Guerrier né… ou presque.
Arthas n’en pouvait plus. Cela faisait presque quatre heures qu’il s’entraînait sans relâche. Quatre heures qu’il essayait, en vain. Ses muscles brûlaient, sa peau était rouge et sa tête semblait sur le point d’exploser tellement le sang manquait. Les veines de son cou ressortaient, et sa respiration était catastrophique. Il fallait qu’il arrête.
- Alors, feignasse, lève ton cul en vitesse ! On tu m’en fais 50 de plus !
Arthas n’en pouvait vraiment plus. Il devait faire 50 pompes, au lieu de 25, pour l’unique raison qu’il n’avait pas été assez vite. Ses camarades le regardaient, visiblement amusés. Il était vraiment bête, cet Arthas ! Et incapable de faire 25 pompes en moins d’une minute !
- Je peux plus… maître, j’en peux plus !
- Lève-moi ce putain de cul, tout de suite !
Arthas se laissa tomber à terre, abattu pour de bon. La classe entière se mit à rire aux éclats. Le maître fixait Arthas d’un air absolument mauvais, mécontent et méprisant. Il empoigna Arthas, le prit par le col et le traîna aux cellules, où il lui asséna près de 20 coups de fouet, mais juste par cruauté.
Et ceci, c’était durant l’âge d’or de la République. Arthas n’avait que 17 ans, soit 5 ans avant l’Avènement de l’Empire. Il voulait intégrer les légions volontaires, mais les instructeurs étaient principalement des mercenaires, cruels et sanguinaires. Arthas, si sa volonté était de fer, était un mauvais élément : incapable de bien tirer, aux mauvais réflexes, et incapable d’obéir aux ordres. Rebelle, mais inutile. Vite classé comme un déchet, il fût exclu par ses camarades et devint le souffre-douleur de ceux-ci, sa maigre force physique le laissant très vulnérable.
- Aujourd’hui, entraînement au tir ! Voici des fusils DC-15, les tout nouveaux bébés de la République ! Aspirant Arthas, à vous l’honneur !
Arthas s’avança au présentoir et prit un fusil, et dût supporter les rires moqueurs de ses camarades. Il se mit en joue et tira.
- A côté, et de loin ! Encore !
Arthas tenta son coup une quinzaine de fois. Il toucha la cible une fois… sur la zone blanche qui donnait zéro point.
- Aspirant Arthas, je vous veux dans mon bureau après l’exercice !
Et Arthas fût envoyé sur le banc, regardant ses camarades faire au moins 20 points chacun. Après l’entraînement, Arthas se rendit au bureau de l’entraîneur. C’était un ancien cagibi qui servait de stock pour les papiers administratifs, autrefois, quand le papier servait encore. On avait réussi à caser un bureau tant bien que mal, mais il était si large qu’on devait passer par-dessus ou par-dessous pour accéder au siège situé derrière lui. Le mercenaire, un mandalorien déchu, le toisait méchamment.
- Aspirant Arthas, vous êtes un imbécile, faible et inutile ! Qu’est-ce que vous pensiez, franchement ? Vous croyiez pouvoir sortir de là en étant lieutenant ? Vous n’êtes même pas capable de viser juste !
Arthas baissa les yeux, habitude prise depuis qu’il se faisait battre tout les soirs.
- Retournez à la cantine, puis allez dormir ! Demain, c’est l’épreuve d’orientation. Si vous échouez une fois de plus, vous serez fouetté une fois de plus… mais je m’assurerais que vous n’y surviviez pas ! C’est clair ?
Arthas ne répondit. Oh oui, c’était clair.
En allant au dortoir, Arthas se fit arrêter par un grand type de son âge, baraqué comme un bantha mais assez bête qu’une limace de l’espace.
- Tu nous fait honte, petit. Vraiment honte.
Et ce fût tout. Si on exclut le fait qu’Arthas fût tabassé pendant un quart d’heure.
