[Osarian] Intérêts convergents

Une mer de nuages s'étendait à perte de vue aux pieds du Loup. La brise cinglait son visage, charriant de ci de là de minuscules flocons arrachés quelques centaines de mètres plus bas à l'océan cotonneux. Le jour touchait à sa fin et l'astre qui donnait la vie à Osarian ne tarderait pas à paraître à l'autre côté de la planète. Toute la magnificence de la montagne entourait Ethan, minuscule être éphémère et insignifiant aux yeux de ces géants de granite qui se dressaient fièrement jusque 3000 mètres au dessus de l'océan. Les lumières d'Osa-Prime transperçaient faiblement la mer de nuages, s'affirmant à mesure que la luminosité des lieux déclinait. Seul le vent troublait la quiétude des lieux depuis que le turbolift permettant aux touristes de Sun Point d'accéder au point culminant du massif montagneux et à son remarquable panorama avait fermé une demi heure auparavant et que les derniers employés du terminus étaient redescendus à la station se reposer après une journée de travail à 3000 mètres d'altitude. Le Loup ne s'en souciait pas ; il était venu ici sur son speeder et repartirait par le même biais. Il ne se souciait pas non plus du froid glacial qui régnait à une telle altitude, son entraînement sur Dxun la lune du diable l'ayant habitué à bien pire. Son long manteau en cuir le protégeait du vent, et il avait passé en dessous une veste thermique qui préservait un peu de sa chaleur corporelle. Mais l'acier de son .45 Enforcer lui tenait bien plus chaud que tout le reste. Tant de souvenirs, heureux ou moins heureux, mais toujours chargés de cette adrénaline qui réchauffait sa carcasse. Les fusillades dans les rues de Mos Eisley écrasées par deux soleils, la fournaise des bas-fonds de Nar Shaddaa, le moiteur humide de Dxun... Non, il avait froid en fait.

Mais l'heure du rendez vous approchait. D'ici quelques minutes, son mystérieux mercenaire à l'hologramme féminin apparaîtrait... Ou serait en retard. Ce qui, par une froidure pareille, ne ferait pas tellement plaisir au Loup. Ce dernier s'assit sur une grosse pierre qui l'isola de la réverbération froide de la neige qui recouvrait en grandes quantités le sommet de la montagne. Ce mercenaire avait intérêt à en valoir le coup...

La jeune femme était partie de Merisee depuis quelques jours. L'homme qui l'avait contacté l'avait intrigué par son assurance. C'était vrai, il ne connaissait rien d'elle et lui donnait, comme ça, rendez-vous, après qu'elle ai mis sur l'holonet une annonce des plus ... Tendancieuses.
Qui accepterait de faire confiance à un mercenaire qui ne cherchait que le pouvoir ?
Lui visiblement.

Elle était arrivée sur la planète deux jours avant l'heure du rendez-vous. Il valait mieux être en avance, repérer les lieux et s'assurer qu'il n'y avait aucun soucis venant de ... L'Empire ou d'un quelconque manipulateur de Force.
Osarian. C'était une belle planète, le climat était tout à fait clément, même agréable, rien a redire là dessus. Les gens semblaient heureux, en bonne santé et tout à fait jovials. Cela si l'on exceptait leur regard mauvais envers les étrangers, comme elle.
Était-ce un homme de ce peuple qui l'avait quémander ? Qu'importe, elle n'avait pas besoin de savoir énormément de choses sur son employeur, juste ce qu'il voulait et ce qu'il offrait.

Le repérage s'était passé sans le moindre soucis. Aucun problème n'avait été détecté et elle avait pu analyser l'endroit où le "loup" lui avait donné rendez-vous. Un loup qui demande de l'aide à un renard. La force brute et la férocité à la ruse et la manipulation. La rencontre promettait d'être pour le moins mémorable, si lui était comme il l'annonçait.

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L'heure du rendez-vous arrivait. Tout en haut du point culminant du massif montagneux. Un endroit affreusement frais en réalité. Autant dans la plaine la jeune femme avait pu mettre robes légères et sandalettes, autant ici, pour le rendez-vous mais aussi et surtout pour le froid, c'était bien plus une tenue de guerrière qu'elle avait revêtu. Une tenue moulante sans être provocatrice, pour lui laisser une fluidité de mouvement, renforcée d'un cuir sombre renforcé en cas de combat, au niveaux des articulations et, par dessus tout cela, la fidèle cape rouge de Jensaarai.

Son sabre laser éteins à sa hanche, filant à vive allure sur le speeder, elle s'efforçait de réchauffer les particules d'air froid autours d'elle pour garder une température supportable. Le soleil se couchait à coté d'elle, et la nuit devenait de plus en plus présente. 18h55. Il ferait tout à fait nuit vers 19h10 et alors, les étoiles et l'astre lunaire seraient leurs seuls guides.

Voilà, elle arrivait. Il n'y avait visiblement personne, mais la Force, elle, lui indiquait le contraire. Il y avait une présence dans les parages, elle le savait et le sentait.
Elle s'annonça, une main à sa hanche.

« Le Loup serait-il frileux ? »

La voix chantonnante de la demoiselle était sans le moindre tremblement, sans la moindre hésitation. Sûre, ferme mais douce.

18h59. Le vrombissement d'un speeder montait d'un peu plus bas dans la montagne. Ethan soupira ; le mercenaire ne lui avait pas posé de lapin, c'était déjà ça. Sa longue attente dans le froid allait être récompensée - enfin, il l'espérait. Quelques secondes plus tard, le véhicule jaillit à grande vitesse sur le grand dôme d'une cinquantaine de mètres des diamètre que constituait le sommet de la montagne. Il décéléra, avant de s'arrêter. Le Loup put entendre le crissement produit par les bottes de la personne lorsque celle-ci descendit de son speeder. Le soleil avait totalement disparu à l'horizon, et il régnait déjà une pénombre prononcée. D'ici quelques minutes, il ferait totalement noir et ce jusqu'à ce que le matin prenne le pas sur cette nuit sans lune.

L'individu marcha quelques mètres dans la neige, avant de s'arrêter. Il ne semblait pas le moins du monde troublé par l'apparente absence de son commanditaire, silhouette immobile sur son rocher et indécelable dans la noirceur ambiante.
Le Loup entendit alors la voix de la femme -ses soupçons étaient confirmés- qui lui demandait s'il avait froid. Étrange. Coïncidence ? Simple parole de circonstance ? Ou bien cette femme, par un moyen qu'il ignorait, avait senti le désagrément d'un homme qu'elle ne distinguait même pas.
- Le froid éloigne les curieux. Je suis prêt à endurer la bise si c'est pour m'épargner tous ces insupportables touristes et pour pouvoir discuter en paix.
Maintenant révélé par la provenance de sa voix, une voix au timbre médium, assez froide mais toujours accompagnée d'un soupçon d'ironie qui faisait douter les interlocuteurs du Loup, Ethan sauta de son rocher. Il atterrit trois mètres plus bas en s'enfoncent jusqu'aux genoux dans la neige molle, puis s'avança jusqu'à la femme, jeune et humaine d'après sa voix. Après une vingtaine de mètres, il se trouvait face à la femme, éloigné d'à peine un mètre de son visage. Mais la luminosité qui avait maintenant totalement déposé les armes contre la noirceur de la nuit ne lui permettait pas de voir plus que la silhouette de la femme, une silhouette élancée, musclée, assez séduisante pour le peu qu'il pouvait en voir. Ethan activa le commutateur situé dans sa poche. Le projecteur de son speeder s'alluma, dirigé droit vers les deux personnes qui se faisaient face. La lumière arriva brusquement d'un côté et lécha leurs profils respectifs. Leurs visages étaient révélés dans un étrange clair-obscur, une moitié restant plongée dans les ténèbres tandis que l'autre resplendissait de la lumière artificielle du projecteur qui contrastait fortement avec les lieux maintenant plongés dans l'obscurité. Deux êtres, une rencontre, bien au-dessus des autres êtres de la planète. Ce qui était vrai autant sur le plan de l'altitude que de la valeur du Loup et de la Femme Rouge.

