[Sur les traces de l'insatiable] Une enquête sur les rails

L'interphone sonna bruyamment. Une main humaine calleuse tâtonna l'appareil, appuyant maladroitement sur un gros bouton rectangulaire. Le directeur soupira profondément. Il avait le regard sinistre, ses yeux étaient soulignés par des cernes profondes.

"Mina, je vous écoute.

A l'autre bout du fil, une voix féminine se mit à nasiller dans l'interphone :

- Monsieur Mikovski, le Docteur Pandres est en ligne.

Le directeur soupira derechef, avant de répondre, las :

- Est-ce-que c'est urgent ?

- Il dit que c‘est de la plus haute importance.

- … Bien bien, passez-le moi.

L'échange bascula sur une autre ligne. Un hologramme se projeta sur les dossiers éparpillés de m.Mikovski, et un Duro en blouse blanche lui apparut nettement. Il y avait dans sa voix une panique extrême.

- Monsieur l’directeur ! C’est… Une catastrophe, oui, une catastrophe !

- Allons Pandres, reprenez-vous ! s’offusqua Mikovski. Que vous arrive-t-il encore ?

- Mais, monsieur, c’n’est pas moi, toute l’entreprise est en cause… La bactérie… Elle a disparu ! L’éprouvette s’est volatilisée !

Mikovski fronça les sourcils, serra les poings.

- Pandres, en êtes-vous parfaitement sûr ? S’il y a l’ombre d’un doute, je vous jure que vous irez faire le pitre dans un autre labo.

- … Monsieur… Je suis formel, nous avons fouillé Upsilon de fond en comble…

- Bien. Décrétez l’état d’urgence. Je vais informer la police. Pandres, nous sommes dans la merde, vous comme moi…"

Cormond - Local de Wayne Soran - 8 heures 18 du matin

Une sonnerie retentit dans le local. Perdu quelque part dans le salon, quelque chose se mit à sonner bruyamment, probablement un comlink. Après une dizaine de répétitions stridentes, la sonnerie se tut. Une voix maussade résonna dans le local :

"Wayne, c’est Harvin Curver. J’ai du boulot pour vous. Sautez dans le premier taxi et rejoignez-moi dans les structures de M.K. Cormond Labs. C’est un laboratoire pharmaceutique. A 9 heures, Wayne. Je compte sur vous."

Quelque part dans le local, un râle grincheux s’éleva dans l'air moite et saturé par les bruits de la circulation urbaine. Visiblement, quelqu'un n’avait pas beaucoup dormi…

Dernière édition par Ban Akavirion le Mer 27 Jan 2010 - 0:09, édité 1 fois

[HRP : Wayne n'a pas d'appart, juste un local miteux.]

PNJ : Wayne Soran.



Douce lumière... Atmosphère vaporeuse... Un grand matelas, profond, moelleux... Oh, un ange... Sonnerie stridente et désagréable. L'ange se barre en courant. Bruit de deux chauffards qui se percutent. Concert de klaxons. Démarrage en trombe et sirène de police.

Ca y était, il était réveillé. Par quoi ? Probablement cette sonnerie, là... Ah oui, son comlink. Où déjà ? Ah oui, sur le bureau. Wayne releva la tête du métal froid, essuya la bave qui lui coulait sur le menton, du côté droit pour être précis, et se redressa sur son fauteuil de cuir trop dur. Il appuya sur le bouton de l'appareil pour réentendre le message car quelques secondes auparavant il se trouvait dans une chambre du palais de Theed. Dans ses songes, bien évidemment. Apparemment, le commissaire lui demandait de le retrouver à un laboratoire pharmaceutique à l'autre bout de la ville à 9 heures. Problème, Wayne ne conduisait pas franchement bien, alors traverser une capitale à l'heure de pointe en une demi-heure...

[Wayne Soran] - Foutu commissaire...

Il se leva du fauteuil et tenta sans succès de redonner un semblant de discipline à ses cheveux. La bouche pâteuse, une barbe de trois jours... Il avait plus l'air d'un clochard que d'un homme civilisé. Il prit son comlink et son kit d'enquête, puis s'avança vers la porte d'entrée -de sortie, en l'occurence- quand trois violents coups de klaxons finirent de le réveiller. Wayne ouvrit la porte qui donnait sur une petite galerie extérieure et sur son airspeeder.

