à sa pensée profonde. Elle savait que le mot « servante » était plus approprié mais elle n’était la servante que de son maître et de personne d’autre !

Iala sentit une inquiétude dans l’esprit de Nico. Elle s’adressa mentalement à lui :
« Oui, maître, je sais ! Je sais que dans ce monde machiste, une femme aurait dû s’incliner plus profondément… mais je suis aussi une interlocutrice qui demande le respect. Avec celui qui nie ma qualité, aucun échange n’a de valeur. »… « Et puis voilà qu’il veut me marier ! Je ne sais si il plaisante ou non ! »

-------------- Cheemza, l’épouse du chef, conduisit Iala dans une vaste tente. A l’intérieur, un petit groupe de femmes, vêtues de longues pièces de tissu multicolores, savamment agencée pour permettre les mouvements du corps, interrompit le filage de la laine - en même temps que leurs bavardages - une vieille femme aux yeux morts s’employait à filer malgré son handicap. Quelques très jeunes enfants restaient sous la surveillance des femmes.
« Des tenues quotidiennes, des vêtements traditionnels pour la fête ou est ce en mon honneur ?».
-------------- Iala salua l’assemblée constituée de femmes d’ages divers, puis se présenta brièvement et avec simplicité. Les fileuses lui réservèrent un accueil aimable et procédèrent au rituel du thé, «cérémonie » que Iala avait découverte en arrivant à Socorro.
« Je comprends d’où vient le goût de mon maître pour cette étrange boisson ».

-------------- Iala se perdit en compliments sur les tenues portées par les femmes, sans aucune hypocrisie, tant la laine était fine, le tissage artistique et les couleurs chatoyantes. Elle demanda à Cheemza comment elles réussissaient ce miracle. Celle ci le mena vers les laveuses-cardeuses. Leur travail devait être épuisant car il se pratiquait en plein air, en manipulant les tontes brutes chargées de graisse et d’eau. Mais les travailleuses étaient souriantes et bavardaient comme si la tâche était légère. Des enfants les assistaient mais ils jouaient autant qu'ils travaillaient.
Cheemza précisa que les bains de teinture et les métiers à tisser n’étaient pas utilisés en raison de la transhumance proche.

Elles visitèrent la réserve des vêtements qui seraient vendus au prochain voyage en ville. Iala admirait sincèrement ces tissages qui étaient de véritables œuvres.

Iala ne sentait pas de contrainte chez ces femmes, mais de la volonté, de la fierté, de la satisfaction. Iala révisa son a priori.

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Cheemza regarda Iala d’un air enjoué puis dit :
« Quelle tenue avez-vous prévu de porter à la fête de ce soir ? »
Iala se montra confuse en réalisant quelle portait sa combinaison sale et déchirée.
« Mon maître m’avait parlé d’une promenade en partant de Vakiyya. Je m’attendais à rentrer le soir même et je n’ai rien prévu pour le voyage. » Elle adoucit son commentaire en souriant
« Il faut vraiment que je m’habitue à ses ellipses ».
« Nous serions enchantées de vous aider à vous préparer pour la fête »
« J’en serais honorée ». . accepta t-elle un peu étourdiment et elle se le reprocha rapidement.

-------------- Les femmes de la famille du chef s’empressaient autour d’elle, la déshabillant entièrement, ignorant sa pudeur. Elles la lavèrent puis passèrent des onguents sur ses blessures. Iala ne savait plus quelle attitude prendre, partagée entre humiliation et reconnaissance. Elle décida de se laisser faire, c’était la seule chose possible. Enfin elles la vêtirent d’une tunique fine et transparente qui devait être le sous-vêtement adapté. Puis Cheemza lui présenta une longue pièce dont les couleurs éclatantes mariaient toutes les nuances, du jaune d’or au rouge écarlate. Le dessin des mailles était d’une complexité incroyable et la légèreté du tissu surprenante. Iala faillit refuser puis se ravisa en pensant aux conseils de Nico.
« Je vous remercie de me prêter cette merveille mais je préfèrerais quelque chose de plus ordinaire… j’aurais trop peur de l’abîmer avant de vous la rendre. »
« C’est un cadeau des femmes de 'Bhaanl pour l’apprentie de Maître Ariès».
Iala regarda les femmes et compris qu’un refus serait un terrible affront. Comme Nico l’avait mise en garde, elle cherchait vainement quelle offrande elle pourrait faire en retour.
Cheemza l’aida à disposer la pièce de façon harmonieuse tout en restant pratique, les femmes semblaient subjuguées alors que Iala se sentait démunie devant tant de générosité.
« Je n’ai rien à vous offrir pour vous remercier d’un présent si exceptionnel » elle offrait ses paumes vides aux regards des femmes… sauf à celui de l’aveugle.

Iala se dirigeât vers la vieille femme et doucement, très doucement dit :
« Y a-t-il une chose que vous voudriez voir ? »
Après un moment de réflexion la doyenne dit :
« Ma petite fille et son fils… oui, cela me rendrait heureuse ».
Iala saisit doucement les mains de la femme. Elle lui expliqua qu’elle ne pénétrerait pas ses pensées, qu’elle lui transmettrait simplement les images qu’elle, Iala, verrait. Elle serait ses yeux, à la condition que la femme s’ouvre à son esprit. A la demande de Cheemza, on amena une femme et un jeune garçon. Iala leur sourit et transmit ce qu’elle voyait pendant que la femme parlait à sa grand-mère, yeux dans les yeux… des yeux qui voyaient.

-------------- Une heure plus tard, une petite troupe de femmes faisait le tour du village, Iala et l’aveugle en tête, main dans la main. Cette dernière faisait commentaire sur commentaire, voulant en voir toujours plus. Les femmes pépiaient, Iala, resplendissante dans sa tenue de soleil, était ravie. Les hommes, interloqués, ne bronchaient pas.

Lorsque la nuée féminine se retrouva devant le chef Azeem qui s’entretenait avec Nico, elles s’arrêtèrent dans leur élan.
Iala comprit qu’il lui fallait endosser le rôle pour lequel Nico l’avait amenée mais elle serrait la main de sa compagne à qui elle voulait offrir plus. Ce fut Lahan’ qui rompit lentement le contact et Iala fut émue aux larmes de tant de sagesse et de courage. Elle était convaincue d’avoir reçu davantage que ce qu’elle avait donné et c’est dans un étrange état d’esprit qu’elle se dirigeât vers les hommes.

-------------- Les femmes repartirent tranquillement en laissant Iala reprendre contact avec la réalité de la tâche qui l’attendait : établir un contact de confiance réciproque avec le chef Azeem.

Nico Ariès et Azeem prenaient le thé et l'arrivée des femmes avait interrompu leur conversation. Iala les rejoignit.

- « Chef Azeem, je vous remercie de votre exceptionnel accueil ainsi que celui que votre épouse et les femmes du Clan m’ont réservé. J’avoue ignorer beaucoup de choses vous concernant bien que Maître Ariès m’en ait beaucoup dit… et peu à la fois. Vous êtes le chef respecté d’une fière tribu, mais vous êtes probablement davantage puisque mon maître vous accorde sa confiance, et plus encore, son amitié.
Vous me direz ce que vous voulez me dire, vous tairez ce que vous voulez taire, mais vous avez mon profond respect, quelle que soit la confiance que vous voudrez m’accorder. »


Elle attendit debout, ne sachant si sa présence était importune, prête à repartir si elle n'était pas invitée à rejoindre la conversation.


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La fête de la transhumance commence.


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Tous les regards se tournèrent vers Iala quand elle s’adressa à Azeem. On ne s’adressait pas directement au chef de clan sans lui demander s’il était disposé à écouter au préalable, encore moins quand on était une femme. Cependant celui-ci était assez tolérant à l’égard des étrangers sur la méconnaissance des coutumes de son peuple. De plus Iala avait bénéficié de la publicité de ses grandes qualités par le biais de son maître auprès des hommes du clan. Un autre facteur déterminant avait fait pencher définitivement la balance en sa faveur, Cheemza avait raconté à son mari l’attitude prévenante et pleine de compassion que la jeune Tétienne avait montré auprès des anciens et son « cadeau » en retour de sa tenue du soir. Le maître des lieux acquiesça d’un signe de tête et fit signe aux femmes de prendre place à leur tour autour du feu.

- La fête peut commencer, que tout le monde s’installe et participe.

De nombreux coussins et tapis de sol furent apportés et Iala fut invitée à s’asseoir aux côtés de Cheemza bien qu’elle aurait sans doute préféré être plus proche de Nico. Pour l’heure les hommes et les femmes restaient encore en deux groupes distincts bien que réunis en un même lieu. Les hommes reprirent peu à peu leurs discussions habituelles tandis que les femmes firent de même. Quelques instruments de musique à cordes et percussions furent sortis et un fond sonore léger commença à s’élever en arrière plan. Azeem répondit enfin à la Tétienne au sujet de sa demande :

- J’ai eu vent de tes attentions auprès des miens et sache que tu seras toujours la bienvenue parmi nous. Tu es une amie des I’Bhaanl à présent et non plus simplement l’amie d’un ami.

Tu veux connaître notre peuple, bien t’en fasse. Sache seulement que tout ce qu’un seul homme peut te raconter ne suffira pas à voir toutes les subtilités de son monde. Observe, écoute et apprend de tout ce qui t’entoure ici et alors peut-être trouveras-tu ce que tu cherches.

Tu es malgré tout libre de poser toute question que tu jugeras utile ou nécessaire selon tes besoins ou envies de connaissance.


Le quinquagénaire s’adressa à Nico à la suite sans retenue, conscient qu’il parlait en toute connaissance de Iala:

- C’est une demoiselle de grande qualité que tu as pris sous ton aile mon ami. Si elle continue sur cette route, elle ira loin. Sa facilité à se faire accepter même dans des communautés étrangères sera un atout de poids pour l’avenir.

Le Luxien avait apprécié l’attitude de son apprentie depuis qu’ils étaient partis de Vakeyya. Elle s’était donné du mal et fait beaucoup d’efforts pour arriver jusque là et le voyage venait à peine de commencer. Elle se rendrait compte bien assez vite qu’ils ne seraient pas partis trois mais plutôt six jours. Pour l’heure elle méritait bien quelques compliments et de profiter de ce moment de détente.

- Je ne suis pas un très bon précepteur Azeem, c’est qu’elle est en train de devenir et ce qu’elle est déjà, elle le doit à son courage et sa persévérance. Quelqu’un a déjà résumé ce que je peux dire d’elle : elle est jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. Elle est très douée et je pense même qu’elle pourrait me dépasser à terme, le jour venu je pourrai lui confier notre avenir les yeux fermés.

Le corellien réajusta au mieux la tenue qu’on lui avait aussi fourni. Il arborait une tunique blanche ainsi qu’un couvre-chef typique de la région. La diplomate n’avait jamais vu son maître revêtir autre chose que ses tenues habituelles très sombres avec ses plaques d’armure et sa cape longue. La suite du message était destiné exclusivement à Iala alors Nico utilisa leur manière de communiquer privilégiée depuis quelque temps à savoir le lien télépathique qu’ils entretenaient maintenant.

* Tu es resplendissante dans cette robe pas comme moi empêtré dans cette tenue... Profite de cette soirée, fais la fête et noue des amitiés si tu en as l’occasion. Si tu le souhaites d’ici peu de temps tu pourras t’installer à mes côtés, je te garde la place qui t’est réservée. Tu as quartier libre ce soir.*

Il lui adressa un bref sourire avant de reprendre sa conversation avec le chef du village.

- Tu as prévu de visiter d’autres tribus après la notre je suppose. La nouvelle de ta venue fait déjà le tour du désert tu sais. Beaucoup voudront te voir, lui en particulier… Il viendra même à ta rencontre j’en suis certain. Il t’a désigné comme son rival depuis la mort de mon fils aîné, nul autre guerrier ne lui convient alors prépare toi après cette fête.

- J’y suis déjà préparé, je comptais aller voir les Asilyr juste après vous. Osman est un bon guerrier et un grand chef pour sa tribu en dépit de son âge mais il ne pourra pas unir plus les tribus qu’elles ne le sont. Je crois qu’il m’en veut toujours d’avoir laissé ton fils mourir au combat, ils n’ont pas pu régler leur rivalité et ça l’empêche d’avancer. Nous règlerons tout ça à notre prochaine rencontre. On en sera bons pour une fiesta et ensuite je finirai ma tournée du côté des Ndowi, là ce sera plus calme j’espère.

- Mon fils Farouk était un don du ciel mais c’était tout simplement son destin que de finir ainsi. Sauver Sana des griffes des Bharhulai était un miracle et à défaut d’un fils c’est une fille que je pleurerais aujourd’hui. Vous avez tous les trois été courageux de vous porter volontaires et Osman peut s’estimer heureux de n’y avoir perdu qu’un œil. Cet idiot aurait mieux fait de venir me demander la main de ma fille ce jour là plutôt que de ruminer dans son coin, l’avenir serait sûrement différent. Ces sauvages n’ont aucune pitié quand ils vous ont à portée de lance mais cela ne lui a pas servi de leçon sur ce qui est important dans la vie apparemment…

Nico soupira sur cette dernière remarque de son hôte, finalement l’union des clans n’était pas si éloignée si on s’en donnait la peine.
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Iala de son côté était au beau milieu d’une foule d’activités, entre animations et discussions. Le volume de la musique prenait en ampleur au gré des envies et les couples commençaient à se former chez les jeunes gens d’abord pour danser au gré des accords festifs qui s’envolaient dans le ciel déjà assombri du désert. A sa droite, elle pouvait voir une jeune femme peindre sur de la peau de bête apprêtée qu’elle appelait un parchemin. Le ton ocre des pigments utilisés rappelait ce qu’on pouvait trouver comme peu de coloris sur cette terre brûlée. Quant au motif de la représentation, il montrait juste la popularité de son maître auprès de ces gens.

Les gardes parlaient des patrouilles aux abords du village, des attaques de monnoks récentes, des rapports entre tribus, des conditions de surveillance après une récente tempête de sable… Apparemment des envoyés du chef de tribu Asilyr attendaient déjà le chevalier luxien à mi-chemin entre ici et leur camp. Nico était au centre de pas mal de conversations que Iala surprenait voir entendait pour les quelques pensées trop « bruyantes » pour être discrètes. Les jeunes hommes se racontaient quelques exploits ou services qu’il avait rendu au village, enviaient parfois son courage et se motivaient pour le prendre en exemple. Les jeunes femmes célibataires avaient quant à elles développé un certain mythe du prince charmant autour du sauvetage de la fille du chef, faisant quelque peu oublier la mort difficile de son frère et occultant l’autre héros de l’expédition.

