L'ennemi de mon ennemi est mon client /Pv Kessert/

Dans les tréfonds de l'hyperespace, la frégate Victory le Sacrifice poursuivait sa route vers Dantooine. Tout juste sortie des chantiers navals d'Isis où elle avait du subir quelques réparations après sa capture, la frégate transportait à présent le général Kessert Syn vers le quartier général rebelle, où devait avoir lieu la prochaine réunion entre les grands chefs militaires de l'Alliance.

-Mon général, nous serons en orbite de Dantooine d'ici 17 heures.

-Très bien lieutenant, vous pouvez disposer.

Le jeune officier humain qui venait de faire son rapport se mit au garde-à-vous et se retira des appartements privés de Kessert Syn. Ce dernier avait toujours été réputé pour son austérité et sa rigueur, et ses appartements faisaient honneur à cette réputation: deux pièces dont l'une contenant un lit, l'autre un bureau, une table pour déjeuner et recevoir les invités, une bibliothèque contenant principalement des rapports militaires, quelques plantes exotiques, et c'était tout.

Assis au centre de la pièce dans un fauteuil, face à son bureau, le général Syn portait son regard sur la baie vitrée qui lui offrait une magnifique vision des traits lumineux de l'hyperespace. Après son éclatante victoire sur Mustafar, Kessert aurait du se réjouir et prendre quelques jours de repos avec ses collègues les plus proches. Mais il avait très vite renvoyé ses collaborateurs, même son ami Muftak à de nouvelles missions, et lui-même était déjà en route pour un nouveau conseil d'état-major. Pourtant malgré les rumeurs que certains faisaient courir sur lui, Kessert Syn savait se détendre et profiter de la vie. Non, la véritable raison était qu'un conflit intérieur le prenait à la gorge depuis plusieurs semaines déjà.

Fervent croyant de la Voie Sacrée, Kessert avait toujours été profondément attaché aux préceptes de cette religion: la tolérance, la paix, la maîtrise de soi, la justice et la non-violence. Et c'était ce dernier qui lui posait problème. C'était pour défendre les siens et les autres victimes de la tyrannie impériale qu'il avait pris les armes aux côtés des rebelles, et qu'il avait monté en grade jusqu'à devenir l'un des principaux chefs militaires de la jeune Alliance. Il avait déjà sauvé de nombreuses vies, et chaque jour qui passait, il savait que ses efforts contribuaient à la chute inéluctable de l'Empire. Pourtant, pour faire le bien et venir en aide aux autres, il s'était fait guerrier. Il avait tuer, et il allait sûrement tuer encore. Pour sauver le quatres premiers préceptes de la Voie Sacrée, il avait trahi le cinquième. Cependant, il ne parvenait pas à regretter son choix. Se tenir à l'écart du combat pour la liberté sous prétexte de ne pas se pervertir, n'était-ce pas prendre part à la désolation qui s'emparait de la Galaxie ? Cette dernière devenait-elle un endroit dangereux à cause de ceux qui commettent les pires crimes, ou à cause de ceux qui les laissent faire ? S'accrocher aux principes et refuser de s'ouvrir à la réalité, n'était-ce pas faire preuve d'orgueil plutôt que de pureté ? Kessert avait beau feuilletter son livre sacré ou questionner les sages de sa croyance, il ne parvenait pas à trouver les réponses à ces questions.

Le général Syn était encore plongé dans ses méditations lorsque, parmi ses affaires bien ordonnées, un engin s'alluma et fit retentir un bip sonore. Immédiatement Syn s'empara de de son comlink, et son coeur se glaça lorsqu'il reconnu un appel venant du comlink d'Ausar Ause, le vaillant jedi Nikto qui avait mystérieusement disparu lors de l'opération sur Frésia. Tout le monde le croyait mort désormais, et Kessert, déjà pris par d'innombrables responsabilités, ne s'était jamais posé la question de l'quipement du Nikto. Il semblait bien que quelqun ait retrouvé l'engin, et maintenant ce quelqun cherchait le contact.

"Les ennemis de mes ennemis sont mes amis"... Piqué par la curiosité, et malgré sa méfiance instinctive, Kessert renvoya son appel au mystérieux inconnu. Après tout il ne restait rien, en hyperespace le Sacrifice ne risquait pas d'être localisé. Bientot lui apparut l'hologramme d'une espèce de cyborg de deux mètres de haut. Il y avait quelque-chose de monstrueux dans cet inconnu, quelque-chose qui d'emblée alarma Kessert. L'inconnu respirait le ma, il semblait taillé pour la mort et la destruction. La colère du rebelle s'enflamma, et il ne put retenir sa première exclamation:

-Qu'avez-vous fait d'Ausar Auset !

Cependant, une voix dans son esprit l'appela à plus de prudence. Il se souvint de ses récentes méditations: un peu de mal pouvait selon les circonstances apporter un grand bien. Avant de rejeter cet inconnu, il fallait au moins apprendre les motifs de son appel. Il ne semblait pas être un ami de l'empire, sinon il ne se risquerait pas à prendre ainsi contact avec un rebelle. Un piège semblait improbable, car il n'avait aucun moyen tangible d'atteindre Kessert pour l'instant. Ce dernier se décida cependant à rester prudent, à ne rien mentionner de l'Alliance pour l'heure.