- Allez, les bâtards, nous sommes en plein milieu de la cambrousse. Le but est de rejoindre la base en moins de trois jours. Si vous vous perdez en chemin, soyez prévenus, on viendra pas vous chercher avant une semaine… si on prend la peine d’aller vous chercher.
Le type eut un regard pour Arthas, ce qui fût remarqué par l’ensemble de la classe, qui eut un de ses rictus habituels. Et la classe partit donc, l’instructeur prenant soin de les faire partir à différents endroits.
Arthas fût très vite écarté, plus loin que la moyenne. Il sût pourquoi juste avant d’être lâché :
- Tu vas mourir ici, crois moi. Et bon débarras.
Et Arthas partit. Après une journée complète de marche, il était épuisé. Il voulait mourir ici. Rien ne l'en empêcherait, même, tous s'en réjouirait...
- Ne désespère pas. je peux t'offrir ta revanche. Suis moi où je te conduit.
Arthas sursauta, scrutant les alentours, voir qui avait parlé. "Personne voyons". Il avait faim, soif, était fatigué et seul... autant de facteurs qui pouvaient le rendre fou.
- Pas cette fois, mon ami. Viens à moi, je te montrerais ce que tu veux.
Arthas dût se faire une raison : il n'y avait personne, et il n'était apparemment pas fou, si cette voix n'était pas "en lui". Il entreprit donc de suivre les indications de la voix.
Il fût conduit devant un magnifique autel d'obsidienne, avec des bougies depuis longtemps éteintes mais encore allumées, ce qui rendait déjà l'endroit mystérieux. Ce phénomène inexplicable piqua la curiosité d'Arthas, et il s'avança.
- Je me présente, Darth Dimonius, ancien seigneur sith mort il y a 3 000 ans. Je te propose un marché, et, pour une fois, le côté obscur ne mentira pas : je t'offre force grandiose, précision et réflexes, toutes les qualités qui feront de toi un grand guerrier.
Arthas, s'il était méfiant, vu qu'il connaissait deux trois trucs sur les sith, lui qui passait pas mal de temps dans les archives lors des temps libres, restait très intéressé et alléché.
- Et moi, qu'est-ce que je donne en retour ? Mon âme, mon corps ?
- Non, rien de tout cela... De temps en temps, tu devras juste satisfaire ma soif de sang et de rage. Tu seras tellement enragé que tu voudras tuer quiconque. D'accord ?
Arthas n'aimait pas ça. Mais, se souvenant des railleries de tout ses camarades, il annonça d'une voix forte :
Le rituel de transmission d'esprit se fit dans les règles, et dura deux jours. Deux jours d'agonie et de paralysie, le sith n'était plus aussi puissant qu'auparavant, il lui fallût du temps. Arthas était parti dans la forêt seul. Il repartait bien accompagné cette fois.
La Voix l'avait guidé jusqu'à la base en deux jours. Elle lui chuchotait la route à prendre toute les minutes. Il fût le dernier à la base. L'instructeur le croisa dans le couloir menant aux dortoirs.
- Eh bien, bâtard, te voilà ! En retard, comme d'habitude !
Arthas passa devant lui sans même le regarder. Il avait autre chose à faire.
- Toi, tu me regardes quand je te parles ! Tu vas... AHHHAHH !
Arthas lui avait prit le poignet et serrait, serrait... le poignet de l'homme, épais comme un bras, soutint la pression un instant, mais finit par craquer. Les os partirent en poussière et du sang s'échappa du poignet.
- La ferme. C'est moi le chef, ici.
Puis Arthas prit la direction des dortoirs. Comme prévu, il fût intercepté par la brute.
- J'ai su que t'étais revenu. En retard. Tu nous fais honte, mon vieux. Vraiment honte.
La brute leva son poing et frappa Arthas au visage. Sa main fût attrapée en vol par celle d'Arthas. La brute regarda son adversaire, avec crainte cette fois.