Iala n’était pas non plus en reste comme sujet de conversation dans les échanges. Les jeunes hommes complimentaient aisément sa physionomie bien à son avantage dans ces atours aux couleurs éclatantes que les jeunes femmes enviaient ou se résignaient à accepter. Les plus jalouses, mais honteuses de l’être par rapport à l’attitude exemplaire de Iala depuis son arrivée, se demandaient bien ce que Nico pouvait bien lui trouver de spécial, arguant qu’elle devait sûrement user de produits ou d’opérations esthétiques comme toutes ces beautés artificielles du Noyau. Elles s’étaient habituées à ce que Sana soit la reine du bal mais la concurrence derrière était souvent plus équilibrée pour les invitations à danser. La Tétienne semblait pourtant avoir la cote auprès des jeunes gens du village, encore fallait-il qu’un d’entre eux ne se jette à l’eau pour l’inviter…et qu’elle accepte aussi !

Les plus anciens, quel que soit leur sexe, louaient l’éducation et la bonté d’âme de leur invitée étant unanimes sur le fait qu’elle ferait déjà une épouse parfaite malgré son jeune âge et son expérience relative. Les relations avec l’extérieur tournaient beaucoup autour des liens créés par le mariage, ce fait devait commencer à être plus que connu de la diplomate et elle faisait quelque peu les frais de sa prestation de l’après-midi niveau notoriété.

Devant toute cette attention portée sur elle et son maître, Iala avait le choix de ce qu’elle allait faire par la suite. Essayer d’en apprendre plus en restant à l’écart, briser la glace avec les autres jeunes en acceptant quelques danses, s’incorporant dans des discussions sûrement instructives ou atténuent son image de jeune femme parfaite auprès des autres. Plus sobrement, elle pourrait tout simplement rejoindre Nico qui continuait de parler géopolitique des tribus mais aussi commerce avec Azeem. Force était de constater que le bruit autour de Nico ne le dérangeait absolument pas dans tous les sens du terme. Il restait impassible devant les lauriers que lui jetaient ses interlocuteurs, modestie feinte ou véritable désintéressement, chacun se faisait son idée.

Iala avait une solution assez simple pour rejoindre le groupe dominant du village quand elle le souhaiterait. Son maître lui avait confié les présents à donner au village lors de la soirée, son sac était resté dans la grande tente où elle avait été habillée pour la fête. En quelques secondes elle pouvait aller le chercher et revenir aussitôt. Elle y trouverait deux géo localisateurs ainsi que des balises assorties utiles pour repérer des lieux ou suivre des groupes dans des conditions difficiles, quelques cristaux inconnus ainsi que quelques fournitures médicales, chose ironique puisqu’elle les avait transporté sans en avoir connaissance alors qu’elle aurait pu demander à s’en servir pour ses blessures auparavant.

La fête commençait à battre son plein, la nourriture et la boisson étaient disponibles à profusion pour le petit appétit de la luxienne, la musique était cette fois-ci à son paroxysme et les couples de danseurs étaient au nombre d’une bonne cinquantaine sur les quelques allées qu’elle pouvait distinguer. Parfois, quelques artistes improvisés mimaient des scènes d’élevage traditionnel sous le regard des plus jeunes afin de transmettre l’héritage de cette fête de la transhumance. Des conteurs tenaient en haleine et en émerveillement de nombreux spectateurs au coin des feux dispersés du camp, narrant les aventures de membres illustres de leur tribu. Aucun n’était laissé pour compte en cette soirée et les groupes s’étaient déjà bien formés. Iala n’avait plus qu’à choisir le sien selon ce qu’elle désirait faire de sa soirée…

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La fête de la transhumance


Iala parcourut les allées à la recherche des conteurs. Leurs histoires éclairent plus l’auditeur sur les valeurs d’une société que par le récit et Iala était très attentive aux non-dits mais aussi à l’harmonie du texte, malgré les subtilités de la langue, mêlée d’expressions locales, qui lui échappaient parfois. Elle s’appliquait à féliciter les conteurs et n’hésitait pas à demander des explications.

Elle profitait de la nourriture et des boissons avec modération car c’était un bien précieux pour ces gens.
Iala déambulait en saluant à tours de… de sourires : sourires déférents pour la gente masculine, sourires aimables pour les femmes.

Elle trouva Cheemza qui observait Sana aux bras d’un danseur. Elle s’approcha de la femme du chef et la remercia encore pour ses présents. Puis avec émotion :
- J’ai appris le destin tragique de votre fils Farouk et je prends part à votre douleur…
Regardant Sana qui dansait avec grâce, Iala ajouta :
- Votre fille est très belle, elle vous apportera une descendance dont vous serez fière.
Iala avait prononcé ces paroles comme une formule d’encouragement mais elle comprit trop tard que Cheemza lui accordait la valeur d’une prophétie et elle ne sut comment la détromper sans lui faire de la peine.

Plus loin, Lahan’, accompagnée de sa petite fille, écoutait un conteur. Iala profita de sa présence pour tenter d’échapper aux regards insistants de certains jeunes hommes qui, visiblement, mourraient d’envie de l’inviter à danser. Elle se rapprocha de Lahan’ et lui prit les mains avec spontanéité, pour lui montrer la fête en lui prêtant son regard. L’aveugle accepta chaleureusement.
Iala avait affiné sa faculté et scindé sa perception en deux zones distinctes, l’une superficielle qu’elle offrait à Lahan’, une zone parfaitement neutre, vide de toute pensée. Un autre niveau de conscience lui était propre. Mais elle devait se concentrer pour obtenir ce résultat et sentait bien que son procédé restait fragile.

Au passage, elle sentait des ondes d’envie, teintées de jalousie dans l’esprit de quelques jeunes filles, mais aucune méchanceté, juste une frustration ou une inquiétude.
Et ce qu’elle redoutait arriva : un jeune homme l’invita à danser :
- Je suis très honorée de votre invitation mais je dois la décliner car j’ai un engagement envers Lahan’ et des obligations à respecter.
Le jeune homme parut déçu mais ne s’avoua pas vaincu et il présenta un verre contenant un liquide incolore à Iala, qu’elle ne put refuser. Elle remercia poliment et avala quelques gorgées de ce fameux alcool Raava à propos duquel Nico l’avait mise en garde. Elle faillit recracher le breuvage tant il était alcoolisé.
C’est plus fort que ce que j’attendais mais quelques gorgées, c’est peu de chose.
Iala avait compris l’attirance d’une jeune fille à l’égard de son prétendant à la danse.
- Je crois qu’Arbia serait heureuse que vous l’invitiez.

Iala se retourna vers Lahan’ et saisit ses mains qu’elle avait dû abandonner. Elle lui montra les couples qui dansaient sur une musique un peu dissonante aux oreilles de la tétienne.

L’alcool faisait un effet rapide et Iala se sentait bien, vraiment bien, heureuse en quelque sorte…

- Lahan’, si vous le voulez, quand vous le voudrez, j’aimerais que vous me parliez des I'bhaanl, de leur histoire, de vos traditions…
Lahan’ n’attendit pas et, sans attendre, commença à raconter. Iala tenait ses mains au creux des siennes et soudain un flot d’images, d’informations, de faits intimes, inonda son esprit. Iala lâcha brusquement Lahan’. Elle ignorait jusqu’où avait été la volonté de la femme de lui ouvrir son esprit, mais elle se rendait compte qu’elle venait de pénétrer la pensée de l’aveugle probablement bien au-delà de ce qu’elle aurait voulu dire, peut-être même au-delà de ses souvenirs conscients.
Malgré sa honte, elle continua à écouter la vieille femme qui n’avait pas réalisé ce qui venait de se passer. Iala finit par prendre congé en remerciant longuement.
- Je vous fais la promesse d’être votre regard lors de mon prochain passage. Et, pensant à sa bévue avec Cheemza, elle ajouta : - « si le Destin le veut » , formule qu’elle avait entendue plusieurs fois depuis son arrivée et dont l’utilité lui apparaissait clairement maintenant.


l’alcool Raava

Iala rejoignit la tente où se trouvaient les présents destinés au Chef Azeem. Sa démarche restait gracieuse mais Iala avait l’impression de marcher sur un nuage. Elle jugea nécessaire de prendre le temps de se laisser imprégner par la Force en espérant se libérer des effets de l’alcool, mais appeler la Force en soi avec de l’alcool Raava dans les veines s’avéra pour le moins… approximatif.
Je n’en ai avalé que très peu, ça va aller. D’ailleurs je n’en boirais plus, les effets vont s’estomper rapidement s’encouragea t-elle.

Elle emporta les présents destinés au chef Azeem et se dirigea, d’un pas qu’elle voulait assuré, vers le groupe dominant.

La voyant se diriger vers eux, Nico lui envoya une pensée :
Tu as déjà terminé ta récréation ?
Maître, au milieu de ces jeunes hommes, je me sentais aussi discrète qu’une balise d’appontement pour un vaisseau en approche. Et cela ne me convient guère.

Elle s’inclina devant le chef Azeem et attendit qu’il lui adresse la parole, ainsi qu’il était convenable.

Azeem était d’humeur joyeuse et il invita Iala à s’asseoir
- Chef Azeem, mon maître vous offre ces présents que je vous apporte en gage de son amitié.
Iala déposa tout à tour, avec des gestes étudiés, les objets dont le poids lui avait tant blessé les épaules. Elle se montrait adroite et gracieuse, mais elle devait se concentrer pour réussir là où, d’habitude, elle excellait naturellement.

Azeem remercia longuement. Les hommes se mirent à discuter des présents, de leur usage, de mille autres choses… Iala suivaient les conversations avec un certain détachement. Elle pensait à ses bévues de la soirée : Cheemza qui avait cru en une prophétie et qu’elle n’avait pas su détromper et Lahan’ dont elle avait, bien involontairement, violé les pensées. Elle se sentait terriblement coupable d’inconséquence et s’interrogeait sur la façon de l’avouer à son maître et surtout comment réparer ce qui était réparable.

Elle sursauta presque quand Azeem se leva, imité de tous, pendant qu’une femme remplissait les verres d’alcool Raava. Elle en tendit un à Iala qui ne put faire autrement que de le saisir.

- Buvons à l’amitié entre le clan 'Bhaanl et Maitre Nico Ariès ainsi qu’à son apprentie, Iala.
Azeem s’inclina tour à tour vers ses deux invités.

Maître, je ne peux pas boire ça… Nico répondit à son appel télépathique :
Ne bois que quelques gorgées, tu l’offenserais gravement car plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense.
Je crois que c’est une erreur, Maître, mais j’obéis

Et Iala but !

Les conversations bourdonnaient autour de Iala. Elle écoutait distraitement, évitant de bayer aux Corneilles par respect pour leurs hotes. Iala gardait le silence, craignant que son élocution ne trahisse son début d’ivresse. Attitude qui devait plaire à Azeem, assurément.

Une étrange chaleur s’était emparée d’elle, accompagnée d’une impression de légèreté, au demeurant assez agréable. Elle regarda Nico Il est beau, même ainsi, avec ses vêtements voyants qui cachent ses épaules puissantes. Dommage que ce ridicule chapeau couvre sa calvitie naissante ; je l’aime moi, ce grand front qui abrite son regard profond plein d’humanité… et sa bouche ! Sa bouche si avare de sourires, mais qui me transperce le cœur quand il m’en offre un ! Iala ressentait une palpitation inconnue, lancinante, qui vibrait au plus profond d’elle. Sa respiration restait suspendue par moments. Sa poitrine était tendue, presque douloureuse, de légers frissons parcouraient son dos comme des vaguelettes têtues. Ce n’est que l’alcool... tenta t-elle de se convaincre, alors qu’elle comprenait que ses inhibitions habituelles et ses interdits étaient balayés par ce terrible alcool. Son corps rompait une à une les entraves de l’esprit qui l’enchaînait. Il imposait à son conscient le feu d’une passion charnelle que l’esprit ne voulait qu’intellectuelle, faite d’admiration, de confiance et de respect. Les yeux baissés, le regard de Iala caressaient les mains de Nico avec une tendresse que la dualité qui combattait en elle hésitait à qualifier.

Soudain, elle réalisa que ses barrières mentales avaient, elles aussi, été levées par l’alcool perfide et que son maître était largement capable de sentir ce qui se passait. Sa dualité se rassembla, pas encore réconciliée, mais unie devant l’urgence. Iala rougit brutalement et crut que son cœur allait cesser de battre. Elle tourna un regard inquiet vers Nico qui bavardait avec Azeem, imperturbable. Cela ne la rassura qu’à moitié car elle connaissait bien les capacités de son maître. Elle attendit que la conversation des hommes marque une pause :

- Chef Azeem, Maître Ariès, je… je crois que l’alcool de Raava, aussi délectable soit il, ne convient pas à ma nature féminine. Je vous demande l’autorisation de me retirer.

À cet instant, Iala se demandait comment elle allait réussir à se relever et à regagner sa tente avec un minimum de dignité. Elle songea au moment où elle croiserait le regard de Nico, et pensa brièvement qu’il vaudrait mieux mourir tout de suite plutôt que d’affronter cet instant.
L’esprit reprenait le pouvoir et commençait à cadenasser les chaînes rompues, mais désormais, il ne pourrait plus ignorer ce qu’il avait appris.


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Les discussions avaient bien avancé déjà entre les deux chefs quand Iala les rejoignit avec les présents à offrir. Nico était bien content de la voir revenir vers lui bien qu’étant le premier à l’envoyer seule vers l’inconnu. Depuis quelques mois il s’était habitué à avoir une présence à ses côtés, lui le solitaire en dehors de Socorro. Après leur petit échange télépathique, il l’invita à prendre place sur le large coussin situé un peu en retrait du sien. La diplomate avait son siège réservé en première ligne comme il lui avait promis. Ils procédèrent à la remise des présents qui reçurent un bon accueil au vu de leur utilité pour la communauté et la difficulté certaine à se procurer des biens de technologie avancée dans ce désert.