-J'ignore tout de vous, je ne me souviens pas vous avoir déjà rencontré. Travaillez-vous pour l'Empire ? Que cherchez-vous à obtenir ? Pour avoir récupérer le comlink d'Auset, vous avez du être présent sur Frésia lors de la récente tentative d'infiltration. Qu'y faisiez-vous ?

Dans les mains du Seigneur Sith apparut l'hologramme vascillant d'un homme d'âge mûr à la moustache ridicule. Darth Odion ne l'avait jamais vu auparavant et ses fichiers ne comportement aucune mention de cet homme mais l'Egorgeur pouvait aisément voir qu'il ne s'agissait pas là d'un combattant. Les arts siths de lecture de l'esprit étaient légions et le cyborg savait depuis bien longtemps discerner la vérité qui se cachait derrière les apparences. Qui que ce soit ce rebelle, regard était fier, sûr, mais ce n'était pas là celui d'un assassin, c'était celui d'un commandant en conflit avec ses propres convictions. Son uniforme travaillé, ainsi que les nombreuses médailles suspendues à son torse laissaient supposer un grade élevé au sein de son corps d'armée. Après avoir combattu Aussar Ausset, il avait espéré converser avec un Jedi mais ce n'était visiblement pas le cas. Il n'aurait su dire pourquoi mais aux yeux d'Adrix, ce moustachu ne dégageait tout simplement pas l'aura propre aux sensibles à la Force. Dommage, c'eut été une chance inespérée de trouver là tout un groupe de Jedis survivants qu'il aurait prit grand plaisir à traquer. D'un autre côté, cela augmentait considérablement ses possibilités de négociations car nul fidèle du soit disant Côté Clair n'accepterait de traiter avec un Sith tant leur vision du monde était étriquée et limitée. L'histoire ne leur avait rien appris, ces fous s'accrochaient tant à des idéaux d'un autre âge que pour préserver ce code égoïste qu'ils qualifiaient d'honneur, ils avaient sacrifié bien des vies. Si au lieu de songer à ne rester que dans la lumière ils avaient été un tant soit peu plus clairvoyant, sans doute auraient-ils pu empêcher l'avènement de l'Empire et avec lui toutes les tragédies engendrées par ce règne de terreur. On disait bien du mal des pratiquants du Côté Obscure, mais au moins fallait il leur reconnaître qu'ils étaient bien plus connectés à la réalité que ne l'étaient leurs rivaux... et eux au moins étaient efficaces pour accomplir leurs objectifs.
Adrix, quand à lui, ne se faisait guère d'illusion sur son anonymat. Et la lueur, mélange de crainte et de dégout qu'il crut apercevoir dans les yeux du rebelle ne le surprit guère. Son allure était particulière et une simple recherche permettrait probablement à Kessert de l'identifier. Son statut de Roi de Géonosis était bien connu et quand bien même les écrits officielles prétendait que son apparence était dûe à une explosion prolongée aux radiations de la planète désolée, tous ceux qui l'apercevaient se doutaient bien de sa véritable nature. Le cyborg ne faisait d'ailleurs rien pour s'en cacher, l'aura de terreur qu'il laissait dans son sillage ne faisait qu'alimenter ses pulsions destructrices. Il avait sacrifié tout ce qui faisait de lui un être vivant dans le seul et unique but d'obtenir du pouvoir, il était hors de question de cacher cette puissance comme une maladie honteuse.
L'accueil fut, de son côté, à la hauteur de ses espérances.

-Qu'avez-vous fait d'Ausar Auset !

L'Egorgeur laissa échapper un coup d'oeil discret à la cuve de bacta a côté de lui. Le corps mutilé d'Aussar Ausset flottait mollement, ses plaies cicatrisés mais son esprit brisé par la souffrance que lui avait infligé l'Egorgeur lors de leur duel. S'il avouait avoir transformé le maitre jedi en légume sanguinolent, il était plus que probable que les négociations soient compromises. D'un autre côté, prétendre l'avoir épargné aurait été un mensonge trop gros à dissimuler, lui qui avait l'air d'une machine de mise à mort.
Il n'eut guère le temps de répondre, car moustache frisé continua son introduction et cette fois, paraissait subtilement plus ouvert. Beaucoup auraient raccrochés à la seule vue de l'Egorgeur, mais lui semblait plus ouvert d'esprit que la moyenne des crétins qui peuplaient ce recoin de la galaxie.

-J'ignore tout de vous, je ne me souviens pas vous avoir déjà rencontré. Travaillez-vous pour l'Empire ? Que cherchez-vous à obtenir ? Pour avoir récupérer le comlink d'Auset, vous avez du être présent sur Frésia lors de la récente tentative d'infiltration. Qu'y faisiez-vous ?

Le Sith laissa un instant de silence, méditant sur la réponse adéquate.

