La centrale.. Danger imminent !

Mantell n'avait quasiment pas remarqué le Cathar. Discret et silencieux, il avait rejoint la petite réunion organisée par le Kubaz sans faire de bruit. Le vieux Jedi fut surpris de découvrir sa présence si tardivement. Le tumulte des flots de lave et les grondements de la terre avaient sans doute du le distraire dans son habituelle concentration. Désormais, il faudrait compter avec lui, et ça n'était pas forcément une bonne nouvelle. Ce n'était pas la concurrence qui l'effrayait - il avait fait la connaissance de compagnons de route biens moins ragoutant - mais la perspective que son identité de Jedi puisse être révélée à un parfait inconnu dont il ne savait ni la provenance ni les intentions ne le réjouissait guerre. Il faudrait faire avec, et quitte à faire avec, autant engager un semblant de communication. Après tout, la fluidification des rapports sociaux avait toujours été la voie que le Calamari avait choisi pour pacifier les mondes sous tension, du temps où l'Ordre était encore vivant.

-Je ne pensais pas que d'autres êtres aient pu avoir envie de se rendre sur un monde pourtant si chaleureux...
Une boutade en guise d'amorce. L'humour était souvent le meilleur moyen de détendre son interlocuteur et de le pousser à se dévoiler. A moins que celui-ci soit fondamentalement antipathique, à l'instar des Aqualish ou des Gamoréens, un vis-à-vis se sentait souvent plus en confiance après une bonne blague qu'après une bonne baffe...
L'endroit, comme le reste de la planète sans doute était désert. Pas un droïde, pas un Mustafarian. Au dehors, l'incessant roulement des flots de lave dans les canyons et les crépitement des roches qui éclataient créaient une ambiance sonore des plus atypique. Paradoxalement, elle semblait familière au Calamari. Au fond des océans de Dac, dans les immenses failles où avaient élu domicile les Quarrens, le bruit des flux et le craquement de la roche sous la pression des millons de tonnes d'eau formaient une symphonie naturelle presque identique à celle là. La seule différence notoire restait en fait la température. Mustafar bouillonnait sans cesse tandis qu'à sept kilomètres de profondeur, la température de l'eau n'excédait pas quelques degrés.
Le vieux Jedi s'épongea le front du revers de sa manche. Le climat local l'incommodait fortement. Plus vite il serait parti de ce chaudron stellaire, mieux il se porterait. Et le seul moyen d'aller vite était de diviser les tâches.
-Cooler, jette un oeil à la porte. Si tu trouves un moyen de l'ouvrir, préviens moi. Je vais pour ma part aller faire un tour à l'étage supérieur. Ian...
Le Mon Cal avait lancé un regard entendu au Corellien et à sa fille. Pas besoin de plus pour que ces derniers reçoivent le message cinq sur cinq.

[HRP : le droïde dérivé du 3PO est-il encore avec nous ?]

De toutes les planètes qu'Adron Cattus avait visitées, que ce soit en "mission" pour éliminer un concurrent ou un traître d'Aruk le Hutt, ou en avant-garde du Seigneur du Crime, c'était très exactement celle-ci qui occuperait désormais le top 50 des planètes les moins attractives de la Galaxie.
Pas d'industries hormis les anciennes stations métallurgiques de la CSI, tourisme définitivement impossible, position militaire et économique non stratégique, pas de rayonnement culturel...

*Est-ce pour cela que l'artefact que nous recherchons tous n'a pas été découvert jusqu'ici ?*

Tous. Un terme que l'assassin n'appréciait que très modérément. On l'avait redirigé, mais ce n'était qu'une fraction de tous ceux qui étaient à la recherche de l'artefact caché sur Mustafar. Lui qui avait espéré être seul dans cette quête incongrue, le voilà plongé dans une chasse au trésor ! Quelques têtes allaient devoir tomber. De toutes les méthodes que lui avait enseigné son mentor iridorien, l'exécution restait la plus simple et la plus efficace pour régler les problèmes de concurrence. Malheureusement, force était d'admettre qu'il ne connaissait pour l'instant aucun de ses adversaires potentiels. Loin d'être belliqueux, il n'appréciait pas devoir travailler en équipe. Plus on côtoyait de gens dans ce métier, moins longtemps on exerçait...