[Wayne Soran] - Hééééé, doucement bordel... Euh... C'est toi Lo' ?

Avec Lo'Gann, Wayne pourrait peut-être arriver au labo avant neuf heures et ainsi s'éviter les foudres du commissaire...

Un large sourire put se lire sur ses lèvres tandis qu'il mâchait bruyamment une gomme au goût étrange. Il avait sûrement dû acheter tout le paquet dans un dépanneur miteux au coin de la rue Dron Zegga. Dron Zegga était située en plein milieu d'un quartier pauvre et louche de Cormond. On ne savait pas ce qui s'y passait ; des drogues et de l'alcool (et pas seulement du bon).
Donc, au fond, il ne s'était pas trompé. Lo'Gaan savait que cet endroit lui disait quelque-chose. C'était là où habitait ce vieux Wayne Soran ... un autre de ses employeurs en fait. Gwayner était réellement un homme à tout faire. Il regarda longuement son patron avant de lui faire de grands signes pour lui indiquer de se dépêcher.
Wayne Soran était tout un type dans le genre déglingué. Il n'était pas du tout commun en son genre partageant tout un intelligence avec la pauvreté. Soran serait du genre à gagner beaucoup s'il le voulait, mais il était trop fainéant. C'était l'avis du miraluka ...

Tandis que son patron montait à bord, il le regarda toujours avec ce sourire.


- Où est-ce qu'on va, boss ? lui demanda-t-il sur un ton commun à tout bon chauffeur de taxi.

[Court, mais j'pouvais pas faire mieux.]

Wayne s'empressa de monter à côté de Lo'Gann, en se cognant au passage en rentrant dans le speeder. Il fit signe au Miraluka de démarrer.

[Wayne Soran] - Au laboratoire de M.K Cormond Labs. Magne-toi, je dois y être à neuf heures, sinon Curver va me désintégrer.

Pendant que Lo'Gann zigzaquait sous les injures des autres conducteurs, Wayne lui raconta brièvement ce que le commissaire lui avait dit, ainsi que ses hypothèses. Wayne pensait tout d'abord à un assassinat, ou enlèvement, qui étaient assez répandus dans la guerre que se livraient continuellement les grandes entreprises. Si Curver l'avait convoqué aux labos, c'est qu'il devait s'agir d'un chercheur. Assez logique. En tout cas, les grandes entreprises engageaient pour ce type de "manoeuvres" des professionnels, et généralement bien payés. L'enquête allait se réveler compliquée, de plus les laboratoires n'étaient généralement pas les infrastructures les plus protégées... Enfin. Il allait bientôt en apprendre plus.

Le speeder s'arrêta devant le grand batîment qui abritait les laboratoires. Il était 9 heures cinq. Wayne se précipita vers Harvey Curver, qui patientait à l'entrée de l'immeuble.

[Wayne Soran] - Me voici, commissaire ! Qu'avons-nous aujourd'hui ?

Echevelé et en sueur, Wayne avait tout l'air d'être échappé de l'asile le plus proche.

[PNJ : Harvin Curver]



Harvin cessa de faire les cent pas, et, les sourcils froncés, s'approcha de Wayne sans lui tendre la main.

"Votre ponctualité m'enchante, Wayne. Bonjour Gwayner ! Presque content d'vous revoir ! lança-t-il en faisant un signe dissipé au Miraluka, lequel repartait déjà pour s'enfoncer dans la circulation.

- Bienvenue chez M.K. Labs Cormond Labs.

Curver leva la tête pour désigner l'entreprise. Il s'agissait d'un petit immeuble blanc à quatre étages, dont le dernier arborait de splendides baies vitrées verdâtres et arborait les initiales blanches de la firme.

- Bien, assez perdu d'temps, nous montons au second étage. Je vous expliquerai en chemin...