Iala semblait devoir faire des efforts pour coordonner simplement ses gestes mais Nico mit ce fait sur la fatigue due au voyage et sur les pensées qui hantaient visiblement son apprentie. Dès que les liens entre clans furent resserrés, quelques un des meilleurs éléments volontaires de la tribu I’Bhaanl rejoignant le clan Shinsen et ce dernier leur assurant protection et fourniture, il fallait fêter cela comme il se devait. Nico crut bon d’inviter et pousser Iala à prendre part au toast afin qu’elle se libère des mystérieuses idées noires qui la tenaient toujours. L’opération eut un résultat bien différent des attentes du Luxien…

La Tétienne disparut petit à petit du fil de la conversation, n’intervenant qu’en de très rares occasions quand des questions directes la concernaient. Une autre forme de participation émergea de sa part, elle avait commencé à projeter son esprit sur Nico en se focalisant sur lui sans qu’il puisse déterminer si elle agissait consciemment ou non. Le Consul accueillit cette présence enveloppante, subite et invasive mais curieusement agréable au demeurant, comme une manifestation de sa protégée de vouloir lui signifier toujours être à ses côtés malgré sa disparition progressive. L’atmosphère entre les deux se chargea petit à petit les minutes passant et la tension finit par devenir insupportable quand Nico se rendit compte du petit jeu auquel il se laissait prendre.

L’espace d’un instant il avait voulu posséder le corps attirant de la jeune femme qui le désirait tant et qui ne s’en était plus caché pendant la soirée. Il devait faire de considérables efforts pour paraître impassible vu de l’extérieur mais le mélange de l’alcool désinhibiteur, des sentiments l’envahissant par le biais de l’empathie et de son propre ressenti menaçaient de le submerger. La seule solution qu’il trouva sur le moment pour venir balayer toutes ces émotions gênantes était de provoquer une douleur physique assez forte pour les supplanter. Sans hésitation il planta le plus discrètement possible une petite lame profondément dans sa cuisse gauche au milieu d’une série d’autres gestes amples de son autre main en espérant que personne ne remarquerait son geste quelque peu désespéré.

Cette fois-ci les effets escomptés furent obtenus mais il le regretta aussitôt. Iala s’était rendu compte d’elle-même de son épanchement sentimental incontrôlé et avait fermé son esprit pour stopper l’hémorragie alors que lui venait de s’en causer une physiquement aussi minime fut-elle. Le lendemain il paierait sûrement cher son idiotie puisqu’il serait probablement amené à affronter amicalement son vieil ami Osman et la douleur physique laissa très vite place à une autre bien plus accablante : la honte. L’humiliation de s’être blessé lui-même n’avait d’égale que celle d’avoir eu des idées impures au sujet de son apprentie. Il espérait au moins qu’elle n’ait pas surpris ce fait de sa part et qu’il avait agi à temps. La prise de congé de Iala à la première occasion laissa planer un doute insoutenable alors qu’il restait là interdit pendant qu’elle s’éloigna.

Il ne lui fallut pas longtemps pour quitter la fête aussi prétextant la fatigue du voyage et d’événements récents afin de se retirer. Il voulait aller la voir, s’excuser et faire qu’ils oublient tous les deux le dérapage de cette soirée mais les choses étaient rarement si simples dans l’esprit de Nico Aries quand cela concernait son rapport aux autres. Il s’isola donc en marge du village pour faire le point, s’abritant au milieu d’une petite caldeira voisine, bien poussiéreuse puisque éteinte depuis des siècles. Il dégaina son sabre et se lança dans divers katas pour évacuer sa frustration par l’exercice et ainsi éliminer plus rapidement les effets de l’alcool. Une fois épuisé il n’avait plus qu’à rentrer au puits pour se désaltérer. Il remonta un sceau d’eau fraîche, en but quelques gorgées puis se rafraîchit le visage marqué par les efforts et les doutes qui le rongeaient. A défaut de courage pour se diriger enfin vers sa tente voisine de celle de Iala, il se laissa tomber sur le dos contre une petite dune de sable noir, accédant ainsi à une position parfaite pour se relâcher tout en contemplant les étoiles.

Il ressassa alors tout ce qui lui était arrivé en moins d’un an. Il avait accédé à la tête d’une puissante organisation de contrebande réputée dans toute la Galaxie mais aussi à celle de l’instance supérieure dont elle faisait partie. Il avait pris part et pensé quelques grandes manœuvres sur des opérations d’envergure dans la Galaxie. Il avait franchi le pas de prendre une apprentie après toutes ces années. Ses camarades luxiens et tous ses nouveaux subordonnés espéraient en lui un guide. Il avait enfin obtenu les faveurs de deux femmes à qui il tenait beaucoup.

Il se demandait bien ce qu’il pouvait avoir fait pour mériter tout ça, il n’avait rien d’exceptionnel et bien d’autres qu’il connaissait auraient pu être à sa place…pourquoi lui ? Pourquoi la pression se faisait aussi forte d’un coup ? Ses épaules étaient plus tendues que jamais, la fatigue gagnait tout son corps, sa jambe le lançait et il sentait que sa blessure ne s’était pas du tout refermée vu qu’il l’avait bien sollicitée pour se défouler. Il faudrait qu’il fasse quelque chose à ce sujet aussi pensa-t’il. Alors qu’il sombrait peu à peu dans un sommeil mérité, une voix claire le sortit de sa torpeur. Il écarta les doigts de sa main droite recouvrant son regard pour pouvoir distinguer le visiteur. Sana lui était alors apparue, visiblement furieuse. Elle s’assit près de lui.

- Tu ne respectes vraiment rien. Le pire c’est que ce n’est pas la première fois mais personne ne te dit rien alors je vais prendre sur moi et le faire en cette occasion unique.

Le consul se redressa et réagit aussitôt en voyant la large tâche cramoisie sur les vêtements blancs qu’on lui avait offert. Il avait fait attention à ne pas les abîmer avec la lame mais il n’avait pas pensé au saignement qui avait imprégné profondément le tissu.

- Je suis désolé. J’espère que ce n’est pas irrécupérable…

Sans prévenir le coup partit, Nico reçut une gifle monumentale, la première de sa vie assurément. Il resta incrédule devant ce qui venait d’arriver, la fille du chef de clan aussi réputée pour sa beauté que pour sa désinvolture venait de s’énerver et de le frapper. La leçon ne venait que de commencer, le luxien avait vraiment besoin d’un recadrage en règle sur son attitude.

- Tu es arrivé il y a dix ans ici, j’en avais à peine quinze et j’ai été séduite dès notre première rencontre par ta force de caractère et ta capacité à rassembler les gens. Les clans n’ont jamais été autant solidaires que depuis ton arrivée. Il y a sept ans j’ai demandé à mon frère de te faire part de mes sentiments en te laissant le temps de me répondre à ta guise. Deux ans plus tard, j’étais enlevée mais vous êtes venus à mon secours coûtant la vie de mon pauvre frère au passage. J’ai cru que tu te serais décidé à ce moment mais tu n’en as rien fait. Aujourd’hui je n’attends plus rien de ta part, tu pourras dire à Osman demain que j’accepte sa proposition. Il a déjà attendu plus que nécessaire.

Le corellien se sentait mal mais aussi soulagé d’entendre ces mots, elle passait enfin à autre chose. Il n’avait jamais compris pourquoi les choses étaient devenues aussi compliquées avec l’âge. Ses devoirs étaient simples et les attentes aussi au début, il passait son temps à combattre les ennemis les uns après les autres et à parfaire ses talents. La vie était plus simple à l’époque, personne n’attendait rien de lui.

- Je ne veux pas que l’histoire se répète. Je l’ai vue partir ce soir gênée, elle osait à peine regarder dans ta direction. Je me suis revue avec quelques années de moins et ça m’a fait mal de voir que tu l’avais laissée comme ça. Quoiqu’il se passe il faut que vous en parliez, tu lui dois bien ça. C’est une fille passionnée et tellement généreuse, elle te suivra dans toutes tes galères tellement elle est sous ton emprise. Prends tes responsabilités pour une fois que tu peux éviter une nouvelle erreur. Tout ce que tu es en train de faire c’est démolir quelqu’un de bien par vanité et égoïsme. Elle mérite bien mieux que ça.

Elle avait visiblement vidé son sac alors elle laissa derrière elle le luxien qui devait maintenant digérer cette vérité qu’il venait de prendre en pleine face. Elle repartit en direction du centre du village pour rejoindre la fête qui se poursuivait en espérant que son absence ponctuelle ne fut pas trop remarquée. Nico restait planté là, retombant allongé sur le sol, le regard hagard, perdu dans l’immensité étoilée au dessus de sa tête. Les manipulateurs de la Force étaient aussi des personnes comme les autres sur bien des aspects, cet état de fait le rattrapait finalement. Il ne s’était jamais imaginé comme un poids et une erreur dans le parcours qui s’ouvrait à Iala mais tout venait de changer ce soir. Le grand maître de l’empathie et de la gestion humaine de ses subordonnés venait d’être accusé ouvertement de vampiriser ses proches. Une telle déclaration méritait réflexion.

Pour survivre dans cet univers hostile, il avait du rejoindre le monde criminel. Par chance il avait pu trouver une organisation avec des principes comme lui mais il avait changé en dix ans c’était évident. Aujourd’hui qu’il était amené à siéger au Conseil des Consuls de la Guilde du Maëlstrom et au Conseil de l’Ordre Luxien, certaines questions se posaient. Il ne pouvait pas demander à Iala de le suivre plus longtemps sans lui parler de tout cela. Quoiqu’il se passerait, il avait assez confiance en elle pour ne pas s’inquiéter d’une éventuelle trahison de la jeune femme après ses révélations.

Il se mit en route pour sa tente afin d’en finir avec cette situation une fois pour toutes. Il s’annonça à l’entrée et entra sans attendre, Iala était dans sa « chambre » cachée derrière de larges rideaux de tissus colorés. Il s’assit dos à cette paroi mobile pour ne pas que son apprentie ait l’occasion de le voir grimacer en s’asseyant avec sa jambe blessée et la joue contusionnée. Il se demandait d’ailleurs si les marques de doigts étaient visibles ce qui pourrait rajouter une couche de honte supplémentaire. Après réflexion, cela lui importait peu pour le moment, il pensait surtout à ce qu’il allait dire maintenant ou plutôt penser. Il voulait communiquer avec Iala par le biais de leur lien télépathique, si elle s’était déjà endormie il pourrait lui parler sous la forme d’un rêve pour être sûr qu’elle l’entende.

* J’aurai du venir avant mais il m’a fallu un peu de temps pour rassembler mes idées et décider de ce que j’allais faire. Je voudrais d’abord m’excuser d’être un si mauvais maître. Je n’avais pas conscience de l’impact et de l’influence que j’avais sur toi ou plutôt je ne voulais pas le voir comme tel. Peut-être que j’aimais tout simplement l’image que tu me renvoyais de ma personne par vanité aussi. Il y a encore quelques temps je m’efforçais de te voir comme une enfant à protéger dans le prolongement de la promesse faite à tes parents mais tu as tout fait pour me prouver le contraire. Ce soir les choses se sont compliquées quelque peu mais tu n’as pas à te sentir plus fautive que moi puisque j’ai laissé les choses en arriver là. J’ai même une certaine honte à t’avouer que j’ai eu un léger soulagement quand tu m’as avoué préférer revenir vers moi plutôt que de te laisser tenter d’aller voir ailleurs.

La vérité c’est que bien que je sois très attaché à toi, il n’y aura jamais plus que ce qui existe à l’heure actuelle. Tu es une jeune femme magnifique, intelligente et sincère. Je ne suis finalement qu’un tremplin pour te faire atteindre des sommets bien plus hauts. Je pense que tu seras une personne bien plus accomplie dans la vie que moi, tu en as les qualités. J’ai fait bien des choses dans ma vie dont je ne peux être fier et la plupart je ne peux en parler à personne mais aujourd’hui il y a une personne dont je me sente assez proche pour me confier et c’est toi…

Je te demande beaucoup et tu peux espérer si peu en retour mais j’ai l’audace de te demander d’accepter d’être cette personne. Je fais partie d’une grande organisation de contrebande centrée autour de cette planète et des gens qui y habitent, le Bha’lir Noir. Je suis un de ses trois dirigeants actuellement et aussi un responsable d’une plus vaste alliance criminelle. J’ai gardé mes principes et nous défendons la liberté de chacun aussi. Nous combattons l’esclavagisme sous toutes ses formes et les activités de mon organisation n’affectent que des gens qui ne sont pas dans le besoin ou qui oppressent les autres. La grande majorité des activités illégales que nous menons impliquent de la contrebande, rien de bien méchant et surtout pas violent. Je tenais tout de même à ce que tu le saches si tu tiens à rester à mes côtés parce que je n’aurai de meilleure confidente que toi à ce sujet.

Je ne veux plus te garder à l’écart de tous ces secrets qui font ma vie parce qu’ils pourraient impacter fortement la tienne et je n’ai pas le droit de faire ces choix à ta place. Te révéler tout ça me met dans une position où je m’en remets entièrement à toi parce que je serai sûrement incapable de te tuer malgré le fait que tu aurais des informations compromettantes pour la sécurité de mes subordonnés et la mienne. Je pense que c’est le moment pour toi de me poser toutes les questions qui te passent par la tête. A la fin de ce petit voyage, peut-être qu’il vaudra mieux que nous nous séparions quelques temps pour que tu puisses t’affirmer en dehors de ma présence qui vraisemblablement t’écrase. Nous avons passé un peu plus de six mois en continu l’un avec l’autre, tu ne pourras jamais être autonome si tu continues à m’idolâtrer de cette façon…*


Finalement il n’avait pas trop appuyé sur l’ambiguïté qui s’était installée pour le moment en attendant de voir comment son apprentie amènerait les choses dans la discussion. Il s’était peut-être fait des idées après tout, lui aussi était sous les effets de l’alcool à ce moment là. Ces événements lui avaient fait toutefois réfléchir quant aux questionnements plus lourds que soulevaient ses relations avec le Bha’lir Noir et la Guilde du Maëlstrom. Il s’était finalement décidé de régler ces points cruciaux à l’issue de cette soirée à défaut d’avoir un vrai problème relationnel personnel avec Iala s’il en était.

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Iala avait regagné sa tente avec le sentiment désespérant d’avoir enchaîné les erreurs tout au long de la journée. Elle n’avait qu’une envie : s’écrouler sur le sol et dormir en essayant d’oublier. Mais ce n’était pas dans ses habitudes que de se laisser aller à ses envies. Iala abandonna sa tenue écarlate, si belle mais trop voyante à son goût. Les fileuses avaient lavé son linge et soigneusement raccommodé sa combinaison. Iala fût émue de ce geste délicat et elle ressentit du soulagement mêlé de gratitude en enfilant sa tunique propre.

-------------- Assise en tailleur, elle se plongea dans la méditation, laissant couler la Force en elle. Iala analysait ses erreurs de la journée et tentait d’en tirer les enseignements. Le calme revint rapidement, les méfaits de l’alcool Raava s’effacèrent, la fatigue physique disparut. L’esprit se libéra du corps et sa vision se clarifia.