Ethan dévisagea celle-ci pendant une dizaine de secondes. Une très belle femme, à n'en pas douter. De longs cheveux d'un noir de jais, lisses, qui lui descendaient en-dessous des épaules. Le visage noble, aux courbes harmonieuses, d'une femme de l'âge d'Ethan, soit bientôt la trentaine. Mais ce qui frappa le plus le Loup, ce furent les yeux de la jeune femme. Deux yeux verts, d'une beauté troublante. On pouvait aisément se perdre dans la profondeur de ces émeraudes, des émeraudes aussi froides que le rubis était chatoyant. Le Loup croyait voir son reflet dans un miroir... Mais un reflet datant d'une petite dizaine d'années. Les yeux froids d'un être qui trop longtemps n'avait pu compter que sur lui-même. Cette femme pouvait elle encore ressentir quelque chose ? Pouvait-elle donner sa confiance à un tiers, dépendre d'autrui ne serait-ce que pour la chose la plus insignifiante qui soit ? Elle devait considérer avec scepticisme le comportement pseudo-ouvert de la majorité de ses contemporains. Mais, comme Ethan auparavant, elle ne se rendait pas compte de l'absurdité de sa vision du monde. Il suffisait de considérer la magnificence de l'endroit où ils se trouvaient pour s'en convaincre. Malgré ses yeux, elle était aveugle à la beauté de la Galaxie. C'étaient le bonheur contemplatif et une vie constituée de plaisirs simples qui avaient sauvé Ethan du délitement de sa propre personnalité. Au contraire : depuis qu'il avait vu la vérité, il avait accédé à un nouvel état de conscience, supérieur en tous points à celui de l'immense majorité des êtres pensants de la Galaxie. Mais cette âme pouvait-elle se tourner à nouveau vers la lumière et vers les autres ? L'empathie d'Ethan reçut de plein fouet la détresse implicite et insoupçonnée de la femme qui se tenait devant lui. Il savait à quel point la vie pouvait être perçue comme une torture prolongée quand on n'en voyait pas le véritable sens.

Son regard descendit et attarda sur le reste de la jeune femme. Comme il l'avait présupposé, elle pouvait se targuer de posséder de belles courbes et une grande élégance se dégageait d'elle. Une cape rouge, voyante, et une combinaison assez moulante, qui semblait faite pour faciliter les mouvements, constituaient son habillement. Mais un point ne manqua pas de frapper le Loup. Un sabre laser était attaché à la ceinture de la jeune femme. Une Manipulatrice de le Force ! Rien d'étonnant à ce qu'elle ait fait preuve d'une telle assurance sur son annonce Holonet ! Mais pourquoi vendre ses services en tant que mercenaire, dans ce cas ? Les préoccupations des Jedis et des Siths semblaient dépasser de loin l'argent. C'était suspect. Cette femme avait peut-être réussi à s'en procurer un, comme lui-même d'ailleurs, ou celui-ci était tout simplement factice. Un simple moyen pour impressionner ses commanditaires. Elle s'était dite prête à faire ses preuves... Elle serait donc servie. Le cheminement mental d'Ethan n'avait duré au total qu'une demi-seconde. Il s'adressa enfin à la femme.
Je suis content de vous rencontrer en chair et en os. Je suis le Loup. Puisse cette rencontre aboutir à des horizons bénéfiques pour nous deux.

Après que la femme eut répondu, il se dirigea vers son speeder, comme pour y chercher quelque chose. À mi-chemin, il se retourna brusquement, avec dans la main son blaster DL-44. Dans un même mouvement fluide, il tira deux fois sur la femme. Il était éloigné d'une quinzaine de mètres, et les tirs étaient dirigés vers le centre de la poitrine de la mercenaire. Impossible pour une personne normal d'y échapper. Si cette femme était bien ce que son sabre disait, cela ne lui poserait aucun problème. Sinon... Et bien, le Loup n'aimait pas les beaux parleurs qui prétendaient être ce qu'ils ne seraient jamais.


[HJ : Désolé pour le retard. J'ai deux semaines de vacances, profitons-en pour faire avancer ce RP !]

- Le froid éloigne les curieux. Je suis prête à endurer la bise si c'est pour m'épargner tous ces insupportables touristes et pour pouvoir discuter en paix.

Une voix. Une voix qui voguait dans le vent, se déplaçant entre les brises pour finir au creux de l'oreille de la Jensaarai. Une voix froide. Presque aussi froid que ce blizzard qui s'abattait sur le toit de ce monde.
Un sourire demi-lune apparu sur mon visage dissimulé par la nuit. Cet homme au timbre malgré tout caractéristique savait visiblement ce qu'il faisait et sûrement où il allait.
Il était descendu de son perchoir comme un aigle qui s'abat sur sa proie, pour se dresser devant moi, à quelques mètres devant moi, entre la nuit qui se levait et les flocons de neige qui commençaient à perler. J'avais rendez-vous avec cet homme, aucun doute là dessus, mais l'obscurité ne me permettait que de le deviner.
Ce devait être un homme de taille moyenne, au corps fin, mais musclé. Il paraissait en bonne santé, agile de ses pieds dans la neige, un peu comme si cette dernière ne l'entravait pas. Ses mouvements étaient rapides et son corps tendu, comme s'il était toujours aux aguets d'un danger.
Qui était-il ? Un mercenaire, un contrebandier, d'accord, mais pourquoi un homme comme lui serait-il à ce point sur ses gardes ? C'était lui qui l'avait mandatée, pas l'inverse.

Il avançait encore et toujours, pas après pas.

Nous étions deux, face à face, comme deux vieux amis qui ne se sont pas revus depuis des années, comme deux inconnus qui se jugent mutuellement avant un affrontement, dans le noir de la nuit sans lune, entouré du bruyant silence de la montagne.
J'avais été élevée par des Miraluka, un peuple aveugle. La vue n'était qu'un sens facultatif, de plus pour moi, mais dans ce cas présent, les hurlements de la montagne et l'engourdissement de mes doigts gelés ne m'aidaient pas. Je me sentais lente et déboussolée. Je n'arrivais pas à voir, ni à percevoir. Oui, je me sentais en danger.
Mais je n'avais pas le droit de le montrer. Je devais être sûre.

Brusquement, sans crier garde, une lumière sur ma droite s'alluma. Un battement du coeur en trop, un imperceptible coup d'oeil, les doigt qui s'étaient tendu vers le sabre et d'autres vers la lumière. Fausse alerte, il avait allumé les phares de son speeder. Nous étions deux ici, et quelques animaux. Rien de dangereux, un loup et une renarde, rien de plus. Pourquoi étais-je si anxieuse aujourd'hui ? Heureusement que je savais dissimuler...

Au moins, à présent, je pouvais voir une partie de son visage. Sombre, les yeux gris et vis, à la fois éteints et bercés d'une lueur d'espoir, les cheveux d'une teinte légèrement bleuté, ni trop court, ni trop long. La moitié visible de son corps me confirmait mes pensées précédentes. C'était sans aucun doute un homme vif, un combattant. Il n'avait pas la carrure d'un molosse de guerre, mais certainement celle d'un combattant équilibré. Dangereux.
Pourquoi un homme comme lui aurait-il besoin d'aide ?

- Je suis contente de vous rencontrer en chair et en os. Je suis le Loup. Puisse cette rencontre aboutir à des horizons bénéfiques pour nous deux.

Toujours cette même voix, froide, mais solennelle. Il était le loup, oui, et semblait tenir à ce pseudonyme. C'était ainsi qu'il s'était présenté, ainsi qu'il se présentait à nouveau sous la neige. C'était sans doute son identité.

« Plaisir partagé, Sir Loup. Je suis venue comme convenu et j'attends avec impatience la suite des évènements. J'espère que ce que vous avez à me proposer en vaudra le déplacement. »

J'avais toujours aimé jouer. Jouer avec mes élèves, avec mes compagnons. Les tester, les illusionner, mais surtout, porter un masque devant eux.
Le maître mot de mon enseignement était l'illusion, et ce masque, ce masque que nous portons tous, ce masque que je portais à cet instant, ce masque d'inébranlabilité, d'assurance. Après tout, mes armes ont pour noms ruse et tromperie. Je profite du doute et j'aime à tisser une toile inextricable d'illusions, d'impression et de voiles.
Voilà là quelque chose qui me rassurait toujours, savoir que j'étais, que je n'étais pas.