Le Mon Cal tenta une blague visant à détendre l'atmosphère :

-Je ne pensais pas que d'autres êtres aient pu avoir envie de se rendre sur un monde pourtant si chaleureux...

-Mon goût pour le rôti de poisson n'a jamais pu être refréné, répondit-il d'une voix sourde, un sourire amusé aux lèvres.

*Nous verrons lequel de nous tous n'est pas que du menu fretin.*

- Kubaz, émit-il via son oreillette comlink, vous nous avez dit avoir croisé un monstre. Cela signifie que vous aviez pu ouvrir la porte. Auriez-vous l'obligeance de recommencer ? Perdre un temps inutile devant une porte serait compromettant pour la réussite de notre mission, n'est-ce pas ?
Il me faut plus d'infos sur votre salamandre géante. Écailles ? Griffes ? Quelle taille approximative ?

Le Cathar arma son fusil A280. Bien qu'utilisé comme fusil de précision, à distance de fusil blaster standard il s'agissait d'une arme au pouvoir perforant et carbonisant redoutable. Si cela ne suffisait pas, il dégainerait son VES-700 à impulsions pour un meilleur rendement en quantité de viande morte.

Derrière la porte magnétique

Mantell regarda la console devant lui, perplexe. A quoi pouvait donc bien servir cette grande machine. Le Jedi avait sa petite idée bien sûr. Contrôle de production, surveillance, peut être même contrôle de l'espace aérien. Toujours était-il que la bête de métal semblait s'être désactivée au moment même où le Jedi avait franchi le seuil de la pièce qui la contenait.
Mantell leva la tête. Y'avait-il une caméra, un micro caché quelque part, susceptible d'avoir informé une tierce personne de sa découverte ? Il trouverait bien. En attendant, l'important était de découvrir si cette amas de circuits imprimés était en mesure de lui donner une information sur l'objet de ses recherches.
Le Jedi s'approcha de la console. Il n'avait jamais été un grand ami des ordinateurs, contrairement à son droïde, mais il devrait faire avec. A moins que...

Son comlink bippa dans son oreille. Cooler avait découvert quelque chose, et la frénésie avec laquelle il comuniquait laissa penser à Mantell que sa trouvaille était largement plus importante qu'une vieille machine rouillée et encrassée par la fumée. Il était bon pour faire le chemin en sens inverse.

Lorsque le Jedi revint dans le Hangar, Cooler se trouvait toujours devant la porte à verrou magnétique. Celle-ci était désormais ouverte. Brave droïde. Mantell comprenait de mieux en mieux l'affection que son ami Farlane portait à son droïde. La petite unité R3 se montrait d'une unité redoutable chaque fois qu'il s'agissait de dégager le passage, et seule la Force savait combien de fois l'entrepreneur Corellien avait du avoir recours à lui pour se tracer de nouveaux itinéraires de fuite. Le Calamari sourit en s'approchant, et passa la tête à l'intérieur de la pièce ouverte par Cooler.
Ce qu'il y vit attira toute son attention. Deux immenses droïdes, désactivés. Quelles genre de machines étaient-ce donc là ? Le Jedi s'approcha, chercha un quelconque système d'armement extérieur, mais n'en trouva point en dehors de l'immense pinces que chacune des machines portait au bout de chaque bras. Droïde ouvriers. Le Jedi tapa nonchalamment sur le bras d'un des droïdes, dont il s'apprêtait à s'éloigner. "Cloc". Le son qu'il entendit lui parut étonnamment creux. Intrigué, Mantell revint vers la machine...

Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir la véritable nature de l'engin. Il ne s'agissait en réalité pas d'un droïde ouvrier, mais bien d'une combinaison de travail. Un exo-squelette conçu pour résister aux hautes températures. Peut être même pour mener des opérations de maintenance au coeur même du magma. Qui pouvait être assez dingue pour enfiler ce genre de manteau de métal ... ?

-Cooler. Fit alors le Jedi à son unité R3. J'aimerais que tu trouves un moyen de réactiver les boucliers de cette chose. Je suis sûr qu'il y en a. Par la même occasion, regarde si tu peux le contrôler toi même à distance. Je t'avouerai que cela m'arrangerait bien, je n'aimerais pas avoir à piloter moi même cette machine...