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Les doutes d’un Maître


-------------- Iala n’aurait su dire combien de temps avait duré sa méditation lorsque la pensée de Nico pénétra son esprit. Une pensée troublée et torturée qui venait s’échouer dans la sérénité retrouvée de Iala. Elle ouvrit son esprit à Nico et, comme on immerge un blessé dans la cuve à bacta, elle encouragea la plongée de la pensée de Nico dans la sienne pour l’envelopper de tendresse et d’apaisement. Pendant que Nico avançait dans ses confidences, Iala concentrait la Force, comme jamais elle ne l’avait fait, pour maintenir son calme, tant l’émotion menaçait de la submerger.
Puis ce fut le silence ; silence douloureux de Nico auquel répondait le silence de Iala qui avait tant de choses à transmettre et qui, dans un plan profond de sa conscience, essayait d’ordonner ses réponses pour leur donner la force et la clarté nécessaires.

Iala commença doucement à transmettre sa pensée :

« Vous n’avez jamais été un mauvais maître. Il était difficile de parfaire une formation si avancée que la mienne, et si imparfaite de surcroît. Ma volonté et mes mauvaises habitudes ne vous ont pas facilité la tâche. Vous n’avez jamais baissé les bras, vous n’avez jamais douté de moi, m’encourageant quand il fallait, m’obligeant à me surpasser sans jamais aller au-delà de ce que je pouvais faire. Vous connaissiez mes limites souvent mieux que je ne les connaissais moi-même. Si ce soir vous doutez de vous, ce sont mes propres incertitudes qui en sont la cause. Je n’aurais pu avoir de meilleur maître que vous et je crains d’être la pire élève».

Iala fit pénétrer Nico dans un monde qui lui semblait convenir à sa nature en même temps qu’à ses propos à venir. Etendue infinie de dunes de sable, couleur des blés matures sous un ciel bleu pâle. Ombres et lumières jouant dans un paysage tout en courbes douces, y superposant leurs propres méandres de pénombre et de miroitement en un paysage majestueux et ondoyant.

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« Ne vous reprochez pas de ne pas m’avoir dit ce que vous venez de m’apprendre. Vous l’avez fait au moment que vous avez jugé opportun. Pourquoi vous reprocher de m’entraîner dans des actions qui auraient pu être contraires à ma morale puisque vous ne l’avez pas fait. »


Quand l’élève devient maître


-------------- Iala marqua une pause. Elle laissa un souffle de vent caresser leurs esprits d’une douce chaleur mais sa, pensée devint plus doctrinale :

« Vous dites ne pas être fier de certains de vos actes. Je suis convaincue que vous n’avez fait que ce qui vous semblait le plus juste ou le plus nécessaire. Nous ne sommes pas dans une de ces holo-sagas peuplées de héros invincibles qui agissent de façon exemplaire en toutes circonstances… nous sommes des êtres de chair et de sang qui évoluent dans un monde qui n’a rien de manichéen.

C’est vous qui m’avez appris qu’il n’existe pas de mauvais chemin. Parfois nous nous égarons sur de mauvaises voies, imparfaites ou impures à nos yeux. Ne pas s’égarer c’est méconnaître et l’ignorance est faute grave que tout Luxien doit éviter.


S’égarer est un moyen d’apprendre. L’erreur c’est de se perdre.



Sur les chemins, nous devons être lucides car la Force n’a pas de conscience et c’est à chaque forceux de trouver sa voie. Rester attentifs, demeurer en harmonie avec notre éthique, avec nos aspirations profondes ; voilà ce qui nous permet de juger si le chemin est bon ou mauvais. Un mauvais chemin pour moi peut être bon pour un autre forceux si il y trouve une résonance harmonique avec son égo.

La Force EST ! Elle n’a pas de dessein, sinon elle possèderait une forme consciente et de ce fait, elle serait déité. Plus rien n’aurait de cohérence ; nous n’aurions plus de libre arbitre, la voie serait unique et incontournable. A défaut il faudrait admettre que son dessein soit le chaos total, ce que je ne peux et ne veux imaginer car dans ce cas je serais obligée de la renier et de me renier moi-même. »


Revenant à Nico :

« Vous vous reprochez d’avoir emprunté certaines voies. Vous vous trompez : vous ne vous êtes pas « perdu », ces chemins vous ont amené là où vous êtes, ils ont été nécessaires à la genèse du Nico d’aujourd’hui. Sans ces errances, vous ne seriez pas l’homme à qui incombent les lourdes tâches et responsabilités que je découvre et que vous assumez avec courage et détermination. Tous nos pas, si maladroits soient-ils, nous forgent. Votre vie a été dure et semée d’embûches, je ne peux qu’admirer l’homme que vous êtes et je veux vous assister de toutes mes forces dans votre projet de fondation de l’académie luxienne. »


Quand l’élève devient amie

La pensée de Iala abandonna le ton presque magistral qu’elle avait adopté pour développer sa démonstration. Elle se fit plus douce :

« Vous m’offrez votre confiance, votre amitié, vous remettez votre vie entre mes mains. Je l’accepte, j’accepte en toute conscience de vous suivre là où vous irez, là où vous jugerez que ma place se trouvera dans la mesure où cela ne sera pas en contradiction avec mon éthique.

Vous savez que je vous aime. Cet amour j’ignore moi-même ce qu’il est : celui que j’aurais pour un frère, un père, un fils, un mentor, un amant… un peu de tout cela ? La découverte de mes sens n’est que la fâcheuse conséquence de l’alcool. Si vous refusez mon amour, vous me rejetez. Il est en moi, même si vous m’envoyez à l’autre bout de la galaxie. Acceptez mon amour tel qu’il est, je n’ai que celui là à vous offrir mais je vous promets qu’il ne vous importunera plus. D’ailleurs jugez vous-même. »


Elle s’agenouilla devant Nico, ses mains saisirent doucement les siennes et elle les embrassa avec tendresse. Nul émoi, nulle vibration physique, juste l’élan d’une âme qui a reconnu sa sœur.

Nico se rendit compte que la pensée de Iala s’était doublée d’une réalité physique bien concrète. Elle sonda Nico plus profondément : sa pensée paraissait apaisée et elle en fut heureuse.

« Vous n’avez pas fini votre travail maître, vous devez faire de moi une combattante… et moi je dois vous apprendre à vous aimer »
Elle ajouta avec une pointe d’humour :
« J’ignore ce qui sera le plus dur. »

Iala se leva et pris la main de Nico :

- « Il est temps de dormir, maître. La route sera longue demain et nous aurons beaucoup de choses à nous dire. »

Elle le mena jusqu’à sa tente et avec des gestes maternels, elle l’aida à enlever sa tunique tâchée. Ne comprenant pas l’origine de la plaie, elle regarda Nico interrogativement mais n’insista pas devant son regard fermé.
Elle lui sourit avec tendresse et bienveillance et lui souhaita une bonne nuit.

Malgré sa fatigue, elle nettoya la tunique au puits. Lorsqu’elle revint déposer le vêtement, Nico dormait. Iala sourit en pensant que quelque part l’élève avait pris la place du maître, si modeste que soit sa participation à l’oeuvre de Nico, elle entendait bien apporter sa pierre à l’édifice.

-------------- En regagnant sa tente Iala songeait que la journée avait été la plus éprouvante de sa vie mais sûrement la plus riche en expérience. A peine allongée, elle sombra dans un sommeil profond où elle rejoindrait peut être son maître.

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Se débarrasser des ténèbres du passé

Aux premiers mots rompant le silence, Nico se rendit encore plus compte de la chance qu’il avait d’avoir une personne aussi compréhensive et dévouée que Iala à ses côtés. Elle avait beau se dévaloriser, il ne comptait pas le moins du monde lui laisser à charge toute cette histoire. Plus que tout il était vraiment soulagé d’entendre qu’elle le considérait comme un bon maître et qu’il ne l’avait pas déçue à ce sujet. C’était lui le conseiller et pourtant son avis à elle lui importait tant… Tant de gens étaient passés dans sa vie, certains y avaient perdu leur visage, d’autre leur nom, la mémoire était une notion bien relative et capricieuse. Malgré tout, pour une poignée de souvenirs, rien ni personne ne les ferai disparaître quoi qu’il se passe. Ils se faisaient discrets, se faisaient oublier dans un coin de votre cerveau, bien ancrés et cachés jusqu’au jour où ils décidaient de refaire surface.

Tout le monde traîne des bagages qu’il accumule au fil des années, Nico venait de se réveiller avec un Transport Luxien chargé de réminiscences de ses vies antérieures. Il avait du mal à s’expliquer les raisons de la remontée soudaine de ces pensées : Hasard ? Esprit libéré par l’alcool ? Il se plut un instant à penser qu’il s’agissait d’un signe subtil pour lui indiquer qu’il était temps de faire la paix avec son passé pour s’en affranchir et s’ouvrir à l’avenir. Il s’employa alors à partager certaines bribes de son passé à son apprentie :

- Plus on se connaît, moins on se sent vulnérable. Plus l’autre nous connaît, plus on se sent vulnérable. Ce n’est pas la force de mes convictions, la foi en mes capacités ou mes connaissances qui montraient leurs limites dans ma remise en question de tout à l’heure. J’avais juste peur que mes actes n’en soient pas à la hauteur. Je prône le libre-arbitre et la réalisation de soi pour tous mais j’ai eu d’un coup la révélation que je n’étais peut-être pas assez attentif à tes besoins et envies.

Quand je t’ai dit que je n’avais pas d’apprentie parce que j’étais trop souple sur la discipline en cédant souvent à des caprices, je ne t’ai pas tout dit à ce sujet. Ton maître est sans doute le plus incompétent que tu aurais pu avoir, son manque de discernement a tué dans l’œuf la destinée d’un prometteur adepte de la Force Luxienne il y a des années de cela. J’étais jeune mais on pensait en haut lieu que je pouvais déjà transmettre à un plus jeune. À 19 ans on a souvent trop confiance en ses capacités, cette erreur a coûté une vie.

Sa technique n’était pas à remettre en cause, il était très doué pour un garçon de 14 ans, plus que moi sans doute. Ce que j’ai oublié de lui enseigner avant de lui remettre son sabre c’est qu’il faut craindre la mort et la combattre en permanence à partir du moment où tu prends les armes. Sortir sa lame c’est mettre sa vie en jeu et il faut des raisons plus que solides pour s’en sortir à chaque fois. La volonté compte autant si ce n’est plus que les compétences physiques et tactiques dans un combat. Si tu veux devenir une manipulatrice de la Force luxienne accomplie, je répondrai à ton attente, encore faut-il que tu ais des raisons de vouloir te battre et ta réponse à ce sujet me poussera ou non à t’enseigner tout ce que je sais. Réfléchis-y et donne-moi ta réponse quand tu seras prête.


Là où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté

Iala s’employa à les faire s’évader loin de tout ça en utilisant ce qu’elle savait de son maître pour lui offrir un environnement paisible et propice au repos de l’esprit. L’imagination de la Tétienne travaillait pour faire de ce monde un havre de paix qui oeuvrerait à porter son discours imminent. Des dunes de sable à perte de vue s’étendaient maintenant autour d’eux, quelque chose de si basique et complexe à la fois, un endroit éblouissant mais sans artifices. Avant de la laisser dire tout ce qu’elle voulait répondre à ses propos précédents, il s’offrit une dernière remarque :

- Sais-tu pourquoi j’aime tant le désert ? C’est très souvent sous cette apparence que se matérialise mon monde intérieur, la plupart du temps tout est clair et paisible même si quelque fois une tempête de sable vient bouleverser tout ça. Cette soirée était agitée mais demain sera un autre jour et tu verras à ce moment-là que même si rien vraiment ne change, tout est différent.

Puis les paroles de Iala arrivèrent dans un flot continu de compassion et de sagesse entremêlées. Il avait cru à un moment devoir tout lui apprendre mais il s’était bien fourvoyé en pensant ceci. Le vilain petit canard avait toujours été un beau cygne mais il fallait voir plus loin que ses yeux aussi pour en saisir toute la magnificence. Nico aurait peut-être pu et du intervenir de temps à autre pour appuyer ou développer certains points de la discussion mais les mots ne lui venaient pas alors il se contenta de la laisser s’exprimer puisqu’elle le faisait si bien. Il se laissait porter par les paroles attentionnées, les réflexions passionnées ou les remarques pleines de sagesse qui remplissaient le vide du silence autour d’eux.

De temps à autre, son regard plongeait dans les yeux pétillants et pleins de tendresse de la jeune femme, ou se promenait sur ses lèvres ourlées qui découpaient les mots de manière si légère et soignée. Il ne s’y attardait jamais très longtemps de peur de la mettre mal à l’aise de même qu’il ne pouvait se permettre de la contempler, au moins tant que sa formation n’était pas terminée avec lui, pour qu’il garde toujours à l’esprit les imperfections qu’il devait corriger chez elle pour en faire une luxienne de premier ordre.

Il sourit à sa première pensée en se remémorant le second de son clan qui ironisait en disant qu’il devrait sûrement se marier trois fois pour avoir une femme drôle, belle et intelligente. La seconde image fut plus douloureuse, le visage d’Enora se rappelait à lui alors qu’il était auprès de Iala. C’est à ce moment que son apprentie s’engagea à rester à ses côtés malgré ses liens avec la Guilde et tint à lui démontrer la pureté de ses sentiments envers lui. Un frère, un père, un fils, un mentor, un amant… que voulait-il être pour elle dans tout cela ? Il prit une décision pour régler son dilemme… en choisissant de tout simplement enterrer la question le temps que Iala ne soit plus dépendante de lui pour être libre d’accepter ou non sa réponse.

Il aida la Tétienne à se relever puis porta à ses lèvres la main qu’il avait gardé dans la sienne pour la baiser en signe de respect comme dans le milieu dont était issue la jeune femme. Libéré provisoirement de ses incertitudes reportées, il concentrait maintenant ses pensées sur son rapport à la Force et réfléchissait à la suite de leur voyage aussi. Cela devait lui permettre de montrer un bien meilleur visage à la jeune diplomate que celui du maître torturé qui avait franchi le pas de sa tente un peu plus tôt. De retour dans la réalité, il ressentit tout d’un coup la fatigue et la douleur le reprendre, ses gestes se firent mécaniques pendant que Iala le raccompagnait et l’aidait à se coucher. Il n’eut même pas le réflexe de la remercier avant de sombrer dans le repos du guerrier.