L'homme venait de se retourner pour aller chercher, sans doute, quelque chose dans le speeder qui nous illuminait. Je ne bougeais pas, je n'en avais pas besoin, il reviendra quand il devra le faire.
Cependant, ce que je n'avais absolument pas prévu, ce fut les deux coups de feu qu'il tira en ma direction. C'est dans ces moments-là que je remercie la Force d'être avec moi. Vraiment.
D'un premier mouvement de main, très léger, je déviais les tirs de blaster. D'un autre je saisissais le blaster grâce à la Force pour l'ôter de la main de mon assaillant.
Je ne sais s'il avait essayé de me tuer, mais à présent, il n'avait plus de défense, sauf erreur de ma part, et d'un simple mouvement de main, son corps pourrait se retrouver à valdinguer dans les précipices de la montagne ! Eh oui, plus on est haut, plus on est seul et plus la chute fait mal...

« D'ailleurs, maintenant que j'y pense, un Loup ne vit-il pas en meute ? »

Ironique, je savais faire aussi. Prévoyante aussi. Profitant de la corruption, j'avais créé une illusion de moi même, à ma place, tandis que j'avais disparu aux yeux de tous. Je n'étais plus, et mon pantin était moi.

Les deux tirs fusèrent, tranchèrent avec l'obscurité ambiante, puis avec la clarté blafarde du projecteur. Deux tirs d'une vélocité incroyable. Deux traits mortels décochés par un homme entraîné par un maître Mandalorien, un homme dont les compétences en matière de combattant n'étaient pas remises en cause, ou du moins pas par qui voulait encore vivre. Et cette femme s'en lavait les mains. Un simple geste de la main, et les deux tirs parfaitement ajustés la frôlaient sans danger. Un autre, et son blaster s'envolait dans la nuit. Elle enchaîna avec une plaisanterie, sans d'autre réaction à son agression soudaine qui en aurait refroidi -au sens propre du terme- plus d'un. Le Loup s'aperçut alors qu'il était totalement à la merci de cette femme. Avec son équipement complet, sa beskar'gam, peut-être aurait-il pu rivaliser avec elle. On parlait d'un certain Jango Fett, un Mandalorien qui avait eu son compte de Jedi tués, une vingtaine d'années auparavant. Mais au moment présent, il n'avait que son manteau en cuir et son slugthrower. Même pas chargé à la détonite...

Mais la question n'était pas de savoir si Ethan pouvait avoir le dessus sur cette femme, puisque cette rencontre était censée leur permettre de travailler ensemble. Elle avait passé le test avec succès. Inutile de demander à voir plus à quelqu'un capable de dévier des tirs de blaster et de maîtriser la télékinésie, non ? Cela dit, Ethan aurait bien aimé voir un sabre laser en fonctionnement de ses propres yeux. Lorsqu'il activait le sien, seules de misérables étincelles accompagnées d'un grésillement daignaient sortir de l'arme. De toute manière, s'il combattait aux côtés de cette femme, il aurait amplement l'occasion de voir ses talents d'épéiste à l'œuvre.

Car le Loup garderait cette femme à ses côtés, il ne s'en servirait pas comme d'un mercenaire lambda, envoyé à l'autre bout du monde connu pour une mission suicidaire et aux bénéfices hasardeux. Un talent de cette envergure était extrêmement rare dans la Galaxie. Tout semblait possible, avec une telle alliée pour l'aider. Mais qu'elles étaient ses motivations ? Une personne d'une telle puissance ne se battait pas pour l'argent. Que pouvait-il lui apporter, lui ? C'est dans le doute le plus total qu'Ethan revint, en montrant bien que ses intentions belliqueuses étaient évanouies, vers la... Jedi ? Sith ? Quoiqu'il en soit, il garda ses interrogations pour lui, affichant toujours ce visage neutre mais assez amical envers la femme sur laquelle il venait de faire feu.
- Selon les besoins, je peux tout aussi bien être un mâle alpha qu'un Loup solitaire. Mais assez parlé de mon surnom. Mon nom est Ethan Acera. Je vous le dois bien, après vous avoir tiré dessus. Et le votre ?
Il s'arrêta brusquement. À quoi jouait-il ? Il sentait que les faux-semblants n'avaient aucune emprise sur cette femme, soit que ses yeux émeraudes voient aussi clair dans son âme qu'à travers du cristal, soit qu'elle fut totalement insensible à son assurance de façade et à ses foutus jeux d'esprits. Il reprit d'une voix beaucoup plus intense et sincère, ses yeux adressant un regard d'outre-tombe à la jeune femme.
- Qui êtes vous ? Qu'êtes-vous ? Que voulez-vous ?

Il s'ouvrait à cette inconnue aux pouvoirs effrayants, exposant son flanc vulnérable, celui de l'homme rongé par l'incertitude qu'était devenu Ethan Acera...

L’homme, devant moi affichait toujours un visage profondément neutre. Il n’avait pas l’air surpris, ni même étonné. Il était neutre, oui, c’était le mot. Je ne sais ce qu’il avait connu par le passé, ce ne sait pas ce qu’il avait traversé ni comment il avait traversé les épreuves qui s’étaient dressées devant lui.
A vrais dire ce que je faisais était très dangereux. Je suis une manipulatrice de Force, un gibier très rare et très demandé en ces temps sombres. Je m’abaissais au niveau des mercenaires, je prenais des risques en continu de me faire repérer par l’Empire. Mais pourtant je le faisais. Pourquoi ? Je n’ai ni besoin d’argent ni de reconnaissance. Mes élèves naviguent par delà la galaxie pour propager nos connaissances et tenter de trouver de potentiels élèves. Ils ne sont pas prêts pour faire face au monde, mais je n’ai pas le choix, nous sommes au bord du gouffre et j’ai besoin que la lignée des Jensaarai de s’effondre pas. Qui reprendrait le flambeau après moi ? Je n’ai ni fille ni fils, mes élèves ne maîtriseront jamais la Force aussi bien que moi, trop vieux au moment de leur apprentissage. Si je continuais de la sorte, à moins de trouver un de ces vieux holocrons sur lesquels l’on peut écrire à nouveau, ma lignée disparaîtra.

Qu’est-ce que je cherche en faisant ça ? Je n’en sais rien, je sais juste que je suis là, et que l’on a agir. Il m’avait tiré dessus, j’étais prête à l’exécuter au moindre faux pas … Mais il choisis autre chose et se présenta, simplement. Sa conversation devenait plus intéressante d’un coup, plus ouverte. Voilà qui est mieux, voilà qui nous permettra de commencer une véritable discutions.
Je m’apprêtais à lui répondre quand une lueur de ses yeux se ternis et qu’il tourna légèrement la tête avant de reprendre, la même question, d’un ton ... Déprimant, comme s'il cessait de lutter. Étrange ... Qui était-il ?

« Vous posez trop de questions sur des sujets dont vous n’avez pas besoin de connaître la réponse, mais vous pouvez m’appeler Yun. Yun’Orha. Je suis là parce que vous m’avez mandaté pour je ne sais quoi. »

Qui était-il ? Un loup ? Un vieux loup solitaire ? Il semblait vouloir s'ouvrir ou du moins cesser de lutter ... Qui était-ile ?

« Qui êtes vous ? Que voulez vous ? Que me voulez vous ? »

Chacun son tour …

Qu'importent les circonstances, le masque de fer restait intact. Un masque de certitude, d'assurance, un masque qui aveuglait son porteur sur les réalités du monde.
- Je vous en prie, arrêtons les faux-semblants, ces masques feints de certitude que tous aiment à porter en ce monde. Je suis las de cette comédie sans objet. Nous sommes des êtres éphémères, de minuscules consciences à l'existence plus brève qu'un clignement de l'œil pour les immensités qui existent à travers la Galaxie. Que pouvons-nous prétendre savoir ? Rien. Et ceux qui prétendent le contraire sont encore plus aveugles que les autres. C'est un fait, nous sommes tous rongés par le doute, et vous aussi, Yun'Orha, que vous en soyez consciente ou non. Arrêtons de supporter vaille que vaille ces façades inutiles que nous savons illusoires vous comme moi. En tant de possible employeur j'ai le droit de savoir qui vous êtes vraiment, Yun'Orha. Vous n'êtes pas une Sith, sinon je serais déjà mort. Vous n'êtes pas une Jedi, car vous auriez mieux à faire que de jouer les mercenaires mystérieux au sommet glacial d'une planète sans importance. Mais qu'êtes vous alors ? J'ai toujours veillé à connaître les motivations des personnes qui travaillaient à mes côtés. C'est d'ailleurs comme cela que j'ai survécu jusqu'à présent.