Les deux Humains pénétrèrent d'un pas décidé dans la structure, Lo'Gann sur les talons. Dans le hall lumineux, deux agents de police faisaient la causette avec la secrétaire, l'oeil vivement intéressé par sa chevelure rousse et son franc décolleté. En passant, Harvin Curver ne se permit qu'un petit sourire chargé de sous-entendus à l'égard de la secrétaire, après quoi il s'engouffra dans un ascenseur vide avec Wayne et Lo'Gann. Il tapota la commande, puis prit une grande inspiration tandis que les portes se refermaient. N'eût-il pas pris la parole qu'il faillit déjà s'interrompre en scrutant son interlocuteur. A 9 heures du matin, le détective semblait embourbé dans le coltard.

- Wayne, vous auriez pu faire un effort pour vous raser... Bref, voilà où nous en sommes...

Les portes de l'élévateur s'écartèrent à nouveau et les trois hommes s'enfoncèrent dans le couloir à gauche, cerné des deux côtés par des laboratoires aux persiennes abaissées.

- Nous sommes sur une affaire de vol, Wayne. Ça n'a rien d'un vol ordinaire, puisqu'il est question d'une bactérie mortelle. Hier soir, elle était encore sous éprouvette dans les locaux du laboratoire Upsilon. Ce matin, les scientifiques n'ont rien retrouvé... La "Konzat", comme ils l'appellent, s'est volatilisée. Personne n'est en mesure de témoigner, il semblerait que les gardiens affectés à cette zone aient été assommés puis drogués, le système de surveillance aurait été désactivé depuis la salle audiovisuelle, et son technicien semble avoir subi le même sort que la sécu... Vous allez pouvoir interroger tout ce beau monde. Le directeur, si vous souhaitez le trouver, est dans son bureau au quatrième étage. J'ai bien essayé de l'obliger à rester au deuxième, mais il m'a dit qu'il avait des affaires importantes à régler. Je crois qu'c'est une affaire de divorce... Ma parole, ces couloirs sont extraordinairement longs !"

Au détour d'un nouveau corridor, ils découvrirent un attroupement de personnes, scientifiques et gardiens pour la plupart, tous regroupés dans l'entrée d'un laboratoire, qui, derrière ses persiennes ouvertes, semblait particulièrement bien équipé : outre les plans de travail, il comprenait de nombreuses consoles réparties d'un côté, de l'autre, des cuves et des chambres étanches servant à diverses expérimentations, et à côté de cette section d'appareils de laboratoire, des cobayes animaux se pâmaient dans des cages transparentes, à proximité d'une grande porte rectangulaire au blindage menaçant.

A l'approche du trio, les pseudo témoins mirent fin à leurs conversations agitées. Curver vint à leur rencontre, feignant son amabilité. Wayne dénombra trois gardiens, dont deux Grans et un Humain, un gros technicien zabrak boudiné dans une combinaison grise et verdâtre d'employé, un droïde protocolaire argenté de type [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], et six scientifiques, tous Humains à l'exception d'un Duro. Celui-ci, la mine abattue, fit un pas vers les Humains.

"Rebonjour, lança Curver. Docteur Pandres, voici Wayne Soran, qui, par chance, n'a pas été retenu sur une autre enquête. Son assistant, monsieur Gwayner, nous fait également le plaisir de l'accompagner. Bien Wayne, j'ai à faire, je vous contacterai plus tard. Je compte sur vous pour faire avancer les choses, mais sans excès, comme à votre habitude."

Il laissa planer beaucoup d'ambiguïté dans sa dernière phrase, et s'éloigna sans attendre de questions, la démarche fière.

Dernière édition par Ban Akavirion le Dim 7 Fév 2010 - 17:29, édité 2 fois

Les soupçons de Wayne se confirmèrent. Avec une affaire de vol, il devait s'agir de rivalités commerciales, mais Curver lui avait annoncé que la substance volée était une bactérie dangereuse. La thèse du terrorisme n'était pas à écarter, cependant les employés n'avaient pas été tués, chose rare en cas d'attaques terroristes. Wayne s'avança et serra la main du Duro.

[Wayne Soran] - Bonjour, monsieur Pandres. Comme vous l'a dit le commissaire, c'est moi qui m'occuperai de l'enquête. Je vais avoir besoin pour cela de votre collaboration. Rien d'autre n'a été volé, juste la bactérie ? Des crédits, des objets de valeur ?