L'arrivée chez les Asilyr

Le lendemain matin, les choses reprirent comme si rien n’avait réellement changé. Nico avait arborait à nouveau son attitude détachée qu’il portait au moins en façade habituellement. Le temps avait repris son cours après la bulle suspendue de la soirée précédente. Après les ablutions matinales, un petit déjeuner copieux et les adieux de rigueur, ils reprirent leur chemin à travers le désert sur les mêmes montures et avec les mêmes guides qu’à leur arrivée. Ils traversèrent les mêmes paysages encore et encore pendant des heures sous le soleil de plomb, faisant des haltes aux rares points d’eau de ces étendues de sable noir sans fin.

Finalement les éclaireurs d’Osman s’étaient retirés et étaient repartis jusqu’à leur camp de base. Ils devraient aller jusque là-bas sans aide des locaux, leur hospitalité légendaire se ferait connaître uniquement après les présentations de rigueur pour Nico… A la tombée de la nuit, ils rejoignaient leur destination, juste au moment où le village devenait actif puisque les Asilyr vivaient la nuit. Leur arrivée fut annoncée au chef du clan qui ne tarda pas à se montrer au devant des visiteurs juché avec sa garde personnelle sur ce qui ressemblait à des chevaux des steppes. Un sabre au fourreau de chaque côté de ses hanches, un jeune homme dans la vingtaine avec un bandeau sur l’œil droit et vêtu tout en bleu les interpella.

- Hey le vieux, j’dois admettre que t’as du cran de te pointer ici sans avoir dégainé ton arme en avance. Tu reviens pour que je t’enterre moi-même, c’est trop d’honneur. J’aurais pas cru que tu réussisses à survivre bien longtemps avec tes capacités limitées, la leçon de la dernière fois ne t’as pas suffit ?

Sans ciller, Nico lui répondit du tac au tac :

- Je n’ai pas souvenir que tu m’ais un jour battu ou en tous cas pas à la loyale dans ce cas… Les gamins dans ton genre devraient s’entraîner au moins un bon quart de siècle avant de prétendre pouvoir essayer de ma battre. Reviens me défier quand Hafed n’aura plus besoin de te changer tes langes.

Les salutations étaient faites, Iala venait d’avoir un aperçu d’une autre facette de ce désert. Après les femmes soumises mais heureuses de l’être, elle tombait sur une tribu dont le beau sexe n’était plus restreint mais où le sexe fort faisait des concours à celui qui serait le plus viril… Osman n’était pas reconnu comme chef parce qu’il était le plus sage mais bien le plus fort et avait le caractère le plus trempé tout simplement. Il aperçu en second lieu Iala légèrement en retrait de Nico.

- C’est donc elle ton bras droit ? J’ai bien peur qu’elle ne tienne pas plus de deux minutes contre Hafed avec sa taille et sa force ridicule. Tu n’as pas oublié que le perdant devient l’obligé de l’autre n’est-ce pas ? J’attends ce moment avec impatience !

Les hommes de la tribu acclamèrent en cœur leur chef de clan. Nico lui semblait perplexe après avoir entendu la décision de son rival local bien qu’il paraissait s’en douter quelque peu à l’avance.

- J’aurais espéré que ça resterait entre nous. Soit j’accepte le double défi mais j’y appose une condition : nos deux champions ne se battront pas l’arme à la main mais sur une partie de dejarik. C’est non négociable.

Les Asilyrs se mirent à rire de bon cœur en entendant la requête, même Osman semblait plus qu’amusé d’une telle demande.

- All right. On commencer la party à mi-nuit, soyez prêts !


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J’ai fait un rêve

Iala comprit un peu plus tard ce que son maître avait obtenu en rentrant sous la tente qui leur fut assignée. Elle devrait affronter dans un jeu de stratégie celui qui passait pour être le tacticien des Asilyrs. Nico combattrait par la suite Osman mais l’affrontement entre la jeune femme et l’œil droit du chef aurait une importance non négligeable. Nico sortit un katana d’un étui qu’il portait accroché à son sac depuis leur départ. Il se battait rarement avec cette arme, c’était comme se battre avec une relique puisque les utilisateurs de la Force avaient abandonné ce style d’arme depuis des millénaires. Il l’entretenait pour être fin prêt à l’issue du répit de deux heures qu’il leur restait avant l’échéance. Iala semblait se préoccuper de la légère tâche de sang qui était apparue à nouveau au niveau de la cuisse de son maître pendant le voyage. Il ne fallait pourtant pas qu’elle soit distraite pour si peu au yeux du Consul alors il la recadra :

- Je sais ce que tu penses… je devrais me soigner ou ne pas le combattre mais aucune de ces deux solutions ne me conviennent. Nous affronter dans un face-à-face avec tout ce qu’on a, c’est la seule façon que l’on connaisse pour communiquer lui et moi. Effacer cette blessure d’un coup de bacta serait vite oublier sa cause et tout ce qui s’est passé autour lors de la soirée d’hier. Pour être sûr que ta première leçon donnée reste bien gravée dans ma mémoire, je la garde aussi dans ma chair pour le moment… Ne t’inquiètes pas, il en faudra plus pour que je puisse échouer et la souffrance est très rassurante dans un sens pour moi, ça me rappelle que je suis en vie. Concentre-toi sur ton propre combat, prends la pleine mesure des règles du jeu et ais confiance en toi. Tu es vraiment très douée alors honore ton clan en gagnant ce duel.

Devant Iala se tenait le holo-plateau de jeu sur lequel le vainqueur de son match serait décidé en trois manches gagnantes afin « de laisser une chance à la gamine » selon les dires de son adversaire. Elle avait peu de temps pour affiner ses stratégies, si tant était qu’elle sache jouer auparavant ! Dans le cas contraire Nico lui donnerait une explication rapide du jeu mais ses chances seraient encore plus réduites objectivement. Malgré tout, il avait une confiance aveugle en celle qui avait changé sa vision du monde en entrant dans sa vie. Alors qu’il poudrait son sabre, il eut envie de poser une dernière question à sa protégée.

- J’ai fait un rêve la nuit passée, tu y étais et on construisait de nos mains un monde où les Luxiens pourraient à nouveau vivre en paix, où la liberté ne serait pas étouffée et où les liens entre les gens seraient sacrés. Est-ce que tu penses que si on est assez nombreux à y croire il pourrait se réaliser ?

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Même si rien vraiment ne change, tout est différent


---------------- La journée de Iala était lumineuse. Malgré la chaleur, la poussière, les odeurs, Iala se laissait conquérir par la beauté austère de Socorro. Elle profitait de la lente marche rythmée par le balancement du druyza pour faire le bilan des jours passés. Que de changements en si peu de temps. En presque une année elle avait tout confié à Nico, et lui, si peu en retour… mais c’était le maître et elle n’avait rien à y redire !
Au moment où elle craignait d’avoir tout gâché et trahi sa confiance, il se livrait. L’homme qui apparaissait à ses yeux était encore plus remarquable dans toute son humanité et dans sa détermination, malgré la solitude de son âme.
Sa relation avec Nico avait évolué de façon irréversible. Nico était devenu le maître de sa vie et pas seulement le mentor Luxien qu’elle avait rencontré huit mois auparavant.

L’empathie naturelle de Iala percevait de la sérénité dans l’esprit de Nico, pas de trouble perceptible. L’esprit de son maître savait se rendre impénétrable lorsqu’il le voulait mais elle ne sentait pas de barrière et cela la rendait heureuse.

Arrivés au camp Asilyr, ils furent accueillis avec un mélange de brutalité et d’amitié, qu’elle pensa être une sorte de rite viril ! Arrivé dans la tente, Iala aurait voulu répondre à la question de son maître à propos de son engagement à ses côtés pour son grand projet mais Nico la fit redescendre sur Socorro en lui rappelant la priorité de sa mission.

Elle avait pratiquement occulté le défi lancé, tant d’autres choses lui semblaient primordiales. La chute fut brutale.

« Quelle idée de me proposer ce duel ! La dernière fois que j’ai joué à ce jeu avec le vieux majordome de la Maison Iedastré, je devais avoir une dizaine d’année. Je n’ai plus les règles en mémoire, ni la stratégie… ni rien en fait.»



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---------------- Iala se plaça devant le plateau et entreprit une partie contre l’ordinateur. Son front se plissait tant la remontée de ses souvenirs était laborieuse : ce n’était vraiment pas le genre de connaissance que la mémoire, pourtant assez exceptionnelle de Iala, avait « archivée ».
Elle se familiarisait à nouveau avec les pièces et leurs particularités. Mais la rapidité des coups désarçonnait Iala, et, implacablement, l’ordinateur la battit à trois reprises.

Iala leva un regard soucieux vers Nico. Il se concentrait sur son combat et elle renonça à le perturber. A l’exemple du maître, elle médita un court moment pour mettre en adéquation ses souvenirs engloutis qui émergeaient lentement et le sens de la stratégie ludique qu’elle avait développé en jouant aux échecs, jeu où elle se montrait plutôt talentueuse. Elle gagna la partie suivante et décida de monter le niveau de difficulté… elle persévéra longuement : les résultats s’amélioraient, mais restaient loin de la perfection. Iala espérait que son adversaire ne serait pas d’un trop haut niveau. L’idée de tricher en le suggestionnant l’effleura brièvement. Sa morale lui aurait permis cet arrangement si l’enjeu avait été vital mais ce n’était pas le cas. Nico l’avait mise dans cette situation et elle se devait de l’affronter honorablement.


Stratège contre tacticien : une partie de Dejarik


---------------- Au dehors l’agitation grandissait au fur et à mesure que l’obscurité tombait sur le village. Iala fut prise au dépourvu quand des hommes pénétrèrent sans vergogne dans la tente et emportèrent le plateau de jeu. Le départ de l’épreuve semblait donné.

Le regard de Nico sonda Iala :
« Je vais faire de mon mieux et au-delà, si la Force est avec moi.»
Iala sourit autant pour s’encourager elle-même que pour rassurer Nico.


---------------- Au dehors, la tribu s’était rassemblée autour d’une zone sablonneuse dégagée, le plateau de jeu était posé à même le sol sur un tapis ; clairement les adversaires n’avaient pas droit au même privilège. De nombreuses torches éclairaient cette sorte d’arène et la foule excitée ouvrait un chemin aux protagonistes qui s’avançaient par deux travées humaines se faisant face. Iala pensa que le protocole était bien ordonnancé malgré une apparente improvisation.

Elle progressa jusqu’au plateau et attendit que son adversaire lui fasse face. Elle s’inclina légèrement devant l’homme pour témoigner de son respect. Le regard pénétrant de l’Asilyr démontrait une subtilité en contradiction avec son physique de brute guerrière. Iala notait cependant de la fébrilité chez l’homme et aussi de l’arrogance : un guerrier avant d’être un tacticien ? Paradoxalement le sourire assuré de l’homme redonna confiance à Iala. Simultanément les adversaires s’assirent en tailleur, face à face. Iala fit le vide dans son esprit et se focalisa sur le jeu sans négliger son adversaire dont l’aura était un précieux indicateur.

L’Asilyr utilisait le placement aléatoire des pièces, tiré aux dés. Iala n’appréciait guère cette variante du jeu mais elle ne fit pas de commentaire.

Manche I
Elle avait décidé de laisser aller la première partie en se concentrant sur la méthodologie de son rival d’où découlerait sa propre tactique sur les deux parties suivantes. En revanche, cela ne lui laisserait plus le droit à l’erreur.
Iala perdit sans appel et son vis-à-vis exultait pendant que la foule l’acclamait bruyamment.


Manche II
Iala avait noté la maîtrise d’Hafed quand à l’exploitation des atouts de chaque pièce mais quelques failles lui apparaissaient et elle comptait bien les exploiter ainsi que le tempérament du joueur qui le poussait à jouer rapidement… trop rapidement.

Iala jouait lentement, à la limite du temps réglementaire, sans un sourire, qui aurait pu passer pour de la provocation, elle évitait même de regarder Hafed. Elle positionnait ses pièces dans des mouvements d’évitement, semblant perdre des tours inutilement.

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4 - Kintan Strider Orbite +3 « positionnement simple »
6 - Ng'ok Orbite + 1 « défense »

….
Son empathie suffisait à la renseigner sur l’excitation grandissante de son adversaire.

12 - Mantellian Savrip Orbite +2 "poussée"
14 -Houjix Rayons 4 -1 "contre-poussée"


Le lent contournement des pièces de Iala avait déstabilisé Hafed qui jouait la partie comme un combat grandeur nature en préservant ses pièces. Iala en revanche n’hésitait pas à sacrifier celles qui servaient de leurre ou de bouclier : une méthode très proche du jeu d’échec. Ses dernières pièces balayèrent sans pitié celles de Hafed, vulnérables et mal positionnées.

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16 - K'lor'slug Orbite + 2 "élimination"
18 - Monnok + 2 "contre-élimination"
20 - Molator Rayons 6 +2 "élimination".
22 - Mantellan Savrip Orbite +2 "élimination".


Iala fut étonnée par les acclamations très fair-play des spectateurs, bien que moins enthousiastes que pour Hafed


Manche III
Le guerrier attaquait déjà la troisième partie avec une sorte de rage où Iala sentait la frustration.
« Cet homme retranscrit son action sur le terrain dans sa technique de jeu, c’est tout à son honneur de vouloir protéger ses hommes mais il n’arrive pas à prendre des distances avec ça. ».
Iala dût minimiser ses attaques, elle s’autorisa même des erreurs minimes parfaitement calculées avant de gagner apparemment in extrémis. .

Finalement Iala regardait Hafed d’une façon plus bienveillante et elle oubliait un peu sa dérangeante arrogance.

Elle se leva et dit bien haut :
- « Vous avez été désavantagé par le tirage aux dés. Et puis… et puis, je vous soupçonne de m’avoir épargnée pour ne pas priver Osman de son combat avec mon maître. »
---------------- Elle avait dit ça avec beaucoup de conviction : l’honneur de Hafed restait sauf et la foule acclama à tout rompre en attendant l’affrontement ultime, celui qu’ils attendaient tous.

Iala sortit de l’arène en cherchant Nico des yeux :
- « Que la Force soit avec vous, maître. »

---------------- Elle pensait à la mystérieuse blessure de Nico et elle en éprouvait une souffrance presque physique. Elle avait confiance en son maître mais ne pouvait s’empêcher de redouter les dommages que pouvaient faire les terribles sabres d’Osman. Elle tendit son esprit vers Nico comme pour le soutenir. Elle ne pouvait rien faire de plus.



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Duels au clair de lune.