Réciproquement, vous avez le droit d'en savoir plus sur moi. Qui suis-je ? Je vous l'ai dit, je m'appelle Ethan Acera, quoique ce ne fut pas toujours le cas, si j'en crois ma mémoire trompeuse... Mais il ne s'agit que de mon nom. Qui suis-je ? Un criminel, un pirate, un guerrier Mandalorien, un héritier déchu, un homme. Je ne sais plus moi-même. Ce que je veux ? J'aimerais bien le savoir. On aimerait tous le savoir, non ? Je sais seulement ce que les autres veulent de moi. Les mener à la victoire, leur apporter la richesse, la gloire, la justice... Si tant est qu'il n'y ait pas autant de justices que de consciences. Et ce que je vous veux ? Je ne sais pas encore. Ça dépend de vous. De ce que vous, vous pensez vouloir. Toutes proportions gardées, je suis quelqu'un d'assez... Puissant. Il se pourrait bien que je puisse vous mener à ce que vous chercher, si seulement vous me le disiez.

Ah.
Cet homme semblait me comprendre. Nous ne nous connaissons pas, mais il semble être dans le même cas que moi, comme s’il lisait à travers moi comme à travers de l’eau de roche. Qui était-il ? Un criminel d’après ses dires ? Un Mandalorien ? J’avais prévu de faire une alliance avec certains d’entre eux il y a quelque temps, ce pourrait être intéressant …
Quoi qu’il en soit, je me mis à le dévisager. Mes jambes avancèrent, l’une après l’autre, jusqu’à ce que nous soyons à quelques centimètres l’un de l’autre. Je suis légèrement plus petite que lui, de peut-être une dizaine de centimètre. Il est plus carré que moi, plus fort, plus grand, comme un protecteur. Mais au fond de lui, ses yeux sont termes et éteins, il ne semble plus avoir d’espoir … Il est comme moi, à la différence près que je suis pleine d’espoir.

« Ethan … On ne se connaît que depuis quelques minutes. Vous m’avez tiré dessus, j’ai hésitée à vous envoyer valdinguer en bas de cette montagne, et pourtant vous voulez que tous les masques tombent ? Que voulez-vous ? Cette comédie ne sert à rien, nous le savons tous les deux. La galaxie est en guerre, personne ne peut compter sur personne, toujours quelqu’un pour vous poignarder dans le dos. On est tous las de cette situation.
Je vis dans la peur que l’Empire ne me trouve, et pourtant, je continue à vivre dans l’espoir que mon ordre puisse se redresser. »

Mes yeux émeraude se détournèrent des siens, mon corps s’éloigna du sien, et je me dirigeais vers le bord du gouffre, tout en parlant d’une voix claire. Claire, mais tremblotante.

« Je suis une Jensaarai, un ordre qui a connu une petite heure de gloire avant que le Shaarai-Kaar ne sombre dans la folie. J’ai assassiné les derniers représentants de cet ordre, pourrit jusqu’à la moelle, pour permettre à l’ordre de renaître de ses cendres.
Je suis la Shaarai-Kaar. Je ne veux que la Force de protéger une galaxie, je ne veux que la justice. Je veux maîtriser la Force, je veux contrôler, je veux illusionner. Je veux vivre. »

Mes yeux se perdaient dans le vague, face aux montagnes enneigées. Il faisait froid, mais je n’en avais cure, j’étais perdue dans mes pensées.

« Vous ne pouvez me demander qui je suis. Vous ne savez pas qui vous êtes vous même, et je ne peux vous dire ce que je veux. »

Le Loup n'en revenait pas. Il venait de se confier d'une manière très intime à une inconnue ? Ce n'était pas d'un allié qu'il avait besoin, mais d'un psy ! Il semblait que les êtres doués de la Force avaient cette étrange faculté de pousser les gens à s'ouvrir, malgré les conventions. La jeune femme se rapprocha de lui, jusqu'à ce qu'ils soient éloignés d'à peine une dizaine de centimètres. Il la dominait en taille, mais une grande force intérieure se dégageait d'elle. L'héritier déchu s'était retiré dans un recoin de la conscience d'Ethan, et ce fut le Loup qui répondit à Yun'Orha.
- Une fugitive ? Comme beaucoup de monde ces temps-ci, dont moi. Je ne vous jugerai pas pour ce que vous avez fait aux membres de votre ordre. J'en sais trop peu pour cela, et en quel honneur me le permettrais-je ? Ça ne me rassure pas tellement si je dois me battre à vos côtés, mais je peux très bien me défendre seul. Je n'ai pas besoin d'un garde du corps. Il me faut un allié de confiance pour mener des batailles à travers la Galaxie, et il s'avère que je pense que vous êtes quelqu'un sur qui on peut compter. C'est peut-être, sûrement, de la folie. Mais les chemins que j'ai empruntés ont toujours croisé la route de la folie.

Je ne sais si ma cause vous paraîtra juste. À chacun sa justice dans ce bas monde. Vous espérez défendre la votre. Moi aussi, dans un sens... Mais ce que nous appelons justice n'est que la curieuse synthèse de nos intérêts personnels et de nos valeurs morales. L'Alliance Rebelle défend l'idée d'une république plus juste pour le peuple. Au final, qui me dit qu'il ne s'agit pas d'un groupuscule aux intérêts opposés à ceux des hautes sphères impériales et qui tente simplement d'imposer sa propre tyrannie ? Je n'ai d'autre loi que la mienne. Ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas de morale. Mais j'ai simplement la franchise de ne pas me cacher derrière l'hypocrisie de la justice.

Vous vivez dans la peur. Vous êtes pourtant, sur le plan individuel, l'une des personnes les plus puissantes de mes connaissances et probablement de la Galaxie. Battez-vous ! Que le gibier devienne le traqueur ! Au final, la seule chose qui compte, c'est la vérité. Votre vérité.
Le Loup se porta à la hauteur de la Jensaarai. À leurs pieds, cinq cents mètres d'un abîme de glace et de séracs. Le vent forcissait, menaçant de faire chuter l'homme et la femme. Mais leur agilité sans faille les préservait tous deux d'un si funeste destin.
- Voici ce que je vous veux. Kogga le Hutt, une immonde limace de Nar Shaada. Chef d'une organisation mafieuse, esclavagiste de son état. Il s'est joué de mes lieutenants il y a quelque temps. L'heure est maintenant venue pour lui de payer sa dette, et avec des intérêts. J'ai bien l'intention de m'en charger personnellement, mais la tâche n'en sera que plus aisée avec vous à mes côtés. S'il y a bien un crime dont je ne suis pas coupable, c'est d'avoir privé des êtres pensants de leur liberté. Je ne respecte que peu de choses, mais la liberté en fait partie. Aidez-moi à en finir avec cet anomalie de la nature et je pourrai vous fournir un abri sur et durable à vous et à votre ordre... Ou ce qu'il en reste.

Ethan tendit une main vers la femme, pour sceller leur accord. Une main ferme, dénuée du doute du fils déchu, mais au contraire mue par la détermination et la force d'un loup.

Il avait raison. C’est étrange de trouver quelqu’un, comme ça, qui puisse nous comprendre dès les premières minutes, sans réellement nous connaître. Une personne qui a vécu ce que nous avons vécu et dont les yeux peuvent percer notre âme par la compréhension de celle-ci.
Me battre ? Je ne pouvais me battre seule contre la galaxie toute entière. Je me battais, je me cachais peu en réalité, mais je vis dans la peur, c’est une réalité. Mais que puis-je faire quand les forces de l’Empire et le Lord Vader lui même nous traque ? Je ne fais pas le poids face à lui malheureusement, pas seule, et pas même avec Daj, mon apprenti.

Je pouvais avoir confiance en cet homme, et il pouvait avoir confiance en moi. Un sourire aux lèvres, je fis tomber mon double, qui se tenait près de lui, dans le vide. Oui, la vie n’est qu’une illusion, et la puissance est nécessaire.
Le corps de mon pantin tombait, et je me dévoilais, derrière lui, d’une voix douce et enjouée.

« Ethan, si vous me donnez votre loyauté, alors vous aurez la mienne. Je tiens toujours mes promesses et ne trahis jamais ceux qui ne me trahissent pas. Ma seule condition est ma liberté d’action et que vous ne me demandiez pas comment j’ai fait. Je le fait, qu’importe.
Pourriez vous également me parler de votre meute, cela m'intéresse, et, si vous le souhaiterez, je répondrais également à vos questions. »

Grand sourire aux lèvres, je pris sa main dans la mienne et, d’une main frêle mais ferme, je la lui serrais.