Un Calamari, visiblement. A moins bien sûr, que son droïde ne montre capable d'un petit miracle...

Tous les sens en alerte, CatClaw avait pointé son fusil A280 sur le scanner qui avait autorisé l'unité R3 à entrer.

*J'étais tout prêt de la porte. Pourquoi ne m'a-t-il pas scanné ?*

Maudit droïde ! Il a dû réactiver par inadvertance le système informatique du coin. Or, un truc aussi vieux ne peux reconnaître que des droïdes.

*Pas bon, ça... Pas bon !*

Quelque chose en lui hurlait de ne pas s'approcher de la pièce. Et en général, le félin avait un bon instinct. Mais pourquoi se méfiait-il plus d'une salle contenant quelques droïdes abandonnés que d'un monstre pas du tout dérangé par les lacs de lave de la planète de l'Enfer ?

*Parce que le danger n'est pas évident*

Mais quel danger ?

*Celui du piège à cons !*

On aurait pu croire que c'était foncer jusqu'au repaire d'un dragon, le piège à cons, mais l'assassin préférait savoir ce qu'il devait affronter plutôt qu'être pris au dépourvu. Des trois nerfs de la guerre -argent, information, équipement/puissance industrielle-, le renseignement était primordial dans le métier dans lequel CatClaw était passé maître.
Pourtant, quel dilemme : rien ne supposait qu'il y ait danger. Pourtant, tout dans le comportement du droïde-scanner encastré dans la porte, jusqu'au silence pesant de la salle, tout disais-je transpirait le traquenard à plein nez. Et préférer aller défier un Goliath...

*Je deviens fou. Cette mission n'était pas prévue pour les archéologues !*

Le Cathar allait monter, choisissant la plus sûre des options, quand le vieux Mon Cal descendit de l'étage supérieur, visiblement déçu de ce qu'il avait trouvé.

*Ah. Bon. Pas là non plus.* pensa-t-il sans enthousiasme. *A croire qu'on me pousse à aller tuer la bête !*

Un peu, oui !
Désormais moins sûr de lui, il descendit sur les traces des deux humains. La légère poussière cendrée qui tapissait le sol trahissait leurs marques de pas. De toutes façons, il suffisait d'aller tout droit, toujours en descendant, vu qu'il n'y avait pas d'autre chemin.

- Kubaz, avez-vous exploré les étages supérieurs ?

Il regrettait maintenant de ne pas avoir fouillé lui-même le niveau. Mais toute cette histoire le gênait au plus haut point. Il savait qu'il n'avait pas sa place. Seul l'artefact aurait dû compter pour l'assassin, mais il soupçonnait que l'Histoire de la planète n'était pas encore tout à fait écrite...

Quelques minutes plus tard, il entendit les voix du duo. Malgré son ouïe féline, il ne put comprendre un mot de ce qu'ils disaient. Mais à leur ton, CatClaw jugea qu'ils n'étaient pas encore tombés sur la créature que tous trois allaient affronter.

Il les suivit sans annoncer sa présence, prenant le plus grand soin à rester imperceptible. Il pouvait se montrer d'une rare furtivité, même si quelques espèces comme les Colicoïdes ou les Sensitifs pouvaient la percer.
Tous trois franchirent le pont, à quelques minutes d'intervalle donc pour qu'Adron restât à leur insu.
Alors que sa méfiance vis-à-vis de la salle à droïdes s'estompait, un titanesque rugissement retentit. Plusieurs stalactites s'effondrèrent, plongeant dans la lave, manquant de peu d'arracher le pont et de l'enfoncer dans les flammes. La puissance du cri dépassait l'entendement. Les copeaux de pierre ponce qui jonchait désormais le sol parurent léviter au ras du sol lorsque de nouveau la "salamandre" poussa un second mugissement. La force brute du Titan était démesurée. Adron sentit du vent lorsqu'elle rugit pour la troisième fois.

*Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?!*

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Adron sentait sa respiration s'accélérer, ses pas devenir hésitants alors qu'il découvrait la bête. Il tremblait. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu aussi craint pour sa propre vie ? Lui, l'assassin, le traqueur, le tueur de l'ombre, se sentit soudainement insignifiant face au Titan du Feu qui faisait face au père et à sa fille, déjà dans la tanière de la bête. La créature était gigantesque ! Adron estima sa taille à près de deux cents mètres de long, en comptant l'épaisse queue qui ne semblait jamais vouloir se terminer. Les écailles bien visibles, rougeâtres, sortaient tout droit de l'Enfer -au sens propre comme ou sens figuré ! Elles étaient aussi flashy d'un appartement massacré par Valérie Damidot, ce qui rendait la créature encore plus effrayante. Sans parler des énormes mâchoires qui dessinaient un rire sadique garni de dents aussi longues qu'un bras humain et plus tranchantes qu'une vibrolame échani... Dotée de deux longs bras osseux, terminés par de longues mains tridactyles, la "Salamandre" tenait plus des légendaires Léviathans, ces monstres vivant dans les abysses. Mais là, la chose nageait dans la lave et la roche en fusion !

*C'est. Quoi. Ce. Truc.*

Réponse A : un koala. Réponse B : un lapin nain de Californie. Réponse C : un gros monstre pas beau. Réponse D : Obi-Wan Kenobi.

- Des Jeedi'sss....Nourritures.... viandessss facile!

Ni le koala, ni le lapin nain de Californie ne pouvaient parler. Et jamais un maître Jedi ne mangerait d'autres Jedi : réponse C !

*Attends. D'autres Jedi ?!*

Adron jeta un coup d’œil au fumeur barbu et à sa fille rousse. Difficile de croire que l'un d'eux fût capable de déplacer des objets par la pensée, de se battre comme si la gravité n'était plus, ou d'influencer et lire les pensées d'autrui. Surtout la fille -l'Ordre Jedi était dissous désormais depuis près de vingt ans, et elle ne devait pas être plus vieille que ça.
Difficile de croire qu'un Chevalier Jedi fût présent... Jusqu'à ce que l'épave à la cigarette dégaine un sabre-laser à lame orange pour entamer un ballet "sons et couleurs" avec la "salamandre" décrite par le Kubaz.

CatClaw réfléchit froidement. Il avait manifestement un chevalier, sinon un maître Jedi, en pleine possession de tous ses moyens. Plus la fille -si elle était vraiment de son sang, alors elle devait sûrement être Sensitive. Dans ce cas, il devait avoir été détecté, même si père et fille étaient concentrés sur cette saloperie rouge. Le plus lentement possible, il s'allongea sur la roche, évitant soigneusement le combat. Il ne tenait pas à s'expliquer au Jedi si celui-ci comprenait qu'il avait assisté à la tirade de la créature. Il préférait achever les survivants s'il n'avait pas le choix. Dans tous les cas, il dégaina son fusil de précision A280, prêt à tirer sur quiconque tenterait de venir dans sa direction.

*Si c'est cette chose, je vise l’œil. Si c'est la fille, le torse. Si c'est le Jedi... Euh...*

Parfait. Cooler méritait vraiment sa place de bras droit de Tol Farlane. Il était au moins aussi débrouillard que lui, et probablement plus, vu les options qui lui avaient été intégrés lors de sa fabrication. Son propriétaire, par exemple, n'avait pas de rétrofusée pour léviter sur de courtes distances... Les combinaisons étaient désormais sous contrôle de l'astromécano.
-Cooler, commença Mantell, maintenant que tu as le contrôle sur ces exosquelettes, je veux que tu les envoie faire un tour sous la lave. Ne panique pas, je couvrirai tes arrières pendant que tu seras occupé. Si tu arrives à bidouiller les générateurs d'onde sonique, peut être pourras tu t'en servir à la manière d'un sonar. Si tu y parviens, recherche des objets qui pourraient correspondre au fameux holocron que nous cherchons. Sinon, transmets moi ce que tu verras. Si un holocron se cache sur ce monde, il ne serait pas étonnant que d'autres traces de Jedi ou de leurs possessions existent également dans le coin.