Arthas asséna un coup tellement puissant que la tête de la brute partit toute seule en arrière, entraînant malgré elle tout son corps sur le sol. Les camarades, dans le dortoir, entendirent le bruit de chute et crurent que c'était Arthas, comme d'habitude. Ils rirent en voyant la porte s'ouvrir, pensant qu'Arthas voulait s'y cacher.
- Et bah, Arthas, tu flippes ?
Ils rirent de plus belle, rires qui s'éteignirent quand ils virent qui entrait. La brute rampait au sol, le visage en sang et tentant de se traîner à l'aide de ses coudes. Une main vint le saisir à la ceinture et le traîna d'un coup sec hors de la pièce, tandis qu'hurlait la brute à plein poumons. Plus personne ne riait. Leur visage devinrent blêmes quand ils virent des tâches de sang en grande quantité être projetées sur la porte.
Arthas ne fût jamais accusé, et le corps jamais retrouvé. Après l'incident, Arthas menaça de mort chacun d'eux s'ils parlaient. Le poignet de l'instructeur fût remplacé par une prothèse, et il s'abstint de dire que c'était Arthas qui l'avait détruit. La honte s'il l'avait dit !
- Bon, aujourd'hui, c'est les exams' ! Si vous réussissez, vous passez tous sous-lieutenant, et c'est la grande école d'officiers ! Je doute que vous y arriviez tous, mais bon...
Il eut encore une fois un regard pour Arthas. Mais la classe ne rit pas cette fois, sous le regard froid et le poing serré d'Arthas. Le mando ne le remarqua pas.
- On commence par le tir ! Aspirant Arthas, ici !
Arthas fit un pas en avant, empoigna une arme et se mit en joue. Il tira. En plein centre. Le mando était dubitatif.
Arthas tira une seconde fois. Pas tout à fait dans le mille, mais juste à côté, à un centimètre. Sur cinquante mètres de distance, c'était très bon.
Et Arthas fit des cartons pendant treize autres tirs. Sur 150, il obtint 145 points. Un record.
- Bon, maintenant, épreuve de réflexes. Vous connaissez le principe : des lasers inoffensifs vous tirent dessus, et vous devez les éviter. Sauf que cette fois, ils sont paralysants. Aucune erreur n'est permise. Sharon, à vous.
Personne ne tint jusqu'au bout. Il fallait tenir deux minutes sous un rythme soutenu. Le meilleur score était d'une minute 46. Puis se fut le tour d'Arthas. Le mando le regardait avec une crainte mêlée d'un certain respect naissant. Personne n'avait fait un score aussi élevé que lui au tir. Arthas esquiva sans peine tout les tirs, faisant deux minutes, comme prévu.
- Dernière épreuve, la lutte. Ruse et force vont se mêler ici. Sharon et Arthas, vous commencez !
Arthas mit au tapis tout ses concurrents, enchaînant esquives, roulades, sauts périlleux avant et arrière, crochets du droit, du gauche, coup de talon. Bientôt, tous se mirent sur le banc pour se reposer.
- Tu commences à m'emmerder, toi ! Aller, viens, qu'on en finisse !
Il se mit en position face à Arthas et attaqua. Arthas ne voulait pas le vaincre de suite, il voulait jouer. Du moins, la Voix le voulait. Mais il se rendit compte que Arthas aussi le voulait. Chaque coup qu'il donnait était chargé de sa haine envers ces trois années d'entraînement. Puis vint l'instant fatidique où le mando fût mis à terre. Arthas vint se placer au dessus de lui, et fût parcouru d'une rage incommensurable. Il frappa le visage du mando jusqu'à ce que le sang se mit à couler à flot. Puis, Arthas cria d'une voix qui n'était pas la sienne :
- Que les vivants se joignent aux morts !
Et il donna le coup qui tua le mando sur l'instant.
Arthas n'eut pas à souffrir de représailles. Pour l'autorité, c'était le mando et son arrogance qui était responsable de sa mort. Arthas intégra l'école d'officiers, et en sortit plus puissant que jamais, avec une mention plus qu'encourageante.
Mais il devrait vivre avec la Voix jusqu'à sa mort.