« Quelle est la suite des évènements, louveteau ? »

La jeune femme rumina ses paroles quelques secondes, puis sauta dans le vide. Ethan, stupéfait, ne fit rien pour l'en empêcher. Son corps comme désarticulé fila dans l'abîme, puis disparut dans les ténèbres. Ça n'avait aucun sens ! Pourquoi cette femme décidait-elle d'en finir avec l'existence maintenant ? Mais Ethan fut bien vite sorti de sa confusion par Yun, la vraie, qui se trouvait dans son dos. Voilà ce qu'elle entendait par illusionner... Des pouvoirs aussi fantastiques devaient être préservés, et non aux seules mains des Siths et de leurs intérêts égoïstes. Malgré toutes ses paroles cyniques sur la futilité de la justice, Ethan reconnut que le combat de la jeune femme était noble et juste. Il était heureux que Yun se présente à lui sous son véritable jour, un signe de confiance réconfortant. L'héritier sortit de son antre, alors que Yun prenait sa main, un sourire plein d'espoir aux lèvres. Malgré le froid arctique qui régnait dans la nuit maintenant totale, il pouvait sentir la chaleur émanant de sa peau.

- Louveteau ? Il y a quelques années, l'auteur d'une telle insulte aurait payé pour son impudence. Mais j'ai grandi, et les batailles d'ego m'indiffèrent. J'aimerais qu'il reste une part de ce louveteau en moi...Bref. Je tiendrais parole. Par le passé, je n'ai pas toujours respecté mes serments, mais celui-ci engagera mon honneur de Mandalorien. Haat, ijaa, haa'it ! Ce sont les mots en mando'a pour sceller un pacte. Nous sommes maintenant liés, Yun'Orha, par les mots et par le sang ! Je m'engage à te suivre dans ton combat pour la survie de ton ordre, sur mon honneur.

Ma meute est un groupe de pirates de la Bordure Extérieure. Un groupe assez conséquent, dont la flotte est de taille à tenir tête à une flottille impériale sans problème. Ces hommes justifient leurs actes par un idéal anarchiste auquel moi aussi j'ai cru, par le passé... Enfin en lequel une partie de moi continue à croire. Des hommes qui vivent parmi les étoiles, aux croyances et aux superstitions étranges... Mais il faut croire que quand on passe sa vie aussi longtemps dans l'immensité spatiale, on finit par voir et sentir certaines choses. Des hommes que j'ai rassemblés, il y à bientôt dix ans. J'avais alors en tête un seul but, une seule ambition : argent et pouvoir. Qui ont perdu tout leur sens pour moi, ou presque. Il reste que j'ai des responsabilités envers eux. Ces hommes ont cru en moi, certains sont morts pour moi. Je me dois de les mener à la victoire, au plus près de leur idéal, ou de leurs rêves.

Mon but à moi, c'est de récupérer mon héritage familial : le trône de Haut-Seigneur de la Maison Tapani Cadriaan. Volé par une branche rivale, responsable des tournants les plus sombres qu'a pris ma vie. Un objectif hors d'atteinte pour le moment. Mais qui sait ce qui adviendra de la Galaxie dans cinq, dix, quinze ans ? Il m'est avis que les rouages d'un immense mécanisme que nous ne pouvons même pas imaginer se mettent en place. Pour le meilleur ou pour le pire...

La suite des événements ? On retourne à Osa-Prime ! C'est que j'ai vraiment froid moi ! Mon vaisseau est là-bas. Et sans attendre en direction de l'espace Hutt, à moins que tu ne veuilles faire un détour sur l'une des bases des Loups, ou ailleurs.

La perspective de l'action se dessinait pour Ethan, ce qui lui remonta le moral et le sortit de sa torpeur. Rien de tel qu'un bon combat en approche pour vous fouetter les sangs, parole de Mandalorien !

Voilà qui était fait. Un accord gravé dans le sang, sans effusion de sang. Restait à savoir si cet homme était un homme d'honneur, mais cela me semblait une valeur sûr. En général, lorsque l'on a quelque chose à se reprocher, c'est dans des bars, armés, et de manière bien plus agressive qu'on agis. Là, la montagne solitaire, le froid mordant et la sincérité de l'homme tendait à me prouver qu'il serait qui il me montrait être.

Qu'importe d'où il venait, qui il était et où il allait. Qu'importe tout cela, l'important était qu'elle avait désormais quelque chose à faire, et quelque chose qui lui apporterait, aussi bien de manière personnelle et immatérielle, que de manière commune et matériel.

« Et tes hommes, dans la Bordure Extérieure, es-tu sur de sa fidélité ? Es-tu sur qu'ils te suivront alors que tu as disparus pendant toutes ces années ? Es-tu sur qu'ils sont encore là pour toi ? Dans le monde de la piraterie, je sais que je ne t'apprend rien, l'honneur et la force sont primordiale ... Ne t'ont-ils pas remplacés ? Te sont-ils totalement loyaux ? »

En montant sur nos speeder, je pris ses identifiants comlinks pour que nous puisions continuer à discuter en route. Avec le hurlement incessant des véhicules, je devais à moitié crier pour me faire entendre.

« Et donc, un louveteau Prince cherche à récupérer son trône ? Cela me plait comme aventure. Mais pourquoi viser les Hutts ?
Quand à en exterminer un, je pense qu'à deux l'on sera bien plus efficaces. Ce n'est pas que je ne fais pas confiance à tes hommes, mais je ne sais ni ce qu'ils valent, ni ce qu'ils veulent. Bref, vaisseau, breafing, et action. »

Ethan enfourcha son speeder, fit rugir le moteur ionique qui s'ajouta aux hurlements du blizzard, et sans attendre sa nouvelle alliée se rua à une vitesse ahurissante vers les lumières de la ville, à quelques dizaines de kilomètres de là. Il dévalait la pente avec un plaisir évident, n'hésitant pas à dangereusement frôler les séracs et à plonger dans des crevasses incertaines, seulement éclairé par le projecteur de son véhicule. Le pilotage était comme une seconde nature pour lui. Chaque courbe, chaque virage était négocié à la perfection, semblant s'inscrire dans le métabolisme même de l'homme. Yun poursuivit la conversation via le système de comlink, malgré le hurlement créé par la vitesse des deux speeders.

- Honneur et force... Tu fais bien d'en parler. Les pirates, tout comme les loups ou les Mandaloriens, ne suivent que le plus fort d'entre eux. Le plus apte à la survie. Ils m'avaient bien sur remplacé. Un vieux loup de l'espace, l'un de mes premiers hommes. Je l'ai défié dans un combat singulier, au sabre, et je l'ai emporté. Seul cet acte m'a redonné la confiance et l'appui de mes Loups. Cela plus une petite mise en scène, s'appuyant sur leurs vieilles superstitions... Je ne sais pas trop pour quoi ils me prennent, mais ça a l'air surnaturel et effrayant. Un rescapé du Grand Vide, selon eux... Tu n'es pas la seule à illusionner pour vaincre, Yun'Orha.

Les Hutts n'ont rien à voir avec la Maison Tapani. Une sorte de dette d'honneur, plutôt d'amour-propre, que je veux régler. Et qui fera de la place pour les intérêts des Loups dans l'Espace Hutt. Je n'ai pas l'intention d'impliquer mes hommes là-dedans. Toi, moi, Kogga et ses hommes. Une opposition symbolique, un simple échauffement pour nous habituer à travailler ensemble avant de nous confronter à plus fort adversaire.

Sur ces mots, les deux speeder arrivèrent en vue de l'astroport où attendait le yacht d'Ethan.

Le petit homme avait de l'expérience, cela était sûr. Combattre aux cotés d'un novice pouvait être intéressant, je l'avais fait avec mes disciples, mais à la longue, le danger était toujours d'autant plus présent. Au contraire, combattre avec un vétéran, Mandalorien qui plus est, était sans conteste un plus pour moi, et surtout pour l'Ordre. Après tout, on puisait nos enseignement à la fois chez les Jedi et chez les Siths, pour en sortir quelque chose de plus authentique, de plus proche de la Force, alors pourquoi ne pas tirer des leçons des plus grands guerrier de cette galaxie ?