Mantell était plutôt content de ne pas avoir à se "mouiller". L'atmosphère était suffisamment irrespirable sur cette fournaise pour qu'il dusse encore plonger son être dans des flots de lave dont la température dépassait très probablement le millier de degré. Le vieux Jedi s'assit donc en tailleur à côté de sa machine. Méditer un peu ne lui ferait pas de mal, et lui permettrait peut être même d'en apprendre un peu plus sur les activités et les émotions du chevalier Curwee.
Et puis il y avait le Cathar. Ce type là n'avait pas paru des plus francs des colliers au maître Jedi. Sans aucun doute, il faisait partie de l'un de ces mercenaires mu par le seul amour de l'argent. Un sentiment bien étranger au noble protecteur de la paix galactique qu'il était, mais qu'il avait du apprendre à tolérer et même à respecter. L'intolérance menait à la peur, la peur menait à la colère, et on savait ce qui s'en suivait. Après tout, chacun faisait son chemin à travers les étoiles comme il le pouvait, il avait un jour dit Maître Shod, alors qu'ils arrêtaient un trafiquant de drogue dans la région de l'Expansion, dont l'activité menaçait la stabilité économique de plusieurs enclaves humaines...

Pour une sacrée bête, c'était une sacrée bête. Que dis-je, une vraie saloperie, oui !

Peu de gens savaient que les lames des sabre-lasers n'étaient pas invincibles ; encore moins de gens savaient que même des animaux pouvaient développer une carapace résistante au faisceau lumineux. Déjà qu'à la base peu dans cette Galaxie connaissaient les Jedi et leurs ennemis mortels, les Sith, autant dire qu'Adron se sentait verni d'assister à un tel duel.
Duel que le maître Jedi perdait inexorablement. Aucun de ses coups ne faisaient mouche, et le pistolet blaster lourd n'avait même pas entamé la solide carapace de la bête. Pour autant le Jedi conservait toute son énergie, sa vitesse, sa précision...

Jusqu'à ce qu'Adron vit la créature armer son bras gauche, comme au ralenti. Lui avait son fusil A-280 pointé sur l’œil unique du monstre, la vue parfaitement dégagée. A cette distance, plutôt minime, un tir manqué était impossible. Pas de vent, pas de changement de température, l'air n'était pas ionisé, pas de vapeurs. De là, la décharge de plasma concentré fuserait du canon droit dans l’œil pour traverser le cerveau.

Mais il ne tira pas. Un mouvement attira son regard...
Oui ! La jeune humaine avait vu le danger pour le Maître ! Adron la vit courir comme une dératée vers son vieil acolyte.
Le Cathar lâcha son fusil, soudainement stressé comme il ne l'était que rarement. Pas pour sa vie -il était hors de portée de tous, mais pour quelqu'un qui risquait la sienne pour un autre.

De l'altruisme. De l'empathie. De l'amour.

Pour un humain, c'était trop souvent rien, mais pour un Cathar, empreint de fierté et d'honneur, et pour un individu qui avait plongé dans les méandres de l'Obscurité pour satisfaire un maître... Il s'agissait d'un miracle. On pouvait servir sans être asservi. On pouvait sacrifier sa propre vie sans qu'on le fût exigé comme un simple dû.

*Survis, fillette, survis, ARRÊTE-TOI !* hurla-t-il dans sa tête, paniqué.

Mais non, déjà elle sautait d'une détente diablement surprenante pour un si petit gabarit, droit dans les hanches du vieux pour le faire tomber...

*Non, non, non !*

CatClaw se repositionna, l’œil collé contre le viseur télémétrique de son fusil blaster. Il ne voyait plus le globe oculaire du Léviathan, visa les chairs tendres du cou, puis...

*Puissance maximale.*

Le canon cracha le tonnerre, et un puissant jet de plasma concentré alla s'encastrer dans la carotide du monstre. Cela ne suffit pas.

*Oh merde oh merde oh merde oh merde...*

Cette fois, le gros œil rouge-jaune dégueulasse bien en vue, l'assassin n'hésita plus : il pressa la détente une seconde fois. Tir au but ! Une fois le canon stabilisé après la dissipation du tir, CatClaw retira dans l’œil. Un tir, deux tirs, trois tirs... A cette distance, c'était presque trop facile.


Presque ?