Elle avait gagné. Il n’avait jamais douté sur ses capacités à réussir ce nouveau challenge ô combien différent de tout ce qu’il avait pu lui imposer jusqu’ici. Bien qu’elle n’ait pas obtenu une large victoire, celle-ci comptait beaucoup puisqu’elle lui avait permis de gagner le respect du clan et elle démontrait à son maître toute l’étendue de ses capacités de réflexion, notamment pour monter une stratégie mais aussi s’adapter à celle de l’adversaire. Nico avait pu constater qu’elle avait gagné en sagesse et en maturité ces derniers mois. Extraite de son cocon familial et de la tranquillité de son monde natal, la Tétienne avait du s’acclimater, entre les entraînements méditatifs et physiques plus relevés, à la fange des bas fonds, aux conditions de vie difficiles et aux environnements hostiles.

Bref, elle avait gagné. Plus qu’une célébration de toutes ces victoires acquises dans le labeur et la douleur tant physique que mentale, elle respectait son adversaire et relativisait son succès pour le soulager d’une partie de l’humiliation subie. C’était noble et juste comme attitude, elle en sortait encore grandie sur le chemin qui l’amènerait à devenir une grande Luxienne.

Pour Nico, l’heure n’était plus à l’attente et la contemplation de l’engagement des autres participants maintenant. L’attention s’était déjà déplacée sur ce qui était annoncé comme le grand événement de la soirée, le combat des chefs. Osman était déjà prêt à en découdre, réchauffant un peu plus l’ambiance en encourageant les acclamations de ses fervents supporters. Il était survolté, son regard de chien fou dénotait toute son impatience quand à la suite, il croiserait le fer le plus vite possible sans chercher à jauger son adversaire assurément. Son agressivité exacerbée transparaissait dans chacun de ses gestes contrairement à son vis-à-vis.

En effet, Nico restait calme et détaché de ce qui l’entourait, à peine conscient de l’extérieur et du soutien de Iala qui l’encourageait en silence derrière lui. Les conditions faisaient qu’il perdait nombre de ses avantages dans ce combat. Sa blessure entraverait sans doute sa mobilité et sa force de frappe pendant ses assauts et quand bien même il aurait été en pleine possession de ses moyens physiques, son choix de prendre une arme conventionnelle plutôt que son sabre laser faisait qu’il ne pouvait pas utiliser correctement son style habituel. Le katana l’obligeait à utiliser ses deux mains pour parer ou frapper, changeant ses mouvements qui seraient alors moins amples. Il ne pourrait pas y aller aussi franchement qu’à son habitude au moins le temps de s’adapter.

Au milieu d’un cercle de feux de camp éclairant l’obscurité ambiante des nuits fraîches de Socorro, les ombres de deux silhouettes dansaient déjà au gré du souffle du vent attisant les flammes. Un gros rat venait de traverser la place pour se diriger vers la cambuse, en quelques secondes c’était lui qui servait de déjeuner à un faucon granite socorrien. Ce fut le coup d’envoi improvisé du duel, le point de départ de longs échanges de coups entre deux hommes qui mettaient un point d’honneur à se prouver leur valeur. Les lames qui s’entrechoquaient voyaient leur son se perdre au milieu des acclamations de la foule ponctuées par le duel des mots après celui des armes. Malgré toute la violence de l’action, ils n’étaient qu’à l’échauffement comme le prouvait encore ces échanges verbaux, ils gardaient le sourire entre deux provocations ou contre-invectives en réponse. Coups, parades, bravades, tout semblait si intense de l’extérieur et pourtant si facile et stérile entre les deux combattants.

Puis le petit jeu cessa pour laisser la place au véritable défi, les visages se refermèrent d’un coup pour ne garder que leur objectif à l’esprit dans une concentration sans pareille. Les échanges redoublèrent de rythme, de précision et de puissance, aucun des deux ne cédant d’ouverture à son adversaire. Finalement le premier coup porté fut donné au bout de trois longues minutes d’attaque/défense. Il fut à mettre au compteur du luxien qui sur un pivotement à 180° plaça une contre-attaque dans l’action où il venait de briser les coups portés par son adversaire qui se retrouva alors déséquilibré. Le résultat en fut un coup de taille porté en oblique descendante de droite à gauche, ouvrant le dos du chef de tribu. De fait la lame rencontra une armure de mailles métalliques qui prévint la blessure qui aurait permis la victoire.

Le combat n’en fut que plus relevé devant la honte provoquée par un coup porté au dos sur un escrimeur. Les frappes d’Osman se firent de plus en plus puissantes et ses enchaînements plus rapides. Sur un sol aussi peu consistant, les contre-attaques de Nico perdaient en impact en plus de son impulsion limitée par une jambe diminuée. La suite n’arrangea rien à ces petites contrariétés quand sur la réception d’un saut pour éviter un coup latéral porté aux jambes, puis un coup vertical nécessitant une parade, le second sabre de l’Asilyr fit mouche. Sans pour autant toucher de point vital ni de nerfs, muscles ou tendons l’invalidant, Nico sentit le sabre de son adversaire pénétrer assez profondément dans sa chair, plantant sa lame sur quelques centimètres de profondeur dans sa jambe parfaitement valide mise en avant pour compenser le choc précédant.

Le premier sang avait été versé mais cela ne devait pas interrompre l’affrontement pour autant, ils ne pouvaient se séparer sur ce résultat par un simple abandon alors qu’il tenait encore sur ses jambes. Certes, elles ne le supportaient que mal à cet instant, laissant à son adversaire l’opportunité de lui chatouiller les côtes d’un coup de pied bien placé. Nico avait à présent un genou à terre, son sang s’écoulait lentement de ses plaies pour être directement absorbé par le sol aride de Socorro. Il respirait difficilement après ce dernier coup à l’abdomen, sa vision n’était plus aussi claire qu’au début du combat non plus. Allait-il perdre ici et de cette façon ?

Osman lui avait les yeux d’un enfant qui venait de gagner à un jeu, il savourait déjà sa victoire en attendant de porter un dernier coup qui la scellerait inévitablement. Peut-être revivait-il là un de ses jeux d’enfants au cours duquel ils s’affrontaient sans se blesser avec son vieil ami Farouk. Un jeu confrontant l’ego de ses participants, faisant d’un des deux le supérieur de l’autre. Nico ne pouvait pas perdre cette partie, son rang ne lui permettait pas. Au fur et à mesure que sa concentration faiblissait, il s’ouvrait à nouveau vers l’environnement extérieur et une présence forte l’interpella. Il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s’agissait, cette aura l’accompagnait depuis assez longtemps pour qu’il la reconnaisse les yeux fermés même perdue au milieu de Coruscant. Elle sembler lutter de toutes ses forces pour ne pas se laisser aller à intervenir dans le combat, elle devait savoir qu’elle ne pourrait que faire empirer les choses alors elle ne pouvait que rester là, dans son dos, à continuer d’y croire…

Nico s’était interdit d’utiliser ses capacités au dessus du commun des mortels en dehors de ses capacités physiques propres. Son orgueil aurait eu raison de lui dans ce combat, il n’avait pas pensé à une tactique particulière dans ce combat pour une fois, rien qu’un duel dans un espace dégagé duquel il ne pouvait rien tirer. Jeter une poignée de sable au visage de son adversaire, c’était le seul coup tordu que l’environnement lui permettait mais c’était tellement peu glorieux quoique moins ridicule que du poil à gratter sur un inquisiteur. Non, il lui fallait trouver autre chose pour venir à bout de son orgueil et de son opposant. Il avait beau réfléchir, rien ne lui venait…

Fierté. Ce mot résonna dans sa tête alors qu’Osman approchait lentement mais sûrement de lui. A chaque pas qu’il faisait, quelque chose se dessinait, une pensée inspirée par la Force elle-même. Avoir choisi de ne pas utiliser le pouvoir que lui procurait sa maîtrise de la Force avait été un choix honorable mais tellement vide de sens. En le faisant, il avait renoncé à sa propre fierté de chevalier luxien et il allait perdre à cause de son manque de lucidité par excès de respect envers son adversaire. Certes utiliser un sabre laser aurait été trop déséquilibré sans doute mais il serait resté lui-même et non cette parodie de combattant qui l’avait fait mettre un genou au sol. Ce katana de métal, il l’avait forgé en y mettant aussi de son âme, bien qu’inférieure en tout points à un sabre laser. Elle était imprégnée de la Force et les images du passé ressurgirent au moment où Osman abattait son arme sur lui.

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La lame semblait alors se mouvoir au ralenti tandis que Nico levait la sienne qui se mit à briller d’une aura lumineuse violette. La Force enveloppait maintenant sans retenue le vecteur de son art martial personnel et augmentait les capacités propres de son katana. Les jedis étaient souvent reconnus pour leur aura bleutée, les siths pour leur aura rougeoyante, les Luxiens qui se voulaient un conduit universel de la Force rassemblaient tout ça dans une forme composite qui prenait la teinte violette, ce qui était plutôt logique en un sens. En un instant, tout était fini.

Les lames brisées d’Osman se fichèrent dans le sable derrière lui, tandis qu’il était repoussé de son assaut. Retournant son sabre pour ne pas utiliser le tranchant, Nico frappa aux jonctions des bras de son adversaire en portant deux coups consécutifs rapides qui l’obligèrent à lâcher les poignées de ses armes à terre sous l’impact qui aurait pu briser ses os sans son armure. Puis un coup de poing tout aussi violent vint finir de mettre à terre le socorrien touché en pleine poitrine, lui coupant le souffle et fêlant probablement quelques côtes au passage. Il gisait maintenant sur le dos, inconscient, ayant laissé passer sa chance de vaincre son rival sur ces terres. Le dragon dominant était toujours le même que la veille bien que quelques coups avaient percé ses écailles.

Nico s’éloigna alors de l’attroupement qui s’organisa autour du vaincu pour le secourir. Il se dirigea vers le seul soutien qu’il avait eu pendant cette rencontre mouvementée. Iala était toujours restée pas très loin de lui pour le supporter mais elle ne devait pas apprécier de le voir dans un état aussi pitoyable encore. Il avançait péniblement sur ses deux jambes aux plaies ouvertes et se tenait encore bien les côtes qui le faisaient souffrir. Ce soir il ne ferait sans doute pas la fête toute la nuit avec les Asilyr, il prendrait un verre avec eux juste pour la tradition mais sans plus. Le repos était mérité et il le fit savoir à Iala en se laissant tomber auprès d’elle.

- Je me demande comment j’ai pu survivre toutes ces années en me battant aussi mal que ce soir. J’ai l’impression que tu passes ton temps à panser mes blessures, tu dois m’en vouloir de t’infliger des corvées pareilles non ? Je commence un peu à fatiguer là, demain c’est toi qui t’occuperas de renégocier les traités commerciaux avec les Ndowi. Moi j’interviendrai seulement à l’arrivée d’un invité que j’ai fait venir, un jawa du nom de Youki du clan Hini.

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Soleil de plomb pour effets secondaires.

La victoire sur Osman avait laissé des traces, de nouvelles blessures en plus de la fatigue qui s’accumulait. Il avait trinqué avec tout le clan lors de la fête du soir qui avait lieu à chaque visite d’un invité mais n’était pas resté bien longtemps à profiter de l’ambiance. Il avait été rafistolé sommairement avec les moyens du bord, argumentant que les médicaments serviraient mieux à la tribu plus tard que pour lui maintenant. Le bacta coûtait cher et était très rare dans ce désert, lui n’avait que de « simples égratignures ». Les blessures d’Osman étaient mineures mais les plus profondes n’étaient pas visibles. Il s’engageait à considérer Nico comme un chef de Socorro encore une fois mais bizarrement l’amertume n’était pas si prononcée cette fois. Elle fut même dissipée totalement en entendant que la mission qu’il lui confiait à l’heure actuelle était de retrouver Sana du clan Ibhann’l pour l’épouser comme il était convenu après sa demande. La tribu fournirait des hommes au Bha’lir Noir en contrepartie de son aide et de son soutien comme précédemment.

A l’aube, le village Asilyr commençait à se préparer pour sa nuit, vivant à contre-jour selon ses croyances et ses traditions. Les Luxiens de passage avaient pu dormir quelques petites heures d’un sommeil inégal avant de reprendre leur route vers le village des Ndowi. Nico n’était pas au mieux de sa forme et bien que ses blessures apparaissaient comme saines, il suait à grosses gouttes sans faire le moindre effort pourtant. Il ne lâchait pas de cris de douleur mais il serrait bien les dents pour l’éviter soigneusement aussi. Il savait que Iala ne serait pas dupe sur son état alors il accepta l’anti-douleur local du médecin du clan. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il en constata le prix à payer, enfin pas lui véritablement puisqu’il aurait un trou noir et une affreuse migraine à l’issue de cette journée… Au bout d’une heure de chevauchée à dos de druyzas, la préparation maison du docteur miracle (sans doute à base de baies ou autres produits louches issus de la cueillette) montra ses limites à l’exposition du patient au soleil.

Nico tomba trois fois de sa monture en un petit quart d’heure. Il avait chaud, se déshydratait très vite et tremblait. Le plus gênant était qu’il passait par des états hallucinatoires voir psychotiques par moment et là c’était difficilement contrôlable. Les premiers symptômes délirants se firent connaître lors d’une chute de selle, il ne semblait plus savoir très bien qui il était ni où il était. Alors que les hommes du convoi l’aidaient à se remettre en selle, songeant à l’attacher dessus même, le premier mirage lui apparut. - En route mes braves pirates, préparez-vous à une bataille épique ! Nos hardis boucaniers sont-ils prêts à en découdre une fois l’abordage lancé ? Ce galion stellaire est à nous, nous allons voler les crédits de son altesse la moche pour nous rincer le gosier une fois de retour au port mes amis ! Il retomba en vrac de tout son poids de l’autre côté, obligeant les guides à le remonter une nouvelle fois.

Le cinéma continuait visiblement et cette fois-ci ce fut Iala qui fut intégrée dans son délire alors qu’elle resserrait consciencieusement les bandages de Nico qui se défaisaient à cause de son agitation. - Si j’avais su qu’il y avait des infirmières aussi canon dans ce bled je serais venu plus tôt tiens. La dernière fois je suis tombé sur votre collègue là, ça donnait pas envie de revenir… Il désignait la monture de Iala. -…sans vouloir vexer personne hein. On en fait tout un plat des infirmières des fois mais vous va bien… vous êtes une chouette nana…du genre qu’on laisse pas dormir sur le canapé et même qu’on épouse m’voyez… Il regarda ses bandages aux jambes. - Aaaah mais qu’est ce que c’est qu’c’t’histoire, vous m’avez fait quoi ?! Je suis tout cassé de partout et j’me sens tout bizarre. Vous m’avez mis des bestioles dedans j’parie ! Oh nan encore mieux j’ai du chocolat dans le genou ! Mais vous m’aurez pas vivan….zzzzzzz ! Le convoi eut la paix puisque le grand malade avait fini par sombrer dans un sommeil profond…pendant une heure du moins !