« Oh, je sais que je ne suis pas la seule ! Tout le monde peut illusionner, du petit voleur qui lance une pièce en l'air pendant qu'il dérobe une bourse, à l'Impératrice qui commande ses pantins comme elle le souhaite ! Mais je pense être l'une des meilleure dans ce domaine ! Tu veux un autre exemple ? »

Je m'amusais. Oui, je ne sais pourquoi, mais je ne prenais pas de précautions avec ce loup. Peut être parce que la Force ne me disait rien contre lui, peut être parce que ses yeux avaient la même lueur, tout au fond, et la même couleur que mon âme ? Qu'importe, à l'approche de son vaisseau, un très bel engin, je levais un doigt du guidon et le dirigeait vers ce dit engin. Qu'allais-je faire ? Le faire disparaître ? Non ... Plus enjoué.
Le froid et le bruit qui nous entouraient disparurent. La nuit et la neige s'envolèrent et ce fut un tout autre paysage, bercé par un soleil aussi doux que magnifique, par des champs de blés et d'autres plantes à perte de vue, qui apparu. Nous étions désormais sur Merisee. Tout était plus vrais que nature. Il y avait la sensation de chaleur sur notre peau, il y avait l'air salé du bord de l'Océan de la Guérison, il y avait le bruit de la campagne et l'odeur de la terre et des fruits. Nous étions sur Merisee, et il n'y avait que ça à perte de vue.

« Et ça, c'est chez moi, une planète qui m'a adoptée et que j'ai dans mon coeur. Également la planète du dernier grand Jensaarai, aujourd'hui disparu ... Bon, allons botter du Hutt. »

Le paysage autour de nous disparu brusquement, nous laissant face à la brusque réalité, au froid mordant et à la nuit noire. Triste réalité surtout.
Je garais le speeder près de son vaisseau, je n'en avais plus besoin, et, sous les rafales de vent et de neige, j'accourais dans ce qui serait notre navire spatial pour quelque temps.

« Donc Kogga, c'est cela ? Connais pas. Tu as des infos à son sujet ? Des choses à savoir ? Des désirs particulier ? Je t'écoutes, mais avant, décollons pour l'Espace des Limaces ! »

Les speeders tranchaient l'obscure soie de la nuit. Quelques flocons daignaient honorer Osa-Prime de leur insigne présence. Il faisait bien moins froid qu'au sommet de Sun Point, mais la température ne s'éloignait pas de zéro degré. Des souvenirs resurgissaient de l'esprit d'Ethan, réminiscences d'hivers passés à l'orphelinat durant son adolescence. La neige figeait tout, étouffait les sons, semblait même ralentir le temps. Ethan adorait alors la neige, cette gomme qui l'espace de quelques jours effaçait tout, conservait les traces mais par un curieux paradoxe les détruisait irrémédiablement lors de la fonte, tôt ou tard.

Un battement de cils, puis un soleil, la vue d'un paysage champêtre, d'un océan turquoise. Des arbres fruitiers parsemaient la campagne, bercés par le doux zéphyr, multitude chamarrée et porteuse d'exquises effluves. Lorsqu'il fermait les yeux, Ethan avait encore la vue de l'astroport d'Osa-Prime dans la nuit qui s'imprimait sur ses paupières. Les pouvoirs de Yun'Orha dépassaient l'entendement. Mais cette femme ne vivait-elle pas dans une illusion permanente, une illusion qu'elle se créait elle-même ?

- Ton foyer, alors... Un bel endroit. j'espère pouvoir le visiter un jour. Je suis né sur Achillea. Une planète magnifique, également... J'habitais dans un immense manoir niché au fond d'une vallée verdoyante. Mais est-ce toujours mon foyer ? Non. Je suis comme mes hommes, mon seul foyer est le vide spatial. Il regorge de merveilles aussi, des nébuleuses aux teintes et aux dimensions grandioses, des planètes inconnues et inexplorées... Ou bien le vide, tout simplement. L'absence totale de matière, sur des millions de kilomètres a un côté grisant.

Retour à la réalité. La Belle Inconnue les attendait sur le dock. Le yacht mesurait une bonne trentaine de mètres de longueur, un vaisseau élégant et racé. Il semblait inoffensif de prime abord, aucune arme, aucun canon. De prime abord seulement. Un examen approfondi du fuselage révélait que certaines parties de la coque étaient mobiles, et camouflaient des canons et des lance-torpilles. Le vaisseau du Loup était à l'image de son propriétaire, élégant mais dangereux. Ethan rentra le speeder dans la soute, puis guida Yun'Orha à l'intérieur du vaisseau.

Ethan avait conservé le confort du yacht : toutes les pièces étaient lambrissées d'essences nobles de bois, ainsi que le sol des coursives. Le vaisseau disposait de deux suites : l'une utilisée par Ethan, qui était également pourvue d'un bureau, et une seconde prévue pour d'éventuels invités. Ethan la proposa donc à Yun'Orha. La pièce était spacieuse pour une chambre située dans un vaisseau, pourvue d'un grand lit, d'une table de travail, d'un canapé confortable et d'un holo-écran de grande taille. Des tapis tissés à la main recouvraient tout le sol, et il restait encore un vaste espace que Yun pourrait utiliser pour s'entraîner si elle le souhaitait. Le yacht abritait également un vaste lounge commun qui disposait d'un auto-chef proposant un large choix de plats. Le Loup habitait dans ce vaisseau toute l'année ; il avait bien pris soin de son lieu de vie et l'on devinait aisément que la vie était plutôt agréable à bord de La Belle Inconnue.

Une fois la visite rapide du vaisseau terminée, Ethan se rendit vers le poste de pilotage. Il entama la procédure de décollage, et quelques minutes plus tard, le yacht quittait la terre ferme d'Osarian et filait en direction de l'hyperlimite de la planète.

- Kogga est un trafiquant d'armes qui réside sur Toydaria, bien que son business soit basé sur Nar Shaada. Il y a de cela quelques années, mes hommes ont eu quelques mésaventures avec un baron du crime local dénommé Aman Thek. L'histoire s'est soldée par l'explosion du vaisseau de ce dernier alors qu'il se trouvait dedans. Thek était le rival de Kogga, et le Hutt avait promis une prime d'un million de crédit pour qui parviendrait à abattre son ennemi. Il a refusé de verser l'argent à mes Lieutenants, mais je n'ai pas oublié cet affront. Je cherche à développer les affaires des Loups dans l'Espace Hutt et j'ai une dent contre cette limace esclavagiste, alors j'ai décidé de faire d'une pierre deux coups : l'élimination de Kogga dégagera une place suffisante à l'établissement de nos propres intérêts sur place. Mieux encore : Kogga vit dans un palais, entouré de ses plus proches lieutenants. J'ai dans la soute quelques explosifs... Je compte détruire le palais de cet immondice et mettre alors fin à sa vie ainsi qu'à tous ses vassaux suffisamment puissants pour pouvoir reprendre les rênes de son organisation. Mais avant cela il me faudra récupérer les contacts de tous les petits poissons de son organisation, et ce afin de les placer sous mon aile quand la tête du serpent aura été tranchée. Je t'expliquerai tout cela durant le trajet vers Toydaria, qui prendra quand même quelques jours.

Là-dessus, le yacht bascula en hyperespace et seuls des traits lumineux émaillaient la verrière du cockpit. Ethan se leva du siège du pilote et se dirigea vers la coursive menant à ses quartiers.

- Fais comme chez toi, Yun. Au fait, voici de quoi t'occuper pendant le voyage, si tu n'as rien à faire...

Le Loup plongea la main dans sa poche, et en sortit un fin cylindre de métal sculpté, long d'une vingtaine de centimètres, qu'il tendit à Yun.



Si Yun appuyait sur le bouton d'acitvation de l'arme, elle ne verrait que des étincelles.

- Ne me demande pas où je l'ai trouvé, je n'en sais strictement rien. C'est l'un de mes hommes qui me l'a rapporté de Tatooine... Une curieuse planète. On y trouve absolument n'importe quoi. Apparemment, le problème ne vient pas du cristal, il a l'air en bon état. Pourrais-tu le réparer ?

Sur ces mots, Ethan emprunta le corridor et se retira dans sa suite. Yun était seule, dans le silence feutré du yacht seulement troublé par le léger vrombissement du moteur hyperspatial qui faisait franchir au vaisseau des distances formidables en un battement de coeur...