Wayne avait besoin de cela pour déterminer l'origine du vol. Après la réponse du Duro, il commença à chercher des indices avec son matériel d'enquête.

HJ : Court, mais j'ai besoin de renseigements

[PNJ : Oovool Pandres]


Le docteur Pandres s'avança vers Wayne et Lo'Gann. Il semblait véritablement anéanti, les épaules basses et le regard vide. Il s'adressa à lui, sans même le regarder :

"Seule la bactérie a disparu, le laboratoire Upsilon ne porte aucune trace d'effraction. La salle réfrigérée a été visitée cette nuit comme si de rien n'était... Et les caméras ne peuvent même pas témoigner, l'ingénieur pourra vous le confirmer !

A quelques pas de là, le Zabrak en combinaison s'agita fébrilement, comprenant que c'était à lui que Pandres faisait allusion.

- Je peux vous conduire à l'intérieur, si vous le souhaitez, inspecteur, mais je doute que cela vous avance", ajouta Pandres.

Dernière édition par Ban Akavirion le Dim 7 Fév 2010 - 17:30, édité 2 fois

Aucune trace d'effraction ? Les visiteurs de la nuit avaient beau être des pros, c'était suspect quand même. De plus, même si on pouvait endormir les gardes, il se débattaient généralement un peu avant de sombrer. Une autre piste venait à l'esprit de Wayne.

[Wayne Soran] - Eh bien... Vous êtes scientifiques, et si vous n'avez relevé aucune trace, rien d'intéressant... Ca ne me servirait sans doute à rien de rentrer dans la chambre froide. J'ai une autre idée derrière la tête... Pourriez-vous me donner tous les fichiers au sujet des employés ayant accès à ce batîment ? Tout ce que vous avez sur eux. Date d'entrée dans l'entreprise, parcours professionnel, situation familiale... Tout.

En effet, le coupable pouvait être un employé de la boîte. Si il n'y avait aucune effraction, c'est qu'il possédait les clés, et si les gardes s'étaient faits surprendre, c'est peut-être que l'homme qui les avait endormis n'avait aucune raison de le faire et qu'ils le connaissaient bien. Quant au mobile, ce pouvait être l'argent, ou alors le visiteur avait été contraint de le faire... Menaces sur la famille ? Pour l'instant, Wayne n'en savait rien.

[Wayne Soran] - Docteur Pandres, n'oubliez pas votre propre dossier.

Les conversations entre les employés avaient repris, inquiètes et sonores, mais pour la plupart, les yeux étaient braqués sur le détective et le microbiologiste. Oovool Pandres ouvrit des yeux plus gros à l'annonce d'Ethan. Il sembla qu'il voulut objecter, mais il se résigna. Il avait face à lui quelqu'un de très perspicace.

"Bien, allons dans mon bureau. Je comprends qu'il vous faille également mon dossier..."

Il fit signe à l'enquêteur de le suivre, et s'orienta vers le Nord du bâtiment, vers une nouvelle série d'ascenseurs. En une vingtaine de secondes, ils se trouvèrent sur le palier des élévateurs. Autour d'eux, physiciens, médecins et droïdes traversaient les couloirs, pénétraient dans les laboratoires ou en sortaient. Beaucoup semblaient plus occupés par leur propre travail que par l'affaire qui s'était tramée au labo Upsilon. Pour la plupart, ils ne regardaient même pas Wayne et Lo'Gaan. Pandres, quant à lui, passait totalement inaperçu. Il faisait un peu partie du décor d'M.K. Labs...

Un ascenseur s'ouvrit, les trois hommes se glissèrent dedans. Une physicienne voulut leur emboîter le pas dans la cage de métal, mais le Duro tourna vers elle sa paume grande ouverte à titre de dissuasion. Elle ne lui rendit qu'une grimace de dégoût dédaigneuse, et resta en plan sur le palier. Leur ascenseur se ferma, montant vers le quatrième étage, celui des bureaux et de l'administration.

"Tout cela est si déroutant... Pandres se lamentait à nouveau.

- Vous rendez-vous compte qu'à cause de cette disparition soudaine, il y a peut-être une dizaine d'employés qui vont se retrouver au chômage, moi compris ? Être au chômage ici, sur cette maudite planète, ça n'a rien de plaisant, vous n'pouvez vous tourner que vers votre guilde, et si ses responsables aiment votre tête, alors vous pouvez peut-être toucher une toute petite aide, et encore, même pas de quoi payer la moitié d'un fichu loyer..."