Aux premiers signes de réveil, un escorteur se mit à hauteur du Luxien pour prendre des nouvelles de son état. Ils s’étaient arrêtés à une oasis pour se reposer un peu, se restaurer et se rafraîchir. Nico regardait son veilleur d’un air incrédule pendant au moins deux minutes avant de dire un mot. - Vous n’êtes pas Labeef. Visiblement les délires n’étaient pas passés ce qui rendait la compagnie un peu nerveuse quant à la suite du voyage. L’inquiétude se lisait sur les visages puisque la fièvre ne voulait pas diminuer. - Bah alors c’est quoi ces grand yeux tristes là ? Oh mais tu sais que t’as des beaux yeux toi, des yeux de bourrin. Nan mais j’mens pas, j’ai travaillé une fois dans un ranch d’Alderaan alors je connais bien. Devant l’absence de réponse il continua de parler seul. - T’arrives pas à comprendre ce que je dis peut-être. J’ai du mal à parler parce que j’ai les dents qui poussent. Il finit par se lever en titubant, bousculant un accompagnateur au passage, avant de se jeter dans la source d’eau en criant. - Ah faites gaffes v’la les renards, ils sont revenus. Hé mais qu’est-ce qui se passe, je suis plus étanche ! Le temps que les gars le ressortent de l’eau, il était retombé dans les vaps.

Finalement après lui avoir enfilé des vêtements secs pour reprendre la route en attendant que les siens soient utilisables sans contracter une pneumonie, ils l’installèrent sur un hamac improvisé à l’arrière d’un druyza pour plus de sécurité et un meilleur confort.

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Quelques heures plus tard, il repartait de plus belle, il avait sauté du hamac pieds nus et sabre à la main pour se ruer dans la direction opposée en vociférant comme un beau diable contre un géant qui lançait des boules de feu par son anus et des éclairs avec ses yeux. La suite du voyage fut aussi pénible sur tout le long, les hallucinations ne cessèrent qu’à l’arrivée au village Ndowi. Ils arrivèrent à bon port après avoir échappé au lapin géant mangeur de planètes et au gros ver des sables venus les gober vivants, enterré sa grand-mère sous un massif de rosiers, fui la questionnette du prévôt, utilisé un canon à deux têtes pour tuer un dindon des marais mutant qui était arrivé de Naboo on ne savait comment et quelques autres péripéties du genre. Finalement ils avaient réussi à le canaliser en lui faisant suivre la barbe imaginaire d’un vieux sage qu’il trouverait à l’autre bout pour lui apprendre le « clone de Force » jusqu’à ce qu’il s’endorme pour la dernière fois avant l’arrivée alors qu’il réclamait une omelette de l’amitié et un dessert de robot-gaufre pour le dîner. Enfin Iala put se procurer des médicaments pour calmer la fièvre et tous ces symptômes. Bizarrement à son réveil après une nuit de sommeil véritable, Nico allait beaucoup mieux grâce à tous les soins de sa si précieuse apprentie mais ne se rappelait de rien. Il pensait juste à son rendez-vous avec un des contributeurs de la Guilde qui montait depuis un moment, Youki Hini.


Dernière édition par Nico Aries le Ven 4 Mai 2012 - 13:07, édité 1 fois

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-------------- Quatre jours, quatre jours démesurément longs pour Iala. La découverte du monde nomade de Socorro s’était doublée de la révélation des sentiments mêlés, enfouis inconsciemment au plus profond d’elle même. Elle tentait d’en démêler les fils mais elle n’en avait guère le temps. La veille elle avait frémi en assistant au combat de son maître contre Osman. Angoisse et doute, douleur et… non !

-------------- La Force lui avait soufflé de soigner les plaies de Nico avec son aide, mais le résultat était à la hauteur de sa sérénité… nul ! Ce matin, au moment du départ, Nico avait refusé toute aide venant d’elle et Iala comprenait. Elle respectait le choix de Nico et se taisait.

Pour retrouver son calme, Iala voulut méditer sur le dos du druyza. A peine avait elle coupé le contact mental avec Nico que celui-ci montrait les premiers symptômes d’aggravation. Démunie, Iala fit ce qu’elle put pour soulager et assister son maître… bien peu de choses en réalité. Le délire de Nico l’inquiétait terriblement. Elle tenta de s’introduire dans son esprit pour apaiser ses hallucinations et faillit perdre pied à son tour : un wooki traînait un gigantesque sèche cheveux dans les dunes de Socorro, des droïdes Viper halaient un croiseur impérial arborant les couleurs de la rébellion … Iala dut s’extraire en catastrophe de l’esprit de Nico.

-------------- Arrivée au village des Ndowi, Iala se pliât aux rituels d’accueil qui furent largement écourtés en raison de l’état de Nico. On leur offrit une tente puis une femme se mit à sa disposition pour lui fournir ce dont elle avait besoin : eau bouillie, bandages, onguents ainsi qu’une décoction antalgique.


Force de guérison – Iala le joue à l’instinct


-------------- Iala défit les bandages : le sable s’était insinué dans la large plaie de la cuisse et les lèvres étaient à nouveau béantes. Elle nettoya soigneusement la blessure avant d’en rapprocher les bords au moyen d’un bandage serré. L’autre plaie s’était ouverte également mais son état n’avait rien d’inquiétant. Les plaies soignées, elle appliqua l’onguent sur les nombreux hématomes de Nico. Malgré les chaînes mentales posées la veille, elle dû se concentrer pour ne pas se laisser envahir par un flot de sensations… inappropriées à la situation. Heureusement le semi-coma de son maître ne lui permit pas de percevoir ce bref manquement à la promesse faite.

Iala se concentra pour atteindre la sérénité souhaitable, elle laissa couler la Force en elle, longuement. Contrairement à la veille, elle ne se contenta pas de focaliser le flux de puissance vers la plaie, elle la diffusa plus largement, vers le réseau sanguin du muscle largement entaillé, vers ses terminaisons nerveuses, vers le réseau lymphatique porteur des défenses immunitaires… elle étendit la Force de Guérison sur l’ensemble du corps de Nico, avec minutie et persévérance.
En l’absence d’un maître pour la conseiller dans ce type d’utilisation de la Force, Iala devait s’en remettre à son instinct. Elle ignorait l’impact de son effort, probablement minime, mais elle avait essayé.

Iala donna à boire au blessé mais évita la décoction antalgique. Le risque de le voir retomber dans ses délires l’en dissuada. Elle souhaitait éviter les manipulations douloureuses et se contenta de cacher la presque nudité de Nico avec un tissu léger pour ne pas favoriser la fièvre. Elle disposa une tenue propre pour qu’il s’en revête lui-même à son réveil.

Conservant le lien télépathique qui la reliait fermement à son maître, elle partit rejoindre le chef Djibril.


Négociations - Djibril du clan Ndowi


-------------- Son maître avait choisi le clan Ndowi pour commencer les négociations et Iala en comprit la raison. Si l’homme n’était pas le plus fort ni le plus sage, ce qui n’était d’ailleurs pas exclu, il était indéniablement le plus âgé. De ce fait, c’était celui dont la parole devait être la plus respectée des chefs de clans.

Nico, brisé par la douleur et la fatigue, lui avait demandé de se charger de cette mission le matin même.
Iala n’avait pas eu le temps de se préparer, tant l’état de Nico avait occupé tout son temps et demandé toute son attention. Heureusement Nico l’avait entretenu de son projet et la formation de diplomate de Iala la prédisposait tout naturellement à ce genre de travail.

Djibril était un vieillard affable. Ses yeux clairs luisaient de perspicacité et d’intelligence au milieu d’un visage exagérément ridé. Il invita Iala à s’asseoir en face de lui et lui offrit un verre de Raava. Iala accepta chaleureusement et trinqua pour marquer le début de la conversation. Elle se contenta de tremper les lèvres dans le liquide qui lui avait joué un si mauvais tour.

- « Chef Djibril, veuillez tout d’abord excuser l’absence de Maître Aries qui doit se reposer un peu. Il m’a chargé de vous exposer son projet. Je ne suis ici que comme assistante : je viens requérir vos remarques, vos suggestions et rien ne sera finalisé sans la présence de mon maître. »

Le regard de Djibril pétillait de malice :

- « Parle, Jeune Oiseau, je t’écoute »

- « Maître Ariès souhaiterait renforcer les liens qui l’unissent à Socorro et aux clans nomades par la mise au point d’un plan d’aide à la population. ».

Elle marqua une pose. Elle savait qu’elle devait éviter toute proposition qui soit perçue comme une forme d’ingérence.

« Nous pensons vous proposer de former des volontaires que chacun des clans participants choisiraient librement. Les domaines que nous pourrions aborder seraient aussi variés que l’éducation, la santé, la maîtrise de techniques de combat moderne, la science vétérinaire, la communication, l’agriculture, l’exploitation et la recherche des ressources hydriques… ».

Jusque là l’esprit de Djibril avait été réceptif mais elle venait de sentir une dissonance.

- « Rien de ce que nous entreprendrons avec vous, n’aura d’autre but que de vous rendre autonomes. Rien ne sera fait sans votre accord absolu et nous nous engageons à respecter votre décision si vous souhaitez interrompre une mission avant son terme. »

Elle ajouta sur un ton de confidence :

- « Vous savez l’attachement de mon maître à votre peuple et vous ne pouvez douter de la générosité de ses intentions. Mais je peux vous avouer qu’au-delà des enjeux évidents, il souhaiterait que ces actions fédèrent davantage les clans nomades de Socorro, c’est un objectif qui lui tient vraiment à cœur. »

Elle sentit l’esprit de son interlocuteur se détendre. Mais l’homme ne parlait pas, il attendait tranquillement. Iala enchaîna :

- « Parlons tout de suite de la contrepartie, car nous n’avons hélas pas les moyens d’engager de telles actions sans récupérer une partie de nos investissements. »

Elle ne voulait pas que ces propositions soient considérées comme une charité : la fierté des nomades ne l’aurait jamais accepté.

- « Notre fondation organiserait un négoce d’exportation de vos ressources sur lequel nous prélèverions un pourcentage qui sera à négocier au cas par cas. Je sais que cela vous demanderait des efforts conséquents. Nous pensions particulièrement aux tissages des Asilyr -qui pourraient d’ailleurs enseigner leurs techniques à d’autres clans – aux baies de Zsajhira, à l’alcool raava…»


- « La proposition sur laquelle nous avons travaillée concerne l’éducation à la santé. Je ne vais pas approfondir, mais vous brosser un tableau que vous aurez loisir de corriger avec Maître Ariès dès qu’il pourra nous rejoindre.

    - Chaque clan désignerait des personnes pour venir rejoindre un camp fixe que nous organiserions. Nous leur apprendrions à utiliser les ressources modernes et chercherions également à adapter les ressources naturelles dont vous disposez pour améliorer vos capacités sanitaires.

    - Maître Ariès pensait implanter des cellules sanitaires près de vos points d’eau les plus fréquentés. Notre fondation les approvisionnerait en matériel et en consommables. Mais, évidemment ce serait vos clans qui gèreraient le personnel. Nous aurions aimé que les personnes formées transmettent leur savoir sans que nous ayons à intervenir. »


Iala cherchait à bien démontrer que la démarche déboucherait sur une reprise d’autonomie presque complète.

- « Ensuite les autres domaines dans lesquels nous pourrions vous aider seront à discuter à votre convenance avec mon maître. Je crois que vous devez souhaiter réfléchir et en débattre entre vous. » Conclut-elle.

Iala ne ressentait ni hostilité ni enthousiasme. L’homme réfléchissait et répondit simplement :

- « En effet.»

Iala se releva, s’inclina respectueusement puis s’éloigna en direction de la tente. La voix rieuse de Djibril lui parvint :

- « Veille bien sur notre Dragon, Jeune Oiseau.»

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Entrée 80418AAE - Notes préliminaires pour holocron - Maître Nico Aries

Annexe personnelle, commentaire à Iala :

Aujourd’hui j’ai tiré les leçons de ces derniers jours. Je me dois de consigner ce genre de pensée et leurs circonstances exactes pour enrichir notre bibliothèque bien que je ne sois pas sûr d’avoir fait avancer nos travaux. Pourquoi cette réflexion ? Tout simplement parce que j’ai fini par prendre note que tu me reproches souvent des phrases trop alambiquées pour être compréhensibles et comme je doute de pouvoir changer maintenant, c’est à toi qu’il reviendra d’arranger tout ça pour moi je suppose… Pourquoi toi ? Tout simplement parce que dès que cet enregistrement aura une existence officielle, tu seras la première à vouloir écouter son contenu et personne ne pourra t’en empêcher je le crains. Après il m’apparaît même logique que tu seras la première personne à qui je ferai part de mon initiative.

Ce matin, je me suis réveillé avec une migraine carabinée comme si j’avais pris un bombardement orbital sur la tête. Je suis quasiment nu dans un endroit que je ne reconnais pas, dans un état physique quelque peu diminué et aucun souvenir des dernières heures ou journées passées. Je n’arrive à trouver ni le où, le quand ou le comment je me suis retrouvé ici. Je ne me rappelle pas avoir bu ou du moins pas à ce point, je ne me drogue pas… tout est confus. J’aimerais une personne connue à mes côtés qui m’explique la situation mais il n’y a personne à mon réveil, j’appelle quelqu’un à tout hasard…

Une vieille vient me donne les réponses à ces questions, me dit qu’une jeune femme très attentionnée s’est occupée de moi, qu’elle a du partir faire un travail, mais tu dois voir de qui je parle. Elle repart en ricanant en ajoutant que je l’avais appelée dans mon sommeil. Je finis par comprendre en recoupant l’info avec sa dernière allusion quand j’arrive à dépasser le stade du ressenti des courbatures et autres douleurs qui transpercent mon corps de part en part. Le tissu léger qui me recouvre n’est pas transparent mais ne cache rien des formes et c’est le matin… Je me sens gêné et un peu honteux, non pas du fait biologique mais de l’embarras qu’il a pu te causer si tu en as été témoin en prenant soin de moi.

Je m’habille rapidement en espérant qu’il ne se soit rien passé de fâcheux pendant ce moment perdu. Je m’installe pour méditer un bon moment, me plongeant dans la Force pour raviver ce qui pourrait l’être mais rien n’y fait. C’est ennuyeux de ne pas réussir à me souvenir de ce qui s’est passé mais c’est comme ça. Mes blessures me font moins mal qu’hier, mes bandages sont propres et serrés et une sorte d’onguent a été appliqué sur mon corps comme traitement. Je remarque une activité inhabituelle des midi-chloriens dans mon système sanguin, ils stimulent quelque peu la régénération de mes tissus abîmés et mes défenses immunitaires. Etant donné que ça ne m’est jamais arrivé, je me demande ce qui a bien pu se passer pendant que j’étais inconscient.