-Vous posez bien des questions... N'ayez crainte, votre camarade Jedi est toujours en vie. Disons simplement qu'il n'est pas en mesure de communiquer immédiatement. La raison de ma ma présence sur Frésia n'aura que peu d’intérêt à vos yeux, elle relève de conflits et de motivations étrangères à ceux qui ne partagent pas nos croyances...
Soyez cependant assurez que je ne travaille pour nul autre que mon peuple et moi même mais si vous devez définir mon allégeance, comptez moi parmi les ennemis de l'Impératrice et de son Empire tyrannique.

Ce n'était qu'un demi mensonge, il était bel et bien un ennemi de la souveraine, mais il n'en voulait à son organisation que parce qu'il pouvait l'atteindre à travers d'elle.

-Ce que je cherche à obtenir, sans doute le saurez vous un jour, mais nul doute que nous avons tous deux des intérêts communs. Nos objectifs convergent et je pense que nous pourrions... collaborer afin de parvenir à nos buts. Je ne suis pas là pour demander mais pour offrir. Je vous offre ma coopération et une force destructrice telle que même l'Empire apprendra à la craindre.

Oh, ce terroriste en chef était plus loquasse que l'Egorgeur ne l'avait espéré. Non content d'accepter de négocier, il lui révélait des informations a l'intêret non négligeable. Ainsi pareille organisation, liant tous les mouvements de resistance planétaire, avait pu se former sous le nez de l'Empire et le Sith tenait devant lui un de ces généraux. Nul doute que l'Impératrice aurait payé cher pour obtenir ce genre de renseignement, et lui venait de les obtenir d'un claquement de doigts. Ces rebelles recrutaient, et chaque jour leurs rangs grandissaient. Lentement mais sûrement, ils allaient former une armée que l'Empire lui même finirait par redouter. C'était là le cycle galactique auquel croyait le cyborg : La tyrannie impériale ne ferait pas taire à jamais des êtres vivants épris de libertés et un jour les faibles prendront les armes pour devenir forts à leur tour. Et un jour, ces mêmes faibles seraient détrônés par une nouvelle génération de mécontents, ainsi allait l'univers, ainsi allait la Force.
Fort heureusement pour le Seigneur Sith, cette alliance était encore jeune et elle manquait de moyens. Tant qu'il en était ainsi, ses membres les plus pragmatiques ne seraient pas tant regardant sur l'origine de l'aide qui pouvait leur être apporter. Et le Seigneur de Géonosis en avait l'intuition : Il se tenait face à quelqu'un de suffisament intelligent pour saisir où se trouvaient leurs intêrets communs. Qu'il soit un Sith n'était qu'un détail infime, le plus important étaient qu'ils partageaient tous deux le même but : La vengeance sur cette Impératrice, quelqu'en soit la raison. Ils pourraient s'entendre, aucun doute là dessus.

-Vous avez raison, nous pourrions nous entendre face à un ennemi commun. Qu'auriez-vous à nous offrir ? Et en quoi pourrions-nous vous être utile ?

Les yeux rougeoyants du cyborg s'étrécirent pour n'être plus que deux feintes où brillaient une leure maligne. Ca y est, ce qu'il espérait arrivait : La possibilité d'un accord venait d'être confirmée, il n'avait qu'à la jouer finement et chacun obtiendrait ce qu'il désirait. Kessert formait un pacte avec le Diable, mais tel était le prix à payer pour libérer la galaxie : Il faut combattre le feu par le feu et rien ne peut vaincre le Mal si ce n'est un Mal plus grand encore, déguisé sous les traits du Bien.

-Je suis ravis que nous puissions nous entendre, croyez le...

Le sith ouvrit sa main griffue avant de la serrer pour former un poing capable de broyer l'acier.

-Je vous offre deux choses... D'un côté, je vous offre des armes, un arsenal dernière génération d'une puissance telle que l'Empire lui même tremblera devant son potentiel destructeur et qui vous aidera à compenser votre sousnombre. De l'autre, je vous prêterais ma propre force, un pouvoir comme vous n'en trouverez nul comparable dans cette galaxie.

Il marqua une pause pour laisser au rebelle le temps d'analyser sa proposition. Il disait la verité, les armes à plasma qu'offrait Géonosis étaient d'un tout autre niveau que celles qu'on pouvait trouver sur les vaisseaux impériaux, leur utilisation serait un atout véritable pour les terroristes idéalistes qu'étaient les hommes de Kessert. Quand à la puissance du Seigneur Sith... elle avait déjà fait ses preuves a de nombreuses reprises...

-En échange, je ne demande que deux choses : mon anonymat, et une place pour mon peuple. Mes gens se meurent, prisonniers de l'autorité impériale. Offrez nous un endroit où certains pourront se réfugier loin des yeux de Coruscant, et tout le génie Géonosien pourra aider votre cause. Je ne souhaite pas que mes sujets aient à subir les conséquences de mes choix, que notre collaboration reste un secret inviolé et nous pourrons accomplir de grandes choses vous et moi.