A l'évidence, le Duro ne réalisait pas la moitié de l'ampleur de la situation. Il était du genre à plonger et à se raccrocher à tout ce qu'il y avait autour de lui, sans pour autant chercher la solution au problème posé. Wayne se demanda s'il resterait longtemps le seul sur l'affaire. Celle-ci était encore maintenue dans le secret de l'entreprise, mais les enjeux ne se limitaient pas à la situation des employés. Wayne devrait faire vite, sans quoi il se retrouverait d'ici peu avec des confrères marchant sur ses plates-bandes.

Dernière édition par Ban Akavirion le Dim 7 Fév 2010 - 17:37, édité 2 fois

[Désolé du retard.]

Pandres n'avait pas l'air d'un coupable. Enfin, comme la majorité des coupables d'ailleurs. Se lamentant, il semblait désespéré. Mais les Duro étaient bons acteurs...

[Wayne Soran] - Avez-vous une femme, Monsieur Pandres ? Et des enfants ? J'imagine que quelqu'un qui a un travail aussi prenant que le votre ne doit pas avoir le temps de fonder une famille. Revenons-en à la bactérie. Quels sont ses effets, précisément ? Se disperse-t'elle facilement dans l'air ? Au boût de combien de temps tue-t'elle ? Avez-vous trouvé un antidote ?

Là-dessus, le trio pénêtra dans le bureau du Docteur Pandres.

[Court, mais c'est à toi de me donner les renseignements ]

[Il y a moyen qu'on progresse pas mal ce week-end.]

Pandres s'installa à son bureau et pivota sur son fauteuil pour se trouver face à Soran.

"Ceci, inspecteur, est la question capitale... Il faut savoir que cette bactérie, nous avons longuement travaillé dessus, jusqu'à la modifier lourdement : là où je veux en venir, c'est que nous avions une bactérie d'origine. Le direc...

Il s'interrompit soudainement, puis jeta un oeil au tour de lui, avant de reprendre, l'air coupable.

- C'est le directeur en personne qui l'a ramenée d'un de ses voyages. Il ne s'est jamais prononcé sur la provenance de cette chose. Sous sa toute première forme, elle s'avérait extrêmement dangereuse, puisqu'elle était volatile et très contaminatrice... Quels étaient les symptômes ?

Il prit une profonde inspiration.

- Lorsque vous contractiez la Konzat, vous étiez condamné : cette bactérie se répandait dans votre organisme, et, trois jours après la mise en contact, elle s'en prenait à votre système nerveux et détruisait lentement votre cerveau en attaquant d'abord les parties sensorielles sollicitant le toucher, le goût et l'odorat. Nos... Cobayes... devenaient totalement insensibles aux décharges électriques, à une nourriture amère et aux odeurs répulsives. Puis la bactérie continuait de ratiboiser le cerveau, s'attaquant surtout à la vue, l'ouïe, et la mémoire. Au bout d'une semaine, le sujet périssait d'une mort cérébrale indolore.

Il se tâta le menton, passant ses doigts sur sa vieille trace de brûlure chimique, puis reprit, absorbé :

- Cette bactérie là, monsieur Soran, c'était la toute première. Nous avons fait une longue recherche pour modifier ses effets, et nous y parvînmes, sans toutefois trouver de remède ! Nous avons travaillé trois ans, jusqu'à obtenir la Konzat sous une nouvelle forme, laquelle comme vous le savez, a disparu cette nuit..."

Wayne tiqua. Le directeur lui-même ? Ca commençait à sentir le roussi, cette affaire. Si cela venait à se savoir, MK Cormond Labs ne serait plus qu'un mauvais souvenir pour ses concurrents.

[Wayne Soran] - Et quels sont les effets de cette nouvelle forme ? Qui était au courant de vos travaux ? Les médias ? Les concurrents ? Enfin, j'aimerais que vous me présentiez le directeur. J'ai quelques questions à lui poser.