Quelque chose est ressorti de ce repli sur mon monde intérieur le temps d’un abandon dans le courant de Force ambiant. Une fois encore les changements sont peu visibles chez moi et pourtant si profonds, j’ai envie d’entendre ton avis sur mes dernières réflexions mais je reste partagé sur ma façon de te les présenter. Je me suis interrogé sur les méthodes, la vision et les voies d’apprentissage de la Force, comparer est toujours plus facile quand on veut se définir quelque part et pourtant la Force Luxienne serait-elle un négatif des autres ? Je ne crois pas du tout personnellement, j’ai même trouvé une image amusante pour illustrer mon propos en observant des enfants goûter tout à l’heure. Le genre d’explication qui serait amusante à donner pour amener la réflexion des jeunes pousses de notre future académie.

Etudier la Force c’est apprendre à tartiner un morceau de pain pour ne pas avoir à le manger sec. Un jedi utilisera du beurre, c’est un choix sage et prudent puisqu’il permet de ne pas dépasser les bords assez facilement mais sans véritable saveur toutefois. Un sith, lui, optera pour la confiture, délaissant la sobre matière grasse pour le goût du sucre, bien plus de plaisir mais il en mettra partout en contrepartie. Quelle serait alors l’option luxienne ? Probablement cette fameuse pâte à tartiner au chocolat : c’est gras mais ça a du goût, c’est sucré mais on peut arriver à en manger sans s’en mettre partout.

Je ne sais pas si ils arriveraient à tirer quelque chose de concret de cette métaphore basique mais en tout cas ces petites pensées portent un rêve à elles seules, celle d’un grand bâtiment plein de vie où la connaissance sera reine. Plusieurs autres projets ont mûri dans ma tête ces derniers temps, plus ou moins ambitieux et grands, mais jamais solitaires. La connaissance peut se chercher seule mais se découvrir à plusieurs aussi. Participer à la formation d’un nouvel adepte c’est lui donner des pistes de réflexion mais aussi s’en ouvrir de nouvelles pour soi. Nous avançons chacun sur la même voie de l’ascension philosophique pour nous rejoindre au milieu au bout du chemin. Reste à savoir quelle sera la direction prise au dernier mouvement du dernier acte, les dernières mesures d’une partition écrite à quatre mains au titre encore incertain : prélude ou requiem, telle est la question.

Les jedis comme les siths ont négligé ou sous-estimé l’importance d’une chose fondamentale entre les êtres vivants, les liens qui les unissent. Combattre les émotions et s’enfermer sur soi-même a conduit l’Ordre Jedi à sa perte, pourtant je ne peux imaginer que la manipulation et la trahison qu’ont utilisé les Siths pour en venir à bout soient la voie à suivre. D’un côté s’accrocher à l’idée d’une pensée unique et épurée en la justifiant par le sens du devoir et de l’autre promouvoir l’individualisme et la seule confiance en soi en ne se groupant que par intérêt pour exploiter l’autre, voici les idées des deux grands courants de pensée de la Force. Chez nous, la pensée ne doit pas être formatée et les buts individuels aussi divers que le nombre d’adeptes qui s’en réclament. Faire partie de l’Ordre Luxien, c’est avant tout un choix de vie, une envie de se rassembler avec des personnes qui s’affranchissent d’un manichéisme oppressant et réducteur en quête d’une vision universelle de la Force.

Il y aurait tellement à dire encore mais je m’aperçois m’être égaré au fil de la discussion sur le fond de mes interrogations premières. Quelle importance accorder aux autres croyances que celle en la Force ? Cette dernière est-elle la seule qui ait une signification pour sa propre étude ? Les manipulateurs de la Force doivent-ils tout sacrifier à son étude ou peuvent-ils finalement être aussi importants en tant que support et vecteur de propagation ? Ce genre de choses se bouscule dans ma tête, j’en avais gardé beaucoup dans un coin au fil des ans mais elles ressortent petit à petit nourrissant un flot perpétuel de réflexion sur le sens de tout ce qui est.

La Force c’est aussi la vie et en tant qu’être vivant je suis grégaire. La Force s’attache donc au développement des liens pour tous mes semblables comme moi-même. On en revient à un point capital du développement des affinités dans la Force : le contrôle des émotions. Chercher à faire disparaître toute émotion c’est nier sa propre existence et celle des autres, c’est se lancer contre un mur à pleine vitesse en espérant le briser pour établir une vérité. C’est voué à l’échec de même que de garder les émotions pour soi en essayant de s’en gaver pour en tirer sa force personnelle, ces deux réponses choisies par les jedis et les siths ne trouvent aucune résonance en moi. Des émotions j’en ai plein en mon for intérieur, autant si ce n’est plus que celles que je perçois chez tout un chacun, c’est le lot de la vie. On en vient donc à ce constat que je trouve triste si ce n’est atterrant : les extrêmes ne vivent pas ou alors que pour elles-mêmes. Rien que pour cela je ne veux pas être un de ces marginaux de la société qui étudient la Force en oubliant le partage. Sans partage il n’y a pas de transmission de connaissance, de culture qui se crée, d’héritage à porter, d’avancée à espérer… J’ose croire qu’être Luxien ce n’est pas seulement faire partie d’un groupe mineur de gens qui font leurs petites recherches sur la Force dans leur coin. C’est pour moi un mode de vie, une culture qui se projette vers l’avant avec ses propres codes et développements, un peu comme ce qu’ont fait les Mandaloriens depuis bien avant l’arrivée des Luxiens dans cette Galaxie.

Les Jedis cherchent à protéger une société qu’ils ne comprennent pas puisqu’ils s’en sont coupés. Les Siths cherchent à dominer une société dont ils se fichent éperdument en la détruisant de l’intérieur. Ce sont toutes les deux des minorités qui veulent avoir le contrôle sur un immense majorité en s’arrogeant le droit d’y prétendre parce qu’ils sont convaincus d’avoir raison l’une et l’autre. De mon côté j’ai aussi une intime conviction mais elle fera son chemin comme elle l’entendra sans que j’aie à l’imposer en nul lieu : les Ordres de la Force ont vocation à n’être ni une caste dominante, ni une conscience supérieure, seulement à être partie intégrante de la société en harmonie avec les autres afin de se développer elle-même et d’en faire profiter les autres si elles le veulent.

L’avenir seul jugera de la valeur de mon jugement sur notre place dans ce monde, en attendant j’ai un rendez-vous tout à l’heure donc je dois suspendre ma réflexion pour le moment. J’y vais d’un pas confiant. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas été mis dans un état physique aussi mauvais et pourtant je ne me suis jamais aussi bien senti spirituellement que maintenant dans mes souvenirs. Je me sens plein de vie à faire exploser dans les ténèbres qui entourent cette ère, je veux aller vers l’autre et faire que les voix s’unissent autour d’un projet de société meilleur que chacun aurait la possibilité d’entrevoir. Je veux repartir tout de suite au contact du reste du monde et partager des liens, des idées, des moments de vie tout simplement. Je veux te retrouver pour te le faire savoir et aussi parce qu’après des mois de ta présence, quand pointe ton absence, tu manques.

Rencontre du troisième type

Nico venait de sortir de sa méditation contemplative pour de bon. De sortie de l’habitation où il reposait depuis de longues heures maintenant, il n’avait qu’une chose en tête, retrouver son apprentie et son invité par la suite. La première fut facile à repérer, le lien télépathique qui les unissait n’étant pas rompu visiblement, elle n’était pas loin. Il la retrouva en compagnie du chef de tribu Djibril visiblement peu après un exposé de la jeune Tétienne qui avait l’air de s’être bien déroulé. Le Ndowi demanda à voir quelques instants en privé le Corellien, reléguant de quelques minutes les retrouvailles entre le maître et son élève. Un de ces petits sourires furtifs habituels et une démarche assez assurée finiraient de convaincre Iala de l’amélioration de l’état de santé de son patient devenu récurrent.

Les deux hommes s’entretinrent quelques minutes à l’écart avant de se séparer visiblement en très bons termes. Le Ndowi voulait s’assurer de quelques détails et confirmer le discours de la jeune femme sur ses intentions. Elle semblait très honnête et fiable mais il ne la connaissait pas du tout avant cette journée. La prudence n’est pas toujours une sécurité à oublier, surtout si elle n’entrave ou ne nuit en rien. De retour auprès de Iala, il lui confia la teneur des propos et ce qu’il voulait lui dire d’autre aussi :

- D’abord je tenais à te remercier pour tes soins prodigués avec tant de sérieux et d’application. Je me sens vraiment mieux même si je ne suis pas encore en pleine possession de mes moyens bien entendu. Tu ferais une guérisseuse très douée aussi je pense, ta maîtrise de l’altération te le permettrait sans doute. Je suis encore plus heureux de t’avoir à mes côtés dans ces circonstances bien qu’il serait préférable pour nous deux que j’évite d’avoir trop souvent recours à tes services.

Djibril m’a parlé de tes propositions, enfin de nos propositions puisque je lui ai assuré y adhérer aussi. Il semble intéressé, les modalités exactes pourront se discuter un peu plus tard lors d’une réunion des clans afin de soumettre le projet à tous. D’ici là, nous devrons de notre côté nous employer à le rendre possible aussi en avançant dans du concret lors de nos prochains voyages. J’espère que tu t’en sens capable et intéressée mais je t’assure le cas échéant que cela n’entravera pas ta formation.

Pour le moment nous avons déjà un premier rendez-vous que j’ai tenu à poser rapidement en invitant un contact de Tatooine. Marchons un peu vers la centrale des marchands si tu le veux bien.


Ils prirent le chemin du lieu de réunion des commerçants locaux comme de passage. Les allées du village débordaient d’animation exposant ostensiblement la nature économique du rôle des Ndowi dans ce désert. Rien de spécialement remarquable en soit ne venait troubler l’attention de Nico, au contraire il venait de noter à nouveau l’évolution d’une tendance naissante depuis quelques mois dans l’affirmation du caractère de sa protégée. Il y a encore six mois, elle restait dans l’ombre de son maître, presque collée dans son dos pour ne pas se faire remarquer. Là, depuis peu, elle s’était mise à marcher pleinement à ses côtés, preuve de sa prise de confiance et de statut peu à peu. Ce détail presque anodin pour les gens de l’extérieur ajouté à sa convalescence lui permit qu’il s’autorise à lui offrir son bras de façon à ce qu’elle puisse accepter en tant que soutien physique sans que ça ne soit trop déplacé. Il en profita pour tenter de ne pas laisser un silence s’installer sur le chemin.

- Nous allons rencontrer le représentant d’un clan jawa de Tatooine qui fait quelques affaires avec nous depuis un moment. Je le connais de par ses récentes activités et de ses liens avec Drake, le confrère pirate dont je t’ai parlé quelques fois. Du peu de son espèce que j’ai rencontré, aucun ne parlait notre langue et je n’ai pas réussi à retrouver mon transcomp pour la traduction, j’ai du le perdre hier avec ma mémoire… J’espère que tu pourras m’éclairer à ce sujet.

Sinon détail insignifiant mais j’aimerai ton avis sur la formulation à employer avec cet interlocuteur bien qu’il ne soit sans doute pas très sensible à ce genre de politesse vu leurs conditions de vie. Que penses-tu de « maître jawa » ou plus sobrement « Chef Hini » ? Je n’aime pas spécialement les mondanités et je suis bien moins au fait du protocole que toi…


Ils continuèrent encore quelques minutes sur ce même rythme, une promenade assez agréable si l’on mettait de côté lourdeur de l’air ambiant. Les toiles tirées entre les bâtiments du quartier commercial, bâti en durable lui, créaient une ombre salvatrice pour les badauds du marché. Alors qu’ils descendaient vers la place principale et la grande cantina ouverte propice au rendez-vous fixé, Nico s’arrêta en faisant un pas d’écart par rapport au flux discontinu des passants au détour d’une des nombreuses ruelles.

- J’allais oublier quelque chose d’important que je voulais te dire ou plutôt te confier avant que je ne sois absorbé par la suite.

Prenant sa main dans la sienne, paume tendue vers le ciel, il glissa sa deuxième main par-dessus en refermant celle de la jeune femme sur un petit holodisque.

- Ce sont quelques pensées en vrac de ce matin, des réflexions sur la Force, notre Ordre, nos projets quelque part et d’autres choses qui me sont venues comme ça après avoir médité. J’aimerai que tu en prennes connaissance pour te faire un avis là-dessus, il compte pour moi et j’ai envie de partager ça avec toi.

En route maintenant.


Cinq minutes plus tard, ils s’installaient à la terrasse couverte de la grande cantina du village, la Black Dust Tavern. Ils commandèrent quelques rafraîchissements en attendant que l’invité se présente au spatioport et daigne les rejoindre. Après toutes les péripéties et les défis des derniers jours, c’était presque un intervalle de vacances, si ce n’était un moment de détente mérité.

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Iala avait senti que son maître la cherchait mais elle devait terminer son exposé au chef Djibril.

Lorsque Nico arriva, visiblement en état de reprendre sa place de maître, l’élève pensa :
« Dormir, je vais enfin pouvoir dormir ».

Nico ne semblait pas voir les choses ainsi et lorsqu’il entraîna Iala, celle-ci ne put résister à son enthousiasme. Nico faisait le bravache pour tromper Iala mais elle n’était pas dupe : elle savait bien que la douleur physique n’avait pas disparu. En revanche son empathie lui montrait un Nico radieux, et pour la première fois, elle sentait son esprit totalement serein.

Quand il lui offrit son bras, Iala oublia sa fatigue, elle marchait sur un nuage.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]Nico, si réservé habituellement, devisait gaiement et Iala buvait ses paroles. Nico allait bien, elle était près de lui, il faisait beau… alors elle s’abandonna à ce petit moment de bonheur, renonçant à réfléchir : L’holocron attendrait.

Elle espérait que leur visiteur serait en retard, très en retard. Elle posa doucement sa main sur celle de son maître en l'y abandonnant un peu plus que nécessaire :
- « Maître jawa », appelez le ainsi : trop de déférence ne nuit jamais, trop de familiarité peut blesser…

Iala remisa la diplomate "dans la soute", l'holocron dans sa poche et se laissa pénétrer par la douceur du moment en laissant divaguer son esprit.

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