Ce vaisseau n'en était pas un. C'était une certitude, plus que certaine d'ailleurs. Il y avait un véritable confort et une singulière beauté, comme si ce navire spatial, pas trop grand, pas trop petit, juste ce qu'il faut pour vivre, servait justement à ce que l'homme que j'avais en fasse de moi puisse ... Vivre.
Quand on y réfléchissait, ce n'était pas bête du tout. Un grand vaisseau, énorme vaisseau de ce style, en dérive apparente dans les régions inconnues, chargées de soldats, d'entrainement et de Jensaarai. Oui, quelque chose comme ça aurait pu être bon pour mes élèves. Quoi que, l'espace infini devait peser à la longue.
Assez divagué, j'étais donc dans son antre, dans la tanière du loup. Un loup qui avait du être richissime il y a quelques années. Étrange que son surnom ne me dise rien ... Il faut dire, il y a quelques années, je batifolaient avec des hommes plus que je ne m'intéressait à l'histoire de la Galaxie. La Belle Inconnue, comme se nommait ma nouvelle demeure - l'était-elle ? - était un habitat bien plus que convenable. Deux chambres assez spacieuses pour que je m'entraine tout en vivant dans une seule, un grand "hall", un grande salle à manger. Un luxe en somme. Vraiment un luxe.

« En te sentant, petit Loup, je n'avais pas imaginé que tu puisses ... Qu'importe, c'est notre maison désormais ? »

Pourquoi avais-je dit sentant ? Les deux loustics de Forces, mes deux compagnons renards de Force se jouaient de moi. Leurs sensations, leur façon d'être déteignaient incontestablement sur moi, et l'utilisation de ce mot en était une preuve ... D'ailleurs, ce notre en était également une.
Ethan me fit visiter le vaisseau de font en comble, une vrais belle pièce, avant de faire décoller le tout et de m'expliquer plus en détail la situation.

« Hum ... Très bien, donc pour résumer, on arrive, on blablate avec les ptites frappes de la planète, on leur propose plus pour qu'ils se soumettent à nous, et on fait exploser le tout. Ça me parait pas mal, mais comment comptes tu passer les défenses du palais ?
Enfin, je suppose qu'on verra ça sur place. »

Le tout avait l'air assez simple. Bonjour, Boum, Adieu. Rien de plus, rapide, concis. Même si je n'était pas spécialement pour les explosif, trop bruyant et impossible de voir la vie quitter le corps du scélérat, ils avaient le mérite de faire le ménage.
Du coins de l'oeil, je vis Ethan se diriger vers je ne sais trop où de son vaisseau, je ne le connaissait pas encore tout à fait à vrais dire, trop grand. Avant de partir, il se retourna et me tendis quelque chose, m'expliquant vaguement de quoi il s'agissait. Comment avait-il eu ça ? Tatooine ? Dernier endroit où Allen avait été vu ? Un sabre Laser ? De quelle couleur était le cristal ? Pourquoi ne marchait-il pas ? Pourquoi voulait-il le réparer ? Mais qui était ce type qui avait un sabre laser dans sa poche ?
Je restait assez, pour ne pas dire complètement, surprise. Je le regardais, sans rien dire, le sabre à la main. Et il partit.
Okay.

Marchant lentement, je me dirigeais vers ma chambre, et après m'être assis dans mon lit, m'immergea dans une illusion paisible, à la manière d'une drogue. Certains ont besoin de Batons de la Mort, moi, c'est l'illusion que je suis autre part, dans un lieu paisible et serein, où tout va pour le mieux. J'en ai besoin, et mon propre esprit concevait l'illusion dans laquelle seule moi me retrouvait. La même que tout à l'heure sur le sol, une illusion chaude des champs en bord de mer de Merisee.
Cette ambiance, ces bruits et ces odeurs issus de mon imaginations suffirent à m'apaiser.
Devant moi, le sabre se mit à léviter et à se détacher, pièce par pièce, lentement ...

Le Loup se retira au plus profond de sa tanière, pensif. Fatigué par l'attente dans le froid et le vent de Sun Point, il s'allongea sur son lit, fermant les yeux tandis que des sonorités électroniques éthérées s'emparaient de l'espace sonore de la chambre. Elles semblaient répondre au ronronnement du yacht, ce perpétuel bruissement produit par les mécanismes complexes du générateur.

Ce vaisseau semblait posséder une sorte de vie propre, animé d'une espèce d'esprit commun à toutes ses pièces. Comment expliquer autrement l'incroyable enchaînement de mécaniques qui reliait chacun des composants de l'astronef, le conduisant à évoluer dans l'espace en protégeant ses passagers de la morsure létale du Vide et à atteindre des vitesses inconcevables, franchissant des distances hors de portée de l'esprit humain en un battement de coeur. L'immanence et l'objectivité des machines étaient supplantées par une inexplicable transcendance, pourtant évidente aux yeux de ceux qui vivaient dans l'espace. De la même manière que les lois physiques n'avaient plus la même réalité dans l'immensément petit, il était illusoire et erroné de prétendre expliquer en substance l'immensément grand. C'était ainsi ; le Vide de par ses dimensions presque infinies, qu'elles soient spatiales ou temporelles, constituait une sorte d'organisme, un être intangible, inconscient, transcendant, mais bel et bien réel pour qui savait voir à travers le visible.

C'était en tout cas ce que pensaient nombre de Loups, surtout les plus vieux ; ceux qui n'avaient jamais connu que le Vide et l'acier. Plus il y pensait, plus il évoluait dans l'espace, et plus Ethan en venait à se ranger à l'opinion. Il existait forcément quelque chose qui ordonnait tout cela, ce gargantuesque ballet galactique qui mettait en scène des millions de milliards d'êtres, de particules, d'atomes. Il ne s'agissait sûrement pas de l'un de ces dieux, à l'apparence bien définie, tangible, omnipotent, omniscient et pourvu du don d'ubiquité que certaines religions prétendaient servir. L'esprit d'êtres éphémères ne pouvait probablement même pas concevoir une telle entité.

Deux heures passèrent, durant lesquelles Ethan oscilla entre éveil et sommeil, dans un état d'engourdissement, à la frontière entre conscience et inconscience. Libéré de ses carcans, de ses devoirs, son esprit pouvait considérer le monde sous un nouveau angle, irrationnel et génial. Des pensées qui lui apparaîtraient confuses lorsqu'il serait tout à fait éveillé. Ce fut la faim qui le sortit de son état à mis chemin entre le rêve et la méditation. Après quelques secondes passées à reprendre ses esprits, le Loup se leva, l'air pâteux. Il se dirigea vers la salle de bain de sa suite et prit une douche ; alors qu'il se séchait son reflet dans le miroir attira son attention. Il plongea dans son propre regard, de nouveau perdu dans ses pensées comme son vaisseau était perdu dans la Galaxie. Il avait une alliée. Yun semblait partager beaucoup avec lui ainsi que de remarquables talents guerriers. Trouvait-il enfin quelqu'un de sa mesure ? Cette femme n'était cependant pas exempte de faiblesses, tout comme lui. Elle semblait se réfugier dans des paradis artificiels. Mais que fuyait-elle ? Cet état n'était il pas permanent ? Peut-être que Yun'Orha vivait en permanence dans l'illusion de sa planète originelle, ou le froid, la peur et la faim n'existaient que dans les cauchemars... Inexistants eux-mêmes. Ethan devrait la sortir de sa torpeur illusoire, la confronter à la réalité, la dure réalité, mais également à la magnifique réalité qu'il avait appris à appréhender durant son expérience de vagabond galactique. La souillure h
Hutt semblait être un biais prometteur à cette fin, en tout cas Ethan le saurait bientôt.

Le Loup sortit de la chambre et se dirigea vers le lounge. Il commanda à l'auto-chef deux repas, tâche que l'automate s'employa à remplir admirablement vite et bien. Quelques minutes après, un agréable fumet s'échappait des plats, accompagné d'un vin de Serenno. Ethan emmena les repas avec lui et frappa à la porte de la suite de Yun'Orha. N'entendant aucune réponse, il entra et découvrit la jeune femme plongée dans un transe bien plus profonde que la sienne. Allait-elle seulement remarquer sa présence ?

[HJ : je pense qu'il n'y a pas besoin d'un MJ pour dire que tu peux réparer le sabre étant donné que tu es Chevalier et que le cristal n'est pas endommagé, seuls quelques composants électroniques sont défectueux.]

Lorsque je me concentrais, lorsque j'entrais dans la torpeur de la Force pour comprendre son fonctionnement et pour jouer dans leur monde avec mes deux renards illusoires, mes deux entités de Force, je n'était plus du monde des vivants. J'était un corps sans âme, un corps qui agissait seul, qui tombait seul plus précisément. L'on aurait pu me planter une lame que je ne m'en rendrais pas compte. Du moins, si je ne prenais pas garde.
La Force était puissante en moi, et elle virevoltait autours de moi, comme le vent, comme un rien que l'on perçoit sans pour autant le déterminer. Elle me protégeais et je l'utilisais. Elle puisait son existence en moi, et moi en elle. Nous n'étions qu'un.