Wayne devait également ne pas oublier la thèse du terrorisme, mais celle-ci ne semblait pas correspondre. On pouvait également soupçonner les cartels de la mafia, qui pourraient revendre cette bactérie... Wayne avait besoin de renseignements, car sinon l'enquête stagnerait.

Il remercia Lo'Gann, qui l'avait accompagné, puis lui dit de repartir. Seul, il serait plus discret et les témoins plus enclins aux confidences...

Pandres ne salua même pas le Miraluka quand celui-ci quitta la salle.

"La bactérie qui a disparu cette nuit était concentrée dans plusieurs éprouvettes mises sous le même bocal. Quelle erreur, puisque c'est finalement tout le bocal qui a disparu...

Il se massa le front, plein de remords.

- Sous la forme Dzêta, celle que nous avons perdue, la Konzat est plus stable et beaucoup moins contagieuse que sous sa première forme. Nous avons réussi à la faire muter de sorte qu'elle n'est plus transmissible par l'air. Vous pouvez néanmoins la contracter par un contact cutané, et la transmettre par le sang. Dans les éprouvettes qui on disparu cette nuit, la bactérie était à la fois dans des mileux secs et des flux liquides. Si quelqu'un venait à la toucher, ou à s'immerger du flux liquide, ce serait la contamination assurée...

Il réfléchit un instant, et poursuivit :

- Cette bactérie là est toute aussi mortelle, mais met plus de temps à tuer son hôte. Les symptômes sont à peu près les mêmes : destruction du système sensoriel, et, chose étonnante, pour compenser cette destruction généralement axée sur le toucher et l'odorat, elle semble décupler les facultés physiques et...
Émotionnelles des sujets. Nos animaux semblaient à la fois étourdis et mus par une envie incoercible de quitter leurs cages. Au fait, sachez que le bocal était entreposé avec les autres formes de la Konzat, des vieux échantillons que nous utilisons moins fréquemment. Néanmoins, seule la Dzêta a été dérobée. J'ai entendu dire que des bactéries plus anodines avaient aussi été volées dans le labo Gamma, mais ça n'a que peu d'enjeux face au vol de la Konzat. J'ignore qui a osé voler quelque chose d'aussi dangereux. Nous avons fait nos opérations dans le secret de l'entreprise. Seuls les scientifiques, médecins, chercheurs, ainsi que le directeur étaient au courant de l'existence de la Konzat, et seul le progrès scientifique a motivé nos recherches. Le directeur n'a mentionné aucun contrat avec qui que ce soit, et aucun objectif autre qu'en apprendre plus sur ce micro-organisme.

Il resta silencieux un instant, et au moment où le détective s'apprêtait à prendre la parole, Pandres se remit à parler, cette fois avec un soupçon de panique dans la voix.

- Monsieur Soran, si vous parlez au directeur, dites-vous bien qu'il n'aura que peu de temps à vous accorder : il doit gérer un conflit avec sa femme et payer pour les stupidités de son fils étudiant."

Wayne éclata de rire. Il s'agissait là de l'excuse la plus bidon qu'il ait jamais entendue ! La bactérie était moins puissante que d'origine, mais pouvait se diperser dans l'eau...

[Wayne Soran] - Et vous croyez votre excuse vraisemblable ? Un directeur qui s'occupe de ses affaires de famille pendant qu'on a volé une bactérie mortelle dans sa propre entreprise ? Vous vous foutez de moi ?

Un aspect de la version Dzetâ alerta Wayne. La Konzat développait les facultés physiques et émotionnelles de ses victimes... Il y avait là de quoi jeter un véritable chaos dans une ville ou plus, en contaminant les réseaux d'alimentation en eau... La thèse du terrorisme revenait, encore.

Le Duro ne commenta pas l'éclat de rire. Soran était un pragmatique, un de ces m'as-tu-vu qui n'avaient aucun regard sur la beauté de la science et sur le génie de ses praticiens. Il pianota quelques instants sur son ordinateur, puis un marmonnement glissa entre ses lèvres verdâtres. L'enquêteur se pencha par dessus son épaule. C'était le dossier des employés.

"Tout y est, sauf quelques détails privés relatifs à chacun. Même nos droïdes sont répertoriés. J'espère que ça fera avancer l'enquête..." grommela-t-il.