Devant moi, le sabre était en suspension, totalement démonté. Je cherchais ce qui n'allait pas. Je cherchais pourquoi ce sabre, qui devait avoir un certain âge, ne fonctionnait aujourd'hui plus. Quelque chose clochait. Toutes les pièces étaient là, toutes semblaient s'enclencher correctement. Les quelques rouages tournaient, le crystal semblait intact, l'énergie se diffusais, mais n'arrivait pas à faire émerger la lame. Une sécurité mise en place par l'ancien propriétaire pour que seul lui puisse l'actionner ? Je ne savais exactement. Peut être que tout cela était bien plus ancré dans la Force.
Peut être qu'une emprunte, de quelque nature était là. Peut être qu'il s'agissait d'un de ces ancien sortilège issus du coté obscure de la Force qui empruntait littéralement l'énergie vitale de son utilisateur pour fonctionner ... Pourquoi ne fonctionnait-il pas ? Je l'avais démonté et remonté, encore et encore, j'avais vérifié que chaque pièce était là, en bonne forme. Je ne comprenais pas pourquoi il y avait ce problème ...

A coté de moi, la porte s'ouvrit pour faire entrer le loup. J'avais perdu de ma concentration et je ne parvenais pas à comprendre pourquoi cela ne fonctionnait pas. Le cristal était intact et ... Et si sa structure avait été altérée ou que la "protection" empêchait quiconque de se servir de ce sabre ? C'était possible.

Je me levais, enjouée, un sourire aux lèvres, et me dirigeais vers mon hôte, pendant que le sabre finissait de se construire, un nouveau cristal issus d'un des sabres des Jensaarai.

« Je ne sais si ce sabre fonctionnera, mais je pense avoir compris pourquoi l'on ne pouvait l'allumer. La lame sera blanche, mais devrait s'allumer et trancher. A toi de faire attention a ce que tu fais avec. Ça coupe, et brule. »

J'attirais le manche reconstruit jusqu'à moi, le fit glisser dans sa main. A lui de l'ouvrir s'il le souhaitait, tout devrait fonctionner.

« Dans combien de temps arriverons nous ? Et comment ferrons nous pour que les larbin du Hutt gagnent notre cause ? Si l'on les paye, ils peuvent aller chercher encore plus d'argent en nous dénonçant au Hutt, et la peur, si elle peut être efficace n'assure pas le respect pour autant ... Je ne suis pas doué pour ça ! »


HJ : Désolé, j'ai été long, je n'avais pas vu, et désolé pour le RP de piètre qualité =/

Pendant quelques secondes, Ethan fut seul dans la pièce. Si Yun était bel et bien là physiquement, il était clair que ce n'était pas le cas de son esprit. Âme éthérée à la dérive dans le fleuve de l'espace du temps, souffle, animus, entropie à l'essence divine. La Jensaarai semblait accéder à un niveau de conscience supérieur à celui de la masse mortelle. Pouvait-elle parler aux étoiles ?

Puis l'esprit revint dans son réceptacle, ce corps radieux qu'anima l'âme de Yun. Elle semblait avoir détecté sa présence, ce qui ne surprit pas le Loup. Un charmant sourire aux lèvres, elle se dirigea vers le maître des lieux. Le sabre, dispersé en une multitude scintillante de pièces suspension au dessus du lit, se reconstitua et se glissa dans la main de Yun sous l'effet merveilleux de la Force.

La Jensaarai confia le sabre laser au Loup, sans oublier de le prévenir de la dangerosité de l'objet. Un large sourire anima l'homme. Il se doutait bien qu'il ne s'agissait pas d'un jouet...

- Je crois que j'ai déjà manipulé mon content d'objet dangereux... Je ferai attention à ne pas faire de trou dans la paroi du vaisseau, c'est promis.

Là-dessus, Ethan activa le sabre en faisant bien attention à le diriger dans un endroit dégagé. La lame de lumière jaillit dans un vrombissement continu. Une luminescence blanche, clinique, symbolisant toute la pureté et la neutralité de la Force, de l'outil suprême dont le manipulateur était seul responsable des conséquences de ses actes. Ethan fixa pendant une dizaine de secondes la rapière lumineuse, silencieux. Un silence seulement troublé par le léger bruit du sabre. La lumière ne pesait rien, en conséquence le sabre ne pesait que le poids de la poignée ; il combinait ainsi une impressionnante puissance de destruction mais également une légèreté et une maniabilité sans égales. Cela était également déroutant pour le Loup, habitué au poids et à l'équilibre de son vibro-sabre. Il faudrait probablement tout reprendre de zéro, ou presque. Mais cette fois-ci, Ethan aurait un maître d'armes... Ou plutôt une maîtresse. Il plongea son regard dans celui de la Jensaarai.

- Je te remercie, Yun'Orha. Je te suis redevable et cette dette sera payée un jour, tu en as ma parole. Apprends-moi l'art du combat au sabre et je ferai de toi une Mandalorienne, ou au moins te transmettrai toutes mes connaissaince dans les sciences guerrières.

Quant aux larbins du Hutt... Je ne recherche pas leur respect. Il ne connaissent pas ce mot de toute manière. Ni leur peur, quoiqu'ils en ressentiront pour nous après que nous aurons agi. Non. Je cherche à susciter chez eux l'espoir, une petite lueur d'espérance, qui leur murmure que la situation sans issue dans laquelle ils se sont fourrés, ce cercle vicieux dont il est impossible de sortir, va bientôt prendre fin. Amassez suffisamment d'argent pour arrêter le business, partir loin, couper les ponts avec le milieu... Foutaises. Mais des foutaises qui me permettront de placer ces truands sous mon aile.

Je venais à peine de le déplacer que le jeune loup regardait avec une envie, un désir même, non dissimulé le sabre que je venais de lui mettre en main. Il n'aurait jamais la puissance d'un Jensaarai, il n'avait pas les bases de l'enfance et la Force pour le guider. Mais dans la limite des gens insensible à ce flux continu, il deviendrait sans doute l'un des plus redoutables.
J'étais appuyée contre l'une des parois du vaisseau, un pied contre cette dernière, et je le regardais de mes yeux émeraudes. Il était beau et passionné, ça faisait plaisir à voir. Ahhhh si seulement je l'avais rencontré lorsqu'il était beaucoup plus jeune, j'aurais peut être pu déceler une pointe de Force en lui, j'aurais pu le former et il aurait pu devenir un Grand dans le monde auquel j'appartient. Mais la Force en avait décidée autrement, elle avait déplacée les pions de cette manière et, ce n'était pas pour rien.

« Peut-être que tu as déjà manipuler des objets dangereux, mais dans le cas d'un sabre, la moindre erreur est fatale. Si tu veux que je te forme, tu devras m'écouter au doigt et à l'oeil. Familiarises toi au poids du manche, la lame éteinte. Habitue toi à le porter à tes cotés, si il est trop léger, nous ne l'alourdirons pas. Il sera plus simple à utiliser et la puissance sera toujours la même. »

Je le regardais faire quelques mouvements. Qu'il en profite, ce ne serait pas comme ça longtemps. Pour le moment, oui, mais il allait d'abord devoir passer par les sabres d'entrainement, par le combat à l'aveugle et de nombreuses autres choses. La Force guidait, mais les sens ne devaient pas être négliger. Le sabre devait devenir son bras. Son bras devait être le sabre. Pas une extension, le membre lui même.
La proposition d'Ethan me fit sourire. Mandalorienne ? Moi ? Ce pourrait être intéressant en effet ... Très même.

« J'accepte ta proposition petit loup, je t'écouterais au doigt et à l'oeil lors de tes leçons, et tu feras de même lors des miennes.

Pour le moment, allons manger, reposons nous, et allons nous occuper du Hutt. Les entrainements commenceront lorsque nous aurons acheter du matériel pour que je puisse t'entrainer. »

Ceci dit, la jeune femme s'étira gracieusement avant de partir, non sans lancer un regard charmeur à Ethan, vers la cuisine. A table, manger leur ferait du bien.


Hj : Je te propose de commencer avec les Hutts, qu'en dis tu ?